«Benchikha n'a pas appliqué le discours qu'il nous a tenu» «Avec Halilhodzic, que tu t'appelles Drogba, Belhadj ou Ziani, tu n'es pas bon, tu ne joues pas !» Nadir Belhadj est le seul des «anciens» de la sélection nationale à ne pas avoir joué contre le Maroc à Marrakech. En fait, sous l'ère Benchikha, il n'a pris part qu'à un seul match, celui perdu à Bangui contre la République centrafricaine. S'étant muré dans le silence depuis la lourde défaite de Marrakech, il a accepté de vider son cœur à l'intention des lecteurs du Buteur. C'est au célèbre Tauern Spa de Kaprun, en Autriche, où l'équipe d'Al Sadd a débarqué vendredi pour y effectuer son stage d'intersaison, que nous l'avons rencontré. La longue interview qu'il nous a accordée est riche en aveux et en mises au point. Les vacances se sont bien passées pour vous ? Oui, elles se sont bien passées. J'ai pu me reposer un peu. Ça faisait longtemps que je n'avais pas eu de longues vacances. Donc, ça m'a fait plaisir d'en avoir profité. Bien que vous n'ayez pas joué le match de Marrakech, vous avez été sans doute marqué par la débâcle comme tous les joueurs du groupe. A froid, est-ce que vous avez digéré la défaite ? Oui, ça y est, c'est digéré. Maintenant, il faut tourner la page. Même si je n'ai pas joué, on fait partie d'un groupe. Ou tout le groupe gagne, ou tout le groupe perd. Personnellement, j'ai tourné la page. Il faut tourner la page et penser à autre chose. Je pense que ça va mettre tout le monde bien bas et qu'on travaillera désormais sereinement. Personnellement, je pense que le Maroc a fait un bon match. Il a marqué de beaux buts. Tout simplement, les Marocains ont bien joué. Quant à nous, nous n'avons bien joué que durant les 15 ou 20 premières minutes. Après, lorsque nous avons pris le premier but, nous nous sommes écroulés. Après la prestation du match aller, vous attendiez-vous à une défaite de cette ampleur ? On ne peut pas s'attendre à une défaite de cette ampleur. Personnellement, tout comme tous les autres joueurs, j'étais optimiste. Tout le monde a bien préparé son match. Maintenant, ce qui s'est passé… Personnellement, je crois que nous avions la possibilité de faire un bon résultat là-bas. Certes, ce n'était pas le même match qu'à l'aller car, à Annaba, c'était un peu la «guerre» puisqu'il n'y avait pas beaucoup de jeu, mais les Marocains ont bien développé leur jeu. Au début, ils avaient un peu peur parce que nous sommes bien rentrés dans le match et nous leur avons mis la pression, mais après leur premier but, ils ont bien développé leur jeu. On l'a vu : ils ont joué au foot. Vous espériez un match retour plus technique et vous avez été servi. Vu le match à partir du banc du remplaçant, d'où on a un regard différent, à quel niveau l'équipe a-t-elle failli, selon vous ? Physiquement ? Collectivement ? Tactiquement ? Je pense que c'est tactiquement. Vu du banc, nous avons fait 15-20 bonnes premières minutes. Nous sommes bien rentrés dans le match. Après, ils ont marqué leur premier but contre le cours du jeu, sur un corner. Ils ont ensuite marqué le deuxième but et l'équipe s'est un peu écroulée. Puis, ils ont commencé à jouer plus et c'est normal. Quand on gagne 2 à 0, on prend plus de confiance. De plus, ils étaient chez eux. Donc, je pense que c'est tactiquement que nous n'avons pas été bien. Pour gagner, il fallait jouer avec deux attaquants. C'est très difficile pour un Djebbour d'être seul devant. Tu peux mettre n'importe quel attaquant seul devant, ce serait très difficile pour lui. Du moins, c'est ma philosophie. Je pense que c'est mieux de jouer avec deux attaquants qui s'appuient mutuellement. Moi, je n'ai pas joué, mais si Mesbah, Kadir ou même Ziani, centrait, c'était difficile de trouver un mec au milieu de quatre défenseurs. Moi, je pense que c'est difficile. Justement, Rafik