Du charisme, Carlos Valderrama en a à revendre, lui qui a été, est et restera la plus grande idole du football colombien. Brillant stratège, il a été l'auteur de la plus belle page d'histoire de la sélection cafetera. Il suffit donc de marcher à ses côtés pour ressentir la passion que sa présence inspire chez le public, que ce soit dans les rues de sa ville natale, Santa Marta, ou dans les grandes avenues de la capitale, Bogota. Aujourd'hui, l'ancien international peut se vanter d'être le seul joueur à faire l'unanimité dans le monde du football colombien, un sport qui suscite un engouement particulier dans toutes les régions du pays. Partout ailleurs, El Pibe se distingue avant tout par sa tignasse blonde, unique en son genre. Toutefois, tous ceux qui l'ont vu sur une pelouse garderont à jamais en mémoire son style de jeu. De fait, quel autre footballeur réussit à être partout sur le terrain sans courir, quel créateur possède ce don pour le jeu à une touche de balle et qui pourrait distiller de tels caviars sans un regard pour leur destinataire ? Elu à deux reprises meilleur joueur sud-américain, Valderrama, qui a disputé trois Coupes du Monde de la FIFA - Italie 1990, Etats-Unis 1994 et France 1998 - est passé par Montpellier, Valladolid et plusieurs clubs de MLS, aux Etats-Unis. Malgré son impressionnant parcours, c'est avec beaucoup de simplicité et de cordialité que l'ancien milieu de terrain a pris le temps de se confier à nous. A 48 ans, il reste bel et bien El Pibe... Carlos Valderrama, comment expliquer que plus personne ne vous appelle par votre prénom en Colombie ? Mon surnom me vient de Rubén Deibe, l'entraîneur argentin de mon père à l'Unión Magdalena. Papa m'emmenait souvent à l'entraînement et quand il ne le faisait pas, Deibe lui demandait : "Comment va el Pibe ?". C'est comme ça que j'ai perdu mon prénom (il rigole de bon cœur). Quelle influence a eu votre père dans le choix de votre carrière de footballeur ? Eh bien… Il ne m'a jamais poussé quand j'ai décidé de devenir footballeur. Il m'a seulement encouragé, comme ma mère. Il faut dire que pour moi, ç'a été naturel et tout s'est fait pas à pas. J'ai commencé à jouer dans l'équipe de ma rue, avec les enfants puis avec les jeunes… On disputait des tournois entre quartiers. Ensuite, à l'école, c'était entre les différents collèges… J'ai toujours joué et je joue encore. Le samedi et le dimanche, je participe à un championnat U-50. Et croyez-moi, la magie opère toujours. A quoi ressemble votre vie aujourd'hui ? L'école de foot que j'ai ouverte à Barranquilla occupe une bonne partie de mon temps. Mon contrat de trois ans avec la MLS, pour laquelle je visitais des cliniques de football et assistais à des stages d'entraînement dans tous les Etats-Unis, vient d'arriver à terme. Peut-être vais-je continuer, je n'ai pas encore décidé… Vous avez donc assisté au développement des Etats-Unis, aujourd'hui protagonistes du football international… Tout à fait. Ils travaillent avec beaucoup de sérieux et de méthode et disposent des budgets nécessaires… Ils ont aussi adapté les procédures de sélection des joueurs et leur championnat est en pleine expansion. Ça ne m'étonne pas du tout qu'ils se soient qualifiés pour la Coupe du Monde devant le Mexique, une autre grande nation footballistique. Maintenant, il faut voir comment ils se débrouilleront en Allemagne. Vos réponses prouvent que vous portez sur le football un regard d'entraîneur. Cela fait-il partie de vos projets ? Bien sûr ! C'est même plus qu'un projet puisque j'étais en contact avec le Real Cartagena il n'y a pas très longtemps, mais je n'ai pas pu rencontrer ses dirigeants au bon moment. Je rêve aussi de prendre un jour les rênes de l'équipe de ma région, l'Unión Magdalena. Tout vient à point à qui sait attendre. Un jour, j'aurai ma chance. Il n'est donc pas insensé d'en déduire que vous aimeriez un jour diriger la sélection… Evidemment ! Comment un entraîneur qui veut accomplir de grandes choses dans sa carrière peut-il ne pas espérer être un jour à la tête de la sélection nationale ? Le cas ne s'est pas encore présenté mais, sans vouloir offenser qui que ce soit, je ne refuserai pas une telle offre. D'autant que le moment est idéal. On vient d'être éliminés et on dispose d'une nouvelle génération de joueurs très prometteuse : celle qui a participé au Championnat du Monde Juniors aux Pays-Bas. Beaucoup de ces jeunes évoluent à l'extérieur et acquièrent l'expérience nécessaire pour les prochaines éliminatoires. Le sélectionneur actuel ou celui qui lui succédera aura donc un grand avantage par rapport à ses prédécesseurs. Pour conclure, que manque-t-il à votre carrière ? Voyons… C'est vrai que j'aurais aimé être champion du monde mais je ne regrette pas non plus de ne pas l'avoir été… En fait, il y a quelques jours, lorsque le trophée de la Coupe du Monde est passé à Bogota, je l'ai vu de près. C'était une émotion très forte et je n'ai pas pu la brandir parce que je n'ai pas été sacré champion ! On a des raisons de se plaindre lorsqu'on n'a pas eu l'occasion d'atteindre ses objectifs. Il faut être honnête, mes coéquipiers et moi avons eu cette occasion, et même trois fois. Mais une Coupe du Monde, ce n'est pas facile. D'après moi, c'est aux Etats-Unis 1994 que la Colombie aurait dû aller le plus loin, et on n'a même pas passé la phase de groupes. On n'a tout simplement pas été à la hauteur. Mais j'aime le football. Comme je l'ai dit, je joue encore… Et chaque fois que je foule la pelouse, je me dis que si c'était à refaire, je serais à nouveau footballeur ! Fiche d'identité Situation actuelle : retraité Nom complet : Carlos Alberto Valderrama Nationalité : colombienne Date et lieu de naissance : 2 septembre 1961 à Santa Marta Poste : milieu de terrain Parcours professionnelle 1981-1983 Unión Magdalena 1984 CD Los Millonarios 1985-aoû. 1987 Deportivo Cali aoû. 1987-1991 Montpellier HSC 1991-1992 Real Valladolid 1992 Independiente Medellín 1993-1995 Junior 1996-1997 Tampa Bay Mutiny 1998 Miami Fusion 1999-2001 Tampa Bay Mutiny 2002-2004 Colorado Rapids Sélection(s) en équipe nationale 1985-1999 Colombie 111 (11)