«Les hommes se disent les choses en face, pas en se cachant comme des fantômes» «Voici un bout de mon projet pour l'EN» Rabah Madjer n'est pas resté longtemps insensible à la dernière sortie médiatique anonyme d'un responsable de la FAF sur les colonnes du Buteur. Bien que l'ancien sélectionneur des Verts ait voulu «éviter la polémique stérilisante, qui finit par lasser les amateurs de football à la longue», comme il a tenu à nous le préciser, il ne s'est pas contenté d'égratigner l'auteur des propos publiés dans l'une de nos éditions précédentes. Dans une discussion qui n'avait pas les allures d'une interview, Madjer a été égal à lui-même, c'est-à-dire sincère et percutant. «Les hommes se disent les choses en face, pas en se cachant comme des fantômes» L'ancienne gloire du FC Porto, a d'emblée, regretté que «les déclarations du responsable de la FAF, qui s'est attaqué à moi en gardant l'anonymat, n'ait pas eu assez de courage pour dévoiler son identité. Celui qui a parlé de moi dans la presse est, paraît-il, un fantôme qui se cache derrière le voile de la FAF. Les hommes parlent en face et ne craignent pas de se montrer. En Algérie, les hommes se parlent face à face ! Malheureusement, on dirait que ce fantôme n'a pas appris cette vertu», a ironisé le Ballon d'Or 1987. «Que faut-il faire pour être à la FAF ? Dire oui comme certains ?» Montant un peu en puissance, Rabah Madjer a ensuite abordé le sujet de sa candidature au poste de président de la Fédération algérienne de football. «Certains veulent faire croire que je ne pourrais pas présenter ma candidature à ce poste, parce que ça les étouffe d'entendre mon nom. Que faut-il pour un footballeur qui a servi le football algérien toute sa vie pour accéder à la FAF ? Dire oui comme certains ? Ce n'est pas mon genre. Ma carrière, les titres que j'ai offerts à l'Algérie, le Ballon d'Or Africain, les honneurs d'être ambassadeur de l'UNECO et l'Union africaine, et j'en passe. Tout cela parle pour moi. Alors que doit-on faire pour espérer être candidat un jour ?», se demande l'ancien capitaine des Verts, champions d'Afrique des nations en 1990. «La FAF n'est pas une propriété privée, elle appartient à ceux qui l'ont servie» Gardant toujours le viseur braqué sur ceux qui voudraient l'écarter de la FAF, Madjer a pesté contre «cette obsession qu'ils ont à vouloir me faire taire à chaque fois que je parle. Est-ce de la sorte qu'on doit se comporter avec ceux qui ont servi le football algérien ? Et doit-on les laisser faire indéfiniment ? La FAF n'est pas une propriété privée. Elle appartient à ses enfants, à ceux qui l'ont servie. Ces gens essaient d'écarter tous ceux qui leur font de l'ombre. C'est regrettable», a-t-il poursuivi. «Et vous, dites-nous comment vous êtes arrivés à la FAF ?» Madjer s'en est pris par la suite «à ceux qui veulent me barrer le chemin de la FAF. Je voudrais leur demander, à mon tour, comment ils ont fait pour accéder à la FAF et on suivra peut-être le même chemin. Je ne veux pas rentrer dans les détails des élections à sens unique et des jeux de coulisses. C'est facile de tailler un costume sur mesure à quelqu'un pour le mettre hors course. Dans les lois qu'ils édictent, je crois qu'ils réfléchissent d'abord comment écarter les rivaux potentiels, avant de penser à trouver les meilleures formules pour faire progresser le football algérien», a-t-il dit. «Mon nom ne dérange que ceux qui ne sont pas assis de manière légale !» Madjer pense que dans cette histoire, il y a des gens à la FAF qui veulent tout faire pour lui barrer la route. «Ils m'ont taillé un costume sur mesure pour que je ne puisse pas accéder à la FAF. Cela dénote que certains ne dorment pas bien, dès lors qu'on évoque mon nom quelque part. Forcément, Madjer dérange ceux qui ne se sont pas assis de manière légale. Où est la légalité lorsqu'on demande à tout le monde de se mettre à plat ventre en les menaçant de répression ?» s'interroge-t-il. «Et si on décidait que celui qui n'a jamais joué au football ne pourra plus être candidat à la FAF ?» Et d'ajouter sur le volet : «L'actuelle composante de la FAF aussi n'aurait pas pu prétendre à cette fonction, si par exemple on avait décidé, avant son installation, de la mettre à l'écart en ajoutant des articles du genre : «Ne peut prétendre à une candidature au poste de président de la FAF, toute personne n'ayant jamais joué au football». Ou alors, «en mettant qu'un ancien membre qui s'est servi de la FAF pour des intérêts personnels doit également être banni du mouvement sportif national. Je cite cela comme, ça... On en écarterait plus d'un à ce moment, non ?», a encore ironisé l'auteur de la plus célèbre talonnade de l'histoire du football mondial. «J'ai des diplômes valables, mais certains tentent toujours de mentir à mon sujet» La FAF a toujours sorti l'histoire des diplômes qui, selon ses responsables, manquent à Madjer pour diriger l'EN. Madjer s'en défend fermement et crie à la désinformation de la part de la FAF. «Mes diplômes ? J'en rigole encore, à chaque fois on tire cela pour mentir aux gens. C'est mesquin. Mes diplômes sont en possession de la FAF. Mais mon vrai diplôme, c'est surtout mon vécu footballistique et cela vaut tous les diplômes du monde», a assuré l'ancien numéro 8 du FC Porto. «On n'a pas besoin d'une licence CAF quand on veut devenir président de la FAF !» Rabah Madjer ne se contente pas de le dire