Djebbour, que nous avons rencontré il y a quelques jours dans le lieu du stage de son club, Olympiacos, nous avait affirmé qu'il se cassait la tête depuis des mois à répéter que la sélection nationale était trop défensive depuis 18 mois… Je pense que la tactique du coach a fait que nous étions un peu défensifs, même s'il avait l'intention de jouer offensif. Faire jouer Djebbour tout seul en attaque avec des milieux sur les côtés, c'était difficile. Si on avait joué à deux, on aurait mis plus de pression. C'est mon point de vue. Même dans le monde, mis à part le Barça et un peu le Real Madrid, toutes les équipes jouent avec deux attaquants. Maintenant, si on joue contre une grosse équipe et qu'on veut défendre, on met un seul attaquant et il défend avec nous. Je dis cela parce que beaucoup de gens ont tiré sur Djebbour et l'ont critiqué, mais c'est difficile de jouer avec un seul attaquant. On pouvait regarder le maillot de Djebbour à la fin : il était mouillé ! Il a beaucoup couru à droite, à gauche. Même quand il a reçu de bons ballons, il n'a pas pu les gérer parce qu'il avait couru partout et il était fatigué. Personnellement, à partir de ce que j'ai vu sur le banc, je dis que pour Djebbour, c'était difficile. Vous avez suivi le match du banc des remplaçants et on peut dire que le passage de Abdelhak Benchikha à la tête des Verts ne vous a pas été très favorable. Que gardez-vous de lui ? Moi, je n'ai rien contre lui. Je pense qu'il avait été tellement énervé par notre défaite en République centrafricaine qu'il avait mis tout sur moi. Quand on regarde bien, nous étions tous là-bas, mais il n'y a que moi qui avais payé. En fait, je n'ai rien à dire sur lui parce que je ne le connais pas vraiment. Déjà, je n'avais pas de dialogue avec lui. On dirait que j'étais un gamin qui venait d'arriver en sélection. Ça, je n'ai pas aimé. Même l'attitude des médias, je vous dis la vérité, je n'ai pas aimé. Parce que je suis parti jouer au Qatar, on m'a mis de côté. Personnellement, c'est comme ça que je l'ai ressenti. Le coach peut ne pas me faire jouer, il n'y a pas de problème car je ne suis pas un homme qui crée des histoires, mais qu'il vienne me parler. Il n'y avait pas de dialogue entre lui et moi. Pourtant, je n'ai rien fait de mal. Peut-être qu'il est comme ça comme gars, je ne sais pas, mais je voyais qu'avec les autres, il parlait beaucoup et moi, il ne me parlait pas. Après le périple que j'avais fait pour aller jouer contre le Maroc, il m'a juste dit : «Bonjour. Ça va ?» Ce n'est pas normal. Vous parlez du match retour ? Non, du match aller. J'avais fait un véritable périple. J'avais joué le jeudi et, après le match, j'avais pris un avion, puis un autre avion et un autre pour arriver avant midi le vendredi. Ce n'était pas pour jouer, bien que je sois en forme, mais juste pour rejoindre le groupe. Normalement, il devait venir parler avec moi pour me demander si ça allait et comment ça se passait pour moi. En fait, il n'y a plus eu de dialogue depuis ce jour-là. Peut-être que le coach était énervé que je sois resté avec mon équipe, mais j'ai des obligations professionnelles. C'est mon équipe et je ne peux pas sortir comme ça. Je ne sais pas… Peut-être que c'est pour ça. Est-il vrai que, lors de la journée de quartier libre donnée par le staff lors du stage d'Espagne, pendant laquelle vos coéquipiers étaient partis se promener dans un centre commercial, vous avez eu une discussion avec le coach puisque vous êtes restés tous deux à l'hôtel ? Non, pas du tout. Je ne savais même pas qu'il était là. Moi, j'étais resté dans ma chambre. J'ai dormi. Nous avons eu un petit dialogue la veille, quand je suis arrivé, mais pas après. Il m'avait bien parlé. Nous étions en salle de musculation. Tout le monde faisait de la musculation, mais comme j'avais un peu