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EN : Yebda refait le match
Publié dans Le Buteur le 31 - 03 - 2011

«On sentait la rage de vaincre dans les yeux de Benchikha»
«Ceux qui disent qu'il n'y avait pas penalty n'ont rien compris au football»
Pour son premier but avec les Verts, Hassan Yebda ne pouvait espérer meilleur décor dans ce stade en folie d'Annaba. Surtout qu'en plus, il avait hérité du brassard de capitaine après la sortie de Yahia, avant de le céder, à son tour, à Lemmouchia. Son penalty avait tenu en haleine l'Algérie entière. Sans se poser de questions, Yebda prend le ballon, tire et explose le stade. Avant ce soir, il n'y avait que ce fou de Ziani qui pouvait oser prendre l'énorme responsabilité d'exécuter la sentence. Aujourd'hui, les Verts en ont deux. Karim et Hassan. En pleine réussite, le «Napolitain» est en passe de réaliser peut-être la saison la plus remarquable de sa carrière, tant en club qu'avec la sélection nationale. Après un petit repos qu'il est allé prendre auprès de sa famille à Alfortville, pour se ressourcer, le libérateur d'Annaba a bien voulu revenir avec nous sur la victoire contre le Maroc, avant, pendant et après le match. Appréciez-le en exclusivité.
Comment va le libérateur d'Annaba ?
(Il sourit et tient à rectifier aussitôt.) Non, un des libérateurs, si vous le voulez bien. On a tous été unis dans ce match. C'est sûr qu'après un tel match, on oublie toute la fatigue et on ne garde que le bonheur qu'on a partagé avec notre peuple.
Comment évaluez-vous personnellement votre prestation face au Maroc ?
Bon, je dirais qu'avec la victoire, tout s'est bien passé pour moi. Je suis vraiment heureux de ce résultat et content de ce que j'ai pu apporter à l'équipe dans ce contexte si particulier.
Et celle de l'Equipe d'Algérie dans l'ensemble ?
Je trouve que notre équipe était bien en place, très bonne défensivement comme d'habitude. On a tout fait pour leur mettre la pression d'entrée et marquer dans les premières minutes. Et c'est ce qui est arrivé avec ce but. Et puis, dès qu'on a pris l'avantage, on a décidé d'opter pour un système un peu plus défensif, car du moment qu'on menait au score, on n'avait pas besoin de trop nous aventurer et de faire le jeu. On leur a donc permis sciemment de faire le jeu en guettant les failles par des contres. On a failli inscrire ce second but qui aurait pu nous mettre bien à l'abri, par l'intermédiaire de Kader Ghezzal, ou Ryad Boudebouz qui étaient tous deux à un doigt de marquer. Mais voilà, on a été un peu plus défensifs pour maintenir ce score et ça nous a réussi jusqu'au bout. C'est le plus important à retenir de ce match.
Il y avait surtout de l'envie chez vous tous de ne rien lâcher dans ce match, non ?
Ah, oui ! C'est sûr que personne ne voulait lâcher les trois points de la victoire, surtout après avoir inscrit ce but. On sentait qu'on était tous solidaires et que chacun pouvait compter sur tous les autres. Il y avait une grande volonté de la part de tout le monde et chacun faisait les efforts qu'il fallait. Je pense que ç'a été remarqué et voilà, on a été récompensés et on est tous contents aujourd'hui.
Beaucoup de Marocains disent que le penalty n'était pas valable. Vous avez revu cette action ?
Je l'ai revue tout à l'heure (dès son arrivée à Naples, Ndlr), et je pense, très sincèrement, que tous ceux qui disent que le penalty n'est pas valable, n'ont rien compris au football. C'est pourtant très clair. Il y a une main dans la surface de réparation, arrêtez de dire qu'elle n'est pas valable ! De toutes les façons, il y avait un arbitre sur le terrain qui a sifflé penalty et sa décision est indiscutable.
Et Yebda l'a admirablement transformé en but !
Voilà ! (Il rigole.) Et puis j'ai eu la chance de tirer ce penalty et je l'ai marqué au bonheur de tous.
