«Yebda, Mesbah et Ghezzal sont mes amis, mais pas de sentiment sur le terrain» Elément cadre et capitaine d'équipe de la sélection marocaine, le milieu de terrain Houssine Kharja a accordé un long entretien au journal marocain El Mountakhab. Ce fut l'occasion pour l'Intériste d'évoquer le match tant attendu face aux Verts, son amitié avec Ghezzal, Yebda et Mesbah, la mise à l'écart d'El Hamdaoui et ses souvenirs du dernier match face à l'Algérie de la CAN-2004. Comment allez-vous, Houssine ? Dieu merci, nous sommes en plein stage à Marrakech qui se déroule dans de très bonnes conditions. Vous savez, c'est très important pour nous, en prévision de notre déplacement en Algérie (NDRL : entretien réalisé avant-hier). Avouez que ce match face à l'Algérie diffère des autres que vous avez disputés... C'est un match assez spécial et différent des autres rencontres que nous avons disputées ces derniers temps, que ce soit en compétition officielle ou amicale. Notre public est conscient de l'importance de ce rendez-vous, même s'il s'agit d'un simple match de football. J'ai la chance d'avoir un riche vécu en ayant eu l'occasion par le passé de disputer quelques matchs de cette importance. Raison pour laquelle je tiens à sensibiliser mes coéquipiers qui manquent d'expérience, mais qui vont tout faire pour honorer le football marocain, surtout que le résultat de ce match est très important pour l'avenir de notre sélection, que ce soit durant les éliminatoires de la CAN ou même pour les prochaines grandes compétitions. On voudrait que vous nous commentiez les propos du sélectionneur algérien Benchikha qui ne cesse d'affirmer la victoire de ses troupes à Annaba… Cela fait partie de la guerre psychologique. Ces propos n'engagent que Benchikha, non pas un pays entier. Vous savez que cela ne constitue pas une surprise pour nous qui sommes habitués d'entendre les entraîneurs de nos futurs adversaires parler de la sorte pour tenter de nous intimider. Sauf que pour nous, cela n'altérera pas notre volonté de décrocher un bon résultat à Annaba. D'ailleurs, je viens de vivre une expérience riche en enseignements avec mon club l'Inter face au Bayern Munich en Ligue des champions où nous avons beaucoup souffert, avant d'arracher notre billet pour les quarts de finale, justement grâce à notre concentration sur le terrain et notre détermination à ne rien lâcher jusqu'à la dernière minute de la partie. Vous allez disputer cette rencontre dans un contexte assez particulier, notamment la présence en force des supporteurs algériens… On espère juste que le match ne sortira pas de son contexte sportif face à nos voisins algériens. Maintenant si nous parvenons à bien gérer le premier quart d'heure, la pression changera de camp. Les supporters algériens mettront une terrible pression sur leurs joueurs. Permettez-moi d'ajouter une chose. Allez-y ! Je tiens juste à préciser qu'il ne faudra pas sortir de faux prétextes, quel que soit le résultat final de la partie, car nous avons effectué une bonne préparation tout en étant très motivés à réussir une belle performance. Même le facteur du terrain et du public ne devra pas nous priver de jouer notre jeu, car nous sommes des joueurs professionnels qui croient en la victoire, même à l'extérieur. Comme c'est le cas dans les championnats européens ou les grandes compétitions mondiales. Le point du match nul sera un résultat positif pour vous. Allez-vous vous contenter d'un seul point ? Jouer pour le nul sera très risqué. Nous sommes en train de nous préparer pour décrocher une victoire. En outre, notre sélectionneur possède l'expérience nécessaire pour gérer de tels matchs. Maintenant, je ne pense pas qu'il jouera le match nul, même s'il est vrai qu'un point empoché à Annaba nous permettra de rester toujours en tête de notre groupe. Une chose est sûre, nous n'allons pas jouer derrière 90 minutes et subir le poids du match. Parmi les joueurs qui ont disputé le fameux match de Sfax, vous êtes le seul, en compagnie de Chemakh, à défendre encore le maillot national. Ne pensez-vous pas que votre sélection manque de joueurs d'expérience ? Je ne suis pas d'accord avec vous, car il y a encore d'autres joueurs qui ont pris part à cette CAN-2004, à l'instar du portier Nadir Lamyaghri et Djamel Alioui qui étaient sur le banc des remplaçants. Et puis, de l'effectif actuel, il y a des joueurs qui sont là depuis plusieurs années déjà. Nous les cadres de l'équipe sommes censés encadrer les jeunes. En parlant d'expérience, il ne faut pas oublier aussi qu'il y a beaucoup de points communs avec la sélection algérienne, avec la présence actuellement de deux joueurs seulement qui ont joué le match de 2004. Beaucoup de joueurs algériens ont affiché leur détermination à remporter ce grand derby, notamment Ghezzal qui a même affirmé que «Kharja sera triste à la fin du match». Un commentaire ? Il sourit…. J'ai