«Le discours de Halilhodzic n'apporte rien de nouveau» «Ceux qui sont partis au Golfe ne perdront pas leur niveau» «Franchement, nous aurions pu faire du bon travail avec Benchikha» Depuis le début du mois, Medhi Lacen est dans un nouveau club : Getafe. Il reste donc toujours dans la Liga espagnole, mais dans un club plus costaud que le Racing Santander. Il est surtout dans un club de la capitale, Madrid, ce qui est un gage d'une meilleure exposition médiatique. Nous sommes allés à sa rencontre à Anvers, en Belgique, où les remplaçants de Getafe ont disputé vendredi un match amical contre Antwerp, une rencontre à laquelle il n'a pas pris part, car ayant été aligné le lendemain, samedi, avec les titulaires dans le dernier match du stage de préparation qui se déroule à Venlo (Pays-Bas) contre l'équipe locale, mais il s'est montré disponible pour répondre à nos questions. Vous avez quitté le Racing Santander pour Getafe, un choix qui a été fait depuis plusieurs mois déjà. Quelles sont vos motivations ? Comme j'étais en fin de contrat avec le Racing Santander et que je voulais changer d'air et passer un cap, mon agent et moi avons étudié les options qui s'offraient à nous et nous avons jugé que Getafe constituait un choix intéressant, surtout sur le plan sportif. J'ai donc opté pour ce club. Maintenant, il me faudra gagner la confiance de l'entraîneur et lutter pour avoir ma place dans cette équipe. Votre choix pour Getafe n'avait-il pas été encouragé par le fait que l'ancien entraîneur de l'équipe, Michel Gonzalez, vous voulait dans l'équipe ? Il y a un peu de cela, mais le fait est qu'il est aujourd'hui parti. Cela dit, même s'il était resté, il m'aurait fallu gagner ma place. Avec ou sans lui, c'est pareil : il y a du monde, il y a de la concurrence et il va falloir gagner sa place. Getafe était-il le seul choix ou bien était-ce celui qui, parmi tous les choix, vous convenait le mieux ? J'ai eu d'autres contacts. Pour le concret, il y a eu deux ou trois trucs, mais je pense que Getafe était le mieux parce que, même si l'équipe avait fini 16e du championnat de la saison passée, elle avait fini 6e la saison d'avant. C'est une bonne équipe qui, chaque année, effectue un bon parcours. En général, elle progresse. Le club a été racheté, le projet est sérieux. Tout cela m'a motivé à venir ici. Il y a de nombreuses spéculations dans la presse espagnole à propos de certains joueurs du Racing Santander, vous entre autres, qu'elle a accusés d'avoir lâché le club pour avoir osé réclamer leur dû. Afin d'éclairer l'opinion publique et sportive, pouvez-vous nous expliquer ce qui s'est passé? Ce qui s'est passé est très simple : moi, le club me doit de l'argent de la saison dernière et de la saison d'avant encore. S'il y a des gens qui ne comprennent pas ça, je ne peux rien y faire. Sur les deux dernières années, j'ai dû avoir seulement la moitié de mes salaires. J'ai toujours été professionnel, je me suis toujours entraîné, j'ai toujours fait mes matches. Je ne vois donc pas comment on peut nous reprocher quelque chose. A ce niveau-là, c'est un truc que je n'arrive pas à comprendre. Avez-vous réglé le problème en récupérant votre dû ? Non, non. Maintenant, le Racing est passé sous contrôle judiciaire. Donc, ce sont des administrateurs qui gèrent le club. Ce n'est même plus le président. Là, ce sera comme cela s'était passé avec Alavès. Avec ce club, j'ai joué en 2006 et j'ai commencé à être payé seulement la semaine dernière ! Ça fait 5 ans ! A mon avis, avec Santander, ça peut prendre du temps aussi. Vous n'avez pas de chance en tombant à chaque fois sur des clubs qui ne peuvent pas payer leurs joueurs… J'espère que ce ne sera pas le cas à Getafe. Je pense que c'est un club sérieux. Tous les joueurs m'ont garanti qu'ils étaient toujours payés à l'heure et qu'il n'y a aucun problème. Donc, je ne me fais pas de souci de ce côté-là. L'ambition de Getafe sera certainement de continuer à jouer les trouble-fêtes en