Revenons un peu avant le match. Vous vous êtes retrouvés ensemble, sans avoir joué de match amical, avec un stage en moins par rapport aux Marocains qui ont préparé leur match dans le calme et la sérénité. On se dit quoi au juste ? On est un peu sceptique avant le match ?
Justement, de notre côté, on était vraiment confiants. On a toujours été confiants dans pareils moments. On savait très bien ce qui nous attendait. On avait fait un mauvais résultat face à la Tanzanie et la Centrafrique… Bon, face à la Tanzanie, à domicile, on avait loupé beaucoup d'occasions, alors qu'on aurait pu gagner par 5 ou 6 à 1. Malheureusement, on a fait un partout. Contre la Centrafrique, on avait fait un mauvais match carrément et je pense qu'on a bien mérité cette défaite. Donc, face au Maroc et devant notre public, on savait qu'on n'avait plus droit à l'erreur. On se sentait donc très bien pendant la préparation. Dans nos têtes, le match le plus important, c'était celui-là. Il fallait donc absolument le gagner pour se remettre dedans. On était tous conscients que ce match allait être un très bon tremplin pour nous et qu'il allait nous redonner confiance. Tout le groupe était serein, tout le groupe était sûr de gagner ce match. On n'avait vraiment aucune crainte et je pense que ça s'est vu dès le début du match. On se sentait bien et on a vite pris l'ascendant sur notre adversaire. La victoire ne pouvait pas nous échapper avec une telle envie, un tel contexte et surtout dans une telle ambiance.
Qui parlait le plus parmi les anciens pour rassurer les nouveaux pendant la préparation, vous, Ziani, Yahia, Bougherra… ?
Anthar, Ziani, Madjid… On était tous là pour dire que le Maroc a peut-être une belle équipe, mais il ne faut pas oublier que nous aussi, avons de bons joueurs et qu'on a une belle équipe également. On n'avait rien à leur envier. Je pense que le Maroc a fait quand-même un bon match. Ils auraient pu gagner eux aussi. Mais ce soir-là, c'est nous qui avons gagné les trois points du match et on est vraiment contents aujourd'hui.
Finalement, quand on voit les handicaps avec lesquels vous avez abordé ce match, on se dit que cette Equipe d'Algérie n'a pas vraiment besoin d'être préparée dans un laboratoire pour gagner ses grands matchs, non ?
(Il rigole.) Oui, mais pour gagner ce match, il ne fallait pas être Barcelone. Il ne fallait pas s'attendre à ce qu'on déploie un grand football. Ce match avait tellement d'importance pour nous que les trois points pouvaient effacer tout le reste. C'était plus qu'important à nos yeux. C'était un derby, on n'avait qu'un seul point, on occupait la dernière place du groupe, nos adversaires avaient tous quatre points, on joue devant notre public, ajoutez à cela un entraîneur qui n'avait pas eu beaucoup de temps pour préparer ses joueurs, sans oublier le nombre impressionnant de joueurs blessés. Donc, franchement, on n'avait pas besoin de montrer qu'on était le Barça pour gagner ce match. Il fallait juste se donner à fond et prendre les trois points du match. C'était ça, le plus important face au Maroc. Aujourd'hui qu'on a pu se repositionner au classement avec quatre points comme les autres, j'espère qu'on va bien travailler avant le match retour, pour, justement, produire du jeu et essayer de jouer mieux que ça.
Le Maroc a un entraîneur étranger qui s'appelle Gerets, qui a perdu contre Benchikha, un sélectionneur local. Comme quoi, la thèse du sélectionneur étranger n'est pas une assurance tous risques, non ?
Tout le monde connaît les qualités de Gerets. On sait tous que c'est un grand entraîneur. Il a fait de très bonnes choses à Marseille et dans le passé quand il était en Hollande. En tant que joueur aussi, il a fait une grande carrière. Mais nous aussi, on a monsieur Benchikha qui s'occupe très bien de nous et voilà, on est fiers et heureux de l'avoir comme sélectionneur, car lui aussi, c'est un très bon entraîneur.
Même s'il n'est pas aussi connu que Gerets à l'étranger, les gens vont commencer peut-être à changer d'idée sur le coach local, non ?
