«J'ai été formé comme attaquant, mais je joue aussi dans les couloirs devant et derrière » La découverte est de taille, croyez-nous sur parole. Ce joueur, qui évolue à l'Union de Berlin, n'est pas un footballeur ordinaire. A 23 ans, Redouan Mecherfi ou Jerôme Polenz, comme on l'appelle en Allemagne, a joué pour la Mannshaft dans les jeunes catégories jusqu'en U21. Habile des deux pieds, il évolue tant à droite qu'à gauche, devant comme derrière. C'est le joueur polyvalent par excellence. Sans parler de cette fougue qui le caractérise sur le terrain. Mais d'où sort-il exactement ? Quel est son parcours de vie ? Pourquoi personne ne le connaissait auparavant ? C'est ce qu'on a tenté de découvrir en allant le voir dans sa ville natale, à Berlin. «Je suis originaire d'Oran et mon grand-père s'appelle Djelloul» C'est dans le restaurant d'un des quartiers les plus huppés de Berlin que Polenz nous a donné rendez-vous, afin de nous présenter Mecherfi, l'Algérien qui nous intéresse. Très souriant et fort sympathique, le jeune homme nous accueille avec beaucoup d'enthousiasme. La discussion est fraternelle, d'emblée. Redouan s'évertue à nous faciliter la tâche comme rarement un footballeur le fait. Ce qui arrange encore les choses, c'est sa maîtrise du français, ajoutée à sa spontanéité déconcertante. «Je suis originaire d'Oran et mon grand-père s'appelle Djelloul», nous révèle-t-il fièrement. «Voici la belle histoire de la rencontre de mes parents» S'ouvrant au fil de la discussion, le jeune Mecherfi nous racontera même comment ses parents se sont rencontrés. «C'est une belle histoire. Mon père est tombé en panne en voiture dans le village d'Eelde, près de Bielefeld, et ne trouvant pas de mécanicien, il a demandé de l'aide à une jeune fille qui passait par là. Elle l'a mené vers l'endroit recherché et, pour la remercier, mon père l'a invité à prendre un café ensemble. J'imagine qu'elle lui a plu tout de suite. C'est comme ça qu'Habib et Anita se sont liés pour toujours», rigole-t-il, visiblement heureux de nous faire partager la romance de ses parents. «Ce n'est pas tous les jours que je reçois un journaliste algérien» Regrettant de ne pas avoir de drapeau algérien pour immortaliser le moment, Redouan Mecherfi a vite fait de nous montrer sur son I Phone une de ses photos préférées. «Je suis au milieu des deux drapeaux représentant mes deux pays. L'Algérie à ma droite et l'Allemagne à ma gauche. Je vais vous l'envoyer par e-mail si vous le voulez», nous dit-il tout heureux. L'interview qui devait durer le temps d'un dîner, s'est, par la suite, allongée de deux heures, sans qu'on ait eu à le ressentir. Et pour cause ! Le journaliste voulant fouiner un peu plus et le footballeur se découvrant avec un plaisir à chaque fois renouvelé. «Ce n'est pas tous les jours que je reçois un journaliste algérien», nous dit celui que la presse allemande a pourtant beaucoup de mal à aborder, tellement il parle peu aux journalistes. «Ils savent que l'Algérie, c'est très important pour moi » Après le repas, Mecherfi accepta de retarder son autre rendez-vous en appelant sa famille, pour s'offrir un peu plus à nos lecteurs. «Je leur ai expliqué que vous êtes venu d'Algérie juste pour me rencontrer. Ils savent que l'Algérie, c'est très important pour moi», nous dit-il avec le sourire. Le hasard a voulu qu'on se retrouve avec un autre compatriote résidant à Berlin qui eut l'amabilité de nous conduire vers l'édifice le plus visité de Berlin, “La Porte de Brandebourg”. C'est là que Redouan Mecherfi a posé devant notre objectif, avec le maillot des Verts. «C'est la première fois de ma vie que je le porte, et j'espère le refaire officiellement bientôt et pour très longtemps cette fois», nous confia-t-il l'air fier et les yeux rêveurs… Il a été international en U21 avec l'Allemagne et il veut jouer pour l'Algérie… «Je m'appelle Redouan Mecherfi et je veux jouer pour l'Algérie» D'abord, nous sommes honorés d'être les premiers à vous présenter au public algérien. Pourriez-vous nous retracer vos débuts de footballeur ? Merci à vous d'être venu jusqu'à Berlin pour moi. J'ai donc commencé à jouer au football très jeune, avant de