bousculant les grands de la Liga. Votre ambition personnelle est-elle, dans un premier temps, de vous imposer au sein de l'équipe ? Oui, c'est bien ça. Durant les trois dernières années, j'étais titulaire au Racing. J'espère continuer sur ma lancée. Je pense que Getafe est d'un niveau supérieur au Racing. Donc, il va falloir se battre pour gagner sa place. Cela ne va pas être facile parce qu'il y a du monde au milieu du terrain, mais je vais tout faire pour gagner ma place. Justement, on remarque que vous commencez à vous imposer puisque vous avez été titularisé dans la majorité des matches amicaux disputés durant la phase de préparation. Peut-on dire que c'est bien parti pour vous pour la nouvelle saison ? Inch'Allah. Cela dit, je sais que cela va être dur. Je sais que le club veut recruter 3, 4 ou 5 autres joueurs. Il veut vraiment monter une bonne équipe. Comme d'habitude, je vais faire mon travail. Pour l'instant, ça se passe bien avec le coach et avec l'équipe. J'espère que mon travail plaît au coach et que je serai récompensé en étant titulaire. Finalement, à bien y regarder, vous êtes l'un des rares joueurs de la sélection à avoir été régulier ces dernières saisons en étant titulaire au Racing Santander, même s'il s'agit d'un club moyen, et en étant en passe d'être également titulaire à Getafe. Ne pensez-vous pas que cette stabilité et cette régularité constituent des atouts ? Moi, ça ne m'intéresserait pas de signer dans un très grand club et d'avoir 5 % de chances de jouer. Ça ne me conviendrait pas tellement. Je préfère jouer à Getafe, un club plus ambitieux que le Racing Santander et qui, en faisant une bonne saison, peut terminer facilement entre la 6e et la 10e places. Il y a moyen de jouer les trouble-fêtes encore cette année. J'aimerais continuer à grandir dans ce club. Après, on ne sait pas ce que nous réserve l'avenir. Le derby traditionnel de Madrid est Real Madrid – Atlético Madrid. Cependant, Getafe, qui est également un club de la capitale espagnole, a souvent bousculé le Real ces dernières années. Attendez-vous avec impatience votre derby contre le Real ? Oui et non. Pour les gens du Real, le derby sera toujours celui qui les oppose à l'Atlético Madrid. Certes, Getafe est un club qui a grandi, avec 7 ou 8 ans de présence d'affilée en Liga, mais il ne s'agira pas pour lui d'un derby. C'est juste un match spécial contre l'une des meilleures équipes au monde. On attend ce match avec impatience, surtout qu'il va arriver vite, lors de la 3e journée de la Liga. Vous êtes à Getafe et vous affirmez que vous préférez jouer régulièrement dans un club moyen plutôt que de ne pas jouer dans un grand club. Serez-vous intéressé, dans le futur, par un club plus huppé que Getafe, genre Atlético Madrid, Villarreal ou Valence? Oui, pourquoi pas ? J'ai fait de bonnes saisons à Santander, mais ce club n'a pas l'exposition médiatique de Getafe. Là, je suis à Madrid, avec beaucoup plus de monde et de recruteurs qui viennent voir les matches. C'est une très belle vitrine. Je pense que si je fais une bonne saison à Getafe, cela aura plus de répercussions. Donc, mon objectif dans un premier temps est de faire une bonne saison ici. Après, on ne sait jamais… Ça peut aller vite. Parlons de la sélection nationale. Après la déroute de Marrakech contre le Maroc, vous avez été l'un des premiers joueurs à faire leur mea-culpa, au cours d'une interview que vous nous aviez accordée à l'aéroport de Madrid. Avec du recul, à quel niveau situez-vous la défaillance ? Sur le plan physique ? Sur le plan de la concentration ? Sur le plan du rendement collectif ? Honnêtement, je pense que c'était un peu de tout. Nous nous sommes bien préparés pour le match. Nous savions que cela n'allait pas être facile. Nous avions déjà eu du mal à gagner le match aller. Nous avons pris le premier but, nous avons eu du mal à réagir, puis nous avons pris le deuxième et c'est vrai qu'après, nous avons tous coulé, physiquement et