A l'étranger, je ne connais pas la cote de popularité que peut avoir monsieur Benchikha. Je ne crois pas qu'il soit trop connu à part en Tunisie et dans les pays du Golfe où il a exercé quand il était à l'étranger, mais en tout cas, nous, vu de l'intérieur, on sait très bien que c'est un coach qui a beaucoup de qualités et que nous avons un très bon entraîneur également.
C'est quoi la touche de Benchikha, par rapport à Saâdane ?
Je ne veux pas faire de comparaison entre les deux. Je dirais juste que Benchikha est quelqu'un qui connaît très bien le football et qui sait analyser les autres équipes. On travaille aussi beaucoup tactiquement avec lui. Il sait ce qu'il fait et contre chaque équipe, il visionne le jeu de nos adversaires et il arrive à trouver leurs failles. Non, sincèrement, c'est un très bon entraîneur.
Comment avez-vous reçu la nouvelle du forfait de Karim Ziani pendant l'échauffement ?
A vrai dire, déjà la veille du match, Karim avait ressenti quelques douleurs et il n'était pas sûr de jouer à 100% ce match…
Vous aviez donc des appréhensions…
Non, non, franchement, non. On pensait qu'il allait vraiment pouvoir tenir sa place. Puis, on l'a vu se tenir la cuisse pendant l'échauffement et c'est là qu'on s'est posé la question. Mais on s'est dit tout de suite qu'il y avait Kader pour suppléer Karim Ziani et je crois que Ghezzal a fait du bon boulot.
On se dit quoi, lorsqu'on voit un titulaire comme Ziani déclarer forfait à la dernière minute et qui vient vous dire : «Allez les gars, ça va être sans moi ce soir ! »
A ce moment-là, on se dit qu'on est obligé de faire sans lui et on se donne un peu plus pour tout le groupe.
Ça ressoude un peu plus les joueurs, ce genre de défection de dernière minute ?
C'est sûr qu'on se serre plus les coudes à ce moment. Déjà, on sait très bien qu'il voulait tellement jouer ce match et se donner à fond. Mais malheureusement, il a ressenti de grosses douleurs. On s'est parlés entre nous et on s'est dit qu'on allait gagner ce match aussi pour lui.
Quand on voit que le Maroc avait une seule grosse absence, avec Youcef Hadji, alors que du côté algérien, il manquait Matmour, Meghni, Bougherra, Ziani, Halliche, Kadir, Guedioura, sans oublier la blessure pendant le match de Anthar Yahia. Ça fait beaucoup quand même, non ?
Effectivement, ça en fait beaucoup. Eux, il leur manquait un seul joueur et nous, tous ceux que vous venez de citer. Mais je pense que le Maroc a de très bons joueurs avec beaucoup d'individualités, une bonne équipe et un bon entraîneur. Ils ont tout pour réussir et nous aussi, bien qu'on soit diminués par autant de joueurs, je crois qu'on a mérité de gagner ce match avec ceux qui ont remplacé les absents. Nous avons donc le droit de penser que notre équipe s'est enrichie de tous ces éléments nouveaux qui ont donné pleine satisfaction.
Ne pensez-vous pas qu'on a gagné surtout un banc de remplaçants respectable et fiable aujourd'hui ?
Oui, bien sûr ! C'est une grande satisfaction pour l'équipe. Tout le monde a pu voir que les nouveaux ont rempli leur tâche comme il se devait. C'est très bien pour le groupe et pour cette Equipe d'Algérie qui se portera de mieux en mieux avec des joueurs d'aussi bonne qualité.
Gerets et les Marocains répétaient sans cesse que l'absence annoncée de Bougherra n'était qu'une ruse de la part de Benchikha, pour les déstabiliser avant le match…
Non, non, avec nous, il n'y a pas de ruse ou de canular qui tienne. On a toujours été francs et dès qu'il y a un blessé, on le fait savoir tout de suite et ceux qui rentrent savent très bien ce qu'ils ont à faire, eux aussi. On l'a vu dans ce match à Annaba. Ceux qui sont entrés à la place des blessés se sont donnés à fond, à l'image de Mostefa, Mesbah et Bouzid qui n'ont pas tout le temps joué et qui ont réalisé chacun un très grand match.
