«Chaouchi est le n°1 en Algérie, voire en Afrique» «J'ai pris la décision de démissionner du staff technique de l'EN militaire» «Les méthodes de Aït Djoudi et de Saïb ont été derrière mon départ» C'est dans la matinée de mardi dernier que nous nous sommes rendu à Tizi Ouzou où nous avions rendez-vous avec l'ancien joueur et actuel entraîneur des gardiens de but de la JSK, Lyès Izri. C'est dans son bureau que l'entraîneur de la sélection militaire nous a reçus afin de parler de sa carrière footballistique, sachant qu'il a porté les couleurs de plus de 7 formations différentes, dont la JSK, l'US Chaoui et la JSMB avec laquelle il a connu l'accession. Izri nous a aussi parlé de son expérience avec la sélection militaire avec laquelle il a été sacré champion du monde aux derniers Jeux mondiaux au Brésil. Izri a accordé l'exclusivité au Buteur en s'exprimant pour la première sur la relation d'amitié qu'il entretenait avec Maâtoub Lounès et ce qui a été dit entre eux lorsqu'il a quitté la JSK pour jouer à l'US Chaouia, en 1994. Il ne manquera pas aussi de parler de Mourad Karouf avec lequel il a passsé de bons moments à la JS Kabylie et à l'US Chaoui. Appréciez. Tout d'abord, merci d'avoir accepté de nous accorder cette interview… Tout le plaisir est pour moi. Je vous souhaite la bienvenue. Racontez-nous d'abord vos débuts dans le monde du football… Ma carrière a débuté à la JSK, lors de la saison 1980-1981. A l'époque, j'étais dans l'équipe du sport scolaire Mouloud-Feraoun. On avait joué un match contre les polyvalents composés de plusieurs joueurs de la JSK. C'est Salah Youcefi, qui était entraîneur des juniors à la JSK, qui m'a sélectionné. J'avais à l'époque 13 ans et j'étais en minimes. Votre première convocation chez les seniors, c'était quand ? C'était lors de notre déplacement à Relizane sous l'ère Khalef et Ziwotko. On m'avait convoqué pour ce match afin de remplacer Fetal. J'étais à l'époque juniors international. Votre première titularisation ? C'était face au CAB sous l'ère Hamid Zouba dans les années 90. On avait perdu sur le score de 1 but à 0. C'est d'ailleurs à partir de là que ma carrière a commencé. Qu'est-ce qui vous a le plus marqué lors de votre cycle de formation à la JSK ? Ce que je garde en mémoire, c'est la rigueur dans le travail et la discipline qu'on nous a inculqués. Il y avait Hamid Smaïl, Moh Younsi et Salah Youcefi qui nous ont donné la chance de progresser. Sans oublier bien évidement le grand Mahieddine Khalef qui était très autoritaire. Personne ne bougeait avec lui. Pourquoi avez-vous quitté la JSK ? Mon départ de la JSK était dû à la blessure que j'avais contractée au niveau du dos. Je me suis fait opérer de l'hernie discale. La JSK avait décidé de recruter un autre gardien. Après 9 ans à la JSK, j'étais parti à Bordj Menaïel. Racontez-nous votre retour à la JSK ? Je suis revenu deux fois. Mon premier retour a eu lieu 3 ans après avoir quitté Bordj Menaïel. J'avais remporté cette saison-là ma première Coupe d'Algérie. Mon second retour à la JSK fut vers la fin des années 90. En 1994, vous avez décidé de quitter une nouvelle fois la JSK pour aller à l'US Chaoui. Expliquez-nous ce choix ? J'étais parti en compagnie de Karouf et Doudène, et nous avions remporté la Supercoupe d'Algérie. C'est Boumaârafi qui nous avait contactés à l'époque. Quel était le montant de votre prime de signature à l'US Chouia ? Elle était de 60 millions (sourire). C'est bien évidemment une somme très loin de ce que touche aujourd'hui un joueur professionnel de notre championnat. On avait dit à l'époque que c'est Maâtoub Lounès qui était derrière votre départ de la JSK vers l'US Chaouia. Vrai ou faux ? C'est complètement faux. D'ailleurs, je ne sais même pas pourquoi on a raconté ça. A ce propos, je vais vous dire un truc que je n'ai jamais déclaré par le passé dans les médias. Lorsque je voulais partir à l'US Chaouia, Maâtoub m'avait dit : «Ecoute Lyès, je ne vais pas te retenir contre ton propre gré. Si tu pars pour gagner en temps de jeu, vas-y et je te souhaite bon courage.» Mais ce qui m'a marqué tout comme Karouf, c'est l'appel téléphonique de Maâtoub lorsqu'on était en stage en Tunisie. Que vous a-t-il dit ? Il nous avait appelés à 1h du matin. Il nous a lancé une phrase qui est restée gravée à jamais dans mon esprit : «Même si vous jouez aujourd'hui à l'US Chaouia, n'oubliez jamais que vous êtes Kabyles !» Vous étiez très proches, apparemment… Oui, Mourad Karouf est là pour en témoigner. On était vraiment des amis très proches, au point où il nous a rendu visite lors de notre stage en Tunisie avec l'US Chaoui. Il m'a même demandé si je n'avais pas de souci d'argent. Il nous a donné 300 francs chacun, Karouf, Doudène et moi. Racontez-nous la fin de votre carrière footballistique ? Après l'US Chaouia, j'ai réalisé l'accession avec la