Saâdane : « La saison prochaine, on l'aura Incha Allah parmi nous » Pendant les trois jours qui ont suivi la déclaration de M. Mohamed Raouraoua à la télé à propos de la rencontre avec Lacen à Santander, le joueur franco-algérien était injoignable. Au lendemain de la victoire du Racing à Huelva qui a scellé le maintien du club en Liga, l'entraîneur Lopez Muniz a accordé trois jours de repos à ses joueurs pour les récompenser. Lacen a voulu en profiter pour passer plus de temps avec sa famille. Dès la reprise, il a comme d'habitude accepté de répondre à nos questions. * Le président de la Fédération vient de déclarer à la télé qu'il vous a rencontré à Santander. Le confirmez-vous ? Puisqu'il l'a dit, je confirme naturellement. Nous avons dîné ensemble en présence du sélectionneur et d'un responsable de la Fédération. Je peux vous dire que ça m'a fait un très grand plaisir qu'on s'intéresse à moi au point de venir jusqu'à Santander pour me parler. Peu d'entraîneurs et de présidents de fédération font ce genre de démarches et cela honore les responsables de la Fédération algérienne. * Comment avez-vous trouvé le sélectionneur national ? Avec M. Saâdane, nous avons déjà parlé au téléphone. C'est un homme sage et compréhensif, j'ai confirmé tout le bien que je pensais de lui. * Et M. Raouraoua ? C'est un homme d'un très bon niveau, bon communicateur et qui m'a mis très vite à l'aise. * Que vous ont-ils dit ? Avant de vous dire ce qu'ils m'ont dit, je tiens à préciser que le dîner a été très convivial. Le sujet de discussion tournait naturellement autour de la possibilité pour moi de jouer en équipe d'Algérie. Ils ne vont quand même pas faire tout ce trajet pour me parler d'autre chose. * Et quelle a été votre réponse ? Depuis une année, je crois avoir été cohérent dans mes déclarations. Je leur ai dit ce que je vous avais dit à vous lorsque vous êtes venu me voir à Santander. J'ai besoin d'avoir des repères en Algérie et pour les avoir, je dois venir en Algérie passer quelques jours. Nous avons un peu parlé de ma famille et mes trois interlocuteurs se sont montrés très compréhensifs. * Que retenez-vous de cette rencontre avec les responsables algériens ? Pour moi, elle a été très enrichissante. Je vous le dis, peu de dirigeants font tout ce trajet pour discuter avec un joueur et tenter de le convaincre de jouer pour l'Algérie. Ce qu'ils ont fait les honore et honore le football algérien. * Cela va-t-il peser sur votre décision de jouer pour l'Algérie ? Ça n'a rien à voir. Je salue la démarche du président de la Fédération algérienne, mais la décision que je prendrai après mon voyage en Algérie est personnelle. Vous m'aviez demandé un jour si les membres de ma famille ou mon agent étaient en train de me dissuader de jouer pour l'Algérie et je vous avais répondu que ma famille et mon agent n'avaient rien à faire là-dessus et que personne ne pouvait m'influencer car c'est ma décision et elle n'appartient qu'à moi. * Avez-vous programmé votre voyage ? J'allais le programmer juste après la dernière journée du championnat espagnol prévue le 31 mai. Malheureusement, l'entraîneur a décidé de nous garder encore quelques jours pour jouer un match amical. A l'heure où je vous parle, je ne connais même pas la date de ce match amical qui sera, j'espère, le dernier de la saison. Mon voyage en Algérie sera programmé dès que je saurai un peu plus sur cette rencontre. Je rentre d'abord à Paris avant de venir à Alger. * Combien de jours comptez-vous rester ? Avant, je pensais rester 5 à 6 jours. Maintenant, avec ce match amical, mes vacances vont être rétrécies et mon séjour en Algérie aussi. Je passerai peut-être trois jours. * Pour ensuite