et nous a même promis de nous envoyer ses diplômes dans les jours qui viennent, «afin que tout le monde puisse voir qui est le menteur, eux ou moi. Je possède des diplômes qui dépassent largement les équivalences dont ils parlent. J'en ai qui m'ont été délivrés par la FAF. J'ai aussi un autre d'éducateur 3e degré et un autre enfin que j'ai obtenu à Clairefontaine et qui m'a été remis et signé par Aimé Jacquet. Si c'est bidon, alors c'est grave ! La licence CAF, je n'en ai que faire, car on n'a pas besoin du diplôme de la CAF pour être président de la FAF», a lancé Madjer, tout en se gardant de vouloir «rentrer dans une polémique stérilisante, alors que mon projet de diriger un jour la FAF est plutôt à long terme», nous a-t-il confié. «Voici un bout de mon projet pour l'EN» Et si un jour Madjer venait à être élu à la tête de la FAF, qu'envisage-t-il de faire ? «Il faudra d'abord que je sois élu démocratiquement, sans écarter les opposants, comme l'ont fait certains. Mon programme sera surtout de revaloriser le produit local, que ce soit les joueurs ou les staffs technique et médical. En braquant leurs regards sur la France, certains ont cassé la machine de production des footballeurs en Algérie. Si au moins ils avaient apporté des solutions ! Je ne dis pas qu'il faudra écarter les Algériens nés à l'étranger, ce sont tous nos enfants. Mais je suis pour un tri strict. On ne prendra que les meilleurs. Ce n'est pas parce qu'un jeune vient d'Europe qu'il faudra le sélectionner les yeux fermés. Je ne comprends pas qu'on ait pris des joueurs au Mondial juste en les supervisant sur un ou deux matchs», a-t-il encore regretté. «Préparer l'EN dans le Sud algérien, avant les matchs retour de la CAN» L'ancien numéro 10 des Verts n'a pas voulu dévoiler le volet administratif de la FAF. «Pour ce qui est de la gestion administrative de la FAF, tout le monde peut copier sur ce qui se fait ailleurs. On n'invente pas beaucoup dans ce sens. Mais la FAF doit également garder une spécificité propre aux besoins du footballeur algérien. J'ai également d'autres idées en tête que je dévoilerai en temps opportun», a-t-il ajouté. «Je vous cite par contre l'idée de préparer l'EN, quand elle s'apprête à jouer un match retour en Afrique, dans le Sud algérien. Dans une ville qui sera dotée bien sûr, au préalable, d'un stade et des installations adéquates pour accueillir les Verts.» «Former en priorité les techniciens des centres de formation» Le volet de la formation des jeunes est l'une des missions les plus importantes du programme que présentera Madjer le cas échéant. «Je suis extrêmement sensible aux besoins des jeunes footballeurs. J'ai mal en voyant nos footballeurs qui, au départ, sont pétris de qualités techniques, mais qui, au final, n'arrivent pas hisser leur niveau de jeu à celui des grandes nations du football. Il y a forcément un maillon qui leur manque et ce maillon, il faudra aller le chercher dans la formation. Nos entraîneurs savent entraîner, mais la formation n'est pas encore bien maîtrisée en Algérie. Il nous manque les bonnes formules que les clubs formateurs utilisent en Europe. Eh bien moi, j'ai envie de faire venir des formateurs de très haut niveau pour nous communiquer leur savoir-faire. Il ne faut pas verser dans le complexe. On doit s'ouvrir au savoir et avec le temps, je suis sûr qu'on aura la maîtrise de la formation», a-t-il proposé. «Zetchi et Haddad, les meilleurs exemples du renouveau du football algérien» Pour étayer son projet pour la FAF, Madjer a encensé le travail réalisé par Kheiredine Zetchi au Paradou et Ali Haddad à l'USMA. «Ce sont ces deux hommes qui incarnent le mieux le renouveau du football algérien. Zetchi a fait venir un seul formateur de l'étranger et lui a adjoint des techniciens algériens qui sont en train d'apprendre à ses côtés les méthodes modernes les plus efficaces. De son côté, Haddad a investi beaucoup d'argent dans l'équipe première qui est la vitrine du club, mais sans oublier la formation des jeunes. Ils savent ce qu'ils font et leur travail finira bien par payer tôt ou tard. J'espère juste qu'on ne leur mettra pas les bâtons dans les roues par jalousie. En tout cas, ils ont mon total soutien», a assuré le meilleur footballeur algérien de tous les temps. «Le président de la République a dit à ses détracteurs : «Ma tahagrounich, moi aussi !» Enfin, Madjer a terminé l'échange par rappeler l'expérience de Son Excellence, le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, avant les élections de son premier mandat : «Il a dit à ses détracteurs une phrase inoubliable, tellement elle est pleine de sincérité. Il leur a dit : Ma Tahagrounich (ne me sous-estimez pas), même si je ne suis pas un expert en matière d'économie, il y aura de vrais connaisseurs avec moi et eux, je peux vous assurer qu'ils connaissent parfaitement leur boulot. Moi aussi, c'est ce que je vais faire. Je vais m'inspirer de la démarche du président de la République pour gérer et faire gérer la FAF, comme le veulent les footballeurs. Ceux qui n'ont jamais joué au football ne pourront jamais saisir les vrais besoins des joueurs. Les sensations, c'est uniquement le terrain qui peut vous les apprendre. Car la gestion de la FAF tourne essentiellement autour des besoins des joueurs et non pas comme cela se fait aujourd'hui, pour servir l'image de ceux qui occupent les bons postes», a expliqué Rabah Madjer.