«Le stage de Marcoussis sera celui des mises au point» «Halilhodzic doit choisir les meilleurs, c'est la loi du football» Aussi paradoxal que cela puisse paraître, Karim Matmour est toujours en… préparation ! Certes, il a inscrit un but -un but décisif, même !- lors de la première journée du championnat de deuxième division allemande sur le terrain de Fürth, mais cela ne lui est pas monté à la tête, loin de là. C'est qu'il y a la vérité physiologique dont il faut tenir compte et cette vérité dit que la préparation d'une saison pour un footballeur doit durer 6 semaines au minimum. Or, ce n'est qu'il y a un mois que Matmour a rejoint son nouveau club, Eintracht Frankfurt, en étant en convalescence, de surcroît, puisqu'il s'était fait opérer du nez. Cela fait qu'il n'est pas, physiquement, au même niveau de préparation que ses nouveaux coéquipiers. Dimanche, il s'est entraîné alors que ses coéquipiers étaient au repos Comme en Allemagne on ne badine pas avec la science et vu également que Karim Matmour est un joueur élevé à la culture de la rationalité, il ne veut pas griller les étapes et préfère se donner encore deux ou trois semaines de préparation foncière, en plus des entraînements collectifs auxquels il participe. Par exemple, alors que l'entraîneur Armin Veh a annulé le décrassage prévu dimanche matin au lendemain du match de Coupe d'Allemagne contre Halle, lui et quatre autres joueurs ayant besoin de travail physique se sont entraînés hie dans la forêt attenante au Commerzbank Stadion, sous la conduite du préparateur physique. Plus même : l'international algérien a enchaîné avec des massages et une séance de musculation. Tout cela au moment où ses coéquipiers passaient un dimanche de farniente (enfin, façon de parler puisqu'il fait particulièrement frais depuis quelques jours en Allemagne). Veh voulait lui faire comme pour Ziani Pourtant, Veh ne serait pas contre la mise de Matmour directement dans le bain, même en manque de préparation. Veh, rappelez-vous, avait fait la même chose avec Karim Ziani en 2009, lorsqu'il était entraîneur du VfL Wolfsburg : il l'avait fait entrer en deuxième mi-temps du match de Supercoupe d'Allemagne contre le Werder de Brême, alors qu'il avait commencé les entraînements l'avant-veille seulement ! Veh n'a pas fait jouer Matmour deux jours après son arrivée, mais deux semaines après. Cependant, l'attaquant algérien, lucide, n'a pas voulu s'enthousiasmer pour autant et préfère être au point physiquement, avant d'être aligné d'entrée. Il ne voudrait pas prendre le risque d'être lancé dans un match sans être certain de pouvoir le terminer sur le même rythme. Pas de titularisation avant deux semaines au moins Loin de s'enflammer après le premier but qu'il a inscrit, Matmour prend donc le temps de monter, sur le plan physique, en régime. Que ses fans se rassurent : ce n'est pas sa forme ou son niveau qui sont remis en cause. Pour preuve, samedi après-midi, il aura fallu qu'il soit incorporé dans le match de Coupe d'Allemagne face à Halle, modeste équipe de quatrième division, pour que l'Eintracht inscrive deux buts, synonymes de victoire. On ne sait pas exactement quand il sera aligné d'entrée. La décision sera prise d'un commun accord entre son entraîneur et lui. Ce qui est certain, c'est que sa titularisation dimanche prochain face à Eintracht Braunschweig est à écarter, car il ne sera pas encore prêt. Peut-être bien qu'il le sera pour le derby contre FSV Frankfurt de Karim Benyamina, le 21 août. --------------------------- «Le stage de Marcoussis sera celui des mises au point» Après un mois de présence au sein de votre nouveau club, Eintracht Frankfurt, comment les choses se présentent-elles ? Je commence à me sentir bien et à retrouver mes sensations. C'est vrai que j'ai eu une préparation un peu compliquée cette année, par rapport à mon opération subie au nez et au fait que le championnat de deuxième division allemande ait commencé très tôt (le 15 juillet, ndlr) et, donc, l'équipe a entamé la préparation beaucoup plus tôt que d'habitude. Cela fait que j'ai manqué environ 5 semaines de préparation et j'ai eu du retard. Là, je commence à revenir et à me sentir bien. Depuis le début de la saison, vous avez participé aux trois matches joués par votre équipe, mais à chaque fois en rentrant comme remplaçant. Dans le premier match, vous avez inscrit le but de la victoire, dans le deuxième, votre rentrée a amené l'égalisation de