mal à la cuisse, je faisais du vélo avec le préparateur physique. Là, nous avons parlé tranquillement vite fait. Mais pas quand les joueurs ont eu quartier libre. Est-ce qu'il vous avait dit, à ce moment-là, que vous alliez être remplaçant ? Non, non ! Rien. Il n'était pas question de remplaçant. Il m'avait dit qu'il n'avait pas de problème avec moi. Je lui ai répondu que, pareil de mon côté, je n'avais pas non plus de problème avec lui et que j'étais à sa disposition et qu'il était libre de me faire jouer ou non. Vous avez dit, il y a quelques instants, que vous n'avez pas aimé non plus l'attitude de la presse… Je n'ai pas eu de problème avec la presse, mais on dirait qu'elle m'a boycotté parce que j'ai signé au Qatar. On ne me calculait pas. «Il a signé au Qatar», «Il a grossi» et je ne sais quoi encore… Je ne sais pas pourquoi. Moi, je suis bien dans mon équipe, vous venez me voir chaque année et vous voyez bien que je suis bien dans mon équipe, que je suis en forme. Non, je n'ai pas de problème. Cela m'a fait mal parce que, dans le match contre la République centrafricaine, nous étions tous coupables et pas seulement Nadir Belhadj. C'est depuis là que l'affaire est partie. Enfin, ce n'est pas une affaire, mais je n'ai pas été convoqué au Luxembourg, j'ai été convoqué contre la Tunisie, mais il y a eu un problème et le match a été annulé, je suis venu contre le Maroc bien que j'aie un match avec mon club, mais je n'ai pas joué, puis il y a eu le match retour pour lequel je m'étais bien préparé, mais je n'ai pas joué. Le coach l'a décidé et il n'y a aucun problème, mais vous voyez bien que rien n'était en ma faveur. Revenons au match que vous aviez disputé avec Al Sadd avant d'aller à Annaba. Y avait-il un accord entre la FAF et Al Sadd pour que vous jouiez ce match-là ? Personnellement, je ne le sais pas. Mon club m'avait dit que, pour une date FIFA, un joueur ne devait être libéré que trois jours avant où je ne sais pas quoi. Je ne pouvais pas partir comme ça. Et d'une. De plus, j'avais un club et mon équipe avait besoin de moi parce qu'il s'agissait d'un match important et je l'ai joué. Et de deux. Ajoutez à cela que je ne peux pas sortir du Qatar comme je le veux. Il faut une autorisation de mon club. Même si j'aurais voulu sortir, je n'aurais pas pu le faire. Et de trois. C'est clair, net et précis. J'avais eu le coach au téléphone qui m'avait dit d'essayer de venir. Le président (Mohamed Raouraoua, ndlr) aussi. Là, je leur ai expliqué ma situation et là, je pense qu'ils ont eu un contact avec le club. Je suis donc resté jouer avec mon club, puis j'ai rejoint Annaba. Donc, vous n'y êtes pour rien… Je n'y suis pour rien. Mon club, qui fait tout pour moi, me dit reste, je dois rester, il n'y a pas de problème. Je n'avais pas de problème non plus avec la sélection. Quand elle me dit de venir, je dis OK. Or, je ne joue pas dans un club européen. Mon club avait un match important et je ne pouvais pas sortir du pays. J'aurais été à Portsmouth, j'aurais envie de partir, je prendrais le lendemain un avion et je partais. Au pire, j'aurais pris une amende après. Mais là, je ne peux pas sortir du pays sans autorisation. Le coach a travaillé au Qatar et il sait très bien que, sans le visa de mon club, je ne peux pas sortir du territoire qatari. Pendant toute l'année, je ne sors pas du pays, sauf en cas d'exception, quand j'ai une affaire familiale à régler, où je vais aller demander une autorisation. Sinon je ne peux pas sortir. Durant les séances d'entraînement tactiques à huis clos en Espagne, nous avions pu suivre les séances en cachette et nous avions bien vu que vous étiez très en forme, peut-être même le meilleur à l'entraînement, avec même une action où vous aviez fait tomber trois adversaires dans un match d'opposition. A ce moment-là, ne saviez-vous