Tchipalo: «Depuis que j'ai pris ma retraite, je me suis complètement éloigné du milieu où les matches sont arrangés au vu et au su de tous» L'ex-capitaine de la JSK dans les années 70, Mouloud Iboud, va de mieux en mieux depuis l'intervention chirurgicale qu'il a effectuée il y a quelques mois en France. Son état de santé ne suscite plus aucune inquiétude. La chaîne de télévision berbère, présente le mois de Ramadhan dernier à Tizi Ouzou pour couvrir la préparation de la JSK pour ses matches de la CAF et du coup d'envoi du championnat, en a profité pour se rendre chez l'ancien capitaine des Jaune et Vert avec lequel un long entretien a été réalisé. Durant une heure environ, l'ancienne figure de la Jumbo-JET assistée par un de ses partenaires de l'époque, en l'occurrence Ali Belahcène, connu de tous sous le nom de Tchipalo, est revenue en long et en large sur l'actualité de la balle ronde nationale, commençant par son club de toujours, la JSK, en passant par la sélection nationale dont les résultats ne répondent pas aux aspirations du peuple algérien. A propos de la JSK, pour ne commencer que par l'une des plus difficiles saisons de son parcours, à savoir le risque de retrouver la D2 en fin de saison écoulée, Iboud bien qu'il se soit montré optimiste, a tenu à réagir : «Je vous citerai, à titre d'exemple, l'ancien défenseur du MCO, El Hadj Bediar, une des figures emblématiques de l'école oranaise, lorsqu'il a appris la descente du MCO en D2 s'est retrouvé sur un lit d'hôpital après avoir été évacué dans un état comateux. Ce cas aurait pu être vécu par nous les anciens joueurs, voire les supporters de la JSK, si notre club avait connu la même chose lors du précédent exercice. Tout cela pour vous dire à quel point nous sommes attachés à notre club de toujours.» «J'étais toujours optimiste, j'ai dit que la JSK ne descendrait jamais en D2» Donnant son avis sur l'une des plus difficiles saisons de la JSK, Iboud dira : «J'ai déjà eu à le déclarer à travers les ondes de la Radio nationale, peu de temps avant le dernier match face au MCA, que la JSK n'irait pas en D2.» Et d'ajouter : «Cela pour vous dire que j'étais très optimiste. Malgré les pires difficultés rencontrées lors de la saison précédente, je savais que la JSK réussirait à se maintenir en D1.» «Avec un match ou deux de plus la saison dernière, tous les calculs allaient être pris en défaveur de la JSK et le retour parmi l'élite est difficile, les raisons sont connues de tous» Par ailleurs, Iboud n'a pas omis de souligner : «Toutefois, avec un match ou deux de plus, il y avait réellement un risque où tous les calculs allaient être en défaveur de la JSK, et la suite tout le monde pourra la deviner…» «C'est-à-dire que si la JSK avait été reléguée en D2, il lui aurait été difficile de revenir parmi l'élite et les raisons sont connues de tous», a tenu à ajouter Iboud. «La stabilité du staff technique est une chose très importante dans tous les clubs» Evoquant l'un des points faibles des clubs en général, à savoir l'instabilité des entraîneurs à la barre technique, Iboud déclare : «J'estime que la stabilité des entraîneurs est l'une des conditions principales pour la réussite de chaque club. Chaque entraîneur doit bénéficier d'assez temps pour connaître le mieux possible son groupe et mener à bien sa mission. A tous les niveaux, l'instabilité n'apporte rien de bon.» «Les internationaux qui ont opté pour les pays du Golfe ont rayé leurs noms de la sélection» Evoquant l'actualité de la sélection nationale, notamment sur les choix des joueurs internationaux qui ont opté pour les pays du Golfe cette saison, Iboud fera la remarque suivante : «Je ne connais pas personnellement le sélectionneur national, Halilhodzic, cependant j'ai eu à le découvrir à travers ce que j'ai lu ici et là sur sa personnalité. A ma connaissance, il est très rigoureux, et pour ce qui est des joueurs qui ont opté pour le Golfe, j'estime qu'ils ont rayé définitivement leurs noms de la sélection nationale tant le niveau dans ces pays est bas.» (NDLR : l'entretien a été réalisé avant que la liste des joueurs retenus pour le prochain match RCA soit