Ziani et Boudebouz de retour. Bouazza et Matmour restent. Bouchouk, la surprise du chef. Trente et un joueurs ont été convoqués par Vahid Halilhodzic pour le stage du 8 au 16 novembre qui sera ponctué par les deux matchs amicaux contre la Tunisie (le 12) et le Cameroun (le 15). En tête d'affiche, d'abord l'heureuse nouvelle de la venue officielle de Sofiane Feghouli, mais aussi celle du retour de Karim Ziani et Ryad Boudebouz. Le sélectionneur national apporte donc, à chaque fois, un lot de surprises en retenant d'improbables éléments et en écartant des cadres bien confirmés. Cette fois encore, V. H. a faussé les pronostics en faisant appel à des novices que nul ne pouvait imaginer, pas même l'intéressé, à l'image de Bouchouk Saïd du CA Batna. Un joueur qui, la saison dernière, rêvait d'intégrer une équipe de Ligue 2 en Algérie et qui se voit propulser international A par une grâce divine qu'il ne réclamait peut-être même pas dans ses rêves les plus fous. Avec Vahid Halilhodzic aux commandes, l'espoir renaît pour le joueur local lambda, tout comme il devient très improbable pour les cadres de jadis d'être assurés de figurer au prochain stage. La révolution tant attendue est bien en marche. -------- Bouchouk repéré par l'œil «neutre» de V. H. face à l'USMA Avec Saâdane ou Benchikha, on n'aurait pas parié un dourou sur sa présence chez les Verts. Mais Saïd Bouchouk a bénéficié de l'œil «neutre» du sélectionneur étranger de l'EN. Il est clair que V. H. n'a pas été influencé dans sa sélection. Il l'a juste repéré quand il avait vu le match USMA-CAB à Bologhine. Ce jour-là, Bouchouk avait fait bouger tout le flanc droit de l'attaque batnéenne. Etant quasiment inconnu en Algérie, Bouchouk n'avait pas «rempli les yeux», comme on dit communément chez nous. Il ne fallait surtout pas connaître son itinéraire pour suivre ses mouvements. Car à lire le début de son parcours dans le football, on s'y détournerait dès la première ligne. Natif d'El Eulma, cet ailier de poche peu gâté physiquement par la nature (1,68 m tout au plus) a fait ses classes au FC Bir El Arch, du côté de Sétif où il a joué cinq ans dans l'équipe première. Vif et rapide, Bouchouk croit en son étoile et décide d'aller faire des tests à… 24 ans au CA Batna qui visait l'accession en Ligue 2 la saison passée. C'est là qu'il a eu sa première chance, en tombant sur Rachid Bouarrata qui le prit dans son effectif. Il y réalisera une saison pleine avec 12 buts marqués (8 en championnat, 3 en Coupe d'Algérie et 1 en Coupe de la CAF). Avec Ameur Djamil, qui lui a demandé de jouer plus en remiseur, Saïd Bouchouk est plutôt muet cette saison (0 but). Arrivant de nulle part à 25 ans (il les aura en décembre), «l'intrus» des Verts confirme que le joueur local a besoin juste d'un peu de considération et d'un regard sans préjugé. Mais la partie n'est pas encore gagnée. «J'attendais une convocation chez les A', mon bonheur est immense» On laisse entendre qu'un superviseur de l'EN a été dépêché à plusieurs reprises à Batna, pour vous voir en championnat, le saviez-vous ? Je savais qu'un certain Belhadji venait à Batna, mais je pensais que c'était à chaque fois pour Benamara. Par la suite, Bouarara m'a informé de la venue du même superviseur au profit de l'EN. Il m'a expliqué qu'il se déplaçait pour Benamara et moi-même. Mais, on en est resté là. Mardi dernier a été une journée assez particulière pour vous, n'est-ce pas ? J'ai reçu des coups de fil de la part de certains de vos confrères, à un moment donné. Au