«Les locaux sont pétris de qualités, mais ils sont à 20 % sur le plan physique.» «Ceux qui n'ont pas joué le dernier match seront alignés face à la Tunisie.» Le sélectionneur Vahid Halilhodzic a animé, hier, une conférence de presse au centre de presse du stade du 5-Juillet, en prévision des deux matches amicaux qui auront lieu samedi et mardi, contre respectivement la Tunisie et le Cameroun. Des matches qui lui serviront à faire une large revue d'effectif, afin d'arrêter un groupe restreint et stable qui sera amené à disputer les éliminatoires de la CAN-2013 et le Mondial-2014, ce qui explique leur importance à ses yeux, surtout qu'il a remarqué une nette amélioration dans le groupe en l'espace de quatre mois. «Entre le match face à la Tanzanie et celui contre la République centrafricaine, ça n'a rien à voir. Lors du dernier match, on a remarqué que ça remonte avec le ballon. On avait une équipe tournée vers l'attaque, cohérente, avec quelques actions offensives de haut niveau, comme celle qui a ramené le deuxième but. Pour une fois, l'équipe a utilisé la rapidité», a-t-il constaté. «Les locaux sont pétris de qualités, mais ils sont à 20 % sur le plan physique» Le coach nourrit quand même des craintes par rapport aux blessures. «La deuxième partie de novembre et la première partie de décembre sont une période très difficile. Les organismes se fatiguent, surtout pour ceux qui sont mal préparés. Il n'y a aucun joueur qui est prêt à 100 %. La plupart n'ont pas le niveau requis pour faire partie de la sélection nationale.» Et de préciser sa pensée : «Il faut faire un effort énorme sur le plan physique pour les joueurs locaux. C'est un constat peut-être provocateur, mais c'est la vérité. Certains joueurs ne méritent peut-être pas d'être là, mais le problème est qu'on ne peut pas voir les vraies qualités d'un élément en le voyant jouer des matches. C'est lorsque vous le voyez à l'entraînement que vous pouvez voir beaucoup de choses. Il y a des joueurs locaux qui sont pétris de qualités, mais ils sont à 20 % seulement sur le plan physique.» «Ceux qui n'ont pas joué le dernier match seront alignés face à la Tunisie» Une chose est certaine : «Tous les joueurs convoqués vont jouer, même si certains joueront plus que d'autres. Ce sera une occasion pour les nouveaux de s'intégrer. Il y a de nouveaux joueurs, des locaux, des éléments venus de France ou d'Espagne, mais ils sont tous Algériens.» Pour le match face à la Tunisie, le coach utilisera «les joueurs qui n'ont pas joué le dernier match». Ceux qui ont déjà joué évolueront probablement face au Cameroun, puisque Halilhodzic a déclaré qu'il y aura «deux équipes différentes». La finalité est simple : gagner le droit d'être présent lors du prochain stage. «A partir de janvier, les places deviendront très chères, il y aura une forte concurrence.» «Bouchouk ne joue ni à Liverpool ni au Barça, mais je l'ai pris parce qu'il est bon à Batna» Deux matches en quatre jours, Halilhodzic en redemande, car il a besoin de temps de jeu pour faire sa revue d'effectif. «C'est moi qui ai cherché à jouer ces matches. On veut voir comment des joueurs comme Bouchouk ou Aoudia vont réagir. Après, les choses sérieuses commenceront.» Sur le choix de Bouchouk, qu'aucun observateur n'attendait, Halilhodzic se montre pragmatique : «Les portes de l'Equipe nationale sont ouvertes pour tout le monde. Hier soir, j'ai eu une discussion avec les joueurs. Je leur ai parlé d'un joueur que personne ne connaît, surtout pas les médias qui n'avaient jamais parlé de lui. Hier, il était avec nous. Il ne joue pas à Liverpool ou à Barcelone, mais s'il est bon à Batna, il joue en sélection. Je l'ai vu hier à l'entraînement sur un petit match. Ce n'était pas mal.» «J'ai vu un Aoudia performant et combatif contre le CRB» Concernant Aoudia, c'est une découverte récente pour le coach : «Il y a deux mois, on m'a parlé de ce joueur. Je suis allé le voir, mais j'ai pensé quitter le stade après 5 minutes seulement, tellement le spectacle était faible. Suite à un rapport de l'un de mes adjoints, je suis reparti le voir contre le CRB. Là, j'ai vu un joueur performant et combatif et c'est pour cette raison que je l'ai appelé. Est-ce qu'il va rester dans le groupe ? Tout dépendra de lui.» La prospection continue tout de même, même s'il n'est pas évident que d'autres