Matmour : «J'ai raté deux séances d'entraînement et le coach a changé de tactique» Armin Veh s'entête encore à garder Karim Matmour sur le banc des remplaçants, malgré la bonne forme affichée par l'international algérien lors de ses dernières prestations. Pour autant, l'international algérien ne semble pas trop bouleversé par sa situation. Et pour cause, Matmour est soutenu par l'ensemble de la presse locale et nationale qui évoque son cas avec beaucoup d'incompréhensions. Les spécialistes sont unanimes à reconnaître la grande forme du numéro 21 de l'Eintracht, tout en tentant de comprendre les raisons pour lesquelles Armin Veh ne veut pas aligner Matmour d'entrée de jeu, comme ce fût le cas contre Rostock. Jandik Torben : «Tout le monde sait que Matmour est le meilleur à son poste » Jandik Torben est un journaliste free lance. Il travaille pour quatre journaux locaux à la fois et vend ses «papiers» au plus offrant. Il connaît Matmour et en est même fan de la première heure, comme il nous l'a confié. Pour lui, Matmour reste aux yeux des journalistes allemands «le numéro 1 dans le couloir. Aucun joueur ne bouge aussi bien que Karim. Tout le monde reconnaît son talent. Contre Rostock, Matmour a fait un super grand match. Il a d'ailleurs été élu homme du match, à juste titre. Mais Armin Veh a décidé de se passer de lui dès le match suivant. L'incompréhension était totale, jusqu'au moment où il a donné son explication», nous a dit Torben. «Matmour a perdu son poste à cause du système à losange» Selon notre confrère qui avoue sans gêne son chauvinisme pour les Rouge et Noir de Francfort, Matmour est victime du choix tactique de Veh. «Le coach avait donné l'impression de vouloir garder le même schéma avec deux ailiers traditionnels pour animer les couloirs, mais à notre grand étonnement à tous, il a changé de système de jeu pour renforcer le milieu du terrain. Il joue désormais avec quatre défenseurs axiaux, un seul milieu défensif au lieu de deux, trois milieux offensifs, un attaquant de soutien et une pointe. Dans ce cas, il n'a plus besoin d'ailiers purs comme l'est Matmour. Du coup, il l'a payé cash au grand regret des amateurs de Karim. Mais comme Armin Veh a gagné son pari, personne ne peut le lui reprocher», ajoute Jandik Torben avec une grimace de désolation. Matmour : «J'ai raté deux séances d'entraînement et le coach a changé de tactique» A la fin du match contre l'Union de Berlin, Karim Matmour arborait son sourire traditionnel. En bon professionnel qu'il est, l'international algérien accuse le coup sans broncher. Sa mise à l'écart…voilà comment il l'explique : «Après le match contre Rostock tout le monde a salué ma prestation. Je pensais donc que j'allais m'installer dans la durée dans l'équipe, car même le coach me montrait sa satisfaction à ce moment. Malheureusement, j'ai eu un pépin de santé qui m'a fait rater deux séances d'entraînement la semaine qui avait suivi ce match. C'est à ce moment que le coach a décidé de changer de système de jeu. Il a opté pour un losange au milieu du terrain qui demande aux défenseurs latéraux de monter plus pour apporter du nombre en attaque. C'est un 4-4-2 avec deux pointes et un losange. En Equipe nationale, on joue avec un numéro 9, un autre en 9,5 et un 10 en plus de deux joueurs sur les côtés. Mais là, ce sont ces deux derniers qu'il a enlevés pour les mettre au milieu. Du coup, il veut que les latéraux montent un peu. Dans ce cas, c'est mon poste qui a sauté. Et c'est comme cela que je me suis retrouvé sur le banc, malgré ma bonne prestation du match précédent», regrette Matmour sans être effondré pour autant. «Le plus important est de me savoir en progression et de saisir chaque occasion qui se présente» Qu'est-ce que ça lui fait de jouer une minute, comme ce fût le cas contre l'Union de Berlin ? «Un footballeur professionnel se doit de se mettre à la disposition du coach et de l'équipe. C'est ce que je fais, même si la frustration est grande de ne pas jouer plus longtemps. Mais le plus important, c'est de me savoir en nette progression