Seddik Bahloul : «Halte aux opportunistes !» Solinas : «Difficile de rester concentrés» Les joueurs, lassés des promesses non tenues de la direction, ont brandi la menace de boycotter les entraînements voire le prochain match du championnat face au WAT, si la situation financière ne sera pas apurée. D'ailleurs, la séance programmée jeudi a été carrément annulée pour permettre aux joueurs et au staff technique de se réunir avec le président Azzedine Gana. Trois heures et demie plus tard, les joueurs ont commencé à quitter la salle de réunions, comme ils étaient rentrés, c'est-à-dire bredouilles, le président a une nouvelle fois promis de les régulariser dans les deux semaines à venir. Ousserir et ses camarades ont été, certes, déçus et avaient la mine des mauvais jours à l'issue de l'entrevue, eux qui s'attendaient à du concret. Gana se défend d'emblée en affirmant. «Je suis autant déçu que les joueurs parce que même moi, j'ai eu des promesses des lendemains incertains et cela s'est automatiquement répercuté sur la gestion administrative et l'optimisation financière.» Gana : «15 jours, le délai imparti pour la régularisation» En réponse du mouvement de grève auquel les joueurs ont menacé d'y recourir, le président Gana a rétorqué impassiblement : «Non, il n'y a aucun mouvement de grève, c'est à ma demande d'ailleurs que l'équipe ne s'est pas entraînée ce matin (entretien réalisé jeudi). J'ai profité de la présence de tous les joueurs et du staff technique pour débattre de la situation du club en général et de l'argent en particulier. Après avoir passé en revue les difficultés rencontrées depuis mon installation, les joueurs ont été compréhensifs et attentifs à mon discours. J'ai, par conséquent, demandé un délai de 15 jours aux joueurs pour honorer mes engagements. Il ne faut pas oublier que je ne suis officiellement président du SSPA que depuis 18 jours, j'ai signé mon premier contrat avec Solinas récemment, mais malgré cela, je me suis toujours investi pour le Chabab sans compter», et de poursuivre : «J'assumerai par conséquent entièrement la responsabilité vis-à-vis de l'équipe bien que l'argent déjà injecté ne soit pas aussi infime, qu'on se le dise, mais pour des raisons administratives et autres, l'épuration financière a été retardée indépendamment de notre bonne volonté.» «Je demande à Nedjma et la CNEP de nous aider» «On a déjà pris contact avec Nedjma pour une rallonge, car la dimension du CRB mérite qu'on fasse un effort financier. Je tiens à citer le nom de Djamel Bessa de la CNEP, un fidèle sponsor que je dois saluer et remercier au passage pour tout ce qu'il fait pour le club depuis plusieurs saisons. Je lui demande toutefois de nous venir en aide en acceptant une addition car le CRB a grandement besoin de ressources financières en cette période délicate que nous traversons désormais.» Mais le premier responsable de la SSPA ignore un point important et déterminant quant à la promesse énoncée, Gana attend impatiemment les subventions de ces entreprises, alors que celles-ci iraient réglementairement renflouer les caisses du CSA qui est seul bénéficiaire. Cependant, le président Azzedine Gana doit revoir sa promesse et préparer dès à présent son chéquier pour payer ses joueurs et son staff technique. «Dehli, futur actionnaire, rien de concret» Le président en exercice a été désemparé lorsqu'on lui a annoncé qu'un groupe répondant au nom de Dehli sera le futur actionnaire majoritaire du CRB, suite à l'officialisation du pacte scellant les deux parties. Embarrassé et cachant mal son étonnement, il déclare sans conviction : «Non, il n'y a rien de concret. Il existe une approche de ce groupe qui a le même projet que nous. Nous avons eu l'accord de principe de différents investisseurs qui seront les bienvenus au Chabab.» «Plusieurs joueurs concernés par l'argent» Contrairement à ses précédentes déclarations où le président Gana avait souvent affirmé et assuré que seul Naili n'avait pas encore touché son argent, il s'est ravisé : «Je n'ai jamais dit que Naili était le seul concerné. D'ailleurs, cela m'a étonné. Il y a en vérité plus de la moitié de l'ossature qui est en attente. Ma présence ici aujourd'hui est d'abord d'essayer de trouver une entente qui arrangerait les deux parties et ensuite pour s'étaler sur plusieurs autres sujets inhérents à la vie quotidienne du club et de l'équipe. Je dois cependant remercier les joueurs et le staff technique pour leur compréhension et leur professionnalisme. Il est vrai que certains cadres, vu leur importance, peuvent bénéficier d'une certaine largesse évidente par rapport à d'autres, mais cela ne diminue en rien de la valeur des autres joueurs qui seront bien évidemment payés rubis sur l'ongle, c'est ma promesse.» ---------------------------------------------- Seddik Bahloul : «Halte aux opportunistes !» Pour l'ancien président du CRB, la situation du club mérite une attention particulière pour mettre un terme à la crise qui se profile à l'horizon. «Pour tout Belcourtois qui se respecte, personne ne peut rester insensible face à la décision de recourir à la grève, c'est inquiétant. Le Chabab est malade, raison de ma présence aujourd'hui au stade», avait d'emblée annoncé notre interlocuteur. Et de poursuivre : «Concernant l'installation de Gana à la présidence du conseil d'administration qui est illégale, comment se permet-il d'offusquer les gens en mettant en exergue son apport personnel ? Le Chabab a toujours eu des hommes qui ont donné sans compter et dépasse de très loin les quelques sous que Gana a investis, ce n'est pas de cette manière qu'on réussit à gagner l'estime des Belouizdadis et gérer un club comme le CRB qui appartient à tout le monde.»