«Ceux qui n'ont pas joué le jeu à fond se reconnaîtront» Omar Belbey a disparu de la scène footballistique. L'ancien milieu de terrain algérien de Nîmes et de Montpellier n'a plus joué depuis sa vilaine blessure au genou, durant la CAN 2002 au Mali. Rencontré à Rouen lorsque nous étions partis pour réaliser un reportage sur Zahir Zerdab, Belbey a accepté de parler au Buteur. Voici l'entretien. Depuis la fameuse CAN 2002 au Mali on n'a pas eu de vos nouvelles. Que devient Omar Belbey ? Comme vous le savez, je me suis blessé durant la CAN 2002 au Mali. J'avais contracté une très grave blessure, par la suite j'ai eu quelques problèmes. Enfin bref, je me suis retiré des terrains pour me consacrer à un autre métier. Actuellement, je suis éducateur dans ma ville natale à Nîmes. Vous pouvez dire que je suis un entraîneur général. J'ai sous la main une équipe seniors et je chapote aussi les jeunes catégories. Que s'est-il passé au juste durant la CAN avec cette vilaine blessure ? C'était une blessure au genou droit. Je l'avais contractée à l'issue du troisième match face au pays organisateur. Je me suis fait opérer par la suite et je suis resté loin des terrains pendant 18 mois. J'ai essayé de retrouver la mobilité de mon genou. J'ai par la suite joué une saison en pro dans le nord, mais c'était très difficile pour moi car je suis resté sans compétition pendant un an et demi. J'ai donc décidé de mettre un terme à ma carrière. En tout cas cette blessure est un véritable gâchis pour vous… Oui, c'est vrai. Mais il faut savoir que c'est le destin. Seulement, j'étais très déçu de ce que j'ai enduré. Je ne m'attendais pas à vivre une telle situation après ma blessure. Vous faites sans doute allusion à la Fédération qui vous a abandonné… Non, je ne répondrai pas à cette question. Parlez-nous de votre premier match avec l'EN en Algérie, c'était à Annaba face au Cap Vert… C'était mon premier match à domicile et le second au total. Le premier, c'était à Praia. Je vous annonce aussi que je devais venir en sélection un peu avant, à l'époque de Meziane Ighil. Il avait pris attache avec moi pour me proposer de venir chez les Verts. C'était à l'occasion d'une tournée amicale, mais je m'étais blessé à l'épaule à ce moment-là. Je regrette vraiment de ne pas être venu bien avant. L'Equipe nationale, c'est dans le cœur. Je ne regrette rien, je suis prêt à le refaire si c'était le cas. J'avais des problèmes avec Montpellier qui m'avait demandé de ne pas aller jouer la CAN du Mali, mais je suis venu pour défendre les couleurs de l'EN. En plus de ça, j'ai eu des problèmes avec mon club car à chaque fois je revenais un ou deux jours en retard vu les problèmes d'organisation. Néanmoins, sur le plan personnel je ne regrette rien. Malgré cette blessure qui m'a obligé d'arrêter ma carrière, si cette expérience de l'EN était à refaire, c'est avec un grand plaisir que je la ferai. Pour le match, c'était une ambiance indescriptible, j'ai vécu des moments inoubliables en sélection même si j'avais déjà joué chez l'EN en cadets avec Mohamed Khedis. Savez-vous que Khedis est décédé ? Non, je viens de l'apprendre. Je suis vraiment navré. C'était un très bon entraîneur et quelqu'un de bien, avec lequel j'ai beaucoup appris. Une anecdote pour votre premier match en Algérie ? Oui, il y en a. Je me souviens que ce jour-là il y avait une affluence record à Annaba, près de 80.000 spectateurs. J'ai donc gardé une photo de la tribune, là où il y a la montagne pleine des supporters. Je disais à mes amis que c'était une carte postale, mais en réalité c'est une vraie photo. Ce jour-là, j'ai découvert ce que