Il a été l'invité de l'émission de Berbère TV, Addal + avant-hier Les mauvais résultats qu'a enregistrés le club le plus titré d'Algérie, la JSK, n'a pas laissé indifférents les anciens joueurs qui ont tenu à exprimer leur inquiétude concernant l'avenir du club. L'ancien capitaine des Canaris dans les années 70, Miloud Iboud en l'occurrence, qui a été avant-hier l'invité de l'émission sportive hebdomadaire de Berbère TV, a tenu à dire tout le malaise qu'il ressent par rapport à la situation actuelle que vit son club de toujours. Outre les raisons invoquées par les dirigeants, à savoir la fatigue engendrée par la dernière participation à la CAF, Iboud a tenu à ajouter : «Je sais qu'ils ont parlé de la fatigue engendrée par la participation à la CAF, laquelle compétition a été suivie par le championnat national. Pour ma part, je vous dis aussi que l'instabilité au niveau du staff technique et des joueurs qui composent l'ossature qui change à chaque fois n'arrange personne et les résultats ne peuvent qu'être médiocres. Un entraîneur ne peut être évalué après cinq rencontres.»
«Au risque de heurter certaines sensibilités, il y a des entraîneurs qui sont comme des hirondelles et ce sont les clubs qui paient les pots cassés» Et d'ajouter : «Même s'ils sont nombreux ceux qui ne sont pas d'accord avec la valse des entraîneurs, et au risque de heurter certains d'entre eux, je suis persuadé que plusieurs trouvent leurs comptes dans les départs répétés de la barre technique des clubs, en empochant de l'argent à droite et à gauche. Finalement, seuls les clubs paient les pots cassés. Cela sans vous citer toutes les retombées sur le plan de la gestion de l'effectif où chaque entraîneur arrive avec sa nouvelle méthode de travail», a précisé Iboud. «15 ans avec le Jumbo-Jet, le même effectif ainsi que la direction du club» Pour étayer ses propos et mettre en évidence les points forts de la JSK de son époque, Iboud a ajouté : «L'instabilité est pénalisante et la JSK est la mieux placée pour le démontrer. Jadis, la formation kabyle donnait l'exemple aux clubs algériens en matière de stabilité. En 15 ans passés avec le Jumbo-Jet, la JSK a évolué avec le même effectif, l'encadrement et les dirigeants. C'est l'une des raisons qui ont fait de la JSK un rouleau compresseur. Tous les clubs ne cherchaient qu'à nous battre et partir en vacances. C'est toute cette histoire qu'il faudra enseigner aux jeunes d'aujourd'hui. Je vous assure qu'il est honteux de constater qu'aucun joueur, excepté peut être quelques- uns, ne connaît la glorieuse histoire de la JSK, un club symbole de la Kabylie.» «Aucun joueur ne peut imposer sa loi, nul n'est indispensable à la JSK» Contestant certains comportements de joueurs, Iboud dira : «On ne doit plus tolérer les comportements de certains joueurs qui nuisent à la sérénité du groupe en général. Aucun joueur, peu importe son statut dans l'équipe ou bien même son salaire, n'est indispensable. Que de fois la JSK a joué sans ses joueurs clés et remportait des titres.» «Les joueurs d'aujourd'hui ont le droit d'exiger d'être payés, mais ils doivent procurer de la joie à ceux qui aiment ce club» Poursuivant son intervention, Iboud évoquera même les salaires que perçoivent les joueurs actuels, que ce soit à la JSK ou dans d'autres clubs, en déclarant : «Je sais que nul ne peut reprocher aux joueurs le droit de toucher de l'argent et de penser à leur avenir. Ils ont entièrement raison de songer à l'après-football. L'argent n'est pas ce qui manque, contrairement à notre époque. Seulement, cet argent, il faut le mériter sur le terrain en offrant au public et tous ceux qui viennent au stade d'être satisfaits du spectacle présenté.» «La JSK se préparait à Font-Romeu où seules les équipes nationales de France de football et de rugby entraient en stage» Se rappelant de l'époque où il était le capitaine d'équipe