Que vous a dit de particulier Abdelhak Benchikha dans le vestiaire ?
Il nous a transmis surtout son envie de bien faire, et son envie de gagner. Il arrive à nous transmettre toute la rage qui l'anime.
Vous la sentez dans son regard cette rage de vaincre ?
Oui, bien sûr parce qu'il a un discours franc et il arrive à toucher le cœur des joueurs.
Est-ce qu'il y a un mot, une phrase ou un geste que vous retenez le plus de la manière de faire de Benchikha ?
C'est surtout l'idée qu'il a eue de nous montrer la vidéo du match d'Oum Dourman. Le coach a préféré ne pas trop axer sur la causerie pour nous secouer. Il nous a juste montré la vidéo et elle voulait tout dire, en fait. Cela a beaucoup touché les joueurs et je pense qu'elle a été pour beaucoup dans cette victoire.
Qui était à côté de vous pendant que vous regardiez cette vidéo et qu'est-ce qu'on se dit à ce moment ?
Il y avait Karim Ziani, Djebbour… Cette vidéo nous a beaucoup touchés et certains avaient même les larmes aux yeux en revoyant tout ce qui a été fait. On a vu le peuple algérien dehors et tout ce qui a été fait au pays par les supporters. On les a vus dormir à l'aéroport d'Alger, juste pour ne pas rater l'avion et venir nous soutenir contre l'Egypte au Soudan. C'était vraiment très touchant et je crois que c'était la meilleure chose à faire pour nous booster.
Quand vous arrivez à Annaba et que vous découvrez tout cet engouement de la part des supporters qui ont failli s'entretuer juste pour arracher le billet d'entrée. Qu'est-ce que ça vous fait à vous les joueurs, en apprenant cela dans la presse ?
Ça nous donnait encore plus d'envie de bien faire. On se dit que tout ce peuple qui est derrière nous, on n'a pas le droit de le décevoir. On s'est dit que si eux s'entretuent pour avoir les billets, pourquoi ne pas se tuer à notre tour sur le terrain, pour gagner ce match qui les passionne tant. Cet engouement nous a également donné des raisons de nous surpasser pour arracher cette victoire.
Les Marocains disaient qu'il y avait trop de pression sur les joueurs algériens, que Benchikha avait mal fait de vous livrer à la foule pendant l'entraînement. C'est votre avis ?
Non, mais c'est vrai que parfois, la pression peut être mal supportée par certains joueurs et elle peut avoir un effet négatif sur leur rendement. Mais chez nous, tout le monde connaît la pression. On sait très bien que c'est cette pression qui nous rend encore meilleurs. Je crois qu'on l'a prouvé une fois de plus, face au Maroc. Donc au final, notre coach avait bien raison de faire ce qu'il a fait !
Une fois sur le terrain, que regarde-t-on avant le début du match ?
On regarde le public pour prendre encore plus de force mentale. On regarde ces milliers de supporters qui aiment leur équipe et qui se déchaînent totalement pour nous pousser vers l'avant et on se dit qu'on n'a pas le droit de les décevoir. J'ai aussi pensé à ma famille…
Avez-vous des potes dans cette équipe du Maroc ?
Non, je ne connais personne spécialement dans cette équipe, par contre, j'ai des potes marocains sur Paris. Mais on ne s'est pas appelés ni avant ni après le match.
Votre retour dans le vestiaire, après la victoire, c'était comme Oum Dourman ?
Non, non, non ! Ce n'était pas pareil. A Oum Dourman, c'était la consécration, c'était l'apothéose ! Alors que là, c'était quelque chose de très grand, certes, mais on n'a pas encore fini le travail. C'est le début du chantier
inch'Allah.
Est-ce que vous avez échangé votre maillot avec lequel vous avez marqué votre premier but avec les Verts ?
Non, non ! Ce maillot justement, je vais le garder toute ma vie en souvenir de ce moment particulier. J'espère en marquer bien d'autres
inch'Allah à l'avenir.