«Je n'ai rien contre Gana qui a montré sa disponibilité et a aidé le Chabab, mais cela ne lui permet non plus de s'autoproclamer président-directeur général. On s'interroge toujours comment Gana est parvenu à prendre les destinées du conseil», avait poursuivi Bahloul «Pourquoi Gana s'offre-t-il un autre délai ?» «Je ne vois pas l'utilité de s'offrir un autre délai, Gana doit savoir que les rentrées d'argent ne se feraient pas du jour en lendemain avec les lenteurs administratives et tout ce qui s'en suit. Gana doit encore patienter pour voir les caisses renflouées, mais il pouvait désamorcer cette crise en payant ses joueurs rapidement et lorsque l'argent sera disponible, il pourra alors se faire rembourser. C'est ce que j'appelle de la gestion sage», fait-il remarquer. «Le CRB est sauvé !» En demandant à notre interlocuteur quelle serait la solution pour le Chabab, la réponse claire et limpide ne laisse aucun doute : «Nous avons eu l'accord d'un groupe puissant qui viendra avec des projets colossaux, le CRB est sauvé. L'arrivée de Dehli ne saurait tarder, tout a été ficelé pour qu'il soit le futur actionnaire majoritaire du CRB. On n'attend désormais que l'ouverture du capital qui doit se faire incessamment pour que ce groupe fasse son apparition.» Avant de terminer, l'ancien dirigeant exhorte les dirigeants actuels à former un noyau en faisant revenir les enfants du club : «Je demande à ces gens de s'entourer des enfants du club. Où sont les Bakhti, Boutaleb, Badji et les anciens ? Ils méritent amplement qu'on leur fasse confiance ainsi ils pourront apporter leur savoir et leur savoir-faire. Les jeunes des quartiers ont besoin d'être encadrés par des joueurs de cette trempe.» ---------------------------------------- Solinas : «Difficile de rester concentrés» L'entraîneur italien Giovanni Solinas estime que la situation du club n'est pas pour arranger les affaires de l'équipe qui doit en principe se concentrer sur le championnat. Il n'omet pas de saluer tous les joueurs quant à leur comportement irréprochable et leur professionnalisme. «Il n'est pas facile de gérer une situation pareille et cela perdure depuis la saison précédente, donc je dois rendre un vibrant hommage aux joueurs qui, malgré ces tracasseries, essayent de rester concentrés et appliqués.» La situation n'est pas reluisante, n'est-ce pas ? Dommage que l'on soit arrivé à cette situation, alors que tout allait bien. J'espère toutefois que l'avenir sera meilleur et la situation s'améliorera pour pouvoir atteindre les objectifs tracés. Les joueurs sont perturbés et il leur est très difficile de fournir davantage d'efforts, parce que le moral des troupes est vraiment atteint. Un joueur professionnel devrait être mis dans de bonnes conditions, pour pouvoir en tirer profit. Vous aurez la responsabilité de remettre les choses à leur place qui consiste à une préparation psychologique inévitable, un commentaire ? Effectivement, c'est le rôle du staff technique de tenter de retaper le moral des troupes. J'avoue que si un joueur ne sera pas payé, je ne vois pas comment on pourrait le motiver à se donner à fond tout en ayant l'esprit au travail. Le staff technique ne possède pas de baguette magique. Je souhaite néanmoins que la direction du club se penche sérieusement sur ce cas et permette au staff technique en particulier de mettre en application son plan de travail, afin que nous puissions nous améliorer. En assistant à la réunion, le discours du président Gana vous a-t-il pour autant convaincu et rassuré ? La saison écoulée également, plusieurs réunions se sont déroulées. Ce qu'il faut actuellement pour régler tous les problèmes, c'est de concrétiser et passer à l'acte. Les joueurs qui ont déjà vécu ce scénario ne pourraient pas revivre cela, c'est pourquoi la hantise est lourdement ancrée dans les esprits. On aurait voulu travailler dans la sérénité en tirant tous dans la même direction, mais malheureusement, les circonstances actuelles ne nous permettent pas de tirer de gros avantages de notre potentiel. J'attends une réaction positive des dirigeants, pour une meilleure prise en charge de l'équipe. On a remarqué toutefois une baisse de régime de votre équipe depuis la joute amicale face au CABBA, serait-elle liée à l'aspect financier ? Seuls la direction et les joueurs peuvent vous répondre, car je ne suis pas au courant des négociations et les délais que les deux protagonistes s'étaient mis d'accord pour le payement. Quel est le programme de votre équipe ? Demain (vendredi), ce sera une journée de repos accordée aux joueurs, afin qu'ils puissent se ressourcer et se reposer. Le jour d'après, soit le samedi, on a décidé de disputer une rencontre amicale face à la formation de Hydra AC et ce, pour permettre à l'équipe de rester compétitive et préparer consciemment notre prochain déplacement à Tlemcen. La saison passée, le CRB a été étrillé à Tlemcen en s'inclinant (4-0), comment allez-vous le préparer ? Même si le compartiment défensif avait failli, je crois que la responsabilité incombe à tous les secteurs de jeu parce que ma philosophie et ma vision sont principalement basées sur le bloc collectif. J'insiste et je reviens toujours sur la solidarité de tout le monde, pour aspirer à obtenir d'excellentes performances. Le WAT, pour revenir à la question, est une formation coriace et jouer là bas est difficile. Le public tlemcénien est imposant, il met une pression terrible sur les adversaires dois-je en reconnaître. On doit par ailleurs, bien se préparer pour tenter de surprendre les Zianides et enchaîner les bons résultats.