pas que vous n'alliez pas jouer ? Ou alors le saviez-vous tout en faisant en sorte de démontrer au coach que vous étiez en forme ? Le discours qu'avait tenu le coach m'avait plu, mais je pense qu'il ne l'a pas respecté. Moi, je le dis. C'était quoi, ce discours ? Peut-être qu'il avait dit cela aux autres joueurs avant que je n'arrive, mais là, il y avait tout le groupe. Il avait dit : «Je m'en f… des noms qui sont ici. Qu'un joueur s'appelle Ziani, Belhadj, Bougherra, je m'en f… Celui qui fera une très bonne semaine (d'entraînement, ndlr) et qui me montrera qu'il est forme jouera.» Je pense que je le lui ai montré, mais je n'ai pas joué le match. Boudebouz aussi le lui a montré, mais il n'a pas joué le match. C'est pour ça que je dis qu'il n'a pas respecté son discours. Peut-être qu'il avait dit ça juste pour nous motiver, mais j'espère que j'ai fait une très bonne semaine. Maintenant, je n'ai pas joué et c'est le choix du coach. Je le respecte, il n'y a pas de problème. En écoutant le discours du coach, je pensais qu'il allait l'appliquer, voilà tout. Il a fait son équipe et il faut respecter son choix. Pensez-vous que vous auriez pu jouer en même temps que Djamel Mesbah, avec l'un un peu plus haut sur le terrain que l'autre ? Oui. Nous avons joué comme ça vite fait en Coupe du monde car il était rentré durant les dernières minutes face à l'Angleterre. Même en Irlande, nous avons joué comme ça, moi devant lui, et je le couvrais quand il montait. Donc, pas de problème, nous pouvons jouer ainsi. Je pense que le coach sait que je peux jouer sur tout le côté gauche. Cependant, il a ses idées. Moi, je suis un cadre de la sélection. J'ai voulu signer au Qatar et je l'ai fait. S'il y avait eu un problème, il ne fallait pas qu'il me convoque. Justement, on remarque là que vous n'avez pas pris de poids et êtes plutôt affuté, contrairement à ce qui a été dit… Non, je suis vraiment bien. Et encore, je n'ai pas encore repris l'entraînement. C'est pour ça que j'aurais préféré que le coach soit franc avec moi. Pour le stage du Luxembourg, ça avait fait des histoires parce qu'il ne m'avait pas appelé. Appelle-moi, au moins ! Tout le monde me disait que je n'ai pas été convoqué, sauf l'intéressé. C'est toi le décideur et c'est à toi de me le dire ! Moi, je viens pour mon pays. Si vous aviez su que vous n'alliez pas jouer, vous seriez quand même venu ? (Après un moment de réflexion) Tu ne peux pas savoir, lors de la convocation, que tu vas jouer ou pas. Je vous le dis honnêtement : si j'avais su que je ne jouerais pas, je ne viendrais pas. Pourquoi viendrai-je ? Moi, je suis un compétiteur, je veux jouer. Le coach avait peut-être au départ son idée sur l'équipe qui allait jouer et il avait peut-être tenu son discours juste pour motiver tout le monde. Quand vous dites «Si j'avais su que je ne jouerais pas, je ne serais pas venu», n'est-ce pas un manque de respect envers Djamel Mesbah ? Non, ce n'est pas un manque de respect. Ce n'est pas que, si je ne joue pas, je ne viens pas. Je parle de ce match-là en particulier. Il y a eu des matches où je n'ai pas joué, ai-je dit quelque chose ? Contre le Maroc à Annaba, nous avions gagné 1-0 et j'étais content de la victoire. Là, nous avons perdu et j'étais déçu. C'est normal. Et puis, le coach avait fait son équipe mercredi. J'aurais pu lâcher les entraînements, mais je ne l'ai pas fait. Je me suis entraîné sérieusement depuis mon arrivée au stage jusqu'au jour du match, même lorsqu'on était au Maroc. Je suis un compétiteur. Je savais pourtant que je n'allais pas jouer car le coach avait préparé son équipe. Ce qui m'a déçu, honnêtement, c'est son attitude envers moi. Peut-être qu'il ne l'a pas fait exprès, peut-être qu'il était concentré sur autre chose, mais il ne me «respectait» pas car il ne venait pas me parler. Même si