début, j'étais encore incrédule parce que je n'avais pas reçu de confirmation. Mais, au fil des heures, les appels ont continué. Je me suis mis à l'évidence. Avez-vous appris la nouvelle à votre père ? Bien sûr, les premières personnes à qui j'ai téléphoné, ce sont bien évidemment mes parents. Mon père m'a félicité. J'avoue qu'il ne s'attendait pas à ce que je sois convoqué en EN A. C'était un ancien footballeur, n'est-ce pas ? C'est exact, il a joué au foot, il m'a toujours encouragé à aller de l'avant. Il connaît assez bien ma valeur. Il a été fier de moi quand je lui ai appris que je suis sur la liste des joueurs convoqués en équipe nationale A. Voulez-vous vous présenter aux supporters de l'EN qui ne vous connaissent pas encore ? Je me prénomme Saïd, je suis né en 1986 à El Eulma. J'ai fait mes classes au FC Bir El Arch (actuellement en Interligues, ndlr). Je profite de l'occasion qui m'est offerte pour saluer tous les habitants de Bir El Arch. C'est un honneur pour moi de porter le maillot de l'équipe nationale et c'est une fierté pour toute la localité de Bir El Arch. Et comment s'est fait votre passage au CAB ? J'ai fait toutes mes classes au FC Bir El Arch. J'ai porté le maillot de l'équipe seniors durant cinq années. L'été 2010, je reçois un coup de fil de Rachid Bouarata, il était à la tête du CAB et il s'occupait personnellement du recrutement. Il m'avait demandé de venir faire des essais, durant quelques jours. Je n'ai pas refusé, bien évidemment. Je connaissais la réputation de cet entraîneur. La suite, c'est un contrat jusqu'en 2014 avec le CAB et des contacts sérieux à la fin de la saison avec l'ESS… Oui, j'ai signé un contrat qui expire en 2014, avec le CAB. Cet été, l'ESS, par le biais d'un manager (Rachid Redjradj), a voulu me recruter. Le CAB a mis la barre très haut et les contacts ont été rompus. La saison 2011 a été prolifique, n'est-ce pas ? J'ai marqué 12 buts. 8 en championnat, 3 en Coupe d'Algérie et 1 en Coupe de la CAF (le CAB avait participé à la Coupe de la CAF. Elle s'est fait éliminer par l'équipe de Benghazi aux tirs au but, au 2e tour, ndlr) Un mot pour conclure… Je dis à mes coéquipiers au CAB et à tous les jeunes qu'il faut y croire. Halilhodzic est en train de donner leur chance à tous les joueurs, sans faire aucune différence. On doit tous travailler. Parce qu'il est possible d'y arriver ---------- Ziani : «Je ne suis pas surpris» Réagissant à sa convocation pour le prochain stage des Verts, du 8 au 15 novembre prochains, Karim Ziani s'est dit très heureux de ce retour, mais pas du tout surpris, car convaincu qu'il avait encore «les ressources» pour apporter un plus au groupe. «Je ne suis sincèrement pas surpris de ce retour, car mon absence au match face à la Centrafrique est due à une blessure dont je souffrais à ce moment-là», a-t-il assuré et d'ajouter : «Je suis sincèrement surpris par la polémique qui a suivi ma non- convocation. Il faudrait que les gens laissent travailler le sélectionneur dans la sérénité. Notre devoir est de l'aider dans sa tâche compte tenu du fait qu'il est nouveau il a besoin d'apporter sa touche.»
«Aucun joueur n'est sûr d'être sélectionné à l'avance» Karim Ziani semble avoir géré sa non- convocation pour la RCA avec démagogie : «Aucun joueur n'est sûr d'être appelé à l'avance. Cela ne concerne pas seulement Karim Ziani. Le coach a été clair à ce sujet. Il prendra les mieux préparés. Je crois que tout le monde était d'accord sur ce principe dès le départ. Il ne sert donc à rien de spéculer.»
