De Paris à Chililabombwe, suivez le guide ! C'est aujourd'hui que commencera la préparation du troisième match de l'Algérie pour le compte du dernier tour des éliminatoires combinées pour la Coupe du monde 2010 et la CAN-2010. La sélection algérienne entamera, à partir de demain, un stage d'une semaine à Pretoria, en Afrique du Sud, avant de rallier la Zambie pour se mesurer à la sélection locale le 20 juin à Chililabombwe. Le Buteur a effectué le parcours qui attend les Verts. Suivez le guide. Sommeil perturbé sur le vol de nuit Paris-Johannesburg L'aventure commence ce soir avec le vol Paris-Johannesburg sur un vol d'Air France. Il s'agit d'un vol de nuit assuré par un avion long-courrier, un Boeing 777. Le décollage est à 23h30 heure locale à partir du terminal 2E, l'un des tout derniers et des plus modernes de l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle. La durée annoncée du voyage est de 10 heures et 10 minutes, mais il arrive souvent que l'avion arrive avec un quart d'heure ou une vingtaine de minutes d'avance. Comme tout vol de nuit, ce n'est pas tout à fait agréable. Les passagers ont beau avoir à leur disposition tout un panel de divertissements (films, séries, documentaires, musique et jeux au choix sur des écrans individuels), il arrive un moment où le sommeil prend le dessus. Même avec des oreillers, des stop-bruit et des couvre-yeux fournis par le personnel à bord, ce n'est pas facile de trouver le confort nécessaire pour bien dormir. Il y a toujours le bras d'un passager voisin, les pleurs d'un enfant ou le bruit des ronflements pour perturber votre sommeil. Ajoutez-y la psychose qui s'empare inévitablement de quelques «avionphobes» à chaque secousse provoquée par les zones de turbulences (il y en au-dessus de la région du Sahel et en traversant l'Afrique tropicale), exacerbée par le récent crash d'un avion Air France dans l'océan Atlantique. Les plus chanceux d'entre les passagers seront ceux qui hériteront de sièges côté fenêtre car cela leur permettra d'y reposer leur tête. Alors, messieurs de la sélection et leurs accompagnateurs, soyez à l'avance pour choisir les bons sièges à l'enregistrement ! Pluies et froid à Pretoria A Pretoria, capitale de l'Afrique du Sud, récemment rebaptisée Tchwane, il fait frais et le temps est couvert, avec des orages sporadiques. Depuis quatre jours, on n'a pas encore vu le soleil. Le centre d'entraînement se trouve au nord de la ville, pas loin des quartiers chics et des résidences officielles. La délégation algérienne prendra un car pour faire les quelque 40 kilomètres qui séparent l'aéroport de Johannesburg de son lieu de résidence, l'hôtel Sheraton Pretoria. Le centre d'entraînement n'est pas loin de l'hôtel et se trouve dans un cadre calme et agréable. Il pleuvait hier sur la ville et la température avoisinait les 15°. Ce n'est pas tout à fait l'Afrique telle qu'on la caricature, mais ce sont des températures de saison (c'est la fin de l'automne). Un BA 149 pour le vol Johannesburg-Ndola Après une semaine de stage, la délégation se dirigera le 18 juin vers Chingola, la ville où elle sera hébergée en Zambie. Pour ce faire, elle doit d'abord transiter par Ndola, troisième ville de la Zambie, située dans la ceinture minière du nord du pays. Le vol Johannesburg-Ndola se fait via la compagnie Airlink, une filiale de South African Airlines, la compagnie nationale. Airlink est chargée des vols régionaux, c'est-à-dire ceux en direction des capitales et principales villes des pays du sud de l'Afrique. Le départ se fait à partir du terminal A de l'aéroport de Johannesburg. Les Algériens prendront certainement le vol du matin, celui de 9h45 heure locale. Il ne peut en être autrement car ce vol est assuré par un grand avion, un BA 149 de 97 sièges du constructeur anglais British Aerospace, alors que le vol de l'après-midi est assuré par un appareil Endeavor, un petit avion qui prend 37 passagers au maximum, encore