«Si Ziani fait 3 jours de retard, il ne sera jamais exclu» «Il faudra faire attention aux balles arrêtées» Toujours affable et disponible, le sélectionneur de la Zambie, Hervé Renard, nous a reçu dans l'hôtel où est hébergée la sélection zambienne, à Johannesburg, pour faire le point avec lui sur le stage d'une semaine que les internationaux zambiens ont effectué en Afrique du Sud en préparation de leur match face à l'Algérie. Il a encore une fois usé d'humour pour tenter d'expliquer que, sur le papier, c'est l'Algérie qui est le favori. * Votre stage de préparation à Johannesburg tire à sa fin. Votre programme de travail a-t-il été appliqué comme prévu ? Oui, tout comme cela a été le cas avant les matches contre l'Egypte et le Rwanda. Il y a la même sérénité, la même tranquillité de travail, la même qualité des terrains. Donc, aucune fausse note à ce jour. * Pourtant, on dit que le groupe est perturbé par des histoires de transferts. C'est dans la presse zambienne… Je ne lis pas la presse zambienne. Donc, je ne suis pas au courant de cette histoire. * Vous avez bien renvoyé un de vos joueurs, James Chamanga, parce qu'il a été sollicité par son club et vous auriez interdit à vos joueurs d'évoquer la question de leurs futurs transferts et de rester concentrés sur leurs matches… Je n'en ai jamais entendu parler. En ce qui concerne Chamanga, c'est vrai que je l'ai libéré, mais c'était parce que le championnat de Chine, dans lequel il évolue, se joue encore actuellement et son club a le droit de le récupérer jusqu'à cinq jours avant le match de la sélection. Je pourrai donc le récupérer à partir demain (entretien réalisé dimanche soir), mais cela ne m'intéresse pas. Il passerait deux jours dans un avion pour revenir et il arriverait à 48 heures du match, sans avoir fait la préparation complète avec ses coéquipiers. Non, ce n'est pas intéressant pour moi. Il faut être professionnel. On ne peut pas préparer un match international de cette valeur comme ça. * Donc, il n'y a pas de cas Chamanga ? Absolument. Ce joueur a été libéré et non pas renvoyé. Je l'ai eu au téléphone hier et il m'a dit qu'il était prêt à venir quand même. Je lui ai répondu que lorsque je dis une chose, je ne reviens pas dessus. Ce n'est ni sa faute, ni la mienne. J'ai travaillé en Chine pendant deux ans. Je sais qu'il faut deux jours d'avion pour y aller et deux pour pour en revenir, ceci sans compter les six heures de décalage horaire. Pour jouer un match d'un tel niveau, on perd trop d'énergie ainsi. Je ne peux pas compter sur lui pour ce match, mais il sera là la prochaine fois. * Pour ce qui est de Collins Mbesuma, son moral est-il à plat à ce point, après qu'il a raté le penalty face au Rwanda, pour que vous le libériez durant le stage ? Oui. Lundi dernier, je lui ai parlé et lui ai dit que je ne comptais pas sur lui pour le match de l'Algérie. J'ai l'habitude de dire les choses franchement et c'est ce que j'ai fait. Psychologiquement, il ne sera pas prêt pour jouer ce match. Il est atteint. S'il est aligné face à l'Algérie, tout le public va le siffler et nous jouerons alors à 10 contre 11. Donc, cela ne servirait à rien qu'il soit là. Il va se reposer et on verra par la suite. * Il ne pourrait même pas être remplaçant ? Non et ce ne sera pas un problème. J'ai d'autres joueurs. J'en ai vingt-quatre. * Qu'en est-il du cas de Chintu Kamptamba qui était blessé ? Il s'est blessé il y a trois semaines et il est rétabli à présent. Il s'est entraîné avec nous cette semaine. Maintenant, c'est à moi de décider si, physiquement, il est apte à jouer ou bien s'il va rester sur le banc. C'est à lui de me montrer qu'il est capable de tenir sa place et qu'il est meilleur que les autres. * Pour résumer, il y a la défection de Chamanga, Mbesuma qui est psychologiquement out et Kamptamba qui relève de blessure. Tout cela ne vous dérange pas ? Non, puisqu'il s'agit de deux joueurs qui ont débuté sur le banc des remplaçants face au Rwanda et d'un autre qui n'était même pas sur la feuille de match. Je vous l'ai déjà dit et je le répète tous les jours à mes joueurs : il n'y a pas de stars dans mon équipe. Celui qui ne veut pas se plier à la discipline sera exclu. Je crois qu'il est dépassé, en Afrique, le temps où on faisait n'importe quoi. A Manchester United, on ne fait pas n'importe quoi et on gagne tout alors que dans certaines sélections, on fait n'importe quoi et on ne gagne rien. Cela devrait amener à se poser des questions. Il faut professionnaliser les choses. Il y en a marre de voir les joueurs arriver avec deux jours de retard et les