Hannachi : «La JSK plus haut, plus forte… telle que l'ont bâtie ses enfants» Deux heures sur le plateau de l'émission «Addal +» qu'anime notre confrère Lounis Temzi de la chaîne de télévision Berbère TV n'auront pas suffi lundi pour que le président Hannachi revienne de manière exhaustive sur l'actualité de son club en cette fin de saison et, cela va de soi, sur les perspectives d'avenir. Il rappellera à maintes reprises ce que les anciens lui ont laissé en legs, à commencer par le défunt président de la section football Belaïd Aït Mouloud qui ne cessait de répéter que la JSK est «telle cette coiffure traditionnelle que nos aïeux portaient : toujours plus haut, toujours plus forte». «Les supporters de l'ASO voulaient se venger de nous» D'emblée, le président de la JSK a bien voulu revenir sur les fâcheux incidents qui ont provoqué l'arrêt de la partie à Chlef jeudi dernier. Il déclarera à son interviewer que les supporters chélifiens ont voulu par leurs actes antisportifs se venger de la JSK qu'ils accusent d'accueil malveillant lors du match aller entre les deux équipes : «Je crois que les supporters de l'ASO ont voulu tout simplement se venger de nous. Ils pensent toujours que leur équipe a été agressée lors du match aller à Tizi Ouzou. Or, ce jour-là, il est vrai qu'à la sortie, il y a eu une altercation verbale entre Zaoui et notre milieu de terrain Berramla. Un supporter de l'ASO qui a vu la scène croyait que c'était une rixe et il a tenté de bousculer Zaoui, c'est tout. Ils ont tout de suite fait le parallèle avec la JSK en tant que club et lui ont fait assumer la responsabilité d'une agression qui ne s'est jamais produite», a dit Hannachi en substance. D'ailleurs, pour conclure son propos avant de redonner la parole, le président de la JSK ne manquera pas d'avertir sur «ces scènes de violence qui gagnent davantage du terrain et touchent aujourd'hui l'ensemble des stades du pays, d'où l'urgence à agir pour y mettre un terme définitif». «L'arbitre Haïmoudi aurait dû arrêter la partie juste après notre penalty» Hannachi ne va sûrement pas oublier de sitôt ce que son équipe a vécu à Chlef le week-end dernier. Il y va d'un commentaire sans appel : «Il devenait impossible de continuer à jouer dans de telles conditions. Au moment où nous marquons, une pluie de projectiles s'abat sur nos joueurs. La situation devenait incontrôlable, c'est le mot. D'ailleurs, l'arbitre Haïmoudi aurait dû ne pas attendre davantage et arrêter la partie à cet instant-là.» «Si Medouar avait été là, je ne crois pas que les choses auraient connu cette tournure dramatique» Invité à poursuivre son propos, le président du club kabyle se fendra de cette réflexion : «Je suis persuadé que si le président Medouar avait assisté à cette rencontre, les supporters chélifiens auraient eu un tout autre comportement et ce match n'aurait pas connu cette tournure dramatique. Dommage qu'il ait été absent ce jour-là parce qu'on avait l'impression qu'on était plus sur un champ de bataille que devant une partie de football.» «J'ai demandé aux joueurs de regagner le terrain, mais je n'avais pas vu que c'était l'arbitre qui leur a ordonné de le quitter» «Comme je devais purger une suspension de quatre matches, j'ai suivi la rencontre à partir des escaliers du stade. Au moment des faits, j'ai rejoint le tunnel menant à la pelouse et lorsque j'ai vu mes joueurs quitter le terrain, je leur ai demandé de le regagner au plus vite au risque de voir le club recevoir d'autres sanctions encore. J'ai cru qu'ils avaient agi de leur propre gré, mais une fois devant moi, ils m'ont fait savoir que c'était l'arbitre Haïmoudi lui-même qui leur avait demandé de regagner les vestiaires. Ce dernier a d'ailleurs pris la décision qu'il fallait. Personne n'aurait pu continuer à jouer avec ces jets de projectiles qui devenaient une menace réelle sur la sécurité des joueurs.» «C'est absurde qu'un président de club en vienne à écoper d'une sanction» Revenant sur la récente sanction que la LNF a infligée à la JSK, Hannachi estime en ce qui concerne sa suspension en tant que président que cette mesure n'existe nulle part ailleurs. «Je ne vois pas quelle utilité il y a à sanctionner un président