«On n'avait pas le droit de faire ça à 35 millions d'Algériens.» Abordé sur le terrain, dans la zone mixte du stade de Marrakech, à l'aéroport de Marrakech, Lacen s'est, à chaque fois, excusé de ne pouvoir faire de déclarations tantôt parce qu'il était trop déçu par la défaite, tantôt parce qu'il était très fatigué. Dans le vol Marrakech-Madrid et avant qu'il ne mette son casque pour écouter de la musique et s'assoupir un peu après une nuit blanche, nous avons tenté notre chance une dernière fois. Ce fut la bonne ! «Dès qu'on arrive à Madrid, on discutera quelques minutes parce que je dois continuer sur Santander», nous a-t-il lancé pour ensuite tomber dans les bras de Morphée durant presque tout le voyage. Comme d'habitude, Lacen a tenu parole et la rencontre a eu lieu au terminal numéro 1 à la salle où on devait récupérer nos bagages. Merci Medhi de nous accorder quelques minutes malgré la déception et la fatigue. (Il sourit) Quelques minutes, c'est beaucoup. Vous avez juste deux minutes parce que vraiment je n'ai pas vraiment envie de parler de ce match. On suppose que le réveil a été dur, n'est-ce pas ? Il n'y a même pas eu de réveil puisque j'ai passé une nuit blanche. Ce fut dur, très dur. On a pas mal parlé entre nous hier et la seule conclusion qu'on a tirée à l'unanimité, c'est qu'on n'a pas été à la hauteur. On a été loin des attentes de notre public. S'il faut désigner un responsable après cette débâcle, ce sera nous les joueurs. Comment peut-on expliquer une telle défaite ? Jusqu'à maintenant, je n'arrive pas à trouver une explication à cette défaite. Tout ce que je peux vous dire, c'est que nous sommes passés complètement à côté de notre sujet. Et puis, en face, il y avait une équipe agressive qui, dos au mur, a réalisé sans doute son meilleur match depuis longtemps. Le Maroc, ce n'est ni la Tanzanie ni la Centrafrique, ça aussi il ne faut pas l'oublier. On sait que l'entraîneur vous a parlé. Que vous a-t-il dit ? Comme nous tous, comme le peuple algérien, le coach était abattu. Il a essayé de nous remonter le moral et de prendre tout sur lui, mais c'était difficile de trouver les mots après une défaite comme ça. N'attendez pas de moi de vous dire ce que le coach nous a dit exactement parce que ça doit rester entre nous. Après, si lui a envie de parler de ça, il parlera. C'est facile de tout mettre sur le dos du coach, mais encore une fois, c'est nous les joueurs qui étions sur le terrain et c'est nous qui n'avons pas été à la hauteur. Il paraît qu'il vous a annoncé sa démission ? Excusez-moi, mais je ne vous dirais rien sur ce que le coach nous a dit. Avez-vous les ressources pour vous en remettre ? Mathématiquement, il reste encore une possibilité de revenir dans la course et d'accrocher une place de meilleure deuxième, mais il ne faut pas se voiler la face, ça va être très difficile. De toutes les façons, on va mettre du temps à oublier une telle défaite. On savait tous que c'était un derby, un match à ne pas perdre, mais sur le terrain on a failli. On a été inexistants, ils nous ont marché dessous et on a perdu 4 à 0. On ne peut pas digérer tout ça du jour au lendemain. Non, ça sera dur d'oublier la soirée d'hier. Même si ça sera difficile, on doit tirer les enseignements de cette défaite au plus vite pour ensuite nous remettre au travail en réalisant un bon match dès le mois d'août (date FIFA début août avec l'organisation d'un match amical, ndlr) Le fait de savoir qu'il y aura une autre CAN dès 2013, peut-il vous consoler ? Non, il ne faut pas attendre l'année prochaine pour se rattraper. Cette défaite doit nous réveiller et on doit revenir en force dès le match amical du mois d'août pour ensuite jouer à fond les deux matchs restants. Je le répète, il y a encore de la place pour une qualification et il faut jouer nos chances à fond pour au moins montrer au peuple algérien que le match d'hier n'est qu'un accident de parcours. Ça ne sert à rien de se précipiter et de parler de 2013 alors qu'il reste deux matchs importants pour les qualifications à jouer. Certains sont allés jusqu'à dire que cette défaite marque la fin d'une génération qui, après avoir joué un Mondial, a perdu un peu de son ambition ? C'est absolument absurde de penser comme ça. J'ai appris à connaître ce groupe et je peux vous dire que nous sommes tous des compétiteurs et que tant qu'on est footballeurs professionnels, on ne manquera jamais d'ambition surtout qu'on ne défend notre pays. Avez-vous eu une pensée pour le peuple algérien qui attendait mieux ? On a parlé de ça entre nous et on s'est dit qu'on n'avait pas le droit de faire ça à 35 millions de personnes. On pouvait perdre, mais pas de cette manière. Cela fait trois ans que vous deviez passer quelques jours de vacances en Algérie. Serait-ce pour cet été ? Normalement, c'est prévu. Ça sera encore une fois difficile car avec le changement de club et le déménagement, je n'aurai pas beaucoup le temps de me reposer. J'espère passer au moins trois ou quatre jours en Algérie et je sais que ça va me faire du bien car ce n'est pas facile d'enchaîner un stage de quinze jours après une saison déjà longue en club. --------------------------------------------- Les joueurs ont quitté Marrakech hier matin Les joueurs de la sélection nationale ont quitté Marrakech hier matin. Chacun est parti individuellement, à bord du vol qui correspond à sa destination. A la mi-journée, il ne restait plus aucun joueur dans la ville. Les locaux et les membres des staffs technique, administratif et médical ont été acheminés vers Casablanca d'où ils ont embarqué vers Alger. Lacen, Medjani et Mehdi-Mostefa à l'aéroport ensemble Medhi Lacen, Carl Medjani et Sbaa Mehdi-Mostefa, ainsi que le préparateur physique Boudjemaâ Mohamedi, sont partis ensemble à l'aéroport de Marrakech. Un responsable marocain s'est chargé de les accompagner et de leur faciliter les formalités de police. Les quatre hommes se sont attablés à la cafeteria et ont pris des consommations tout en discutant sur le match de la veille. Lacen à Madrid, les autres à Marseille S'ils sont partis ensemble à l'aéroport, Lacen, Medjani et Mehdi-Mostefa n'avaient pas la même destination. En effet, le premier a pris un vol pour Madrid, alors que les deux autres, accompagnés de Mohamedi, ont embarqué à destination de Marseille. Chacun d'eux ne pensait qu'à une chose : prendre des vacances et oublier la défaite de samedi soir. Les Marocains pas trop chambreurs En dépit de la large victoire réalisée par leur sélection, les Marocains présents à l'aéroport international de Marrakech au moment des départs des joueurs algériens ne se sont pas montrés trop chambreurs. Ils ont taquiné un peu les Verts, mais sans jamais se départir de respect et de courtoisie.