moins qu'un ATR. Cet avion est tellement petit que les grands de taille doivent baisser la tête pour y circuler. D'ailleurs, le service n'y est assuré que par une seule hôtesse. Le BA 149, en revanche, est plus spacieux et plus confortable. C'est l'équivalent d'un Boeing 737 ou d'un Airbus 319, sauf que ses réacteurs sont tellement grands qu'ils gênent la vue des passagers. Deux heures de vol, repas copieux et voyage calme Comme pour marquer la cohabitation parfaite entre Blancs et Noirs en Afrique du Sud, les pilotes sont des blancs et les hôtesses et stewards sont des Noirs. L'harmonie est parfaite et le service est très correct. Les repas servis sont plutôt copieux (du moins plus copieux que ceux d'Air France) : salade, sandwich au choix (fromage-saucisse, poulet ou thon), biscuits, beurre, portion de fromage, chocolat à croquer, crème de fromage en guise de dessert, boisson au choix et même des cacahuètes grillées et salées. Le vol dure un peu plus de deux heures. L'avion traverse le Botswana et tout l'est de la Zambie pour aboutir à Ndola, au nord-est du pays. Les passagers sont en majorité des coopérants blancs travaillant dans les mines du nord de la Zambie. Si ce n'est quelques retards au départ et/ou à l'arrivée, c'est un vol agréable et sans problème. Un aéroport «miniature» à Ndola L'aéroport de Ndola est un vrai aéroport provincial. S'il existe et, surtout, s'il a rang d'aéroport international, c'est par nécessité car le personnel étranger et les négociants qui travaillent dans les mines ne peuvent se permettre de faire les 400 km par route de Lusaka jusqu'à Ndola et les autres villes du nord. C'est vraiment un aéroport en miniature. Le hall d'arrivée est un hangar aménagé, celui de départ également. L'escalier pour la descente des passagers et les chariots à bagages sont tractés par un tracteur bleu. Parfois, lorsque le tracteur est occupé, ce sont les employés qui tractent à main nue. A l'entrée du hall d'arrivée, deux dames distribuent des formulaires à remplir, l'un pour la police et l'autre pour les services sanitaires. En effet, même si le passager a les documents nécessaires pour entrer en Zambie, il doit avoir l'aval du médecin pour ce faire. Simple formalité que le médecin remplit machinalement. Trois guichets de la PAF, une ouverture dans les parois du hangar pour recevoir les bagages, un petit bureau pour la douane constituent le hall, soit 20 m2 au maximum. Pour le retour, il n'y a qu'un seul guichet pour l'enregistrement et un seul pour le contrôle de police. En somme, un aéroport international avec service minimum. Il est à l'image de ce qu'est la Zambie : un pays pauvre qui manque de tout. La police «sponsorisée» sur les routes zambiennes On sort de l'aéroport par une piste qui aboutit à une route départementale. Entre Ndola et Chingola, il y a quelque 110 km à parcourir. La route est très praticable, surtout entre Ndola et Kitwe, la deuxième ville du pays, où les routes des allants et des venants sont séparées, comme dans une autoroute. Certes, ce n'est pas une autoroute, mais cette route est bien bitumée. Parfois, on croise des points de contrôle de police, signalés par des panneaux posés sur des tonneaux usagés. Petite découverte en Zambie : la police locale est… sponsorisée. En effet, sur les conteneurs qui font office de sièges des barrages fixes, on trouve la publicité d'un opérateur économique en dessous de la mention «Police Control». Les 60 km passent rapidement au milieu d'une végétation assez dense propre à la campagne locale, où on peut voir aussi le dénuement de la population avec des gosses qui vendent n'importe quoi ou des jeunes et moins jeunes qui, adossés à un arbre ou à une cabane ou encore assis sur une pierre, regardent passer la vie. Kitwe regrette ses Nkana Red Devils Kitwe, deuxième ville de la Zambie. C'est la ville des Nkana Red Devils, le club qui avait affronté la JSK en finale de la Coupe d'Afrique des clubs