affronté beaucoup de joueurs algériens en Europe et je peux vous dire que nous avons beaucoup de points en commun, que ce soit dans notre mentalité, la façon de vivre mais aussi le niveau de jeu. J'ai personnellement quelques bons amis qui évoluent en Italie, à l'instar de Hassan Yebda, Djamel Mesbah et Abdelkader Ghezzal qui était mon coéquipier à Sienne. Vous n'avez pas commenté les propos de Ghezzal. Ghezzal est quelqu'un de formidable et un ami avant tout. Je lui souhaite tout le bonheur du monde. Sauf qu'à l'occasion de notre prochain match, chacun défendra les couleurs de son pays. Maintenant, pour ses propos, je les trouve ordinaires, car les joueurs algériens veulent remporter ce match pour reprendre confiance, après un début très difficile dans cette phase de qualification. Il faut rappeler qu'ils n'ont pas encore goûté à la victoire. Ils sont conscients qu'ils perdront toute chance de qualification, en cas d'un nouvel échec ce dimanche. Quel scénario prévoyez-vous pour cette rencontre ? Même si je ne suis pas du tout adepte des pronostics et des statistiques, je suis persuadé que seul le rectangle vert nous départagera au final. Nous aurons 90 minutes devant nous pour prouver. Lors de notre match de 2004, personne ne s'attendait à assister à une telle fin de rencontre. Mais au final, tout le monde a affirmé que c'était le meilleur match du tournoi. Comment voyez-vous le match d'Annaba ? Sur le plan tactique, je pense que ce sera une véritable guerre, notamment au milieu du terrain. Nous devons être à la hauteur de ce rendez-vous afin de sortir une grande prestation et d'atteindre nos objectifs. Il s'agira aussi de ne pas décevoir tous ceux qui comptent sur nous. La mise à l'écart d'El Hamdaoui et la blessure de Hadji pourraient avoir des retombées sur la production de votre équipe, non ? Je ne suis qu'un simple joueur et je ne peux en aucun cas critiquer les choix du sélectionneur. Mais je peux juste vous dire qu'El Hamdaoui est un joueur talentueux et que son absence permettra à Youcef El-Arabi de confirmer qu'il mérite sa présence en sélection, surtout qu'il traverse une belle période. D'ailleurs, il marque régulièrement des buts dans le championnat français. Pour Hadji, c'est dû à une blessure, non pas à un choix du sélectionneur. Malgré tout, nous sommes prêts pour ce match. La rencontre de l'Algérie sera le premier test majeur pour le sélectionneur Gerets. Est-ce que vous sentez un réel changement par rapport aux anciens techniciens qui ont coaché la sélection par le passé ? Sincèrement, nous n'avons pas encore beaucoup travaillé avec lui pour sentir un réel changement. Nous étions en regroupement pendant trois jours en Irlande et trois autres à Marrakech, avant notre match amical face au Niger. Nous sommes à présent en train de profiter de ce nouveau stage de cinq jours avant le match contre l'Algérie. Toutefois, ce que je trouve de positif chez Gerets, c'est que c'est un entraîneur qui a horreur de la défaite. Et puis, il a une très forte personnalité. C'est dire qu'il est bien capable de mener le bateau à bon port. Vous avez essuyé de nombreuses critiques, après votre rendement lors du match amical face au Niger ; peut-on en connaître les raisons ? J'avais reçu des consignes de la part de mon entraîneur à l'Inter pour ne disputer que 60 minutes de la partie, car j'étais fatigué à cette période, sans oublier qu'il s'agissait d'un simple match amical. Toutefois, je n'ai pas raté mon match comme on l'a balancé dans les journaux, surtout que j'avais un match à jouer face à la Juventus quelques jours plus tard. Êtes-vous optimiste avant ce grand derby face à l'Algérie ? Très optimiste. Mais j'espère juste que le match se jouera dans un grand fair-play. La sélection algérienne est en train de vivre ce que nous avons vécu après la CAN-2004. C'est une phase très difficile, surtout pour les joueurs qui ont pris part à la Coupe du monde. Ils ont donc besoin de reprendre confiance, sauf que nous n'allons pas leur donner cette chance. Que pourriez-vous dire aux supporteurs qui attendent avec impatience ce match ? Ce match va intéresser tous les amoureux du ballon rond partout dans le monde. Nous devrions nous les joueurs marocains et algériens donner une bonne image, même si la concurrence sera rude sur le terrain. Que le meilleur l'emporte ! Vous avez pris part au récent match retour des huitièmes de finale de la Ligue des champions face au Bayern, parlez-nous un peu de l'accrochage entre Materrazi et Schweinsteiger ? Mon arrivée à l'Inter m'a permis de connaître encore mieux mon équipier Materrazi. Malgré tout ce qu'on dit de lui dans les médias, il est en réalité quelqu'un de très sensible et d'attachant. Pour l'accrochage, c'est l'Allemand qui l'a taquiné en premier et Materrazi n'a fait que répondre, surtout que les joueurs du Bayern n'ont pas cessé de nous provoquer ce jour-là.