lui venait d'arriver en sélection, moi, je ne viens pas d'y arriver. Si tu parles avec tous les cadres, tu me parles à moi aussi. Tu me fais jouer ou tu ne me fais pas jouer, maalich, mais tu me parles ! C'est ce qui vous a touché le plus ? Voilà. Personnellement, c'est ça. Que je joue ou que je ne joue pas, je m'en f… Quant à dire qu'il y avait des histoires entre lui et moi, non. Je le respectais et il me respectait. La seule chose que je n'ai pas aimée, c'est sa façon de faire avec moi. S'il avait été comme ça avec tout le monde, pas de problème. Or, il parlait avec des cadres, mais il ne me parlait pas à moi. On dirait que j'étais exclu. A présent, la page est tournée et il y a un nouveau sélectionneur, Vahid Halilhodzic. Comment avez-vous accueilli sa nomination ? C'est un bon entraîneur. C'est bien qu'on ait un entraîneur européen. Cependant, je pense que nous aurions dû finir avec Benchikha les deux derniers matches des qualifications pour la CAN-2012. Ce sera difficile de se qualifier pour le nouveau coach. Mais Halilhodzic dit, lui, que la qualification, c'est terminé ! Voilà. Il faut se dire les choses directement. Il faut être franc. Je pense quand même que Benchikha aurait dû rester jusqu'à la fin. Nous étions avec lui, nous aurions dû continuer, surtout que ça va être mort lors des deux derniers matches. Cependant, la FAF pense que ces deux matches serviront à Halilhodzic pour préparer les qualifications pour la CAN-2013… Chacun comment il pense. Il y a un nouveau coach et j'espère qu'il fera de bons choix. Je ne le connais pas personnellement, mais j'ai déjà entendu parler de lui puisqu'il a entraîné à Rennes et à Paris. C'est un mec droit. De plus, même en Côte d'Ivoire, je n'ai pas encore eu à discuter avec Kader Keita (son coéquipier à Al Sadd, ndlr), mais il était aussi droit. Que tu t'appelles Drogba, Belhadj ou Ziani, tu n'es pas bon, tu ne joues pas. Son discours vous a donc plu ? Oui. Cela motivera tout le monde. Vous avez donc eu des échos de vos coéquipiers ? Non, je n'ai pas eu d'échos d'eux. Je dis seulement que ça va me motiver tout le monde et tout le monde aura sa chance. Si tu n'es pas bon, tu ne joues pas. Il l'a fait en Côte d'Ivoire. Drogba, c'est Drogba, mais il n'était pas bon, il était assis sur le banc. Si Halilhodzic applique son discours, ce sera bien pour tout le monde et ça fera monter l'équipe. Chacun se défoncera à l'entraîneur et personne ne dira qu'il a sa place acquise. C'est bien. Vous avez dit plus haut que la défaite de Marrakech allait permettre à tout le monde de remettre les pieds sur terre. Est-ce parce que vous pensez qu'il y a des joueurs qui ont pris la grosse tête ? Non ! Non ! Ce n'est pas qu'on a pris la grosse tête, mais peut-être qu'on était «intouchables». Parce que nous avions gagné le match de Annaba, nous étions confiants, peut-être trop confiants. Il ne faut pas dire que nous n'avons pas travaillé ou, comme j'en ai eu des échos, que nous nous en f… Quand on vient en sélection, c'est pour jouer. En plus, c'est un derby. Ces matches-là, on a envie de les jouer. Non, tout le monde s'était entraîné sérieusement. Moi, je me suis entraîné et j'ai bien vu que tout le monde avait envie de gagner. Peut-être étions-nous seulement trop confiants et trop sûrs de nous. Il n'y a pas eu 1-0, mais 4-0. C'est bien car ça va nous permettre de travailler en silence. Pensez-vous que c'est mieux ainsi pour vous ? Oui, c'est mieux. Il vaut mieux que nous travaillions en silence et que nous venions tranquille comme ça, sans que personne ne nous attende. Vous pensez donc que ce qui avait fait la force de la sélection avant la qualification pour la Coupe du monde est d'être parti de loin, dans l'anonymat, sans faire de bruit ? Oui car, à ce moment-là, personne ne nous calculait et ça nous avait permis de faire un