«Ce qui m'a déçu, ce sont les attaques de certains ici en Algérie» Tout comme les autres joueurs, Lounès Gaouaoui a su tenir son rôle avant-hier à Blida face aux Egyptiens qu'on donnait favoris pour ce match. Finalement, les Algériens sont sortis vainqueurs. Les attaques de l'ex- sélectionneur égyptien, Al Gohary, à l'encontre du gardien de but algérien, n'ont finalement servi à rien, Gaouaoui est resté imperturbable durant tout le match. * C'est une belle victoire que vous venez de remporter contre l'Egypte, n'est-ce pas ? Absolument, après avoir ramené un précieux point de du Rwanda, nous devions impérativement remporter notre premier match chez nous. En plus de cela, il y a le caractère derby de cette rencontre. Donc pour nous, le faux pas nous était interdit. * Surtout par rapport à vos supporters ? Oui, nous ne devions pas décevoir les nombreux supporters qui se sont déplacés au stade de Blida pour nous encourager. Je n'oublie pas aussi que nous avions tout un peuple derrière. Nous n'avions pas le droit de ne pas leur donner de la joie. Dieu merci, nous avons réussi à sortir vainqueurs de cette rencontre. * Mais les choses avaient plutôt mal commencé, puisqu'à partir de la 14', vous avez laissé le champ libre aux Egyptiens ? Effectivement, en première mi-temps, nous avons été très prudents, ne nous voulions pas prendre le moindre risque. Mais en deuxième mi-temps, on a osé et cela s'est avéré payant puisque nous avons trouvé le chemin des filets. Je dois dire que le premier but nous a libérés. * Avant votre confrontation face à l'Egypte, l'ex- sélectionneur égyptien, Al Gohary, s'est attaqué ouvertement à la sélection algérienne en la qualifiant d'équipe quelconque, on imagine que vous aviez à cœur de prouver le contraire ? Je pense que l'ex-entraîneur de la sélection d'Egypte est libre de déclarer ce qu'il veut et ses déclarations n'engagent que lui. Tout le monde sait que les Egyptiens parlent beaucoup avant les rencontres importantes et souvent ils se croient supérieurs aux autres. Nous sommes d'accord que la sélection égyptienne est une bonne équipe, mais elle n'est pas imbattable. * Ne pensez-vous pas qu'Al Gohary est allé un peu loin en disant que vous étiez une équipe quelconque ? Les Egyptiens sont les champions du monde de la guerre psychologique, ils adorent faire usage de ce stratagème avant un match en essayant de mettre la pression sur leur adversaire et tenter de l'envoyer sur des fausses pistes. A mon avis, les déclarations d'Al Gohary faisaient partie de ce jeu-là, mais je dirais que nous n'avons pas prêté attention à ses déclarations. * Vous lui avez prouvé que vous étiez une bonne équipe ? A lui, nous n'avons rien à prouver. Si nous avons quelque chose à prouver, c'est envers nous-mêmes et notre public. Al Gohary a eu sa réponse sur le terrain, pas sur les pages des journaux ou bien sur les plateaux de télévision. Je crois que désormais, il réfléchira par deux fois avant de dire que l'Algérie est une équipe quelconque. Je voudrais aussi ajouter une chose très importante, à savoir que depuis 2004, l'Egypte brille sur le continent africain en ayant remporté deux trophées consécutifs et enregistré que deux défaites. Le hasard a voulu que ce soit contre cette quelconque équipe qui est l'Algérie, cela est la meilleure des réponses à Al Gohary. * Ce dernier, dans son analyse d'avant-match, a insisté sur le fait que le maillon faible de l'équipe nationale algérienne était son gardien de but, à savoir vous ? Je vous l'ai dit, ce Monsieur est libre de dire ce qu'il veut, c'est son avis. Un match de football se gagne à onze et se perd à onze. Nous formons un groupe bien soudé, chacun de nous a confiance en l'autre. Je dirais que moi, je ne suis rien sans mes défenseurs et ces derniers ne peuvent rien faire sans gardien de but, nous sommes complémentaires. Nous en avons donné la preuve hier (ndlr : entretien réalisé lundi). * Il vous a même qualifié de gardien de but très faible ? (Rires) Cela ne m'étonne pas, dans toute guerre psychologique, on doit cibler un élément bien précis pour tenter de le déstabiliser. Et Al Gohary s'est attaqué à moi en ma qualité de dernier rempart. * Avez vous eu vent de cette déclaration avant ou après le match ? J'en ai été informé quelques heures avant le match. * Cette déclaration vous a-t-elle perturbé ? Un petit peu, il y a un petit vent de doute, mais à mesure que le match approchait, j'évacuais cette idée de ma tête et je me suis concentré pleinement sur la rencontre. * C'est ce qui vous a permis de réaliser un match sans faute, mis à part ce but que vous avez encaissé dans les dernières minutes ? Oui, je crois que j'ai tenu convenablement mon rôle, à l'instar de tous mes coéquipiers. * Vous avez eu à effectuer un arrêt décisif lorsque vous meniez 2-0. Si les Egyptiens avaient réduit le score à ce moment-là, cela aurait pu changer la donne du match ? Sur cette action, heureusement que j'ai eu la main ferme pour arrêter ce tir de Aboutrika dans la surface de réparation. Il est vrai que si les Egyptiens avaient réduit la marque à ce moment-là, cela leur aurait donné plus d'espoir pour revenir à la marque. * Le jeu d'Al Gohary n'a donc pas fonctionné ? Oui, c'était bien essayé de sa part, mais je crois que notre détermination à gagner ce match a fait la différence et nous a permis de remporter une précieuse victoire. Pour revenir aux propos de l'ex- sélectionneur égyptien, je dirais que je comprends parfaitement sa démarche. Mais lorsque j'ai été informé que des Algériens avaient tenu les mêmes propos que lui, alors là ça fait vraiment mal. * Soyez plus explicite ? Dans certaines déclarations d'avant-match, des Algériens, normalement censés soutenir les joueurs de l'équipe nationale, ont fait savoir que normalement ce n'est pas moi qui devrait être parmi le onze rentrant. Ce sont ces déclarations qui m'ont déçu, non pas celles d'Al Gohary qui a fait en sorte de motiver les joueurs de la sélection de son pays. Ce qui est plus décevant encore c'est que ces propos viennent d'un ancien gardien de but qui est censé connaître ce qu'est la préparation pour un match. Je trouve que c'est désolant. * Ceux-là aussi ont eu leur réponse ? Ma réponse, je la leur ai réservée sur le terrain, pas ailleurs. Entretien réalisé par Ali Hamouche