de club en le privant de main courante. Ce n'est pas moi qui marque les buts de la JSK à ce que sache. En plus, en temps normal, les présidents de clubs n'ont pas de place indiquée pour suivre les matches de leurs équipes. Nos stades ne disposent pas de tribunes d'hôtes, à l'exception du complexe Mohamed-Boudiaf. Cela pour vous dire qu'on est constamment dans le tunnel, même lorsqu'on n'est pas sanctionnés et privés de stade comme c'est mon cas présentement», explique-t-il. «Le verdict est en notre faveur, mais je me demande pourquoi il est intervenu le lendemain de la réunion de la LNF» Tout en affichant son soulagement de voir les trois points du match attribués à son club suite aux incidents de Chlef, le président Hannachi n'a pas manqué de s'interroger sur les raisons d'un tel report : «Je suis soulagé de voir les points de ce match nous revenir de droit, mais je me demande bien pourquoi la LNF a attendu jusqu'à aujourd'hui (lundi dernier, NDLR) pour trancher une fois pour toutes. A ma connaissance, les faits étaient clairs comme de l'eau de roche et ce dossier n'était pas aussi compliqué pour justifier ce report». «Je suis convaincu que ce Mecherara veut nuire à la JSK» Le président de la JSK a été on ne peut plus catégorique lorsqu'il en est venu aux rapports de son club avec la LNF : «C'est ce même Mecherara qui a suspendu la JSK en 2003, l'obligeant à élire domicile à Boumerdès durant une bonne partie de la saison. Plus que cela, il refait surface cette saison en obligeant la JSK à jouer une rencontre de championnat face au CABBA à deux jours heures d'intervalle d'un match de Coupe d'Afrique. C'est clair, c'est lui qui nous a éliminés de cette Coupe d'Afrique. La programmation démentielle à laquelle il nous a soumis a vite fait de nous valoir une élimination. Si on avait eu assez de temps pour préparer ce match face au Ahly de Tripoli, la JSK n'aurait jamais été battue à Tizi Ouzou. Je l'ai déclaré juste après notre match face au CABBA. J'ai dit texto aux journalistes que nous avions battu le CABBA, mais que pour le dimanche qui suivait, on devait s'attendre à notre élimination et c'est ce qui s'est produit finalement.» Et d'ajouter : «Ce Mecherara agit de cette façon juste lorsqu'il s'agit de la JSK, alors que pour l'ESS et la JSMB, avec tout le respect que j'ai pour ces deux clubs, on trouve vite des solutions pour leur assurer une bonne préparation.» «Heureusement que d'un autre côté, la JSK entretient de bonnes relations avec la FAF» Voulant éviter de faire dans la confusion en mettant tout le monde dans le même sac, le président kabyle tiendra à apporter cette précision : «Même si à la LNF, je crois que les relations ne sont pas tellement bonnes, les choses sont meilleures à la FAF où la JSK est très respectée, notamment par le président Hadj Raouraoua. C'est un très bon ami à moi et il voue un respect énorme à la JSK. Ce que je demande, c'est un minimum de considération pour notre club. Les responsables du football algérien nous doivent le respect.» «S'ils pensent que le problème sera réglé en distribuant des huis clos, ils se trompent» «Je ne crois pas que le huis clos est la solution qu'il faut pour mettre fin à la violence dans les stades. C'est faux. Les responsables et nous tous en tant qu'acteurs du football national devons trouver tous ensemble une solution radicale à ce phénomène. Rappelez-vous, notre rencontre face à El Harrach s'est déroulée dans un fair-play exemplaire. Même le directeur de l'OPOW a adressé une lettre de félicitations aux deux galeries. Seulement, le délégué du match, malintentionné qu'il était, a rédigé dans son rapport qu'il avait reçu un projectile en plein visage lui occasionnant la détérioration de ses lunettes. Il a même demandé à la LNF de le rembourser pour ce préjudice. La suite, tout le monde la connaît. La JSK se voit immédiatement infliger un match à huis clos.» «A la LNF, c'est la dictature pure et simple» Le président Hannachi n'y va pas de main-morte lorsqu'il parle des rapports qui deviennent de plus en plus conflictuels entre lui et la LNF. Il n'hésitera pas à condamner certaines pratiques. Voilà son propos : «A la LNF, c'est la dictature. Je ne veux pas parler