champions en 1990. Les Kabyles avaient remporté le titre après une séance de tirs au but haletante au stade de Lusaka, sous les yeux de l'ancien président zambien Kenneth Kaunda. Les Nkana Red Devils ne sont plus ce qu'ils étaient, la faute à la crise économique. En effet, le club est sponsorisé par une compagnie minière qui, depuis quelques années, a réduit ses activités de sponsoring. C'est d'ailleurs le cas de plusieurs clubs zambiens et ce n'est pas un hasard si le seul club qui semble surnager dans la crise ambiante soit Zanaco (que la JSK avait également affronté et éliminé il y a trois ans en Ligue des champions). La raison ? Il est sponsorisé par une banque. Cela ne veut pas dire qu'il n'échappera pas à plus ou moins moyen terme à la crise, mais il survit mieux que les autres. L'hôtel Protea, le plus luxueux de Chingola De Kitwe à Chingola, la route est tout aussi bonne, mais plus étroite et, surtout, à double sens. Cela oblige les conducteurs à une plus grande prudence car les fous du volant sont légion en Zambie, surtout après une soirée bien arrosée dans un «lodge» ou avant un match de football. A mesure qu'on avance, des champs miniers se font de plus en plus nombreux et il arrive même qu'une nappe de poussière se forme alentour. Des ralentissements se font aux ponts de contrôle de la police et surtout à deux passages à niveau. En effet, afin d'obliger les conducteurs à ralentir, la chaussée est revêtue de nids-de-poule et de ralentisseurs de chaque côté de ces passages. La route s'élargit à mesure qu'on approche de Chingola, petite ville jadis anonyme et qui commence à connaître son heure de gloire en accueillant les délégations des pays qui affrontent la Zambie en éliminatoires du Mondial 2010, Chililabombwe n'étant, en fait, qu'un grand village frontalier dont le seul «mérite» est d'abriter le deuxième plus grand stade du pays. C'est à l'hôtel Protea que la délégation algérienne sera hébergée. «C'est un grand hôtel, spacieux et luxueux», nous a assuré un responsable de la Fédération zambienne de football. Une affirmation à prendre avec des pincettes, car, en Zambie comme dans de nombreuses anciennes colonies britanniques, la majorité des hôtels sont vieux et vétustes et la notion du «luxe» y est bien relative. Le Konkola Stadium, un stade au milieu de nulle part La route qui sépare Chingola de Chililabombwe est légèrement vallonnée, surtout à son début. Les 25 km paraissent longs, tant le parcours est ralenti par des semi-remorques qui font route vers la République démocratique du Congo, dont la frontière est à moins de 20 km de Chililabombwe. C'est à deux kilomètres de cette ville qu'un panneau indique de tourner à gauche pour rejoindre le Konkala Stadium. En fait, ce stade appartient à une compagnie minière dont le siège n'est pas très loin. Tout autour, il y a un hôpital, des pavillons d'habitations et quelques commerces. Autre «nouveauté» à découvrir : sur la route, il n'y a pas de dos-d'âne, mais plutôt des «creux d'âne». Des sortes de tranchées courbées, d'une largeur de 20 à 30 centimètres, jalonnent les dernières centaines de mètres jusqu'aux abords du stade. «Le stade ? Quel stade ?», se demande-t-on en arrivant sur les lieux la première fois. En effet, il n'y a aucune bâtisse imposante à vue d'œil, rien qui puisse laisser croire à des gradins. N'était la plaque «Welcome to Konkola Stadium», rien n'indiquerait que cette clôture en pierre qui se dessine sur le côté entoure un stade international. Ce n'est qu'une fois à l'intérieur qu'on comprend mieux : le stade est non seulement petit, mais il est construit en cuve, ce qui fait que le terrain est en dessous du niveau du sol, comme c'est le cas du stade du 5-Juillet. C'est sur ce terrain que les Verts joueront une partie importante de leur destin sur le chemin de la Coupe du monde. On ne peut que leur souhaiter bonne chance. De notre envoyé spécial en Zambie et en Afrique du Sud : Farid Aït Saâda