Est-ce que vous allez garder ce numéro 10 lors des prochains matchs, ou alors vous retournerez à votre numéro 19 traditionnel ?
Non, non, ça dépendra de la suite. A vrai dire, je sais que Mourad Meghni aime bien ce numéro et qu'il aimerait bien le reprendre à son retour inch'Allah. Je vais donc le lui laisser, car il lui va si bien ce numéro 10.
Est-ce que Benchikha vous a demandé de tirer le penalty ?
En fait, la veille, il a été décidé que je sois le deuxième tireur. Et comme Karim Ziani n'était pas là, c'est donc moi qui devais le tirer c'est tout.
Racontez-nous votre joie après avoir délivré toute l'Algérie par ce but et en allant partager votre bonheur avec le public, accroché à ce grillage que vous avez presque arraché et que vous allez devoir rembourser un de ces jours ?
(Il rigole.) J'étais tellement content que j'ai voulu partager ce moment avec ce merveilleux public qui nous soutenait. Je voulais montrer aux supporters que ça nous faisait autant plaisir de les voir heureux. De les voir comme ça, dans la liesse, nous les joueurs, ça nous donne encore plus d'envie de nous battre pour eux et de leur offrir la victoire dans ce derby important. Je ne voulais pas vivre ce moment uniquement sur le terrain, car je sentais que le peuple entier était à nos côtés. On jouait tous ensemble pour gagner ce match.
Vous savez, les heureux supporters vers qui vous êtes allé, vont garder à vie le souvenir de ce but…
Ah, je l'espère ! Moi aussi je garderai cela éternellement. J'espère surtout que ce n'est pas fini et que ce n'est que le début.
En vieillissant, certains d'entre eux vont venir vous voir pour vous dire que c'est eux qui étaient derrière le grillage…
Ah, ce serait vraiment bien. Oui, pourquoi pas…
Il y avait une vraie communion avec le public d'Annaba, non ?
Totalement ! C'était vraiment la communion entre nous. Ils ont été là depuis le début jusqu'à la fin. A l'entraînement, derrière le bus, à l'hôtel… Ils étaient toujours là, à nous attendre pour nous pousser de l'avant. C'était vraiment bien. Et puis, en arrivant au match, on savait que ça allait être plus fort une fois sur le terrain. Je crois que vers midi, le stade était déjà plein. C'est tout de même quelque chose d'énorme qu'on ne voit pas dans d'autres pays.
Est-ce que c'était plus chaud à Blida ou à Annaba ?
Sans minimiser de l'importance du soutien qu'on a reçu de la part des supporters à Blida, je dirais qu'à Annaba c'était encore plus chaud. C'est peut-être parce que le stade est plus grand et qu'il nous fallait absolument gagner les trois points du match, au risque d'être éliminés de la CAN 2012. Mais dans les deux stades, ça reste le même public algérien. Ce que je n'ai par contre pas compris, c'est pourquoi certaines places dans les tribunes se vidaient dans les 20 dernières minutes. On avait pourtant grandement besoin d'eux, surtout vers la fin du match. Et puis, on voulait partager notre joie avec tout le monde au coup de sifflet final. Je n'ai donc pas compris le départ de ces supporters. Peut-être parce qu'ils voulaient éviter le trafic de fin de match. C'est dommage !
En fait, c'est parce que certains voyous avaient agressé quelques supporters dans les tribunes et les autres craignaient que ça dégénère. C'est pour cette raison qu'ils ont quitté le stade.
C'est dommage d'apprendre que de telles choses existent dans les stades. Ce match était un évènement qui était censé réunir tous les Algériens autour d'une même cause. Je pense que tout le monde était heureux en fin de match. Mais c'est malheureux d'apprendre qu'il se passe des choses comme ça. J'espère qu'on va faire quelque chose contre cela afin de permettre à tout le monde de rester jusqu'au bout du match, sans que pareilles choses viennent fausser la soirée.
Aimeriez-vous rejouer vos prochains matchs à Annaba ?
Franchement, vu ce qu'on a vécu durant notre séjour et l'ambiance qui a régné dans le stade et surtout comment on a réagi tous ensemble pour arracher cette victoire, je ne serai pas contre le fait de retourner jouer à Annaba.