signer au Tennis Borussia Berlin, dans la ville où je suis né. A l'âge de 15 ans, les recruteurs du Werder de Brême sont venus me superviser et ils m'ont dit que mon profil et mon style de jeu les intéressaient. Ils m'ont donc proposé d'aller à l'internat du club pour intégrer le centre de formation du Werder de Brême. C'est là que j'ai joué 3 ans avec l'équipe réserve. Il y avait quels joueurs connus avec vous à cette époque ? Aaron Hunt qui joue toujours au Werder (l'effectif du Werder de Brême renferme huit joueurs seulement formés au club sur un total de 46 footballeurs professionnels, ndlr). Par la suite, j'ai été retenu en équipe première en décrochant un contrat professionnel de 3 ans. Mon entraîneur à l'époque était Thomas Schaaf (l'entraîneur qui a gagné le doublé Coupe/Championnat d'Allemagne en 2004, ndlr). J'ai donc pu côtoyer de grands joueurs comme Diego et Johan Micoud. Mais d'un autre côté, c'était un peu difficile pour moi de m'imposer dans une telle équipe. Je n'avais alors que 18 ans. Je n'avais pas trop la possibilité de montrer mon football. Je n'avais joué que trois matchs en Bundesliga 1. Par la suite, j'ai décidé de me donner les moyens de pouvoir jouer plus en optant pour l'Alemannia Aachen (Aix-la-Chapelle, ndlr). J'ai joué 3 ans à Aachen avant de signer encore trois ans à l'Union de Berlin, dans ma ville natale. C'est quoi votre poste de formation ? J'ai été formé comme attaquant, mais j'ai aussi joué milieu droit. Et pourtant, aujourd'hui, vous jouez plutôt comme latéral droit. Pourquoi donc ? J'ai été reversé en latéral droit, après la blessure du titulaire au poste, lorsque je jouais à l'Alemannia Aachen, mon second club. Le coach n'avait pas d'autre solution et c'est là qu'il m'a dit : «Jérôme, je sais que tu peux assurer à ce poste !» Je lui ai dit OK, et j'ai réalisé un très bon match à ce poste, à mon grand étonnement. C'est là qu'on a découvert que je pouvais aussi jouer en défense. Je suis donc ce qu'on appelle un joueur polyvalent. On a entendu parler d'un problème que vous auriez eu avec votre coach actuel à l'Union Berlin. Qu'en est-il au juste ? Oui, j'ai eu une divergence d'opinions avec le coach sur un point de vue purement tactique. Il me faisait jouer comme défenseur essentiellement, alors que moi, je voulais plutôt jouer devant ou comme milieu droit. C'est là que j'aime évoluer le plus. C'est là que je me sens le plus à l'aise. Il n'était pas d'accord avec ce que je lu ai dit et il m'a dit qu'il avait plus besoin de moi, tant derrière que devant. Et c'est pour cette raison qu'il a décidé de me mettre à l'écart. Aujourd'hui, tout est rentré dans l'ordre, c'est ça ? Oui, ça s'est bien calmé depuis quelques jours. On s'est parlé longuement lui et moi. On a mangé ensemble et il m'a dit qu'il avait bien apprécié la manière avec laquelle j'avais réagi et qu'il a beaucoup aimé mon engagement aux entraînements. Il m'a aussi dit qu'il comptait sur moi pour aider l'équipe, désormais. Il a surtout dit qu'il est allé un peu trop loin avec vous et que vous lui avez prouvé votre professionnalisme et votre force mentale en bossant plus que les autres pendant toute cette période de mise à l'écart et qu'aujourd'hui, le temps est venu de vous réintégrer… Oui, c'est cela. Le plus important pour moi, c'était de ne jamais baisser les bras et de continuer à travailler de plus en plus dur, afin de lui montrer que je méritais bien d'être sur le terrain. Je ne suis pas du genre à m'avouer vaincu. J'ai une moitié de caractère qui est allemande, mais aussi l'autre qui est algérienne, ne l'oubliez pas ! (Il rigole). On a ça dans le sang. Vous vous entraîniez avec l'équipe réserve ? Non, pendant toute cette période, je suis resté avec l'équipe première. Pensez-vous retrouver votre niveau aussi facilement avec ce manque de compétition que vous accusez ? Ne vous inquiétez pas pour moi, je sais très bien que je vais reprendre ma place de titulaire. Déjà, le fait que le coach ait décidé de me prendre dans les 18 et me demander d'aller m'échauffer est une preuve qu'il me fait confiance. Sinon, il m'aurait laissé à la maison. Non, je sais ce que je fais et croyez-moi, je vais