«Je n'ai jamais douté» Convaincu de pouvoir encore rendre service à la sélection, Karim Ziani a déclaré à notre confrère El Heddaf qu'il n'a jamais douté : «Je n'ai pas déprimé après ma non-convocation pour la RCA. J'ai compris à ce moment-là que le coach avait des choix à faire. Etant donné que j'étais blessé, j'ai compris immédiatement ses choix et l'ai accepté. J'ai compris que c'était à moi de faire en sorte de retrouver la sélection. J'ai redoublé d'efforts. Je suis resté souvent faire des séances en solo. J'avais envie de retrouver mon niveau, car j'étais conscient que ce n'est que comme ça que je pouvais être rappelé.»
«Nous sommes tous égaux, aucun de nous ne joue au Barça…» Etant certain de son retour en sélection, Ziani a assuré que «seule la forme du moment pouvais décider de la sélection d'untel ou untel autre. Nous sommes tous égaux, aucun de nous ne joue quand même au Barça…», a-t-il asséné. Pas faux !
«Le match du RCA ne doit pas être une référence» L'enthousiasme né de la victoire de l'EN face à la RCA (2-0) ne semble pas être partagé par Karim Ziani qui estime que la sélection «doit se juger face à des adversaires d'un niveau plus relevé. Avec tous mes respects à la République centrafrique, ce n'est plus cet adversaire respectable que nous avons affronté à l'aller», a-t-il estimé. Ce qui n'est pas faux non plus… ----------- Ziani-Boudebouz, même destin Ils sont tous les deux arrivés très jeunes chez les Verts, alors qu'ils étaient au FC Sochaux. Ziani et Boudebouz sont adulés par les supporteurs algériens et ont, tous deux, été écartés par V. H., chacun pour des raisons propres. Et les revoilà de retour tous les deux, eux que les observateurs pensent être faits pour évoluer dans des systèmes différents. Meneurs dans l'âme, l'un comme l'autre sont appelés à jouer le même rôle chez les Verts, même si en Coupe du monde, Saâdane a pu les aligner ensemble avec assez de réussite dans la circulation du ballon, mais sans grande efficacité en attaque. Les mettre ensemble signifie la suppression d'un attaquant. Ce que V. H. ne veut plus voir dans son équipe. Lors des deux matchs amicaux à venir, Halilhodzic a sans doute une idée précise pour chacun d'eux. C'est à partir de cela qu'il sera fixé sur l'efficacité de Boudebouz et Ziani. Ce qu'il n'aimerait surtout pas revoir chez eux, c'est cette conservation inutile du ballon qui réduit à moitié l'envie de les revoir sur le terrain.
------------ Allô Abdoun, toujours rien ? Le téléphone ne sonne plus chez Abdoun et la FAF continue à lui tourner le dos, de manière mystérieuse, lui préférant d'autres noms à son poste, quitte à faire appel à des inconnus comme Bouchouk. Djamel Abdoun va donc pester seul dans son coin, ne sachant pas au juste pourquoi on ne l'appelle pas encore cette fois. «Je n'ai de problème avec personne en sélection d'Algérie», a clamé de son côté le meilleur passeur de la saison passée en championnat grec. Même s'il a bien avancé physiquement en jouant titulaire pour la première fois avec l'Olympiacos, V. H. n'est toujours pas chaud pour le rappeler. «Je continue à le suivre comme tout le monde et on verra bien comment ça va se passer quand il sera prêt à 100 % physiquement et qu'il joue régulièrement avec son club», s'est justifié de son côté Halilhodzic pour expliquer sa mise à l'écart. Ceux qui ont suivi l'affaire depuis le début pensent qu'il y a anguille sous roche dans cette affaire, car Matmour et Bouazza ne jouent pas souvent eux non plus... Mais d'autres cas plus graves, plus compliqués comme Ghilas, Boudebouz, Bouazza et autres Belhadj peuvent contredire cette thèse.