votre équipe et, dans le troisième, celui de la Coupe d'Allemagne, ce n'est qu'après votre entrée en jeu que votre équipe a inscrit ses deux buts contre un adversaire supposé plus faible. Pensez-vous que vos débuts sont positifs ? Même si je ne suis pas encore à 100 %, j'essaye d'apporter un plus à chaque fois que je rentre sur le terrain. Je ne sais pas si mes entrées ont été déterminantes pour changer le cours du jeu, mais j'essaye d'apporter ma contribution. Quelle est la réaction de l'entraîneur, Armin Veh ? Donne-t-il l'impression d'être satisfait pour l'instant ? Satisfait, il ne l'est pas. Il sait qu'il y a encore beaucoup de travail pour toute l'équipe. Tout le monde est loin d'être satisfait. Nous savons que nous avons un gros potentiel, mais nous avons un énorme travail devant nous. De plus, nous avons un statut de favori que nous assumons, mais qui fait que chaque équipe que nous affrontons se donne à 200 %. Il nous reste encore du travail. Oui, mais Veh est-il satisfait par rapport à vous ? Il faudra le lui demander. En tout cas, j'essaye de tout faire pour le satisfaire. Vous commencez à découvrir votre nouvelle équipe. Selon vous, que lui manque-t-il pour être conquérante et irrésistible ? Il y a beaucoup de nouveaux joueurs qui ont été recrutés. Je crois que le premier point est que nous soyons tous prêts physiquement, ce qui n'est pas encore totalement le cas. Il faudra ensuite travailler tactiquement, puis parfaire les automatismes. Ce sont les trois chantiers sur lesquels on va travailler ces prochains mois. Une fois que ces trois choses seront réglées, je ne pense pas que nous aurons à nous inquiéter. Si nous serons présents psychologiquement, avec l'état d'esprit adéquat, nous pourrons atteindre notre objectif qui est l'accession. Vous étiez, il y a un an et demi seulement, quatre joueurs algériens à évoluer en Bundesliga et il n'en reste qu'un seul, Chadli Amri à Kaiserslautern, vu que Karim Ziani est parti au Qatar, Anthar Yahia a rejoint l'Arabie saoudite et vous êtes dans un club de deuxième division. Cela marque-t-il le recul de la valeur joueur algérien en Allemagne ? Non ! Il ne faut pas tirer des conclusions trop rapidement. Je peux parler de mon cas personnel. Cela a été un choix délibéré de jouer en deuxième division. Personne ne m'y a obligé. J'avais des propositions pour jouer dans un club de la Bundesliga, entre autres celle de rester au Borussia Mönchengladbach avec qui j'étais sous contrat pour une année encore, mais je sais ce que je fais. Je sais que mon choix peut faire parler cette année, mais dans 8 mois, on peut se revoir et en parler et, si ça se trouve, nous serons déjà remontés en Bundesliga. Vous voyez donc cette saison en deuxième division comme un investissement pour l'avenir ? Oui, c'est comme ça que je vois cela. J'avais besoin d'une année pour bien me relancer. En tout cas, c'est un choix délibéré que j'assume. Ce n'est pas venu sur un coup de tête. Cela a été mûrement réfléchi. J'ai un plan de carrière à suivre. Même si je viens d'avoir 26 ans et que je commence à ne plus être très, très jeune, mais je pense que j'ai encore du temps devant moi et que j'ai encore pas mal d'années comme joueur. C'est pour cela que je peux me permettre de faire ce petit pas en arrière. A présent, il y a deux Karim à Francfort, vous à Eintracht et Benyamina au FSV Frankfurt. Il a encore inscrit deux buts samedi en Coupe d'Allemagne. Pensez-vous qu'il a l'étoffe d'un chasseur de buts ? En tout cas, il a un gros potentiel. Il est souvent décisif, que ce soit avec Union Berlin ou avec FSV Frankfurt. C'est la principale qualité qu'on demande à un attaquant. Avec la sélection, il a rarement eu sa chance. On verra ce qui se passera avec le nouveau sélectionneur. Comme je le dis souvent, les joueurs algériens ont énormément de qualités individuelles et techniques, mais la différence se fait dans le mental. C'est à ce niveau que nos joueurs doivent progresser. Vous n'avez pas encore eu l'occasion de rencontrer Benyamina à Francfort, mais après votre discussion au téléphone jeudi passé, on présume qu'il y a un projet de vous voir bientôt… Figurez-vous qu'il y a eu plusieurs projets de nous voir, même quand il était à Union Berlin, mais les circonstances avaient fait que cela ne s'est pas concrétisé. Même avant de nous croiser en Equipe nationale, à l'occasion du stage du Luxembourg, nous avions des connaissances en commun. Vous savez, les