revenir très vite à mon niveau, car depuis ma mise à l'écart, je n'ai pas arrêté de bosser et je me sens déjà en très bonne forme. Le coach l'a d'ailleurs fait remarquer à la presse, comme vous venez de le souligner. Durant votre carrière, on sait que vous aviez joué pour l'équipe nationale allemande. Pourriez-vous nous en parler un peu ? Oui, j'ai joué avec la sélection d'Allemagne des U21. En fait, j'ai suivi un cheminement normal au sein de l'Equipe d'Allemagne. J'ai été retenu dans toutes les sélections des jeunes, jusqu'aux U21. Il y avait qui comme joueurs connus en sélection d'Allemagne ? Ashkan Dejagah (joueur de Wolfsburg, né à Téhéran. Il avait refusé de participer avec les Espoirs allemands en Israël invoquant des raisons très personnelles et rappelant qu'il était “à moitié Iranien”, ndlr), Jerôm Boateng, Kevin Boateng, Patrick Ebert et beaucoup de joueurs qui évoluent aujourd'hui soit en Bundesliga, en Serie A italienne ou dans d'autres championnats en Europe. Qu'est-ce que cela vous fait-il de ne pas être dans un grand club d'Europe comme eux, alors que vous aviez largement le niveau pour réussir ? C'est sûr que ça fait un peu mal, car je me dis que je suis un peu en retard par rapport à mes prévisions. J'estime que je dois encore bosser plus dur pour atteindre le niveau escompté. Mais je suis très conscient que je dois passer à une autre étape le plus tôt possible. Il me faut un peu de stabilité et beaucoup de concentration dans mon travail. En tout cas, je bosse pour cela tous les jours. Quel est votre rapport avec l'Algérie, vous qui avez joué pour la Mannshaft ? Mon père est algérien et ma mère est allemande. J'ai une grande famille en Algérie. Mes grands parents paternels ont eu sept garçons et sept filles ! C'est une équipe de foot (Il rigole). Mon père s'appelle Habib Mecherfi. On est originaire d'Oran. Je me sens à 100% algérien, comme vous. Polenz, c'est celui de votre mère, on suppose. Pourquoi Polenz et pas Mecherfi ? Tout simplement parce que mon frère aîné a pris le nom de ma mère à l'école et mon père ne voulait pas qu'on ait des noms différents au sein de l'administration allemande. Mais rassurez-vous, je n'ai aucun complexe avec mon nom Mecherfi. J'en suis même très fier. En fait, mon nom entier au sein de l'administration allemande, c'est Jérôme Redouan Polenz. Vous avez combien de frères et sœurs ? Deux, un frère et une sœur. Mon frère joue au football, mais juste en amateur. Comment voulez-vous qu'on vous appelle en Algérie, Redouan ou Jérôme ? En Algérie, je sais qu'on n'aime pas quand quelqu'un se fait appeler par un nom qui ne soit pas algérien. Alors, j'aimerais vraiment qu'on m'appelle Redouan. Cela me fera un retour aux sources. Allez, appelez-moi Redouan Mecherfi avec ou sans Polenz ! (Il sourit). Vous avez été en Algérie ? Oui, à deux reprises et j'en garde encore des souvenirs inoubliables dans le quartier de mon père. Je me rappelle avoir beaucoup joué au football avec les cousins et les amis du quartier. Mais ce que je retiens le plus, ce sont les belles plages des Andalouses et toute la côte de l'ouest. C'est vraiment magnifique ! A Oran, je me souviens qu'il y avait beaucoup de cafés à la française. J'ai gardé un souvenir en particulier, celui d'un mariage auquel on était invités dans ma famille. Je me rappelle surtout des plats qu'on nous avait servis. C'était vraiment impressionnant ! Beaucoup de fruits de mer et d'autres plats aussi grands que ça (il fait le signe en hauteur avec ses mains au-dessus de la table). Ici en Allemagne, on n'a pas autant de plats, ni autant de monde réuni lors des mariages. Vous parlez un peu en arabe ? Malheureusement, je ne garde que très peu de mots. Mais en Algérie, je peux toujours discuter avec les gens en français. Comment avez-vous appris le français ? A l'école. Je comprends très bien, mais je ne parle pas encore assez couramment. De toutes les façons, un joueur n'a pas besoin de trop parler. Il doit plutôt écouter les consignes du coach et jouer sur le terrain. (Il rigole). Aviez-vous eu des contacts avec la Fédération algérienne de football ? Non, pas encore, vous êtes mon premier contact avec le football