décider si vous allez jouer ou pas avec l'Algérie ? Pas tout de suite après, mais la décision sera dans ma tête. Je dois juste vous préciser une chose : j'ai beaucoup de respect pour les Algériens et c'est pour cette raison que je veux d'abord découvrir mon pays d'origine et la famille de mon père pour prendre mes repères en Algérie avant de dire oui. Je n'ai pas envie de débarquer comme ça dans un groupe déjà fait même si je sais que j'aurai beaucoup de choses à gagner en choisissant de jouer pour l'équipe d'Algérie. * Alors, bienvenue chez vous ! Ça marche. * Parlons un peu de Santander. Comment jugez-vous votre saison ? Sur le plan individuel, je ne peux pas me plaindre puisque j'ai joué presque tous les matches en tant que titulaire. Ce n'est pas mal pour quelqu'un qui vient de la D2. Collectivement, nous avons réalisé notre objectif, à savoir le maintien. Si on termine 10es, ce sera une bonne chose. C'est vrai qu'on attendait un peu plus de nous après la qualification de l'équipe à l'UEFA la saison dernière, mais on ne peut refaire une telle saison tout le temps. * Comptez-vous rester ? J'ai signé un contrat de 4 ans et j'ai réalisé une bonne saison, pourquoi changer ? Entretien réalisé par M. S. Saâdane : « La saison prochaine, on l'aura Incha Allah parmi nous » * M. Saâdane, comment s'est déroulé le voyage et surtout la rencontre avec Lacen à Santander ? Nous avons d'abord pris le contact avec le joueur et organisé un rendez-vous avec lui à Santander à notre retour d'Afrique du Sud avant de prendre le vol Alger-Paris-Bilbao et rallier ensuite Santander. Il nous fallait cette rencontre directe avec Lacen pour écouter le joueur et comprendre pourquoi il hésitait à porter les couleurs de l'équipe nationale. * Comment avez-vous trouvé Lacen ? Si vous parlez du joueur, je vous le dis franchement, c'est un élément d'un très bon niveau qui peut rendre d'énormes services à l'Algérie. Je connaissais le joueur bien avant et j'ai découvert un homme très bien éduqué et un vrai battant. * Comment avez-vous su qu'il était un battant ? Quelqu'un qui part seul en Espagne à 20 ans et qui a pu s'imposer très vite dans deux clubs se trouvant dans les régions les plus reculées d'Espagne, loin des siens, doit avoir une très grande force mentale. * Autour de quoi a tourné la discussion ? Je ne vais quand même pas vous donner tous les détails de notre discussion (il rit). Toutefois, je peux vous dire que je comprends parfaitement pourquoi Lacen tarde à prendre sa décision : il n'a jamais mis les pieds en Algérie, il ne connaît aucun joueur de l'équipe nationale pour connaître la réalité de la sélection algérienne, à Santander il n'y a pas d'Algériens, son père n'est plus revenu au pays depuis 17 ans. Ce garçon n'a aucun repère sur son pays d'origine et comme il est très respectueux des gens, il a refusé de venir avant de découvrir l'Algérie. Je trouve son raisonnement très logique et très mûr pour un garçon de son âge. * Pensez-vous qu'après son séjour en Algérie, il acceptera de venir ? (Il nous coupe) Il ne faut pas anticiper et il ne faut surtout pas lui mettre une pression supplémentaire. Le président de la Fédération l'a recontacté il y a quelques jours pour organiser le voyage en Algérie. On verra bien ce qui se passera par la suite. * Mais pas question qu'il joue face à la Zambie ? S'il vient, il le fera durant les dix premiers jours de juin. S'il y a moyen de l'inviter au stage de Blida, on le fera pour lui permettre de connaître les joueurs, mais il ne peut pas jouer avec nous cette saison. La saison prochaine, c'est-à-dire après le match de la Zambie, il pourra Incha Allah être en équipe nationale. Entretien réalisé par M. S.