des affaires qui risquent de choquer plus d'un. Je connais tellement de vérités que je préfère me taire. Je sais qui a fait rétrograder le MCO en division inférieure et qui a prévu la relégation des Saïdis cette saison. A la dernière rencontre avec les présidents de clubs, le président de la Ligue a invité l'arbitre qui a officié notre match face au MCA. C'est grave ce qu'il a fait. Il pensait qu'il allait m'humilier. Heureusement pour lui, l'arbitre est reparti bien avant le début de cette rencontre. Je condamne avec vigueur ce qui se passe actuellement au sein du football national. De ma vie, je n'ai jamais vu un arbitre sortir pas moins de quatre cartons jaunes en l'espace de vingt minutes. J'ai assisté à plus de 150 matches dans les différentes compétitions africaines, mais pardonnez-moi, je n'ai jamais vu ça. En tout cas, je ne vais pas me taire. Il s'agit de l'honneur de la JSK. S'il y avait les véritables présidents de clubs de la belle épopée du football national, ils auraient tous quitté la salle pour me soutenir. Malheureusement, mis à part quelques-uns, les autres s'en balancent royalement.» «En trois mois, la JSK a dépensé 47 millions en amendes» «Pour vous confirmer mes dires, sachez que la JSK a dépensé en moins de trois mois, depuis l'élection de l'actuel président de la LNF, 47 millions de centimes au titre d'amendes et autres sanctions, alors qu'on n'a même pas reçu les deniers qui nous reviennent de droit pour notre participation à la Coupe d'Afrique. D'autres clubs, comme ceux d'Alger, ont reçu une somme avoisinant les deux milliards durant la dernière campagne présidentielle. Par exemple, pour faire taire les Bordjiens après cette affaire ESS-CABBA, le ministre s'est déplacé en personne à Bordj pour leur offrir 1 milliard», a encore déclaré Hannachi. «Les négociations avec le RCK à propos de Yahia-Chérif sont en bonne voie» Revenant à l'actualité de son club en cette saison finissante, synonyme entre autres de contacts en prévision de la saison prochaine, le président Hannachi commencera par donner des éclaircissements sur le sujet qui revient sur toutes ces langues et qui n'est autre que le transfert du Koubéen Yahia-Chérif à la JSK : «Je ne vous dirai pas que le jeune Yahia-Chérif est avec nous à 100%. Les négociations avec les responsables du RCK se poursuivent et avancent dans le bon sens même. Je ne suis pas allé voir le joueur par correction et par respect aux dirigeants du RCK parce qu'il faut savoir que Yahia-Chérif est toujours sous contrat. En résumé, les dirigeants koubéens, Touchi à leur tête, sont satisfaits de l'offre de la JSK et le joueur de son côté n'a pas manqué d'afficher son souhait de nous rejoindre. C'est en bonne voie voilà.» «Lang sera avec nous, sauf s'il demande l'impossible financièrement» Pour ce qui est du premier responsable technique, l'entraîneur Jean-Christian Lang, Mohand Cherif Hannachi a déclaré de nouveau son souhait de le voir poursuivre sa mission à la barre technique de la JSK : «Jusqu'à preuve du contraire, Lang est avec nous. Nous allons nous voir en tête à tête juste après le match de l'ESS pour parler des grands axes. Je ne pense pas qu'il y aura des soucis particuliers concernant le renouvellement de son contrat sauf si ses exigences financières dépassent nos moyens.» «Chaouchi ne trouvera pas mieux que la JSK» Concernant le gardien Chaouchi, le boss de la JSK s'est dit très optimiste quant à la perspective de le voir rempiler avec la JSK : «Chaouchi doit travailler encore plus. D'ailleurs, c'est à la JSK qu'il pourra s'épanouir davantage. Il doit penser à son intérêt en premier, car il s'agit de sa carrière. Il vient de retrouver la sélection nationale et il aura besoin de stabilité pour s'imposer. Pour y arriver, il ne trouvera pas mieux que la JSK.» «Belkalem et Berchiche sont des valeurs sûres» Parlant de la relève dont dispose déjà l'effectif de la JSK, le président Hannachi estime que le club phare de Kabylie a toujours fait confiance à ses enfants et qu'il ne se départira pas de sitôt de cette politique. «Belkalem et Berchiche sont des valeurs sûres à la JSK. Ils ont un grand talent, c'est eux l'avenir de ce club. D'ailleurs, nous allons détecter