pendant plusieurs années, Iboud dira que la JSK se préparait dans les plus grands centre de préparation de France où seules les deux équipes nationales de rugby et de football étaient autorisées à se préparer : «Ce n'est pas par chance que la JSK était qualifiée de rouleau compresseur. Vous savez, on se préparait dans l'un des plus performants centres de préparation à Font-Romeu où seules les équipes nationales de rugby et de football de France étaient autorisées à travailler. Nous avons joué dans tous les stades de France et participé à des tournois de haut niveau», a tenu à rappeler Iboud. «La JSK est trop grande pour certains joueurs» Invité à livrer son point de vue sur la qualité de l'effectif actuel de la JSK, l'ex-capitaine de la formation du Djurdjura n'est pas hésité à dire que pour certains joueurs, la JSK est trop grande pour eux. Autrement dit, ils n'ont pas le niveau requis pour jouer à la JSK : «Le club a recruté cette saison onze joueurs, je vous assure qu'il y en a certains qui n'ont pas le niveau leur permettant de porter le maillot des Canaris. Je ne comprends pas pourquoi on a procédé à la libération de ceux qui étaient déjà là l'année dernière pour en recruter d'autres d'un niveau similaire, voire inférieur, avec tous les frais qui en découlent en matière de prise en charge. Il aurait été préférable de garder le même groupe, quand on sait l'importance de la stabilité dans la réalisation de résultats probants.» «Ighil est un homme de métier, il est d'une forte personnalité, je suis même convaincu qu'il se donne avec beaucoup de cœur» Concernant l'entraîneur en chef, Ighil, qui dirige la JSK depuis quelques semaines, Iboud a tenu à dire : «Ighil est quelqu'un que je connais très bien c'est même une personne proche pour laquelle j'ai beaucoup de respect. Je suis même convaincu qu'il est l'homme qu'il faut à la barre technique d'un club comme la JSK, au vu de son passé, lui qui est un homme de métier qui maîtrise très bien son sujet. Il a une forte personnalité et est fort de caractère. Il n'y a pas de raison pour qu'il ne réussisse pas, à condition seulement qu'on le laisse travailler. Je suis persuadé qu'il se donne avec beaucoup de cœur. Je tiens aussi à ajouter que la discipline de fer qu'il veut imposer le conduira assurément vers la sortie de crise et le retour de l'équipe à la normale.» «Ighil avait toujours rêvé de porter le maillot de la JSK, il fera tout pour réussir un bon parcours en tant que coach» Toujours dans le même contexte, Iboud a ajouté : «Pour ceux qui ne le savent pas encore parmi les fans de la JSK d'aujourd'hui, l'actuel entraîneur Ighil, en plus d'être originaire de la Kabylie, éprouve un énorme respect pour la JSK. Dans les années 76, si ma mémoire ne me fait pas défaut, il rêvait de porter le maillot kabyle, n'était le refus de son défunt président. Maintenant, qu'on le laisse travailler dans la sérénité en lui accordant suffisamment de temps pour pouvoir cerner tout, mais surtout ne pas lui réserver le même sort que celui qu'ont connu ses prédécesseurs.» «Il a hérité d'une situation complexe et il trouvera les solutions, pourvu qu'on ne lui réserve pas le même sort que ses prédécesseurs» Pour ce qui est des résultats peu reluisants que continue de réaliser l'équipe, même depuis qu'Ighil a pris les commandes techniques de la JSK en succession à l'ex-international Saïb, Iboud enchaîne : «Je sais qu'il n'est pas facile pour Meziane de réaliser d'un coup ce dont tout le monde, supporters, dirigeants et tous ceux qui aiment la JSK souhaitent. Il a hérité d'une situation complexe : la fatigue, les blessures à répétition avec pas moins de 12 joueurs blessés, et j'en passe. Cependant, je reste convaincu qu'avec tout le bagage qu'il a, Ighil trouvera bien les solutions idoines pour faire sortir le club de cette crise de résultats qu'il vit depuis le début du championnat.»