en Algérie. Et si demain, après la parution de votre interview, l'entraîneur de l'Equipe d'Algérie ou le président de la Fédération vous sollicitait pour une sélection, quelle serait votre réponse ? Je leur répondrais avec plaisir. Je serais tout simplement fier d'aller jouer pour l'Algérie. Sans hésiter ? Non, je n'hésiterais pas un seul instant. J'irais jouer pour l'Algérie direct. Vous savez, certains vont se dire que si vous acceptez de jouer pour l'Algérie, c'est parce que vous n'avez pas pu jouer en sélection d'Allemagne. Qu'avez-vous à répondre à cela ? Vous savez, quand un jeune est né dans un pays et qu'il grandit dans la culture de ce pays, il ne sait pas forcément ce qui va lui arriver demain. Quand on m'a appelé pour jouer avec la sélection allemande, je ne me suis pas posé de questions. Je suis parti naturellement, pour améliorer mon football et me confronter au haut niveau international. Un gamin ne pense qu'au football. C'est juste valorisant d'être international de football. C'est vrai que j'aurais pu jouer pour l'Algérie avant, comme j'ai joué pour la sélection d'Allemagne, car je me suis toujours considéré comme allemand et algérien à la fois. Mais je n'ai jamais eu de contact avec le football algérien avant cette fois. Maintenant que vous me dites que j'ai la possibilité de jouer pour l'Algérie, je mesure encore plus la chance qui se présente devant moi et croyez-moi, ce sera avec une fierté totale que je répondrais à l'appel du pays, si bien sûr le sélectionneur décide de me faire appel. Vous allez faire plaisir à votre père et à toute la famille Mecherfi en Algérie… Comme j'ai eu la chance de faire plaisir à ma mère en jouant pour l'Allemagne, il est temps pour moi aujourd'hui de me faire plaisir à moi en tant qu'Algérien, mais aussi à mon père et à toute la famille Mecherfi en Algérie. Mais mis à part cela, je dois dire que c'est plutôt une vraie fierté de pouvoir honorer le maillot qui représente le peuple algérien. C'est cela le plus important à mes yeux, jouer pour le drapeau d'Algérie. Et croyez-moi, je ne le dis pas juste histoire de passer pour un beau parleur, je le dis très sincèrement. Si j'ai envie de jouer pour l'Algérie, c'est aussi pour me rapprocher de mon pays d'origine, découvrir ma culture algérienne que je n'ai pas eu la chance de connaître comme il se doit. Ce n'est pas de ma faute, vous savez. C'est le cas de tous les enfants binationaux. On grandit, on joue au football, pour le plaisir et un jour, on se rend compte que ça peut devenir très sérieux, car il faut choisir entre deux pays à un âge relativement jeune. Ce n'est pas facile, je vous assure. Que connaissez-vous du football algérien ? Je connais tous les joueurs qui évoluent en Allemagne, comme Matmour qui est très rapide et que j'ai croisé à plusieurs reprises, Anthar Yahia qui était à Bochum et qui est parti en Arabie Saoudite, Karim Ziani qui a joué à Wolfsburg et qui joue aujourd'hui au Qatar, Bellaïd qui joue avec Matmour à l'Eintracht Frankfurt, mais aussi ceux qui ont joué la dernière Coupe du monde, comme Belhadj que j'apprécie particulièrement. C'est un très bon joueur. Mais je connais surtout d'autres compatriotes comme Daniel Brükner qui était avec moi deux saisons au Werder de Brême et qui joue actuellement à Paderborn et Karim Benyamina avec qui j'ai joué une saison. On est de très bons amis et on s'appelle régulièrement. Daniel Brükner est disons désavantagé par rapport à vous du fait qu'il a presque la trentaine. Qu'en pensez-vous justement ? Ceux qui croient que Brükner est vieux se trompent beaucoup à son sujet. Daniel est un joueur très talentueux qui se donne à fond sur le terrain. Je le vois jouer régulièrement avec Paderborn et je peux vous assurer qu'il est au top physiquement. Je pense qu'on ne devrait pas voir l'âge d'un joueur, du moment qu'il est bon sur le terrain. Et lui, je vous assure qu'il peut rendre beaucoup de services à l'Equipe d'Algérie. Il réalise en plus un excellent début de saison avec Paderborn. Que vous a dit Benyamina au sujet de l'Equipe d'Algérie ? (Il rigole d'abord). Il m'a dit qu'à son arrivée en sélection d'Algérie, les autres joueurs lui