«La Roma m'a contacté, mais j'attends du concret pour voir.» «Feghouli m'a dit : Je suis heureux d'être là, j'aurais dû venir plus tôt en sélection.» C'est un Ryad Boudebouz complètement remis de sa grosse déception de Marcoussis que nous avons rencontré à Sochaux. Décontracté, et toujours aussi modeste et disponible, le milieu de terrain offensif sochalien revient sur cette mauvaise aventure qu'il avoue avoir dépassée. Nominé pour le Ballon d'Or 2011, Ryad nous donne son avis à propos de cette distinction et ne cache ses ambitions. Le jeune prodige algérien nous parle aussi de tout ce qu'ils se sont dit, lui et son ami Sofiane Feghouli, durant le stage à Sidi Moussa du 8 au 15 novembre dernier. Remis de la blessure qui l'avait contraint de faire l'impasse sur le déplacement à Brest, le numéro 10 sochalien a beaucoup manqué à son club, battu deux buts à zéro dimanche. D'attaque contre Montpellier ce week-end, Boudebouz nous confirme le contact avec la Roma mais campe sur sa position : tant qu'il n'a pas négocié autour d'une table, rien n'est fait. Vous êtes nominé pour le Ballon d'Or 2011, êtes-vous au courant ? Mais bien sûr, je l'ai lu dans Le Buteur. C'est un énorme plaisir d'être parmi ces joueurs en course pour une aussi grande distinction. Vraiment, c'est une fierté pour moi de pouvoir postuler à ce titre de meilleur joueur algérien. L'année dernière, vous aviez été élu meilleur jeune espoir algérien, et cette année vous êtes nominé pour la consécration majeur, le Ballon d'Or 2011. C'est déjà une satisfaction, non ? En effet, mon objectif, c'est d'être toujours le meilleur sur le terrain. C'est le plus important. Si je suis bon avec Sochaux et avec l'Equipe nationale, les trophées ça vient avec. Mais c'est un plaisir d'être suivi par le public algérien. Même lors des moments difficiles, nos supporteurs ont toujours répondu présents pour soutenir leurs joueurs. Si j'ai la chance de gagner ce trophée, ce sera une grande reconnaissance personnelle, et j'en serai très heureux. Il y a Soudani, Metref, Yebda, Djebbour, Mesbah et le dernier lauréat Bougherra, ça s'annonce serré. Qu'en pensez-vous ? C'est clair, il s'agit là de très grands joueurs. Yebda a fait une bonne saison avec Naples, Bouggy (NDLR : Bougherra) aussi a été bon. Après, Soudani, Metref, Djebbour et Mesbah sont aussi de très bons joueurs. Donc, si c'est l'un de mes potes qui remporte ce trophée, je serai aussi content pour lui, car après tout, il l'aura mérité. Personnellement, je suis très heureux d'être en concurrence avec des joueurs d'un très grand niveau. Quel souvenir gardez-vous de la cérémonie du Ballon d'Or 2010 ? Je n'oublierai pas cette première consécration de meilleur jeune espoir qui m'a fait énormément plaisir. Aussi, je garde le souvenir d'une cérémonie réussie qui a regroupé plusieurs figures du football international que j'ai eu l'occasion et la chance de rencontrer pour la première fois lors de cette soirée. Ce trophée, vous le convoitez à fond ? Mais bien sûr, les distinctions sont faites pour être gagnées. J'espère avoir la chance de succéder à des grands noms de notre football déjà vainqueurs de ce trophée, comme Belmadi, Benarbia, Bougherra, Ziani, Saïfi et les autres. C'est un honneur, ça me tient à cœur, c'est un rêve pour moi. Et si on revenait au dernier stage de l'Equipe nationale, vous attendiez-vous à une aussi bonne réaction algérienne contre la Tunisie ? Franchement non, parce qu'avant mon retour en sélection, je ne savais pas que le coach avait réussi à faire parler l'équipe sur le terrain comme on l'a vu contre la Tunisie. Et qu'est-ce que vous avez pu voir ? A l'entraînement, j'ai constaté qu'il y avait une énorme détermination et grande motivation de la part de tout le groupe durant toute la semaine et ça fait toujours du bien d'évoluer dans une équipe comme ça. Après, comme on dit, la meilleure manière de valoriser cela était de le montrer lors des matchs et on a su gagner face à une bonne équipe de la Tunisie. Après les durs moments de Marcoussis, vous avez réussi à vous réhabiliter avec ce public algérien très exigeant et parfois sévère, une réaction ? Exigeant oui, mais sévère non. Je sais que notre public était dégouté après cette sortie ratée contre le Maroc et c'est légitime, c'était une période difficile à vivre pour tout le monde. Comme je l'ai dit à plusieurs reprises, cette expérience de Marcoussis m'a servi même si je n'étais pas totalement fautif. Aujourd'hui, je le redis, je