bon parcours. Le favori, c'était l'Egypte, pas l'Algérie. Si nous étions partis en favori, nous ne serions pas passés. Là, avec notre statut de mondialiste, tout le monde veut nous taper. Pourquoi les joueurs gèrent-ils mal le statut de favori et préfèrent-ils celui d'outsider ? Outsider, c'est bien. Quand nous avions joué contre l'Egypte, nous étions plus motivés. Par exemple, si Al Sadd jouait demain face à Lyon, les joueurs vont s'arracher ! C'est normal. Ce n'est pas qu'on a mal géré notre statut de favori. Il n'y a pas de joueurs qui ont la grosse tête. Il règne une très belle ambiance. A présent, nous avons digéré la Coupe du monde. Nous ne sommes pas les seuls à avoir vécu cette situation. Le Maroc avait été en Coupe du monde, mais après, cela avait été difficile pour eux. Halilhodzic a déclaré que l'équipe d'Algérie doit apprendre à jouer plus vers l'avant. Ce discours vous intéresse sûrement, vous le partisan de l'offensive… Oui, ça m'intéresse. Il faut jouer vers l'avant. De toute façon, le football moderne, c'est vers l'avant. Ce qui me désole, c'est que me fait ch…, en vérité, c'est que nous avons les joueurs pour jouer. Contre le Maroc, je n'ai pas reconnu mon équipe. Ce n'est pas parce que je n'étais pas là, ça n'a rien à voir. J'aurais pu être blessé ou devant la télévision. Non, mais nous avons les joueurs pour jouer. Je ne dis pas que nous avons des Messi, mais nous pouvons jouer au foot. On peut perdre 4-0 contre le Maroc, mais en ayant joué. Là, nous n'avons pas joué. Le match aller, c'était de la bagarre et des contacts physiques, OK, mais là, on n'a pas joué alors qu'on a les joueurs qu'il faut pour jouer au foot ! Grrr ! C'est ça qui me fait ch… ! Là, nous n'avions pas d'excuses. J'espère qu'aucun joueur ne vous a donné des excuses quant à la défaite… Non, aucun. Tout le monde a reconnu qu'il n'y avait pas d'excuses. Parce qu'il n'y a pas d'excuses. Le terrain était magnifique, la préparation a été magnifique, l'accueil a été bien, le stade a été bien, la température était idéale pour jouer un match de foot et, de plus, on a des joueurs pour jouer au ballon, mais on n'a pas joué. C'est ce qui me dégoûte en gros. On peut perdre 4-0, ça arrive. On aurait pu le faire en faisant 4 poteaux et eux marquer 4 buts casquettes. Mais là, on n'a pas joué ! Pour vous, est-ce que c'était la faute au schéma tactique qui a fait jouer les joueurs contre-nature ? Non, on ne peut pas jouer ainsi. Aujourd'hui, il y a Halilhodzic et j'espère que nous allons travailler pour jouer vers l'avant et avoir des combinaisons. Je pense que nous devons travailler plus ensemble pour avoir des automatismes. Déjà, en club, c'est difficile d'avoir des automatismes avec son coéquipier de couloir alors qu'on travaille avec lui toute l'année. Que dire alors en sélection où on travaille ensemble une petite semaine ! Il faut travailler plus les schémas pour que chacun assimile son positionnement. Les autres sélections nationales travaillent leurs automatismes. Pourtant, elles ont les mêmes dates FIFA et les mêmes périodes courtes pour préparer leurs matches… Oui, mais je pense que nous devons jouer plus souvent ensemble. Parlons de votre club, Al Sadd. Vous abordez votre seconde saison en «ancien». Etes-vous plus confiant que vous ne l'étiez l'année dernière en arrivant au club ? Oui. Je pense que nous avons un bon groupe. La saison dernière, nous avons eu un peu de malchance. Cet été, nous sommes, comme vous le voyez, dans un très beau cadre pour nous préparer. Nous aurons deux semaines de stage ici. Nous allons rentrer à Doha juste avant le Ramadhan. Oui, je suis content. Je suis confiant et je me sens bien dans ma tête et dans mes jambes. J'ai pu digérer et me reposer correctement. Là, je suis prêt à faire une grosse saison avec mon club. Etes-vous tenté par gagner