encore plus de talents dans les catégories jeunes pour les pousser au fur et à mesure vers l'équipe première», dira-t-il au sujet des deux révélatons kabyles de la saison. «Aucun joueur algérien n'est en mesure d'évoluer en Europe» Pour ce qui est des joueurs algériens qui sont sollicités par les clubs européens, Hannachi dira : «Aucun joueur algérien n'a les capacités pour évoluer en Europe. Vous avez vu le dernier OM-OL ? Vous avez vu le niveau de ces joueurs ? Ne me dites pas qu'il existe un joueur algérien qui a sa place parmi eux. C'est pour cette raison que je dis qu'il faut être raisonnable et ne pas croire tout ce qui se dit.» «Le titre s'éloigne» En parlant du titre de champion qui a pointé un temps le bout du nez du côté de Tizi Ouzou, le président de la JSK estime qu'il ne faut pas aller vite en besogne vue l'avance de l'ESS et la somme de matches en retard qui l'attend. Il dira : «A mon avis, le titre s'éloigne. En toute sportivité, je dirai que l'ESS a un effectif plus riche que le nôtre. D'ailleurs, j'ai dit à Serrar qu'il pouvait remporter le championnat sans entraîneur même et avec vingt points d'avance s'il a un technicien très compétent. En ce qui nous concerne, nous allons nous contenter de cette deuxième place qui est plus qu'honorable à nos yeux.» «Notre budget, c'est 25 milliards annuels» Interrogé sur le budget que la direction kabyle consacre pour le fonctionnement du club chaque saison, le premier responsable de la JSK dira : «Nous avons un budget de 25 milliards par an. Les gens croient que c'est une somme facile à réunir, ce qui n'est pas du tout le cas. Entre les frais de déplacement en championnat, nos voyages en Afrique pour les épreuves continentales, le paiement des joueurs et des travailleurs du club, ce montant s'avère insuffisant hélas.» «Il faut pas moins de 30 milliards pour jouer une Coupe d'Afrique» Pour rester dans le contexte des dépenses, Hannachi ajoutera ceci : «Pour qu'un club puisse jouer la Coupe d'Afrique par exemple, il doit avoir au moins 30 milliards dans les caisses. Dans le cas contraire, ce serait extrêmement difficile. D'ailleurs, j'appelle les industriels de la ville de Tizi Ouzou à faire un geste envers ce club qui a fait les beaux jours de la Kabylie et à contribuer par les montants de leur choix à sa bonne marche. Cela va vraiment nous aider à respirer.» «On a donné 2 milliards aux clubs algérois et rien pour la JSK» Pour ce qui est des subventions de l'Etat, le président Hannachi a dit avoir du mal à comprendre ces deux poids et deux mesures lorsqu'il s'agit de son club. «J'ai envoyé quatre lettres au ministre de la Jeunesse et des Sports concernant nos indemnités de Coupe d'Afrique, mais je n'ai rien reçu pour l'instant. De plus, j'ai du mal à comprendre qu'on donne deux milliards aux clubs algérois et rien pour la JSK qui pourtant représente l'Algérie chaque année dans les compétitions internationales», a-t-il déclaré en substance. «28 entreprises étrangères sont en course pour le nouveau stade» Au sujet du stade de la JSK qui tarde à voir le jour, le président de la JSK affirme que les travaux vont débuter cet été. Il dira même que le nom de l'entreprise qui prendra le projet en main sera connu d'ici le 15 juin : «La construction du nouveau stade a connu un tournant important. Il y a 28 entreprises étrangères qui ont retiré le cahier des charges. Le dépôt des dossiers se fera le 4 juin dernier délai au siège de la JSK. D'ici le 15 juin, le nom de l'entreprise qui prendra en charge le projet sera connu. J'ai d'ailleurs eu une promesse d'aide de la part du président de la République et j'espère qu'il posera lui-même la première pierre.» «Il sera baptisé au nom de Abdelkader Khalef, le président de la République y est favorable» Pour ce qui est du nom que portera le nouveau stade de la JSK, le boss kabyle a été très clair : «Je n'oublierai jamais tout ce que la famille Khalef a fait pour la JSK et, à mon sens, attribuer le nom de Abdelkader Khalef au nouveau stade est le moindre des hommages que l'on puisse témoigner à cette famille qui s'est sacrifiée pour que la JSK atteigne les sommets. Y compris Mahieddine qui est un grand ami.» Abdelatif Azibi et Lyès Aouiche