n'ai jamais simulé de blessure, c'est le président de Sochaux qui ne voulait pas que je quitte le club. Cette histoire de stage manqué à Paris était aussi une motivation pour montrer votre attachement à la sélection… Franchement oui, j'avais à cœur de me racheter aux yeux du public, j'avais une dette envers lui pour montrer que j'étais une personne honnête et que je me donnais toujours à fond que ce soit avec Sochaux ou en Equipe nationale. Lors de votre dernière entrevue à Paris avec Halilhodzic, vous lui avez dit que ce n'était pas prémédité de votre part d'avoir raté ce rassemblement… Oui, bien sûr, on a bien parlé de ça. Je lui ai tout expliqué. Comme je l'ai dit, il était très compréhensif. Après, lui, il m'a exposé les objectifs qu'on avait à atteindre ensemble en Equipe nationale. Il m'a surtout explique ce qu'il attendait moi en sélection. Il vous a aussi parlé de sa méthode de travail, du règlement intérieur et tout ce qui s'ensuit… C'est ça oui. Jevous informe que j'étais attentif à tout ce qu'il m'avait dit et je me suis engagé à être à fond avec lui. Après avoir vu le ballon au fond des filets, il y a eu certainement des choses qui sont passées dans votre tête. Qu'est-ce que vous vous êtes dit à ce moment ? J'étais très heureux et très content d'avoir mis un but de cette manière. Intérieurement, ce fut une délivrance, une grande émotion. Je me disais : «Hamdouliallah, voilà, c'est fait, les fans sont contents, il est là mon premier but en sélection.» Je me suis dirigé vers le banc de touche pour fêter cette réalisation avec mes potes et le staff technique, parce que vu la préparation et le discours du coach Halilhodzic, je savais que ce match était important pour nous tous et pour ces nombreux fans présents surtout. Lors de votre remplacement, le public s'est levé comme un seul homme pour vous applaudir. Après cette ovation, quel a été votre sentiment et à quoi avez-vous pensé ? J'étais très fier que le public applaudisse, j'ai pensé que ces supporteurs sont uniques. D'ailleurs, je l'ai toujours dit à mes potes à Sochaux et partout en France, le public algérien est très connaisseur. Cette reconnaissance des supporteurs est encourageante. Sincèrement, j'étais très ému. Je savais que j'étais attendu et je remercie Dieu de m'avoir donné cette force pour me battre et contribuer au succès de l'Algérie dans ce derby avec la Tunisie. Je tiens à remercier tout le public algérien d'avoir été derrière moi et d'avoir été aussi nombreux au stade de Blida pour encourager l'Equipe nationale. Halilhodzic vous a certainement dit quelque chose aux vestiaires, en fin de match… Oui, il m'a dit que je me suis bien donné et il m'a surtout rappelé qu'un grand travail me restait à faire et qu'il ne fallait pas m'enflammer. Il m'a beaucoup encouragé. Halilhodzic, c'est un homme «comme ça», toujours près de ses joueurs et toujours présent pour les protéger et les pousser à donner le maximum d'eux-mêmes. On sent que vous avez retrouvé cette joie de vivre en sélection que vous aviez perdue durant quatre mois… Franchement oui. J'ai vite adhéré à la méthode Halilhodzic. Vous savez, lorsqu'on est d'accord avec tout le monde et qu'on travaille dans la bonne humeur ça va, on est contents d'être là et très heureux de bosser en groupe. Ce premier but en sélection, vous l'avez vécu comment ? Avec beaucoup d'émotions, on savoure des moments pareils,. C'est aussi pour des moments aussi forts et intenses qu'on aime le football. Il y avait votre père dans les tribunes… Oui, c'est toujours bien de marquer quand il y a quelqu'un de la famille au stade. J'ai vite pensé à lui, car depuis que j'étais jeune, il m'a toujours bien conseillé. Papa est tout le temps présent pour moi. Ça lui a fait plaisir, je l'ai rendu heureux et c'est là ma très grande fierté. A Sochaux, on vous a reçu comment après votre retour de sélection ? Ils étaient tous contents pour moi parce qu'ils savaient que j'étais dégoûté d'avoir raté ce stage de Marcoussis à cause, justement, de la position de mon club. Ça m'avait coûté ma place en sélection, donc tout le monde était heureux de cette issue heureuse. Vous avez raté le dernier déplacement à Brest où ça ne s'est pas bien passé pour votre équipe, quel est votre état de santé maintenant ? Oui, je n'ai pas été à Brest à cause d'une blessure contractée justement lors de la dernière opposition jouée au stade du 5-juillet. J'ai ressenti une douleur au quadriceps et là je me suis bien reposé, je me suis