Après plusieurs années qui ont vu le WAT jouer sa survie parmi l'élite, le Widad se croyait à l'abri d'une nouvelle galère à l'aube de la saison 2007-08. Mais le club phare de la ville des Zianides a vécu ses heures les plus sombres, avec une relégation en fin de saison et une finale de coupe d'Algérie bêtement perdue. Retour sur la crise au sein du club phare des Zianides.
Un recrutement d'affaires Qui a eu l'audace et cette grande intelligence d'écarter les enfants du club tels que Boudjakdji, Chaïb, Hadjou, Taleb, Boughrara ou Tounkob, pour ramener la filière inconnue au bataillon de l'Est ? Dur, dur de trouver la bonne réponse, car si la direction a mis tout cela sur le dos de l'entraîneur de l'époque, Slimani en l'occurrence, on ne drive pas un club de première division en ayant carte blanche totale et jouant le rôle de manager. Et pourtant c'est la vérité. En ramenant les Guèhche, Chouib, Younès ou même B. Daoud, tout le monde a compris à Tlemcen que c'était plus un recrutement d'intérêts, qu'un besoin technique, et après six mois seulement et le retour aux sources des enfants du club, (Boudjakdji, Hadjou, Chaïb...), ces derniers ont vite quitté le navire tlemcénien, laissant derrière eux un club qui n'est pas près d'oublier la saison 2007-08.
Une direction qui fuit ses responsabilités Tant qu'il y a de l'argent dans les caisses, se sont toujours des dirigeants amoureux du club phare des Zianides, mais au moindre faux pas, le président ne trouve plus ses amis fantômes qui ont dévoré les sept milliards de subventions du premier responsable de la wilaya de Tlemcen qui a voulu construire une grande équipe mais en vain. Car au lieu de travailler dans la transparence, en organisant une assemblée générale, afin de laver le linge sale en «famille», et écarter ceux qui ont échoué dans leur mission, personne n'a eu le courage de prendre cette initiative, surtout que la gestion du WAT avait besoin de sang neuf, d'une nouvelle vision et d'hommes capables de faire le nettoyage de son environnement de plus en plus hypocrite.
La valse des entraîneurs En gardant Slimani à la tête du staff technique, alors que les relations entre l'entraîneur et la direction tlemcénienne n'étaient pas au beau fixe, le WAT a pris, en juillet déjà, un mauvais départ. Soutenu par la galerie tlemcénienne, Slimani était considéré comme un «messie» après avoir réussi le périlleux défi de sauver le club de la relégation la saison précédente, mais après 4 matches seulement, Slimani jette l'éponge et Bouraoui fait appel à une ancienne connaissance : Ifticen Younès, L'entraîneur avec qui le WAT a remporté un titre arabe. Le bilan de ce dernier est un véritable désastre ! La troisième «bêtise» dans le choix de l'entraîneur, c'est la venue de Abdelkader Amrani. Un enfant du club qui venait pour sauver le WAT, ou presque... car après 21 jours au club, il a pris la poudre d'escampette rejoignant un Menadi qui lui a promis le paradis à l'USM Annaba et surtout la «chekara» sans ce soucier des sentiments de toute une ville. Trois entraîneurs consommés durant la phase aller, sans oublier le duo Houti-Dahleb qui a assuré l'intérim, avant de nommer Fouad Bouali.
Un niveau de jeu qui laisse à désirer En début de saison 2007-08, le WAT est passé d'une équipe qui n'avait pas de fond de jeu à une équipe qui n'en a toujours pas. Cette formation reste constante dans sa médiocrité. Avec une variante tout de même : elle rencontre les pires difficultés à domicile, là où justement il faut faire le jeu. Quel que soit le système utilisé, avec le 5-3-2 de Slimani, le 4-3-3 de Amrani, en passant par le 4-4-2 d'Ifticen et Bouali, le résultat reste le même. Les entraîneurs ont souvent admis qu'il «existait des raisons psychologiques mais aussi techniques et tactiques pour analyser les difficultés de cette équipe». Journée après journée, le WAT ne fait que confirmer cette impression, celle d'une équipe qui a du mal à développer un jeu cohérent.
Les Trois Frères-Zerga, un stade maudit Supporters, joueurs, staff technique, tous sont unanimes à reconnaître que le stade des trois Frères-Zerga est l'une des principales causes des malheurs des Bleu et Blanc, puisque le Widad jouait régulièrement sa survie sur ce terrain après avoir quitté le complexe de Birouana (pour cause de rénovation, une rénovation qui dure néanmoins 5 années !) et que les observateurs ont toujours parlé d'une peur de mal faire devant son public, surtout dans un petit stade comme celui des trois Frères-Zerga, où la pression est vraiment pesante sur les joueurs.
Tensions dans le groupe L'ambiance était toujours bonne quand il y avait une grande majorité d'enfants du club, mais depuis le début de saison, les clans au sein du WAT commencent à se faire jour, ce qui laisse souvent place à un climat glacial, où l'esprit du groupe et l'amour du maillot se montrent rarement. Une chose est sûre, le groupe n'est pas le plus bel exemple d'une union sacrée. Ainsi, les mauvais résultats aidant, des tensions naissent régulièrement. Ce qui a poussé un cadre de l'équipe à admettre à que l'ambiance au sein de l'effectif était loin d'être bonne. Tous ne tirent pas dans le même sens, ce qui a produit des étincelles qui ont fini par brûler la maison widadie.
La poisse leur colle aux basques Des bévues à répétition en défense, un jeu décousu au milieu et d'énormes occasions ratées en attaque... Le WAT est souvent happé dans une spirale négative. Tous les éléments se liguent contre le club phare de la ville des Zianides. Et malheureusement, lorsque rien ne va, la tendance reste souvent la même. Cette poisse, les Bleu et Blanc doivent la chasser afin d'entamer un cycle positif. A eux de provoquer le déclic, mais les Bleu et Blanc n'ont pas de hargne, le groupe n'est pas soudé... Bref ! Les Bleu et Blanc étaient en pleine déliquescence.
La goutte qui a fait déborder le vase Une fois n'est pas coutume, et pour son dernier match de la saison en finale de coupe d'Algérie, le WAT aura offert l'une de ses prestations les plus abouties, dominant des Bougiotes qui, de l'aveu même de tous les observateurs, ont commis un «hold-up» en remportant la coupe d'Algérie. Car paradoxalement, si celle qui s'achève aura été dans ses grandes lignes cauchemardesques avec une descente en deuxième division, elle s'achève sur une prestation qui, quelque part, aura peut-être donné quelques certitudes aux uns et aux autres. Certitudes sur la qualité d'un effectif qui, lorsqu'il le décide et qu'il n'est pas soumis à la pression, est capable de hisser son niveau de jeu à un degré intéressant, car si l'effectif tlemcénien a souvent été montré du doigt durant l'intégralité de la saison, il a prouvé qu'il avait sans doute mieux à faire que de jouer le maintien, à condition de se montrer plus réaliste et surtout plus fort dans sa tête, sans doute deux axes de travail importants en vue de la saison prochaine. Car de toute façon, personne à Tlemcen n'a retenu les leçons des années précédentes, et il fallait que le jour noir arrive. Le WAT est en D2. Le tout-Tlemcen pleure son sort, mais il ne faut surtout pas laisser le club sombrer dans sa déception. «Les grands hommes, ce sont ceux qui savent se relever», dit l'adage. Bouali et sa troupe ont décidé de remettre le club à sa véritable place dès la saison 2008-09. A suivre... Othmane Riyad Baba Ahmed