C'est un Rabah Saâdane très détendu qui a répondu aux questions des journalistes au cours d'une conférence de presse hier matin au Hilton. La belle victoire face aux Egyptiens a dû lui faire beaucoup de bien. Voici les principaux points abordés par le sélectionneur national. «Attention, nous n'avons joué que deux matches» Avant de commencer l'entretien, Saâdane a tenu à saluer le peuple algérien et les responsables du football qui se sont rangés de son côté avant le match. «Des gens m'accostaient dans la rue et m'appelaient au téléphone pour me dire qu'ils me soutenaient même en cas de défaite. Le président Raouraoua m'a réconforté en direct à la télé après m'avoir reçu dans son bureau, tout cela m'a fait chaud au cœur», dira le sélectionneur national qui ne veut pas s'enflammer pour autant après cette victoire retentissante contre les Egyptiens : «Les gens doivent savoir que nous n'avons joué que deux rencontres et qu'il reste encore quatre matches, soit 12 points en jeu. C'est vrai que nous sommes désormais favoris, mais il y a encore deux autres favoris, l'Egypte et la Zambie. ça va se jouer à couteaux tirés entre ces trois équipes, le Rwanda semble avoir décroché.» «Hadj Aïssa a été trop chouchouté» Saâdane a tout fait pour éviter de revenir sur le cas Hadj Aïssa, mais devant l'insistance des journalistes, il a dû s'expliquer encore une fois : «Au début du stage, j'ai instauré une ligne de conduite en mettant les joueurs en garde. Je leur ai dit que le fait d'être là est déjà un privilège parce que beaucoup de joueurs aimeraient défendre les couleurs de leur pays. Le samedi veille du match, Hadj Aïssa est venu demander son passeport, je lui ai dit : ‘‘Allah issahel aâlik''. Par la suite, il est venu jurer qu'il n'avait pas l'intention de déstabiliser le groupe en demandant son passeport, mais j'ai maintenu ma décision de l'écarter, ça lui donnera à réfléchir. Je crois que Hadj Aïssa a été trop gâté, trop chouchouté au point qu'il ne sait plus où il va. Apparemment, il ne m'a pas très bien connu à Sétif.» «Il est en train de prendre le même chemin que Cherrad» Rabah Saâdane n'a pas admis que Hadj Aïssa demande son passeport, mais il n'a pas non plus voulu que les choses prennent de l'ampleur afin de ne pas perturber l'équipe à la veille du départ en Afrique du Sud. «Pour moi, il n'a rien fait de grave, je suis beaucoup plus déçu pour lui que pour l'équipe nationale car il est en train de passer à côté d'une grande carrière. Il me rappelle un peu Cherrad en 2004, il était promu à un très grand avenir, mais il a gâché sa carrière à cause de son comportement et de ses sautes d'humeur», a expliqué le sélectionneur national ne ferme pas la porte définitivement à Hadj Aïssa. «Il y aura quelques changements en Zambie» Abordant la prochaine rencontre face à la Zambie, Rabah Saâdane dit préparer une équipe de guerriers : «Ce sera un autre match, dans un autre contexte et sur une pelouse en très mauvais état. Je vais devoir changer deux ou trois joueurs car je sais que ce sera un véritable combat. Ce sera comme on dit ‘‘Dez el gouddam''.» Comment joueront les Algériens ? «Je ne vais quand même pas offrir ma tactique sur un plateau à mon collègue sélectionneur de la Zambie. Tout ce que je peux vous dire, c'est que tout dépendra de l'état de la pelouse. Si on voit qu'elle est bonne, on essayera de jouer au ballon, sinon on laissera la manière dans les vestiaires et on cherchera le résultat.» «M. Renard, le favori c'est la Zambie !» M. Rabah Saâdane a souri lorsqu'un confrère lui a rappelé les déclarations du sélectionneur zambien, Hervé Renard pour qui «le favori c'est désormais l'Algérie». Vieux briscard qu'il est, Saâdane a vite compris le message en déclarant avec humeur : «S'il