soigné pendant la semaine et j'espère être prêt pour le match de Montpellier. A Sochaux, vous êtes flamboyant, mais votre équipe peine à confirmer ses succès obtenus contre les grosses équipes de la Ligue 1. A quoi cela est-il dû ? C'est vrai, c'est bizarre, on n'arrive pas à enchaîner trois ou quatre victoires de suite. C'est vrai que l'équipe est jeune, mais on doit progresser dans la mentalité, après, c'est clair que les performances personnelles sont bien pour le moral du joueur, mais il est temps que l'équipe arrive à enchaîner les bons résultats. En France, on vous appelle Monsieur Penalty. Ce mardi, France Football vous a consacré deux pages sur cette réussite que vous affichez à ce jeu-là, qu'est-ce que cela vous fait ? Ça fait plaisir. Comme je l'ai dit, c'est un exercice que j'affectionne depuis mon jeune âge, j'y travaille beaucoup avec mon ami Cros et Marvin Martin aux entraînements. Je suis heureux que ça marche autant en matchs officiels. 8 sur 8, c'est 100% de réussite, vous êtes bien solide devant les gardiens de but… J'essaye toujours de faire abstraction de tout ce qui se passe autour de moi. Je ne fais jamais attention aux contestations ou autre chose, donc je fais tout pour éviter de donner des signes au gardien et je choisis le coin où je tire au feeling ; voilà comment ça marche jusque-là. La Roma, Liverpool, Marseille, Lyon et d'autres sont derrière vous. Avez-vous une idée sur votre prochaine destination ? Pas encore, je ne me suis pas encore réuni avec mes parents, mon président et mon manager pour discuter transfert. Ça traîne un peu mais je ne suis pas pressé, on verra ça plus tard. L'urgence, c'est d'améliorer les résultats de mon club et rester performant. La Roma est entrée en lice, c'est bien ça ? Je ne peux pas le nier, le contact est là mais tant que je n'ai rien reçu de concret, je ne peux commenter aucune offre. Vous avez bien discuté avec Feghouli… Oui, lors du dernier stage, on s'est parlé, on était proches l'un de l'autre, on s'est rappelé pas mal de bons souvenirs lorsqu'on jouait l'un contre l'autre en Ligue 1. Qu'est ce qu'il vous a dit au juste ? Il m'a dit texto : «Je suis content d'être là et jouer avec vous, je ne regretterai jamais mon choix.» En fait, il était agréablement surpris, il ne s'attendait pas à trouver une aussi bonne ambiance. Il m'a aussi signifié qu'il aurait dû venir plus tôt en sélection. Vous a-t-il expliqué les raisons qui l'avaient bloqué ? Sofiane est un garçon très correct et humble, ce n'est pas pour le vanter mais, c'est la vérité. Vous savez pourquoi il n'a pas voulu venir plus tôt ? Et bien parce qu'il voulait être en sélection en possession de tous ses moyens. Il m'a dit qu'il était bloqué par les blessures et tout, et la preuve est qu'il a rejoint le groupe de l'EN lorsqu'il est devenu un titulaire à Valence. C'est tout à son honneur. La réussite de Feghouli en Espagne vous incite peut-être à rêver d'un départ, non ? C'est clair, atterrir dans une grande équipe comme Valence reste un objectif. Maintenant, je pense que pour moi, c'est un peu tôt d'aller dans une aussi grande formation. Je crois que je dois passer par un grand club de France pour mûrir et progresser encore. Après, il faudra encore attendre la fin de l'année pour voir plus clair. Fin d'année, c'est-à-dire décembre ou la fin de la saison ? On verra bien avec le président (rires). Non, s'il y a quelque chose de concret et de sérieux, pourquoi pas ? Il y a eu Parme, La Fiorentina et l'AS Roma, la Serie A vous tente ? Ecoutez, moi j'aime plutôt la Liga espagnole ou l'Angleterre. Après, c'est le mektoub, on verra comment les choses vont avancer. Belfodil a dit de belles choses sur votre dernière rencontre à Sochaux. Vous l'avez certainement conseillé de jouer pour l'Algérie... D'abord, ça m'a fait plaisir de lire ce qu'il a dit sur moi. Après, Ishak est un jeune attaquant plein de qualités qui pourra nous faire beaucoup de bien. Oui, je lui ai parlé de la sélection et il m'a dit qu'il voulait d'abord prendre sa place à Lyon et après il verra. Je sais qu'il est chaud pour jouer pour l'Algérie mais la décision lui revient, à lui de faire son choix. Merci Ryad, on vous laisse le soin de vous adressez au public… Je demande aux supporters de continuer à nous faire confiance, et, Inch'Allah, on va tous ensemble réaliser de très belles choses à l'avenir. L'équipe progresse et tout le monde fait le maximum d'efforts pour aller de l'avant et atteindre nos objectifs.