ont demandé de leur chanter une chanson en guise de bizutage. Et qu'a-t-il chanté au juste ? Et il a chanté une chanson de rap en Allemand. (Il se marre franchement). Et vous, qu'allez-vous leur chanter, du raï d'Oran ? (Il rigole encore). Oui, c'est une bonne idée, ce sera du raï de cheb Khaled. Je l'écoute régulièrement. Ça devrait passer en principe (toujours en rire). On vous a vu tirer de loin des deux pieds et jouer aisément à gauche comme à droite, vous êtes droitier ou gaucher ? Je suis droitier à la base, mais j'ai beaucoup travaillé mon pied gauche pour arriver à tirer de loin avec. Vous aimeriez toujours jouer devant ? Oui, j'ai deux postes préférés : milieu droit ou gauche. Je suis de tempérament offensif, c'est naturel dans ma tête d'aller vers l'avant. J'ai joué en fait dans les couloirs. Que ce soit devant ou derrière, je peux tenir mon rôle. J'ai joué latéral droit et gauche et milieu droit et gauche aussi. Avez-vous suivi les matchs de l'Algérie lors de la dernière Coupe du monde ? Oui, bien évidemment. J'étais tendu comme tout le monde. Je voulais être sur le terrain et aider l'Equipe d'Algérie. Quand on a une famille de mordus des Verts comme la mienne, on ne peut pas résister à la tentation. Mais malheureusement, personne ne m'a sollicité pour cela, ni avant ni après. Mais il fallait aussi faire savoir que vous êtes algérien et sélectionnable. Pourquoi vous ne l'avez jamais dit ? Mais à qui voulez-vous que je dise que je suis algérien ? A qui ? Vous ne trouvez pas que ça ne se fait pas d'appeler le sélectionneur ou la fédération pour leur proposer mes services ? On me prendrait pour un fou, non ? Franchement, ce n'est pas à moi d'aller demander au coach de me convoquer. Ce n'est pas comme ça que ça se passe. Et les joueurs qui évoluent en Allemagne et qui savaient que vous étiez algériens, ne pouvaient-ils pas dire à la FAF qu'il existe un joueur algérien en Bundesliga qui a joué pour l'Allemagne en jeunes et qui désire jouer pour l'Algérie ? Non, ce n'est pas à eux de le faire. Personne n'est obligé de parler de moi au sélectionneur. C'est au coach d'appeler les joueurs, non l'inverse. Et puis, vous nous direz qu'il y a aussi cette fierté qui vous empêche d'être demandeur, non ? C'est sûr qu'il y a de la fierté. Mais franchement, je ne la mettrais pas en avant lorsqu'il s'agit de défendre les couleurs du pays. Je dis juste que ce n'est pas aux joueurs d'aller demander à être sélectionnés. Cela ne se fait pas. Il y a aussi Madouni qui joue avec vous à l'Union de Belin. On suppose que vous êtes proches l'un de l'autre, non ? Oui, Madouni est avec moi à l'Union Berlin. On parle beaucoup de l'Algérie entre Algériens. On parle surtout d'Oran, parce que lui aussi est Oranais comme moi. Qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter, avant de se quitter ? Un retour en force avec mon club afin que je puisse reprendre ma place de titulaire et puis après, un appel du sélectionneur ou du président de la fédération pour me dire de me préparer à venir honorer le maillot de l'Algérie. C'est très important pour moi de pouvoir jouer pour mon pays d'origine. J'espère enfin que je ne décevrai pas les supporteurs de l'Equipe d'Algérie lorsque j'aurais la chance de les représenter. J'ai encore quelques années devant moi et j'aimerais vraiment rattraper le temps perdu. Je suis vraiment impatient d'y être. Entretien réalisé à Berlin par Nacym Djender ------------------------------------------------------------------------------------------------------ Redouan Mecherfi-Polenz, le premier germano-algérien des Verts Si Halilhodzic venait à le sélectionner, l'histoire retiendra que Redouan Mecherfi-Polenz serait le premier footballeur binational à avoir évolué en sélection d'Allemagne, puis avec celle de l'Algérie. Au jour d'aujourd'hui, il n'y a eu chez les Verts que des joueurs ayant joué pour la France dans les jeunes catégories, à l'instar de Meghni, Yahia, Boudebouz, Bellaïd, Medjani et autres Abdoun. Les autres pays européens n'ont jamais concerné les internationaux algériens. Redouan Mecherfi-Polenz, sera-t-il donc le premier à ouvrir les frontières ? A V.H de nous le dire. 10