la Ligue des champions asiatique, surtout que le calendrier vous est favorable dans la mesure où vous recevrez votre adversaire du quart de finale et, éventuellement, de la demi-finale chez vous au retour ? Oui, c'est intéressant, surtout que ça fait longtemps que le club n'est pas allé loin dans cette compétition. Tout le monde est content, mais il faut beaucoup de travail. Nous devons très, très bien nous préparer pour être en forme pour plus tard. Nous sommes dans un très beau cadre, loin des regards. La Champions League se dispute entre de très bonnes équipes. J'espère que nous nous qualifierons pour les demi-finales. Etes-vous décidé cette saison à empêcher des «trouble-fête» comme Lakhouiya de viser le titre ? Al Sadda est un grand club, un club à pression, vous le savez très bien. On le dit : on va travailler pour essayer d'être champion cette année. Vous dites de Lakhouiya que c'est un trouble-fête, mais il faut dire qu'il a fait un très bon parcours. Il a mérité d'être champion parce qu'il était premier dès le début. Il n'est pas venu juste comme ça. Et puis, il y a à présent de très bonnes équipes dans le championnat. Il y a de très bons joueurs et ça joue très bien au foot. A nous de marquer quand il faut ! La saison dernière, nous avions loupé des matches. Nous aurions pu gagner et nous avions perdu. A nous de mieux gérer les matches ! Le championnat va être serré. Et puis, Lakhouiya et Al Gharafa auront à jouer les éliminatoires de la Champions League et seront donc plus fatiguées, comme cela nous était arrivé la saison passée. Peut-être que ça va leur faire un peu de mal. Ce serait bien pour nous (rires). De toute façon, les équipes se respectent et que le meilleur gagne ! Sur un plan personnel, fort de l'expérience de la première saison, pensez-vous que vous saurez mieux gérer les efforts, surtout en période de chaleur, et le parcours en général ? Oui. Avant, je ne connaissais pas. Quand je suis arrivé au club, on m'a très bien accueilli et on m'a mis à l'aise, mais je n'étais pas habitué au climat. Quand tu ne connais pas, tu ne sais pas comment faire. Là, je vais mieux gérer mes efforts. Autrement, vous me connaissez très bien, moi je travaille. J'essayerai de faire ce qu'on me demande du mieux que je le peux. Il y aura un compatriote et ancien coéquipier en sélection avec vous au Qatar cette saison, à savoir Mourad Meghni qui a signé à Umm Salal. Que pensez-vous de son arrivée dans ce club qui vient d'accéder en première division qatarie ? Je suis content, surtout que Mourad, pour moi, est tout simplement le meilleur joueur algérien. Personnellement, je pense que c'est le meilleur de la sélection. Malheureusement, il a été blessé car lui nous aurait fait beaucoup de bien. Dommage ! J'espère qu'à l'avenir, il nous fera du bien en sélection. C'est bien pour lui d'avoir trouvé un club. J'espère qu'il va s'épanouir au Qatar, qu'il va donner de bons ballons et qu'il fera parler de lui. Moi, je ne m'inquiète pas pour ça car c'est un super joueur et un super technicien. Inch'Allah, il jouera après dans un grand club. Vous a-t-il consulté avant de signer à Umm Salal ? Non, nous ne nous sommes pas vus. Nous nous sommes croisés vite fait une fois, mais plus depuis quelque temps. Umm Salal, c'est à Doha. Donc, vous allez vous voir… Certainement, nous allons souvent nous voir. Là, il est en préparation à Paris et je suis content pour lui. Inch'Allah qu'il fera une bonne préparation et une belle saison. Comme je l'ai toujours répété, c'est le meilleur. Je suis honnête, je dis la vérité. En sélection, il est au-dessus. C'est le meilleur, c'est un super joueur et dommage qu'il ait été blessé. Même durant la CAN, il a joué à 40 %, mais il nous avait fait du bien. S'il avait été à 100 %, il aurait été un super joueur. Pensez-vous qu'il vous a manqué