Finalement, Kharja et Chamakh, avec leurs Inter et Arsenal, ne sont pas plus forts que nos joueurs, non ?
Non, non, je pense que nous aussi, nous avons de très bons joueurs avec d'excellentes individualités. On forme avant tout un groupe soudé et je pense qu'on l'a encore prouvé face au Maroc. Le plus important est de rester tous solidaires. Il ne suffit pas d'avoir deux ou trois grandes individualités pour gagner ses matchs. Ça ne fait jamais un groupe. Si on a gagné ce match, c'est parce qu'on a joué tous ensemble.
Quand on reprend les déclarations des joueurs marocains et celles d'Eric Gerets, on voit qu'ils étaient persuadés de pouvoir gagner à Annaba. Ça fait rappeler un peu les Egyptiens et leur irrespectueuse manière de faire, non ?
Avec les Marocains, c'était différent. On savait bien qu'ils faisaient leurs déclarations pour nous titiller un peu. Mais bon, ils ont le droit de faire ça et de penser ce qu'ils veulent. Je pense même qu'ils croyaient vraiment qu'ils allaient pouvoir venir à Annaba et prendre les trois points du match et repartir chez eux, comme ils ont dit. Malheureusement pour eux, ils sont repartis avec zéro point et les trois points du match nous ont fait beaucoup de bien. Mais comme j'ai dit, le Maroc est une très bonne équipe avec de très bons joueurs. Ils auraient pu gagner ce match vu la qualité de leur équipe.
Vous dites comme eux avec arrogance : «On va aller au Maroc pour prendre les trois points et rentrer chez nous» pour le match retour ?
Non, moi je dis qu'on ira pour essayer de gagner ce match. Je dis bien on va essayer et non pas, on ira pour gagner ! Ceci, par respect pour les joueurs marocains et pour leurs supporters qui prendraient mal ce genre de déclaration. On ne sait pas ce qui va se passer sur le terrain. Tout ce que je sais, c'est qu'on ira chez eux pour donner le meilleur de nous-mêmes et après, on verra ce qui se passera à la fin du match.
Un mot sur chacun des «nouveaux», même si Bouzid est en fait plus ancien que beaucoup dans cette Equipe d'Algérie ?
Mehdi Mostefa a fait un très gros match en fermant son couloir devant Taârabt qui est également un très bon joueur. Il ne l'a pas laissé produire son jeu. Ismaïl Bouzid aussi a été balaise devant Chamakh, tout comme Djamel Mesbah qui a également bien assuré derrière comme devant, sur son côté gauche. Mention spéciale donc pour ces trois joueurs qui ont beaucoup apporté dans ce match.
C'était une bonne idée de la part de Benchikha de mettre deux milieux récupérateurs actifs à vos côtés, Lemmouchia et Lacen, même si vous aviez un rôle légèrement plus offensif, non ?
Oui, bien sûr ! C'était une très bonne idée du coach. Il a visionné et étudié dans ses détails le jeu de l'équipe marocaine et puis il a décidé de jouer avec nous trois. Il m'a confié cette tâche et je n'ai pas pour habitude de refuser de jouer là où je peux rendre service à mon équipe. Ça s'est très bien passé et on est tous contents du résultat.
Vous a-t-on félicité pour cette victoire et votre but à Naples ?
Oui, l'attaché de presse du club m'a envoyé un message et m'a appelé pour me féliciter, tout comme certains amis de Naples.
Un dernier mot pour ce public qui vous a soutenu de toutes ses forces ?
Je ne trouve pas de mots forts pour les remercier autant qu'ils nous ont soutenus. On voulait vraiment donner du bonheur aux Algériens, les faire sortir une fois de plus dans la rue pour qu'ils soient fiers de nous. On voulait vivre d'autres moments de joie et de fierté commune. Je pense qu'on a réussi et j'espère qu'ils sont fiers de nous.
Et surtout que les sceptiques arrêtent de douter de vous, non ?
Oui, surtout qu'on arrête de douter de nous et qu'on nous fasse un peu plus confiance à l'avenir.


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