«J'avais les larmes aux yeux lorsqu'un enfant m'a accosté pour me demander si c'était moi Mobintong le truqueur» En provenance de l'équipe belge d'Union Royal Namur, le jeune défenseur camerounais, Claude Mobitang Eboa, se définit comme un Lion Indomptable qui attend la moindre opportunité pour rugir. Formé à la dure à l'école du Canon de Yaoundé, le libéro a voulu s'adresser, à travers Le Buteur, aux supporters du Mouloudia pour mettre fin à toutes ses rumeurs de matchs truqués en Belgique qui lui collent à la peau depuis sa venue au club. Vous devez être très anxieux, à l'approche de ce match choc de C1 contre le WAC ? (NDLR : entretien réalisé vendredi) Pas du tout. Peut-être que la pression va devenir insoutenable juste avant le coup d'envoi. Mais dès que la rencontre débute, on se retrouve dans le match sans sentir cette grosse pression exercée par les supporters. Personnellement, quand je suis dans mon match, je ne prête aucune attention à tout ce qui se passe autour du terrain et dans les gradins. On imagine que vous aimeriez bien joué ce match de Coupe d'Afrique, après la déception que vous avez connue contre l'EST, alors que vous nourrissiez l'espoir de faire votre baptême du feu ? Qui ne voudrait pas jouer un match de Coupe d'Afrique, qui plus est de Ligue des champions ? Mais étant professionnel, il faut se plier aux choix de l'entraîneur. Je suis entièrement à la disposition du staff technique. Je bosse très dur pour être prêt et opérationnel dès qu'on fait appel à mes services. Vous sentez-vous réellement apte à jouer des matchs de ce calibre, alors que vous venez d'intégrer votre nouveau club ? J'avoue que je ne suis pas encore au point physiquement, dans la mesure où j'ai terminé le championnat en Belgique au mois de mai. A partir de là, il est logique que je ne sois pas en possession de tous mes moyens physiques. Est-ce que vous traînez quelques kilos de trop ? (Sourire) J'ai au moins deux kilos de trop. Je devrai les fourguer à Oussalé qui doit en prendre deux ou trois. (NDLR : l'entretien s'est déroulé en présence d'Oussalé). Etant un défenseur central, vous concevez qu'il est très difficile pour le staff technique de modifier une paire centrale en un laps de temps aussi court pour un match de cette importance … Je sais tout cela. Il faut toujours du temps pour bâtir une paire centrale. Il faut qu'il y ait une certaine complicité entre les deux joueurs, et cela ne peut se faire d'un simple claquement des doigts. En ce qui me concerne, je saurai me montrer patient car la concurrence, lorsqu'elle est loyale, ne m'a jamais fait peur. Je suis venu dans un nouveau club, à moi donc de tout faire pour m'imposer. Comment est l'entente avec vos nouveaux partenaires ? Oussalé est là pour vous le confirmer. Il y a une ambiance de folie dans le groupe. On s'entend à merveille avec tout le monde. Comme vous l'avez constaté à l'entraînement, je me sens dans mon élément au Mouloudia. On dirait que cela fait des années qu'on joue dans ce club. Il faut savoir qu'après le départ de Moussa Coulibaly, le chouchou des Chnaoua, le Mouloudia n'a pas trouvé un joueur africain qui puisse le remplacer dans le coeur des supporters… Je ne connais pas Moussa Coulibaly. Mais je peux vous dire que je mettrai tout en œuvre pour répondre aux attentes des supporters. Pour mieux vous faire connaître par le grand public algérien, quels sont vos points forts ? J'ai une très belle frappe du pied droit avec laquelle j'ai mis pas mal de buts. Mais le domaine dans lequel j'excelle vraiment, c'est le jeu aérien. Je n'hésite jamais à monter sur les balles arrêtées pour essayer de mettre une tête victorieuse. Depuis votre venue au club, beaucoup a été dit et écrit sur vous. On vous a même accusé d'avoir truqué des matchs lorsque vous jouiez dans le championnat belge. Qu'avez-vous à dire à ce sujet pour éclairer la lanterne des supporters ? Vous m'offrez l'occasion de remettre les points sur les i. Je ne vous cache pas que j'ai été très affecté pour toutes ces rumeurs qui ont circulé à mon encontre. On m'a accusé d'avoir truqué des matchs en Belgique. Je m'inscris en faux contre toutes ces inventions. Je vais vous dire une chose, il y a eu lors d'un match que j'avais joué en 2008 avec mon équipe de Namur des rumeurs d'un possible truquage. Mais jamais, au grand jamais, il n'y a eu une enquête diligentée par la police belge. Je