«Loin de moi de dire que la JSK a perdu son standing, mais elle ne fait plus peur» «Je ne me permettrai jamais de dire que la JSK a perdu son standing. Néanmoins, je dirais qu'elle ne fait plus peur. Les équipes qui arrivaient à peine à nous résister lors de la phase aller finissaient toutes par lâcher lors de la phase retour. Le temps où battre la JSK constituait pour un bon nombre de clubs du pays une référence est révolu.» «Les supporters rempliront le stade lorsque les résultats suivront» A propos de la faible affluence qu'enregistre le stade de Tizi depuis longtemps, excepté lors de la rencontre face à l'USMH où l'on a enregistré un retour relatif, Iboud livre son point de vue : «Le stade de Tizi Ouzou est d'une capacité de 10 000 places et l'on n'arrive même pas à le remplir. C'est inquiétant. Il fut un temps où le temple du 5- juillet affichait complet à dix heures du matin. Je me rappelle que nous les joueurs offrions de l'eau aux supporters. Je vous assure que j'ai la chair de poule lorsque je me rappelle de ces moments que je ne pourrai oublier.» «Aucun entraîneur ni même les joueurs ne souhaitent évoluer devant des gradins vides» Commentant le manque d'engouement du public ces derniers temps, Iboud fera remarquer : «En tant qu'ancien joueur et dirigeant, je vous assure qu'aucun entraîneur au monde ni les joueurs ne se sentent au mieux de leur état de forme en évoluant dans un stade vide. Les supporters de la JSK reviendront au stade, après la réalisation de bons résultats», a tenu à nous confier Iboud. «C'est la JSK qui a fait les hommes, personne n'a le droit d'abandonner ce très grand club» Evoquant la situation que traverse le club, Iboud estime que la JSK est le club qui a fait de ses enfants des hommes et personne n'a le droit de l'abandonner dans les moments difficiles : «Je vous parle en tant qu'enfant de ce club. Je confirme que c'est grâce à la JSK que je suis devenu, si vous voulez, célèbre et que j'ai fait le tour du monde. C'est la JSK qui a bercé notre enfance, c'est la JSK aussi qui nous a formés, alors personne n'a le droit de dire le contraire. Aujourd'hui, le club a besoin de tous ses enfants», a tenu à ajouter l'ex- capitaine Iboud. «On m'empêche de servir la JSK, j'ai même failli mourir sans pouvoir rendre le centième de ce que le club nous a donné» Les larmes aux yeux, l'ex-capitaine de la JSK répondait à la question de savoir pourquoi il ne fait pas partie des dirigeants de ce club : «Ce que je n'ai jamais compris, c'est pourquoi tous les autres anciens joueurs même les plus jeunes d'entre eux se sont vu confier des missions à la JSK, non pas Miloud Iboud. J'ai toujours voulu servir ce club, ne serait-ce que pour montrer ma reconnaissance pour ce que ce club a fait pour nous. Mais on m'en a empêché. D'ailleurs, j'ai même failli mourir sans pour autant que cette chance de servir mon club de toujours me soit accordée, c'est dommage», regrette-t-il amèrement. «On ne doit pas oublier tous les supporters qui sont morts pour la JSK» Appelant tout un chacun à s'entourer autour du club, Iboud fera remarquer : «La JSK ne date pas de cette année, c'est un club qui a beaucoup donné à ses enfants et qui a remporté plusieurs titres faisant de ce club le plus titré du pays. Ses supporters suivaient le club partout en Algérie, plusieurs d'entre eux ont trouvé la mort, d'autres ont abandonné leur foyer pour l'amour de ce club. Aujourd'hui, personne n'a le droit d'oublier les sacrifices consentis pour ce grand club», a indiqué Iboud. «Il faut aller vers les investisseurs et se demander pourquoi ils ne veulent pas investir» Répondant à une autre question de notre confrère de Berbère TV à propos du manque d'intérêt affiché par les investisseurs, malgré les incessants appels du président Hannachi, Iboud dira : «Ce n'est pas normal que les investisseurs ne soient pas emballés par l'idée d'apporter leur soutien financier à ce club lequel, avant qu'ils ne deviennent des patrons, a bercé leur enfance. Aujourd'hui je propose d'aller vers eux et leur demander les raisons qui font qu'ils ne veulent pas investir dans ce club.» «À tous les Kabyles là où ils se trouvent, je leur dis de ne pas laisser ce club porte-flambeau tomber» En conclusion, l'ex-capitaine de la JSK a tenu à appeler les supporters de la JSK à se réunir autour du club : «J'appelle tous les Kabyles, là où ils sont en Algérie ou à l'étranger, à s'entourer autour de la JSK et ne jamais laisser tomber ce club porte-flambeau de la Kabylie.»