Belkacemi, l'homme par qui le scandale a été enregistr. Rachida Dati : «Le quota n'est pas raciste» Ils sont venus, ils sont presque tous là. Les membres influents de la glorieuse équipe de France sacrée championne du monde en 1998 se sont exprimés sur ce qui est convenu d'appeler «l'affaire des quotas», qui pour prendre la défense de la Fédération française de football et du sélectionneur français, Laurent Blanc, qui pour dénoncer ce qu'ils croient être un projet discriminatoire aux relents racistes. Presque tous, sauf le plus emblématique d'entre eux, le plus magnifié, qui se trouve être, aussi, l'incarnation la plus complète de l'apport incontestable et inestimable des binationaux au football français. Quand on est de parents immigrés venus d'Algérie, qu'on se prénomme Zinédine, qu'on s'appelle Zidane et qu'on offre une Coupe du monde à la France, on a droit de cité, n'en déplaise aux Gaulois et assimilés. Toute la planète foot reste suspendue aux déclarations que fera Zizou, dont la retraite a fait de la sélection de France une équipe «ordinaire» qui ne brille plus dans les tournois et qui a même dégringolé au classement FIFA. La position de Zidane, qui préfère être prudent pour l'instant en se confinant dans un silence qui devient assourdissant, est d'autant plus attendue que l'ancien joueur de Bordeaux, de la Juventus et du Real est très proche de Laurent Blanc, dont certains propos tenus lors de la fameuse réunion du 8 novembre ont prêté à équivoque. Il sait mieux que quiconque que Blanc n'est pas raciste et il ne manquera certainement pas l'occasion de le réaffirmer et de lui apporter son soutien. Là où ce qu'il dira sera le plus intéressant, ce sera sa position quant au souhait exprimé par certains membres du Bureau fédéral de la FFF de réduire le nombre de binationaux dans les centres de formation fédéraux (à ne pas confondre avec les centres de formation des clubs). Dénoncera-t-il une discrimination ? On attend de voir. En tout cas, sa déclaration aura valeur de jugement au double titre de sa qualité de binational et de l'aura qu'il dégage. ------------- Belkacemi, l'homme par qui le scandale a été enregistré L'affaire des «quotas» à la Fédération française de football n'a pas encore trouvé son issue, mais les dernières 24 heures ont permis au moins de comprendre comment l'enregistrement de la réunion du 8 novembre 2010 à la FFF avait pu avoir lieu. Mardi, Mohamed Belkacemi, conseiller technique national chargé du football des quartiers, avait avoué être l'auteur de la bande. Mercredi, il a précisé avoir effectué ce geste dans le seul but de collecter une preuve sur les projets discutables que lui semblaient nourrir la DTN, de le transmettre à sa hiérarchie, mais en aucun cas de déclencher une affaire par voie de presse. «J'ai tout expliqué à la commission d'enquête», a-t-il expliqué sur Infosport. «J'ai enregistré la réunion du 8 novembre 2010 pour témoigner en interne des propos inqualifiables que j'avais déjà entendus auparavant. J'ai remis le seul enregistrement à la Fédération le 9 novembre 2010 pour confirmer mes propos.» M. Belkacemi ne se considère pas comme «une taupe» : «Depuis cette date, l'enregistrement n'était plus entre mes mains, mais en possession de la Fédération, ce qui a été confirmé par les auditions. Je n'ai donc jamais remis l'enregistrement à un journaliste», poursuit-il. Et d'ajouter : «Cette tempête médiatique ne me profite pas. Je n'ai aucun intérêt à une telle publicité. Je n'ai aucun intérêt à un débat public.» Un peu plus tôt dans l'après-midi, mercredi, Mediapart et le site du Parisien affirmaient que M. Belkacemi avait remis son enregistrement à «un haut responsable de la Fédération». Les deux médias citent le nom d'André