vaut le football en Algérie. Le public est vraiment passionné. Votre mauvais souvenir reste sans aucun doute ce naufrage au Caire (5-2), n'est-ce pas ? Oui, c'est sûr. Une telle défaite m'a beaucoup touché. Je me souviens, on est arrivés une semaine avant le match au Caire, on a eu du mal à se préparer. Extraordinairement, il y avait une série de mariages à l'hôtel, il y avait une ambiance électrique même si cela est tout à fait logique vu la rivalité sportive entre les deux nations. Mais au cours du match, il y a eu de mauvais comportements, des choses qui ne m'avaient pas plu. Par exemple ? Il y a des joueurs qui n'ont pas joué le jeu à fond. Je préfère ne pas dire les noms, ils se reconnaîtront. Voulez-vous dire qu'ils ont levé le pied ? Ils ont levé le pied où ils n'ont pas joué le jeu à fond, interprétez-le comme vous voulez. C'est vraiment dommage, car c'était un match qu'on pouvait gagner facilement. Les Egyptiens avaient commencé à douter. On était revenus au score à deux reprises, mais par la suite ça a changé et ça s'est dégradé d'un seul coup. Est-ce que c'est la tête de Djadaoui qui était visée ? Je ne sais pas, moi je ne pense pas à ce genre d'histoires. Tout ce que je peux vous dire, c'est que Djadaoui est un très bon entraîneur à l'instar de Nasser Sandjak. Et avec Madjer ? C'est plutôt une affinité de cœur avec lui. C'est un grand entraîneur et un grand monsieur. Son départ de la sélection a été un vrai gâchis pour la sélection, car si on lui avait laissé le temps de travailler, l'Algérie aurait actuellement dix ans d'avance par rapport à ce qu'elle est aujourd'hui. Croyez-moi, j'ai travaillé avec lui et je dis ça par expérience. A mon sens, on lui a mis des bâtons dans les roues, car avec son savoir et sa personnalité il aurait pu réussir. Mais pour la CAN 2002, il a fait avec les moyens du bord, il ne pouvait pas réaliser beaucoup de choses surtout que la CAN 2002 n'était pas un objectif. Parlez-nous de votre expérience avec lui lors de la CAN 2002… Madjer était venu quelques mois seulement avant la phase finale. Il a essayé de faire le maximum. On s'est fait certes éliminer au premier tour, mais je pense qu'on n'avait pas été mauvais du tout. En plus de ça, on n'avait pas eu de chance avec ce grand nombre de blessures. Moi, j'avais été blessé au premier match, j'avais pris un coup à la tête et je me suis réveillé à l'hôpital. Lors du dernier match, Hafid Tasfaout et moi-même avons été blessés par le même joueur, Mahamadou Diarra. Parlons maintenant du présent, la sélection est très mal en point pour décrocher la qualification à la phase finale de la CAN 2012… Oui, je sais que l'Algérie est mal en point mais je pense qu'elle a mal commencé les éliminatoires. Ce n'est pas à cause de la défaite face au Maroc que la situation s'est compliquée. Il ne faut pas oublier qu'on a été tenu en échec à domicile par la Tanzanie, puis battus par la RCA. Ça parait très compliqué pour arracher la qualification à la CAN, mais toujours est-il que le football n'est pas une science exacte. Je pense qu'on fera mieux de miser sur l'avenir. Que pensez-vous de la venue de Halilhodzic ? Je pense que le président de la Fédération, Raouraoua, a mis tous les moyens. Il a même ramené un entraîneur de renom. C'est un très bon entraîneur, rigoureux et qui sait travailler. Enfin, nous voudrions connaître votre avis par rapport aux choix de Antar Yahia et Karim Ziani d'aller jouer au Golfe… Je pense que c'est un choix personnel. Yahia et Ziani ont choisi d'aller là-bas, je ne pense pas qu'ils l'ont fait pour l'argent mais parce que le football évolue dans cette région.