Algériens d'Allemagne forment un cercle restreint et il y a toujours quelqu'un qui connaît l'autre. Cette fois-ci, nous n'allons pas nous rater. Nous profiterons de la première occasion pour aller manger ensemble. Savez-vous qu'il est tellement timide qu'il n'ose pas appeler les joueurs de la sélection ? Le fait qu'il ne parle pas le français fait que ce n'est pas facile pour lui de communiquer avec tout le monde en arabe ou en allemand. Moi, j'essaye de le mettre à l'aise, comme lors du stage du Luxembourg où j'ai beaucoup discuté avec lui. C'est ce que je ferai lorsque je le verrai. Déjà, vous aurez l'occasion de le voir à l'occasion du stage de la sélection algérienne de la semaine prochaine à Marcoussis. Ce sera surtout un regroupement de causeries puisque Vahid Halilhodzic va exposer aux joueurs ses règles de conduite et sa façon de travailler. Pensez-vous que ce stage sera important, même s'il ne sera pas sanctionné par un match ? Oui, car nous ferons le point sur pas mal de choses, notamment sur ce qui s'est passé ces trois dernières années. Nous essayerons de repartir de l'avant parce qu'il y a eu déjà le tirage au sort des éliminatoires pour la Coupe du monde 2014 et nous connaissons nos adversaires. Pour la CAN-2012, je le répète encore, il y a une chance minime de nous qualifier, mais nous essayerons de la saisir. On ne sait jamais ce qui peut se passer dans le football. Vous êtes l'un des rares à croire encore à la qualification pour la CAN-2012 ! Moi, je suis comme ça : tant que c'est mathématiquement faisable, j'y crois (rire) ! Donc, il va y avoir une mise au point importante qui aura lieu durant le stage. De même, le sélectionneur et les joueurs se découvriront mutuellement. Votre commentaire sur les déclarations de Halilhodzic quant à son intention de faire jouer les meilleurs joueurs, indépendamment de leurs statuts ou de leur passé et de mettre fin à des problèmes d'indiscipline qu'on lui aurait rapportés ? Il a ses critères et c'est normal. Dans le football, c'est ça : c'est la loi du meilleur qui doit sévir. Il faut faire l'équipe la plus homogène possible. En ce qui concerne la discipline, tout le monde connaît Halilhodzic suffisamment bien dans ce domaine. C'est normal qu'il y ait une discipline collective dans le football et dans tout rassemblement de sport collectif en général. Il faut un minimum de discipline pour pouvoir avancer. Terminons par la question de l'heure : le départ de plusieurs cadres de la sélection pour des clubs des pays du Golfe. Etes-vous de ceux qui pensent, comme Halilhodzic notamment, que cela leur sera préjudiciable ou bien des autres qui estiment qu'ils ont assez d'expérience pour conserver leur niveau ? Ce n'est pas à moi de les juger. Ces joueurs ont pris une décision et je les soutiens. Je suis derrière eux. Je comprends leur décision. Pour les gens qui n'ont pas tous les éléments en main, c'est facile de juger, mais moi qui connais un peu comment ça se passe dans le monde du football et la situation dans laquelle étaient ces joueurs avec tous ses paramètres, je les comprends et les soutiens. Après, pour eux, cela se jouera à l'état d'esprit. On peut aller jouer dans un club de première division et ne pas travailler à l'entraînement toutes les semaines. Ce n'est pas parce qu'on appartient à un club de l'élite qu'on progresse forcément. Même quand on est dans un club de quatrième division, le niveau sera conservé pour peu qu'on s'entraîne plusieurs fois par jour. Certes, les adversaires contre qui ils joueront chaque week-end seront moins forts qu'en Bundesliga, mais ce n'est pas ça qui sera déterminant. Tout est dans l'état d'esprit. ---------------------------------------- FSV Frankfurt «recevra» Eintracht au Commerzbank Arena Le derby entre FSV Frankfurt et Eintracht Frankfurt, qui aura lieu le 21 août, sera un grand succès populaire. En effet, il y a longtemps que les clubs de la première ville des affaires en Allemagne ne se sont pas affrontés, ce qui augure d'une affluence record le jour du match. N'étant pas sans ignorer cette donne, la direction du FSV Frankfurt, qui reçoit Eintracht à l'aller, a proposé à son adversaire que le match se déroule au stade de ce dernier, le Commerzbank Arena. Autrement dit, le FSV Frankfurt «recevra» chez son adversaire. L'idée a plusieurs avantages : financièrement, il gagnera dans l'affaire puisque le Commerzbank Arena, l'un des plus grands et plus beaux stade