individuellement. A chaque fois que j'ai joué, j'estime que j'ai apporté ce que le coach et mes coéquipiers attendaient de moi. J'ai prouvé que je ne suis pas un figurant dans cette équipe. Je dois donc patienter quelque temps et profiter de chaque occasion pour montrer au coach que je suis capable d'aider l'équipe à gagner», renchérit Karim Matmour avec philosophie. ---------- La presse allemande veut voir Matmour sur le terrain Aussi paradoxal que cela puisse paraître, Karim Matmour a gagné le respect de tous les journalistes allemands. Et c'est même peu dire si l'on se fie à ce qui a été écrit dans la revue officielle du club. En effet, l'international algérien a reçu un grand hommage des journalistes chargés de l'Eintracht Francfort, tout comme ceux des journaux locaux. Et pour cause, dans le magazine du club, il lui a été consacré un grand espace dans lequel on trouve une longue interview de trois pages, en plus de la Une et un poster double page. Mais comme cela ne suffisait pas, le caricaturiste s'est évertué à reproduire le profil de l'international algérien. D'homme du match, il se retrouve sur le banc, ce n'est pas normal ! Des éloges qui ne devraient pas laisser insensibles les sceptiques parmi les supporteurs déçus des Verts. A juste titre, puisque, contrairement à ce que tout le monde attendait en début de saison lorsqu'il a décidé de se détourner de la Bundesliga 1 et le Borussia Mönchengladbach pour signer à l'Eintracht de Francfort, Karim Matmour ne semble pas avoir gagné au change. Relégué souvent au rôle de remplaçant du dernier quart d'heure (voire de la dernière minute comme ce fût le cas contre l'Union de Berlin), l'attaquant des Verts ne joue que très peu. Armin Veh, son coach, ne l'a pourtant pas écarté pour insuffisance. Bien au contraire, puisque Matmour a été élu «Homme du match» la dernière fois qu'il joué 90 minutes pleines (contre Rostock, 4-1). Bernd Helmer (journaliste) : «Notre première victoire à domicile, c'était l'œuvre de Matmour» La presse locale revient souvent sur cette première victoire de la saison à domicile, en mettant en avant le rôle joué par l'Algérien qui a redonné, selon elle, confiance à toute l'équipe. D'ailleurs, Bernd Helmer, un des journalistes spécialisés d'un site non officiel du club le dit ouvertement. «L'équipe était quasiment en crise de confiance à domicile. Les joueurs évoluaient avec un gros stress dans le ventre. C'est Karim qui a débloqué la situation par ses incursions et son tempérament ultra-offensif. Sincèrement, c'est lui qui a redonné confiance à toute l'équipe. C'est pour cela qu'on a un peu mal de le voir sur le banc des remplaçants. Ce n'est pas sa place, car Matmour a largement le niveau pour être sur le terrain. Et tous les supporteurs sont ravis de le voir faire son entrée comme vous l'avez vu ce soir. Il est entré à la dernière minute et a pu provoquer un coup franc intéressant pour l'équipe. Je pense que si l'arbitre avait laissé l'avantage sur cette action, le score aurait été de 4-1, car Karim avait éliminé les deux défenseurs et s'apprêtait à foncer vers les buts», a souligné notre confrère. Pour l'instant, il n'y a que la presse qui le voit indispensable à l'équipe La question qui s'impose aujourd'hui, c'est comment va faire Matmour pour se maintenir au top sans jouer assez ? Et sa situation ne risque pas de s'améliorer avec cette position de leader qui donne raison à son coach, même s'il est vrai aussi que l'Union de Berlin, que les Rouge et Noir ont terrassé vendredi soir (3-1), n'est pas un gros calibre. Mais on doit reconnaître que l'équipe a montré de belles combinaisons et de la fluidité dans le jeu, tout en étant constamment efficace. Le nouveau système prôné par l'entraîneur laisse donc très peu de chance pour Matmour. Mais l'Algérien, qui a la faculté de la polyvalence en attaque, sait certainement comment faire pour devenir indispensable à son équipe : profiter de la broutille de minutes que lui offre Armin Veh pour briller et le convaincre. Mais pour l'instant, il n'y a que la presse qui le voit indispensable.