essais seront effectués à l'avenir. «Je suis allé voir deux joueurs qui pourraient m'intéresser. J'ai vu et il se pourrait que j'en appelle un, mais ce n'est pas sûr, car il y a 32 joueurs, puis 22 joueurs à partir du mois de février.» «J'ai vu en Feghouli un gamin qui a beaucoup, beaucoup, beaucoup de talent» Reste que la grande nouveauté de ce stage est la présence de Sofiane Feghouli. «Il peut nous apporter beaucoup sur le plan technique. Il est quand même titulaire à Valence ! Même lui n'est pas au top physiquement, mais un joueur qui joue à Valence est forcément intéressant. A l'entraînement, j'ai vu un gamin qui a beaucoup, beaucoup, beaucoup de talent. Il faut qu'il gagne sa place en Equipe nationale. D'autres peuvent jouer : Boudebouz, Ziani et Djabou qui est encore trop timide.» Trop de bien ne saurait nuire, mais à condition que l'intérêt de l'équipe soit mis au-dessus des considérations individuelles : «C'est une concurrence saine qui peut nous ramener beaucoup. Il faut traiter avec vigilance l'harmonie du groupe. Les joueurs qui disent qu'ils vont jouer et qu'ils sont intouchables peuvent nuire au groupe. Hier, j'ai observé et j'ai regardé que ça s'est très bien passé. Les bons joueurs ne vont pas forcément commencer le match. Un joueur que j'avais contacté un jour m'avait envoyé un message me disant : «Je viendrai, à condition que je sois titulaire.» Je lui ai répondu : «Reste au chaud chez toi, mais avec moi, tu ne seras jamais appelé.» «Ce serait dommage que cette équipe ne touche pas le ciel» L'objectif à travers les deux matches au programme n'est pas seulement de voir à l'œuvre le maximum de joueurs. «J'ai dit aux joueurs que je veux des victoires. La Tunisie et le Cameroun sont parmi les meilleures équipes du continent, mais pourquoi pas gagner ? Avant le match face à la Côte d'Ivoire, les Algériens n'étaient pas les favoris, mais ils avaient quand même gagné. Les joueurs sont capables de faire mieux que ce qu'ils font actuellement. Il faut juste travailler. Cette équipe a une marge de progression et ce serait dommage qu'elle ne touche pas le ciel. Elle l'a touché en 2010 et il ne faudra pas attendre encore 24 ans pour le refaire. Peut-être dans 4 ans, mais ce n'est pas encore gagné.» Comme lors des deux premières rencontres de l'ère Halilhodzic, le mot d'ordre sera l'attaque à outrance. «Il y a eu progression dans le jeu offensif et je suis adepte de ce style de jeu. Je mettrai deux équipes offensives avec prise de gros risques. Je l'assume. Cependant, dans cette organisation, il faudra que tout le monde se replace et participe à l'effort défensif. Barcelone est très offensive, mais c'est aussi la meilleure équipe au monde dans la récupération. Le Real Madrid est en train de rattraper le Barça sur ce plan et c'est pour ça qu'il est devant.» ------------------------- Le coach a oublié avoir parlé de l'Argentine et de l'Angleterre Questionné sur la raison qui a fait que ce soient la Tunisie et le Cameroun qui ont été choisis comme sparring-partners pour les matchs amicaux de novembre, alors qu'il avait émis le vœu, lors de l'avant-dernière conférence de presse qu'il avait animée, de voir son équipe affronter des sélections d'envergure d'Europe et d'Amérique latine, Vahid Halilhodzic a affirmé ne pas se souvenir avoir tenu de tels propos. «Comme je dis parfois des c…, peut-être que je l'ai dit ou peut-être que je l'avais affirmé dans un autre contexte.» Pourtant, tous les médias avaient rapporté, au lendemain de ladite conférence de presse, ce vœu du coach national, où il avait notamment cité l'Argentine et l'Angleterre. «Nous devions un match à la Tunisie» Expliquant le choix de la Tunisie et du Cameroun, Halilhodzic a affirmé que «la Tunisie devait nous affronter au mois d'août, mais j'avais décidé de me passer de ce match pour le remplacer par le stage de Marcoussis. C'était donc de notre devoir envers les frères tunisiens de programmer ce match contre eux. Nous leur devions bien ça. Quant au Cameroun, c'est un adversaire qui a été choisi il y a plusieurs semaines et qui nous convient bien.» Il a ajouté que «dans le contexte actuel de qualifications pour la CAN-2013, les adversaires doivent être africains. Lorsqu'il sera question de préparer une Coupe du monde, nous penserons alors à affronter des sélections d'Europe ou d'Amérique latine.»