en Europe, où s'est notamment déroulée récemment la finale de la Coupe du monde féminine, a une capacité d'accueil au moins 5 fois supérieures à celle du «petit» Volksbank Stadion où le FSV reçoit d'habitude ses adversaires ; sportivement, jouer chez l'adversaire motivera les joueurs du FSV Frankfurt et, surtout, les dédouanerait en cas d'un échec, ce qui rendrait une éventuelle défaite –prévisible, compte tenu de la différence de niveau et de moyens entre les deux clubs- plus facile à avaler. «Notre objectif est l'accession, pas le derby» Si ce derby retient déjà l'attention parmi les joueurs et supporters du FSV Frankfurt, cela ne semble pas être le cas dans le camp de l'Eintracht. «Personne ne m'a encore parlé de ce match. Du moins, entre nous, joueurs, on n'en parle pas encore», nous a confié Karim Matmour. «Pour l'instant, nous sommes concentrés sur notre prochain match face à Eintracht Braunschweig. Nous penserons au FSV Frankfurt lorsque ce match arrivera, pas avant. Pour nous, il faut gagner tous nos matches et pas seulement le derby, car notre objectif est d'accéder en Bundesliga», a-t-il ajouté. En tout cas, il est certain que ce sera chaud, notamment du côté du FSV Frankfurt, le club des «démunis», comme il est taxé ici, qui aura à cœur de battre celui des «riches de l'Eintracht, quitte à ne pas l'empêcher d'accéder en fin de parcours. --------------------------- Bas le masque ! Suite à l'intervention chirurgicale qu'il avait subie au nez durant l'intersaison, Karim Matmour avait entamé les entraînements en portant un masque protecteur sur le visage. Il était important pour lui d'éviter d'éventuels chocs afin de ne pas abîmer davantage son nez en convalescence. Finalement, il n'a gardé le masque que quelques jours seulement. «Il me gênait beaucoup, notamment pour regarder sur les côtés. Ce n'était pas très commode de le porter, même s'il s'agissait d'une précaution nécessaire. Finalement, je ne l'ai pas porté aussi longtemps que les médecins me l'ont demandé, car il me gênait lors des entraînements. C'était risqué d'agir ainsi, mais, el hamdoullah, je n'ai pas eu d'accident», nous a-t-il expliqué. «A présent, mon nez est consolidé» Ce qui est certain, c'est que le masque protecteur n'est qu'un mauvais souvenir. A présent, Matmour n'a plus besoin de le porter. «A présent, mon nez est consolidé. Le dernier contrôle médical que j'ai effectué a été rassurant sur ce point. Je peux dorénavant subir des chocs sans risque», rassure-t-il. En tout cas, en scrutant le visage de Matmour, on voit bien que l'intervention chirurgicale a été une réussite car rien n'indique, à part une légère et quasiment invisible cicatrice de quelques centimètres, qu'il s'est fait refaire le nez. Gageons que cela aiguisera son flair de buteur ! --------------------------- Des dizaines d'Algériens s'abonnent à Eintracht La venue de Karim Matmour à l'Eintracht Frankfurt n'a pas été sans avoir de conséquences avantageuses pour le club. En effet, compte tenu de la présence d'une forte communauté algérienne à Francfort (c'est d'ailleurs la ville allemande qui compte le plus d'Algériens), dont beaucoup originaires de Tiaret, wilaya dont sont issus les parents du joueurs, des dizaines de nos compatriotes ont souscrit un abonnement supporter au club afin de pouvoir suivre les matchs de l'international algérien. Matmour a même aperçu un drapeau algérien au Commerzbank Arena, à l'occasion du match Eintracht-Sankt Pauli. --------------------------- Batmour, Matman, Matmour c'est kif-kif ! Les supporters de Eintracht Frankfurt ont repris un ancien surnom de Karim Matmour pour scander son nom : Batmour. «C'est un surnom qu'on m'avait donné lorsque je jouais à Fribourg. C'est la contraction entre Batman et Matmour, parce que j'intervenais souvent en deuxième mi-temps comme joker et j'étais vite efficace», se rappelle-t-il. En tout cas ce n'est pas l'unique surnom qu'on lui a donné. «Je ne compte plus le nombre de surnoms qu'on m'a donnés : Batmour, Matman, Tsug (train en allemand, ndlr)… Tous en rapport avec ma vitesse, quand je suis lancé balle au pied.» --------------------------- Le 8, il sera à Marcoussis Tout comme Karim Benyamina, Karim Matmour aura un match de championnat à jouer dimanche prochain, le 7 août. Ce sera face à l'Eintracht Braunschweig. De ce fait, il ne pourra pas être à Marcoussis, pour le stage des Verts, à son premier jour, mais le lendemain matin, soit le 8 août.