psychologiquement. Nous nous excusons encore une fois pour cette défaite. Il faut bien que les gens comprennent que les joueurs sont les premiers responsables dans ce cas-là. Maintenant, la route ne s'arrête pas là. Il faudra continuer car il reste encore des matches. Il faut les gagner et prendre des points. Comment avez-vous accueilli la nomination de Vahid Halilhodzic comme nouveau sélectionneur ? Comme tout le monde, je le connais seulement de nom, pas plus que ça. C'est un entraîneur qui a un bon CV. Dans pas longtemps, on se rejoint tous pour le stage à Paris. On aura l'occasion de le découvrir. Lors de la conférence de presse qu'il a animée à Alger, il avait fixé ses règles du jeu : aucune indiscipline ne sera tolérée, jouer plus vers l'avant et les meilleurs seront alignés. Qu'en pensez-vous ? Ça ne change pas grand chose. Chaque entraîneur essaye de faire jouer les meilleurs. Je ne connais pas d'entraîneur qui aligne l'équipe la moins forte sur le terrain. Pour ce qui est de jouer vers l'avant, ça sera son style de jeu. Quant à la discipline, on a beaucoup parlé de cet aspect dans les médias. Moi, depuis que je suis en sélection, je n'ai jamais eu de problème de discipline. On parle beaucoup de ça, mais il n'y a pas eu beaucoup de faits ni beaucoup de preuves. Vous pensez donc que la réputation d'indisciplinés collée aux joueurs est surfaite ? En tout cas, depuis que je suis en sélection, je n'ai jamais eu de problème disciplinaire. Après, il y a une vie de groupe et des choses qui se passe comme dans tous les groupes, mais je n'ai jamais connu de problème disciplinaire. Vous, personnellement, constituez justement un exemple de discipline et d'autodiscipline loué par tous… Moi, je suis un joueur tranquille. Je ne fais pas d'histoires. Je fais mes entraînements et mes matches et j'essaye toujours de donner le meilleur. C'est justement pour cela que, si Medhi Lacen, connu pour être très discipliné, dit qu'il n'y a pas de problème de discipline au sein de la sélection, les gens vont vous croire… Si je le dis, c'est parce que c'est vrai. Ce n'est pas pour mentir ou couvrir mes coéquipiers. Depuis que je suis en sélection, je n'ai pas assisté à des problèmes disciplinaires ayant entraîné des conséquences graves. Je ne sais pas ce qui se passait avant que je sois en sélection et je ne peux donc pas témoigner de cette période, mais je répète que, depuis que j'y suis, l'ambiance est bonne et il n'y a pas de problème de discipline. Moi, je suis le premier à être content quand on se retrouve tous en sélection. Que gardez-vous de l'ancien sélectionneur, Abdelhak Benchikha ? J'en garde de bons souvenirs, franchement. Il est venu avec ses idées de jeu, il a essayé de nous faire transmettre tout ça. Après, il s'est passé ce qui s'est passé contre le Maroc. Pour lui, c'était difficile. Je pense que c'est dommage. Nous aurions pu faire du bon travail avec lui. Maintenant, la vie continue. Il y a un nouveau coach. Il faudra tous nous remettre en cause afin d'affronter les matches qui arrivent. Il y a un débat en Algérie ces derniers temps à propos de la migration d'internationaux algériens vers les pays du Golfe. Pensez-vous que ces joueurs pourront conserver leur niveau international? Oui, largement ! Tous ceux qui sont partis aujourd'hui au Qatar ou en Arabie saoudite sont les cadres de l'équipe nationale. Ce sont des joueurs qui ont joué dans de grands clubs et qui ont fait une grande carrière. Je ne pense donc pas qu'en partant 1, 2, 3 ou 4 ans au Qatar, leur niveau va baisser. Individuellement, il suffit de savoir travailler et se gérer. Moi, je n'ai aucun doute quant au fait qu'ils pourront conserver leur niveau. Ils ont toujours répondu présents pour la sélection et je pense qu'ils vont continuer à le faire. Peut-être que vous-même serez tenté par une telle option à la fin de votre carrière… Qui sait ? Au jour d'aujourd'hui, ça ne me tente pas, mais j'ai 27 ans. Peut-être que dans 4 ans, je changerai d'avis.