rendue publique). «C'est l'argent qui les a motivés, je ne vois pas d'autre raison» Et d'enchaîner : «Je ne vois pas une raison autre que l'argent qui pourrait motiver le choix des internationaux d'opter pour les pays du Golfe. Dans ces pays, il fait 50° à l'ombre, les entraînements se font la nuit sans parler du niveau bas qui hante la balle ronde. Cela m'a vraiment laissé pantois. Des joueurs qui quittent les championnats d'Europe pour les pays du Golfe ne peuvent apporter un plus à la sélection nationale.» «A ce jour, je n'arrive pas à comprendre qu'un joueur qui coûte des milliards n'ait pas sa place en EN. C'est bizarre !» «Autre chose que je n'arrive toujours pas à réaliser, c'est ces sommes mirobolantes offertes aux joueurs du championnat local alors qu'ils n'ont pas leur place en sélection nationale. Je me demande vraiment sur quel barème ou échelle ont été évalués. Qu'on me le dise ! Ces responsables de notre football, je veux bien connaître le secret», se demande-t-il. «C'est le niveau bas de notre football qui a fait fuir les supporters des stades» A propos d'un autre phénomène jamais vécu à leur belle épopée, à savoir des matches qui se jouent dans des stades affreusement vides, Iboud n'ira pas par quatre chemins pour faire part de la cause principale : «Il n'y a pas d'autres raisons que le niveau bas de notre football. C'est la raison principale qui a fait fuir les supporters des stades, ce n'est pas propre au stade de Tizi Ouzou, mais à travers tout le pays.» «Abdelkader Khalef demeure une icône incontestable de la JSK» Se rappelant avec beaucoup d'émotion et de nostalgie de la plus belle épopée de la JSK, dont il a été pendant plusieurs saisons le capitaine, Iboud ne manquera pas de parler d'Abdelkader Khalef qui a laissé son empreinte dans la maison kabyle jusqu'à donner à la JSK une dimension qui a dépassé les frontières nationales : «Ceux qui avaient la chance de connaître, de travailler ou de côtoyer l'homme qu'a été le regretté Abdelkader Khalef témoigneront de son apport précieux à la JSK ; il demeure une icône incontestable dans la riche histoire du club, il mérite tous les hommages.» «Pour l'histoire, il reste derrière la libération de plusieurs détenus des événements 80 en Kabylie et a toujours fait dans la défense des valeurs de l'amazighité et de tout ce qui a trait à l'identité de la région en général», a témoigné Iboud. «Je remercie tous ceux qui, de prêt ou de loin, m'ont exprimé leur soutien durant ma maladie» En marge de l'entretien réalisé avec l'ex-capitaine de la JSK, Iboud a tenu à adresser ses remerciements à toutes les personnes et amis, lesquels, de près ou de loin, lui ont exprimé leur soutien durant toute la période de sa convalescence en France : «Je tiens à assurer que je vais beaucoup mieux et je profite de l'occasion pour adresser mes vifs remerciements à tous ceux qui sont restés près de moi durant toute la période de ma convalescence.» «Leurs marques de soutien m'ont beaucoup réconforté», a conclu Iboud. -------------------------------------- Belahcène Ali (Tchipalo): «Depuis que j'ai pris ma retraite, je me suis complètement éloigné du milieu où les matches sont arrangés au vu et au su de tous» Au côté de l'ex-capitaine de la Jumbo-JET, l'ex-Canari, Ali Tchipalo, a, pour sa part, déclaré qu'il n'est pas trop branché sur l'actualité du football national. Tchipalo a même fait savoir que, depuis qu'il a pris sa retraite, il ne suit plus les matches, même pas lorsque c'est son ancien club la JSK qui joue : «Si vous voulez que je vous livre mon point de vue, croyez-moi que je ne suis plus branché sur notre balle ronde depuis que j'ai pris ma retraite en 88. Je m'occupe beaucoup plus de ma vie de famille, je ne suis plus les matches, ni ceux des clubs ni même ceux de notre sélection nationale…» «Comment voulez-vous être près du milieu lorsque les matches sont arrangés au vu et au su de tous ? C'est catastrophique ce qui arrive de nos jours ! Des milliards annoncés par-ci par-là alors qu'avant, avec peu de moyens, nous avons réussi à réaliser des résultats mille fois meilleurs qu'aujourd'hui», a dit Tchipalo pour conclure.