Prévosto, en charge du pôle amateur et à l'époque directeur général adjoint de la FFF, considéré comme le véritable bras droit de Fernand Duchaussoy. Duchaussoy nie avoir été informé Alors que cette information pourrait s'avérer cruciale pour son avenir, Fernand Duchaussoy, président de la FFF, a déclaré à RTL «tomber sur les fesses» en apprenant qu'il aurait pu être informé très en amont des projets de la DTN. Il a réitéré ce propos par un communiqué et menacé de saisir la justice pour défendre ses intérêts. «Jusqu'à jeudi dernier dans la soirée, je n'ai à aucun moment été informé par Monsieur Belkacemi, Monsieur Prévosto ou par quiconque des échanges tenus au cours de la réunion du 8 novembre 2010, pas plus que de l'existence d'un enregistrement», a-t-il précisé dans un texte de la FFF diffusé mercredi à 19h35. «Monsieur Prévosto a porté ces éléments pour la première fois à ma connaissance jeudi dernier, à la suite des révélations du site Mediapart. Après information des membres du Conseil Fédéral, dès vendredi, j'ai pris l'initiative de diligenter une commission d'enquête chargée de faire la lumière sur cette affaire. Je n'hésiterai pas à poursuivre en justice toutes les personnes qui profèreraient à mon encontre des propos diffamatoires.» -------------- Rachida Dati : «Le quota n'est pas raciste» L'ancienne garde des Sceaux, Rachida Dati, a estimé jeudi sur Canal + que l'instauration d'un quota pour les binationaux dans les filières de formation fédérale de football n'était «pas raciste». «Le football a été un moyen essentiel d'intégration, je n'ai pas vu la Fédération de tennis tendre les bras à des gamins en difficulté. La politique de la ville dans certaines municipalités socialistes se résumait à la construction de stades de foot», a-t-elle ajouté. Concernant la binationalité, elle a fait valoir qu'il s'agissait de «prendre des jeunes», de les former pour ensuite les «intégrer dans l'équipe de France de football en jeunes». «On investit sur des joueurs qui à un moment vont nous lâcher. Est-ce que c'est raciste (de se poser la question)? Non», a conclu Mme Dati. -------------- Chronique d'un scandale Suite aux révélations de Mediapart, le football français est en pleine tourmente dans ce qu'il convient d'appeler l'affaire des quotas. Jeudi, Bixente Lizarazu a défendu Laurent Blanc. Chronologie d'un scandale à la française. Jeudi 5 mai - 13h00 Dans les colonnes du journal Le Monde, Patrick Vieira est le premier à se prononcer. «Cette histoire est scandaleuse. Je suis choqué : je n'aurais jamais imaginé que des dirigeants du football de notre pays puissent avoir de telles conversations sur l'équipe de France. Jamais.» De son côté, Bixente Lizarazu défend Laurent Blanc. «Faut-il couper la tête de Laurent Blanc ? Moi, je dis non !» Jeudi 5 mai - 11h00 Une semaine après la révélation de l'affaire des quotas, Laurent Blanc, présent lors de la fameuse réunion du 8 novembre 2010, actuellement en Italie, est attendu en fin de semaine (vendredi ou samedi) pour se faire auditionner par la commission d'enquête de la FFF. Mercredi 4 mai - 19h43 «Je tombe des nues et je me réserve le droit de défendre ma cause devant les tribunaux.» Interrogé mercredi soir sur RTL, Fernand Duchaussoy, le président de la Fédération française de football, a formellement nié avoir été au courant de l'existence de l'enregistrement. Mercredi 4 mai - 18h15 «Je ne suis pas une taupe. J'ai toujours défendu mes convictions au sein des instances compétentes», a déclaré Mohammed Belkacemi, mercredi soir sur Infosport. Et d'ajouter : «En conscience, en respectant les règles et sans me cacher.» Mercredi 4 mai - 15h32 Nouveau rebondissement dans l'affaire des quotas. Mohamed Belkacemi, la personne qui