JSMB. Je suis revenu une dernière fois à la JSK, avant de repartir une année plus tard, car je voulais être sur le terrain. J'ai joué par la suite un peu partout, Tlidjene, la JS Jijel, le MC Bouira, avant de mettre fin à ma carrière. Comment vous est venue l'idée de tenter une nouvelle expérience en tant qu'entraîneur ? C'était à l'époque de Guidoum. Il a voulu régulariser l'ensemble des ex-internationaux. J'ai alors passé mon diplôme de 1er degré à Aïn Benian. J'ai débuté ma mission avec Chay en entraînant les gardiens de la JSK. J'ai quitté par la suite le staff technique avant de revenir sous l'ère Mouassa. La méthode Saïb et Aït Djoudi m'a poussée à quitter la JSK, car beaucoup de choses ne me plaisaient pas au niveau du staff. Je ne pouvais accepter le fait de ne pas effectuer le déplacement avec l'équipe en championnat. Comment avez-vous atterri dans le staff technique de la sélection militaire ? J'avais déposé ma candidature au même titre que Kaci-Saïd et Boutadjine. J'ai été retenu par le commandant Schnider. Nous avons fait un excellent travail en Coupe d'Afrique, en Ouganda. Toutefois, mon plus beau souvenir est la médaille d'or remportée au Brésil. Nous avons fait un excellent travail. Je tiens à rendre un grand hommage à Boutadjine, c'est grâce à lui que nous avons battu le Brésil en demi-finale. Je salue Kaci- Saïd qui a lui aussi un grand mérite dans ces résultats, car son travail a porté ses fruits. Votre avenir en sélection ? J'ai pris la décision de démissionner, car je ne peux plus assurer cette double fonction. J'occupe un poste permanent à la JSK et je n'ai presque plus le temps de me rendre à Alger. Toutefois, je dois en discuter avec le général, par correction. En tant que technicien, quel est à votre avis le gardien modèle en Algérie ? En matière d'assiduité et de sérieux dans le travail, je dirai Gaouaoui. C'est vraiment le profil idéal d'un joueur professionnel. C'est vraiment une référence. Il ne s'est jamais bagarré avec un joueur. Le gardien le plus talentueux ? Incontestablement Chaouchi. C'est un gardien qui peut faire des gestes incroyables. Il a le niveau technique et mental pour ça. Pour moi, c'est le n°1 en Algérie voire en Afrique. Maintenant, pourquoi il n'est pas sélectionné, tout le monde connaît les raisons. D'après vous, pourquoi Chaouchi est-il toujours confronté à des problèmes en championnat local ? Je dirai qu'il n'est pas le seul responsable de cette situation. J'estime que du côté de la Fédération et des médias, on ne l'a pas vraiment aidé. Je connais très bien Chaouchi, car je l'ai eu sous ma coupe pour la première fois lorsqu'il était venu à la JSK. Le problème de Chaouchi réside au niveau mental. Ce gardien a connu très vite le haut niveau et la célébrité. Or, au cours de sa formation, un joueur doit accéder par étape. Mais je pense qu'on ne doit pas être ingrat envers lui, car ce qu'il a fait à Oumderman est vraiment immense. Quel conseil donneriez-vous à Chaouchi ? Je lui conseille de se maîtriser à l'avenir, car plus on grandit, plus on devient calme et mûr. Il doit se comporter de la même manière qu'à Tizi lorsqu'on l'a insulté et qu'il n'a pas dit un mot. Chaouchi n'est pas mauvais, mais il s'emporte parfois au moment où il ne faut pas. On doit l'aider car c'est un gâchis pour la sélection s'il ne retrouve pas sa place chez les A. Il peut apporter beaucoup et encore progresser. Que pensez-vous de Asselah ? Tout simplement, Asselah m'impressionne à l'entraînement. Il affiche une forme épatante, mais j'ai l'impression que le jour du match, il manque de confiance en soi. Il pourrait être très efficace avec une meilleure concentration. Certains vous accusent d'être la cause du départ de Berrefane de la JSK ? C'est complètement faux. Je laisse le soin à Berrefane de démentir cela. J'ai été le premier à l'avoir aidé à la JSK. J'ai tout fait pour qu'il soit sélectionné en EN militaire. C'est grâce à moi qu'il a joué les Jeux mondiaux. Je l'ai motivé lorsqu'il a encaissé 14 buts en championnat. J'ai toujours été à ses côtés. C'est vous dire que j'ai toujours eu de bonnes relations avec Mourad, mais il est parti afin de gagner du temps de jeu ailleurs. Sentez-vous la nécessité de recruter un 3e gardien ? Oui, mais on doit trouver un gardien qui peut concurrencer Asselah et Mazari, car au niveau des jeunes, on n'en a pas. Quel est votre point de vue sur la mentalité du joueur algérien aujourd'hui ? La mentalité a beaucoup changé. Au temps de Mahieddine Khalef, on n'osait même pas parler devant lui. Etant juniors, j'avais honte de me changer dans les vestiaires des seniors. Aujourd'hui, c'est différent. Les jeunes veulent un bon salaire, de belles voitures, deux ou trois téléphones portables et surtout qu'on parle d'eux dans les journaux. Pour le foot, ils laissent Messi assurer le spectacle à la télé.