n'ai jamais été convoqué ou entendu par les enquêteurs. Croyez-vous que si j'avais truqué des matches en Belge je serai ici, en Algérie en train de jouer au foot. En Europe, on ne joue pas avec cela, vous l'avez bien vu avec la Juventus de Turin et dernièrement avec Fenerbace en Turquie. S'il y avait le moindre soupçon ou des preuves à mon encontre, je serais en prison et non au Mouloudia en train de poursuivre ma carrière. Depuis 2008, date de la propagation de cette rumeur jusqu'en 2011, j'ai continué à jouer dans mon club sans le moindre souci. Je vous pose à mon tour la question : Est-ce réellement possible de faire trois saisons pleines en Belgique, alors que vous êtes accusé d'avoir arrangé des matchs ? C'est complètement absurde. Alors, qu'on cesse de propager de telles âneries qui ont porté atteinte à mon intégrité morale. C'est le fait de ne pas avoir pu rejoindre l'Entente de Sétif qui a renoncé à votre recrutement, qui a été l'élément déclencheur… A l'Entente, mon transfert n'a pu se matérialiser pour des raisons purement financières. J'étais encore sous contrat avec mon club et l'ESS n'avait pas trouvé un accord avec mon employeur sur le montant de la transaction. C'est pour cela que ma venue à Sétif n'a pu se faire. Idem pour mon pote Oussalé qui vous le confirmera. Vous savez, toutes ces rumeurs m'ont profondément affecté. Je vais vous raconter une histoire qui m'est arrivée à l'entraînement. Allez y... Je prenais part dernièrement à une séance d'entraînement avec l'équipe au 5-Juillet. Au moment de me rendre au vestiaire, j'ai été accosté par un enfant qui m'a dit en ces termes : «Est-ce que c'est vous Mobitang qui a truqué les matchs en Belgique ?» Ces paroles m'ont tué, au point d'avoir les larmes aux yeux, car quand cela vient d'un enfant innocent, ça vous touche à un point que vous ne pouvez imaginer. C'est affreux de vivre cela. Imaginez que je joue un match et que je commette une erreur, car personne n'est à l'abri d'une défaillance, on va certainement m'accuser d'avoir vendu le match ou commis la faute volontairement. C'est aberrant d'en arriver là. Changeons complètement de contexte. Pour mieux vous connaître, on croit savoir que vous avez fait vos classes au Canon de Yaoundé. Etant Camerounais, quel est le joueur auquel vous vous identifiez ? Je vous le dis sans la moindre hésitation, Rigobert Song que j'ai eu l'occasion de côtoyer. En plus de ses qualités indéniables de footballeur, c'est un homme très humble avec un très gros cœur. Vous a-t-il donné un conseil qui est resté gravé dans votre mémoire ? Il m'a dit qu'un joueur ne doit jamais douter et qu'il fallait avoir toujours foi en son talent et ses qualités. Et qu'avec le travail et l'abnégation, on arrive toujours à des résultats. Il m'a dit qu'il ne fallait jamais lâcher. Ce sont des conseils que je n'ai jamais oubliés. C'est vraiment un chic type. Pour moi, c'était l'un des meilleurs défenseurs au monde. Ce serait fabuleux de réussir le tiers de ce qu'il a accompli dans sa carrière très riche. Concernant l'aspect financier qui est au coeur de toutes les discussions, surtout en cette période des transferts, avez-vous tout réglé avec votre direction avant de vous rendre au Maroc ? Il y a eu un petit quiproquo sur la date de la perception de notre argent. Mais avant qu'on ne vienne à Casablanca, tout est rentré dans l'ordre. Sur un plan personnel, comme vous le savez, nous sommes sur le point d'entamer le mois sacré du Ramadhan. Pouvons-nous savoir de quelle confession vous êtes ? Je suis de confession chrétienne. Mais j'ai au sein même de ma famille des musulmans et cela ne nous empêche pas de vivre tous ensemble. Je suis quelqu'un de très croyant. Pour ce qui est du Ramadhan, nous allons Oussalé et moi vivre pour la première fois ce mois sacré en Algérie. Ce sera l'occasion de découvrir les plats algériens… Absolument. Ce métier de footballeur nous permet de découvrir différentes cultures. Et le fait de jouer en Algérie va nous offrir cette opportunité de faire plus ample connaissance avec le peuple algérien. Est-ce que vous comptez faire le carême ? (Grand sourire) Je ne le pense pas. Mais je suis très respectueux des religions. Je ne vais certainement pas manger devant mes partenaires ni devant qui ce soit. Cela est la moindre des choses, par respect pour celui qui fait carême et par respect à la religion musulmane.