a alerté Mediapart, aurait donné un enregistrement de la réunion du 8 novembre 2010 à André Prévosto, haut responsable de la FFF, dans les jours qui ont suivi, assure le site d'informations. Mercredi 4 mai - 8h15 La FFF cherchait sa «taupe», elle l'a : c'est Mohammed Belkacemi, conseiller technique national en charge du football de quartier. Lundi 2 mai - 19h02 Chantal Jouanno, la ministre des Sports, est revenue lundi sur la décision de suspendre provisoirement François Blaquart dans l'affaire des quotas, mais dément avoir souhaité également que Laurent Blanc subisse le même sort que le DTN. Dimanche 1er Mai - 19h40 Invité du Canal Football Club, Alou Diarra s'est exprimé au sujet de l'affaire des quotas. Le capitaine de Bordeaux soutient Laurent Blanc, son ancien entraîneur aux Girondins, et certifie que ce dernier n'est pas raciste. Dimanche 1er Mai - 11h57 Interrogé dans le cadre de l'émission Téléfoot, Lilian Thuram évoque l'affaire des quotas au sein de la FFF. Le recordman des sélections en Bleu estime que Laurent Blanc devra partir si ses propos sont confirmés. Samedi 30 avril - 19h26 S'il réaffirme que les soupçons de racisme le concernant lui étaient insupportables, Laurent Blanc présente ses excuses s'il «a heurté certaines sensibilités» dans ce qu'il convient désormais d'appeler l'affaire des quotas. Samedi 30 avril - 16h57 Interrogé par Football365, François Blaquart réagit suite à sa suspension provisoire. «Sincèrement, je la trouve extrêmement injuste sur le fond. Il y a quelque chose qui a été monté en épingle. Par contre, je la considère logique sur la forme, compte tenu de mon attachement avec le ministère et la FFF. J'attends avec beaucoup d'impatience les résultats de la commission d'enquête.» Samedi 30 avril - 10h02 Mediapart publie sur son site des extraits de la réunion de la FFF du 8 novembre 2010 dont l'objet aurait été la réflexion autour de quotas ethniques dans les centres de formation français. Vendredi 29 avril - 20h24 Fabrice Arfi, journaliste à Mediapart, confirme que Laurent Blanc l'a appelé jeudi suite à la parution : «Ça peut être un possible début d'aveu. Laurent Blanc m'a appelé hier soir en me disant qu'il n'était pas présent à la réunion du 8 novembre. Mais quand je lui ai dit qu'il y avait une photo de lui assez nette sur le site de la FFF, il m'a dit : «Ah bon ?» Il a enchaîné en me disant que c'était un Conseil Fédéral. Je lui ai répondu que le président de la Fédération est venu en fin de réunion, mais c'était avant tout un rassemblement de la DTN. Je suis un peu surpris.» Vendredi 29 avril - 13h05 Lors d'une conférence de presse tenue à Bordeaux, le sélectionneur national français, Laurent Blanc, confirme qu'il a eu une réunion le 8 novembre avec les dirigeants du football français. «Le but était de parler d'un projet de jeu, de ce que la formation doit mettre en place pour avoir les meilleurs résultats dans cinq ans. Je n'ai pas entendu parler de quotas.» Vendredi 29 avril - 7h52 La ministre de la Jeunesse et des Sports, Chantal Jouanno, indique qu'elle avait demandé l'ouverture d'une enquête suite aux révélations de Mediapart. Jeudi 28 avril - 21h26 Fernand Duchaussoy, le président de la FFF, réagit rapidement aux révélations de Mediapart. «Je suis surpris par cette information. Il faut demander à François Blaquart (Ndlr : le Directeur Technique National). Il y a eu une intervention la semaine dernière du Conseil Fédéral et il n'a jamais été question de cela. Cela me choque.» Jeudi 28 avril - 20h19 Mediapart révèle que les dirigeants du football français, dont Laurent Blanc, auraient approuvé début 2011 des quotas officieux dans les centres de formation. Le but ? Réduire le nombre de joueurs africains et nord-africains.