depuis qu'il est blessé ? Ce n'est pas qu'il nous a manqué puisque, même lorsqu'il était avec nous, il ne jouait pas tout le temps et, lorsqu'il le faisait, on lui mettait des piqûres au genou, mais sa présence nous aurait fait vraiment du bien. Les fois où il a joué, il savait quand donner le ballon et quand le tenir. C'est ça qui nous manque des fois. Nous nous précipitons trop alors que lui sait tenir le ballon, le tenir et calmer le jeu. Au Caire, face à l'Egypte, il a fait gagner environ 14 minutes à l'équipe soit en gardant le ballon, soit en obtenant des coups de francs… C'est ce que je voulais dire, justement. Je l'ai résumé en une phrase : il sait tenir le ballon. Parfois, il avait trois joueurs sur lui, mais il gardait le ballon, il ne commettait pas de faute, il était calme. Vraiment, dommage qu'il ait été blessé ! Même pour la Coupe du monde, dommage qu'il n'ait pas participé ! Inch'Allah, il en fera une. Terminons par une question insolite : sportif et fair-play comme vous l'êtes, vous nous avez déclaré l'année dernière, à la même époque, que l'arrière droit égyptien El Mohammady, qui était votre vis-à-vis durant la trilogie des matches entre l'Algérie et l'Egypte, est un très bon joueur qui peut facilement jouer en Europe. Après un an en prêt à Sunderland, ce club a racheté définitivement son contrat. Votre prédiction s'est donc avérée… (Rires) De plus, comme je suis le championnat anglais, je sais qu'il a été élu meilleur joueur de Sunderland de la saison. C'est un super joueur, je l'ai déjà dit. C'est bien pour lui. Ce qui s'est passé est passé et, si je le rencontre, il n'y aura pas de problème. Un mot sur vos coéquipiers en sélection qui n'ont pas encore trouvé de clubs : Ziani, Yebda, Mesbah et peut-être aussi Bougherra qui espérait trouver un club de Premier League. Vous avez connu, par le passé, la situation qu'ils sont en train de vivre actuellement puisque, jusqu'au mois d'août, vous ne saviez pas où vous alliez jouer… J'espère pour eux qu'ils trouveront rapidement un club. C'est mieux que d'attendre. Vous voyez très bien que le marché est très difficile en ce moment. C'est très dur de trouver un club. J'espère surtout que Karim Ziani trouve rapidement un club. Les autres appartiennent déjà à des clubs et, au pire des cas, ils vont y rester, mais ce n'est pas le cas de Karim qui a résilié son contrat avec Wolfsburg et qui se trouve sans club. Là, il est libre et j'espère qu'il trouvera un club qui lui conviendra. Si c'est pour aller dans un club pour rien, ça ne sert à rien. Je lui souhaite de trouver un club où il pourra jouer et s'épanouir. Idem pour Hassan, Madjid et Djamel. Moi, j'espère qu'ils signeront tous à l'Inter de Milan (rires). Wallah, j'aimerais bien pour eux. Ils ne sont pas dans une bonne situation, mais eux, au moins, ont un club, El Hamdoullah. En revanche, Karim Ziani, c'est Karim Ziani, mais il n'a pas de club. Cela veut dire que le football et les transferts sont devenus difficiles. Je pense aussi à Djamel Abdoun qui, j'espère, trouvera un club. Je n'ai pas bien suivi son histoire, mais je sais qu'il n'a pas encore de club. Il a des propositions, notamment de Panathinaïkos et de Kavala, mais il n'a pas encore signé car son club ne l'a pas encore payé… J'espère qu'il va trouver rapidement un club, tout comme j'espère le meilleur pour Mesbah. Justement, quels sont vos rapports avec Mesbah ? Lorsque nous sommes partis le voir à Lecce, il a fait vos éloges en affirmant que vous avez été avec lui extraordinaire dans l'état d'esprit… Je n'ai vraiment aucun problème avec lui. Je peux apprendre de lui et il peut apprendre de moi. Comme je l'ai dit, c'est au coach de décider. C'est mon compatriote et mon frère. Si je peux l'aider, je l'aide et lui en fera de même. Je fais mes entraînements et ce sera au coach de décider.