est un renard, moi je suis un renard et demi. Non, M. Renard, le favori c'est la Zambie, pas l'Algérie !» Concernant les menaces de la FIFA sur le stade de Chililabombwe, Saâdane n'en fait pas cas : «Moi, je prépare mon équipe pour jouer là-bas car je ne tiens pas compte des menaces. ça va peut-être secouer les Zambiens pour nous assurer la sécurité, mais ça ne va pas les contraindre de changer de stade.» «J'ai conseillé à Halliche de ne pas changer de club» Depuis le retour de Saâdane à la tête de la sélection, les locaux sont de plus en plus nombreux en équipe nationale, mais cela n'est pas suffisant selon le coach. «Nous avons pensé Raouraoua et moi à cette sélection A' pour justement élever le niveau des joueurs locaux qui seront désormais regroupés une semaine tous les mois pour travailler ensemble, le problème du football algérien c'est avant tout les clubs. Voyez Halliche ! Ce n'est plus le même joueur qui était au NAHD, il s'est vraiment aguerri au Portugal. D'ailleurs, lorsqu'il est venu me demander s'il devait changer de club, je lui ai dit non. Je lui ai conseillé de rester encore une saison à Madère pour jouer la Coupe de l'UEFA avant de faire le grand saut», expliquera Saâdane encore. «Personnellement, je préfère le 5-Juillet,on verra avec les joueurs» Lors de son intervention à la télé, Saâdane a déclaré qu'il préférait jouer les prochaines rencontres de l'équipe nationale au stade du 5-Juillet. Lors de la conférence de presse d'hier, Saâdane a précisé qu'aucune décision n'a été prise à ce sujet. «Personnellement, je préfère le 5-Juillet, mais je dois me concerter avec les joueurs avant de prendre une décision finale. Cela se fera durant le stage en Afrique du Sud», nous a dit Saâdane qui, tout en remerciant les Blidéens pour leur soutien indéfectible aux Verts, énumère les désagréments constatés au stade Tchaker : «Entre le vestiaire et la salle de conférences, j'ai été malmené par tout le monde.» Profitant de l'euphorie régnante, Saâdane ajoute : «Puisque ray hakma, on va demander à M. le Président la construction d'un autre stade car je ne vous cache pas que lorsque je vois le stade Radès de Tunis, je suis jaloux.» «Lacen hésite, Dieu nous envoie Yebda» Même s'il refuse de parler de renfort avant la rencontre contre la Zambie, M. Saâdane n'a pas manqué de saluer l'initiative de Raouraoua qui a lutté pour faire passer les nouvelles dispositions réglementaires à la FIFA permettant à quelques binationaux de haut niveau de jouer pour l'Algérie. «On ne pourra jamais dire non à des joueurs de haut niveau comme Meghni et Yebda qui ne sont pas à la Lazio et au Benfica par hasard, mais pour l'instant, nous devons être concentrés sur le match de la Zambie qui est notre priorité», a commenté Saâdane avant d'ajouter en souriant : «Au moment où Lacen hésite, Dieu nous envoie Yebda qui joue au même poste. Que pouvons-nous demander de plus ?» «Shehata ne peut pas être mauvais après une défaite» Durant la conférence de presse, Saâdane n'a pas omis de se montrer solidaire avec son collègue de l'autre sélection Hassan Shehata. «Un journaliste de la télé égyptienne m'a sollicité pour 40 minutes, je suis resté avec lui deux heures parce que je n'ai pas accepté qu'on accuse Shehata de tous les maux. J'ai dit à votre confrère égyptien : ‘‘Un entraîneur qui vous a ramené deux Coupes d'Afrique ne peut pas devenir mauvais subitement.'' Je crois que les Egyptiens ont longtemps crié victoire des mois avant ce match. Après le tirage au sort, ils se sont vus en Coupe du monde, c'est cela leur erreur. C'est pour cette raison qu'on doit garder les pieds sur terre après cette victoire contre l'Egypte. Pour moi, la gestion d'une victoire est plus difficile que la gestion d'une défaite.» M. S.