entendre expliquer qu'il fallait qu'ils s'arrêtent pour aller voir leurs familles. Il faut arrêter ! * Avez-vous des cas de ce type ? A ma prise de fonction, oui, mais j'y ai mis un terme. Là, les joueurs savent que celui qui ne vient pas à temps, il ne jouera pas et c'est tout. Chez nous, il n'y a pas de stars. Si, chez vous, Ziani vient en retard à un entraînement, vous faites quoi ? Vous le virez de l'équipe ? Je ne le crois pas parce que c'est un joueur important. C'est plus difficile avec les stars. Cela dit, je ne vise pas Ziani en particulier. Peut-être qu'il est irréprochable. J'ai cité juste un exemple de joueur ayant une notoriété et qui pourrait se permettre des choses que d'autres ne se permettraient pas. Si Ziani et Belhadj, c'est-à-dire des joueurs qui pèsent, s'absentaient durant trois jours, seraient-ils exclus ? La question reste posée. * Pensez-vous avoir réuni assez d'informations sur l'Algérie ? Vous voulez que je dise ce que j'ai appris de l'Algérie (sourire) ? * On sait que vous ne le feriez pas, mais êtes-vous satisfait de ce que vous avez réuni à propos de votre prochain adversaire ? J'ai revu encore une fois le match Rwanda-Algérie hier soir et je peux vous détailler ce qui s'est passé dans cette rencontre, mais est-ce que ce sera suffisant ? Je ne le sais pas. C'est pareil pour le sélectionneur de l'Algérie qui a dû visionner les matches de la Zambie, mais on ne sait pas si ce sera suffisant. * Selon vous, sur quoi se jouera ce match ? La rencontre se jouera sur l'état d'esprit et sur la motivation. En fait, cela se jouera surtout sur des détails, comme c'est souvent le cas dans ce genre de match. Il va falloir être vigilant sur les coups de pied arrêtés, tout le temps. Il va surtout falloir ne pas avoir peur. Pourquoi aurions-nous peur ? Et de quoi aurions-nous peur ? * Optimiste donc ? Oui, mais je persiste à dire, quitte à ce que vous ne me croyiez pas et que vous me compariez à Guy Roux, que je n'ai pas les meilleurs joueurs. Je n'ai pas de joueurs qui jouent à l'OM, à Portsmouth ou à Sienne. J'ai des joueurs qui évoluent dans de petits championnats. Alors, si, avec tout ça, on persiste à dire que la Zambie est le favori et a une grande équipe, c'est que je suis Mourinho (rire). Entretien réalisé à Johannesburg par Farid Aït Saâda La programmation de la FIFA dénoncée Si Hervé Renard a dû se passer des services de James Chamanga, c'est parce que le championnat de Chine où il évolue est en train de se jouer et que ce joueur ne peut pas rester deux semaines de suite en sélection. Cela a amené Hervé Renard à critiquer la programmation de la FIFA. «Quand il s'agit d'Europe ou d'Amérique du Sud, les matches internationaux sont souvent regroupés dans un intervalle de quatre jours et parfois d'une semaine, mais quand il s'agit de l'Afrique, on met deux semaines entre deux matches. C'est injuste et je le dis, quitte à ce que cela ne plaise pas à tout le monde», a-t-il dénoncé. Et de poursuivre : «Les internationaux européens sont déjà en vacances, sauf ceux qui sont en Coupe des Confédérations, alors que les Africains ne le seront que le 21 ou le 22 juin. Leurs coéquipiers reprendront les entraînements le 25 alors qu'eux n'auront droit qu'à 10 ou 15 jours de repos. C'est insensé !» Renard aime Ziani parce qu'il aime l'OM Dans toutes les déclarations et interviews qu'il nous a accordées, Hervé Renard ne manque jamais de parler de Karim Ziani, si bien que cela finira bien par motiver ce joueur pour faire un bon match à Chililabombwe. Cependant, il se défend de critiquer l'international algérien. «Au contraire, je l'aime bien car il joue à Marseille et je suis supporter de l'OM. Chaque samedi, je suis ses prestations à la télévision. J'aurais aimé qu'il soit champion, mais cela n'a pas été fait», a-t-il expliqué, avant de répéter qu'il n'a absolument «rien contre Ziani». «Si je le cite, c'est parce que c'est une star et un grand joueur.» «Je lui serrai bien la main… s'il le veut bien» S'il admire tellement Ziani, Renard lui serra-t-il la main à la fin du match Zambie-Algérie ? «Bien sûr que je le ferai, mais reste à savoir si lui voudra bien me serrer la main. C'est lui la star. Moi, je ne suis rien», a-t-il commenté en riant. «En France, on ne connaît pas la Zambie» Pour appuyer l'argument selon lequel la Zambie n'est pas une grande équipe, Hervé Renard cite un exemple. Dans son pays, la France, «les gens ne connaissent pas la Zambie, si bien qu'il leur arrive de confondre entre Zambie et Gambie», nous a-t-il confié. «A part mes amis, personne chez moi ne connaît la Zambie.»