«L'Algérie est partie au Mondial sans ambition» «Dans un an, je vous dirai si l'Algérie sera en mesure d'aller au Brésil ou non» Profitant du récent séjour au Qatar, plus précisément dans la capitale Doha, du sélectionneur national, Vahid Halilhodzic, le journaliste algérien du bouquet sportif, Al-Jazeera-Sport, Hafid Derradji, a saisi l'occasion pour inviter le coach franco-bosniaque à participer au magazine «VIP» que programme la chaîne qatarie tous les mois et revenir sur ses six mois passés à la tête de la sélection nationale. Au début, Halilhodzic a expliqué les motifs de son voyage à Doha et donné son avis sur le niveau du championnat local qu'il a qualifié de bon malgré le manque d'engouement du public qui ne se déplace pas en nombre dans les stades. Le patron de la barre technique des Verts est revenu aussi sur sa décision d'accepter l'offre du président de la FAF, Mohamed Raouraoua, et de relever le challenge avec l'Algérie, elle qui était quasiment éliminée de la course à la CAN 2012 après la déroute subie à Marrakech. «Je vous fait savoir que des responsables de pas moins dix sélections africaines m'ont sollicité pour prendre en main leur sélection, mais j'ai refusé. Raouraoua est quelqu'un que je connais et il m'appelait souvent ces dernières années pour me proposer la barre technique de l'Algérie. A un moment, je lui ai dit : Pourquoi toujours moi ? Il m'a répondu : «Parce que c'est toi qu'on veut.» «Personnellement, j'ai pas mal d'amis algériens. J'ai pesé le pour et le contre et, après mûre réflexion, j'ai accepté l'offre de Raouraoua et de relever le défi. Je suis quelqu'un de courageux et ce genre de défi ne me fait pas peur, au contraire», a-t-il avoué avant d'enchaîner : «Jusqu'à maintenant, je pense avoir fait du bon boulot. J'ai réussi à rendre le sourire aux joueurs et les aider à oublier le passé. Désormais, ils sont ambitieux et ils viennent aux stages avec une grosse envie de bien faire. Je veux leur inculquer cette culture de la victoire. N'oubliez pas qu'en dix rencontres disputées, l'Algérie n'avait remporté qu'un seul match. J'ai réussi à leur remonter le moral et à leur faire comprendre qu'ils devaient chercher uniquement les victoires.» «On m'a contacté pour prendre l'équipe au Mondial, mais j'ai refusé» Comme il l'avait déjà annoncé lors de son premier point de presse, Vahid Halilhodzic a affirmé une nouvelle fois que des responsables de la FAF l'avaient sollicité, bien avant le Mondial, pour le convaincre de prendre la place de Rabah Saâdane et conduire les Verts en Afrique du Sud. «Oui, j'ai eu des contacts de la part de certaines personnes proches de la Fédération algérienne pour que j'accompagne l'Equipe d'Algérie au Mondial. J'ai tout de suite refusé, car il aurait été indécent de ma part d'accepter de coacher l'équipe au Mondial, à la place de l'entraîneur qui avait réussi à qualifier ce groupe jusque-là. Ça ne se fait pas.» Et d'ajouter : «Croyez-moi, après tout ce que j'ai enduré avec la Côte d'Ivoire, je n'avais aucune envie de travailler une nouvelle fois en Afrique. L'expérience vécue dans ce pays m'a vraiment fait mal. On a été ingrats envers moi.» «L'Algérie est partie au Mondial sans ambition» Les discours répétés de Halilhodzic depuis sa prise de fonctions à la tête de l'EN, où il a affirmé qu'il a trouvé à son arrivée un groupe désuni et mal en point, a amené Hafid Derradji à lui demander si cela signifiait que c'était des critiques lancées à l'encontre des anciens sélectionneurs qui ont pris en charge l'EN. La réponse du Bosniaque fut comme suit : «Non, non ! Je n'ai à aucun moment critiqué ceux qui m'ont précédé. Après la qualification au Mondial, les joueurs croyaient qu'ils étaient arrivés au sommet. Par la suite, ils sont redescendus sur terre et ont raté du coup leur challenge. Les mauvais résultats se sont succédé et le groupe perdait peu à peu confiance. Malheureusement, l'Algérie est partie en Afrique du Sud sans ambition. Les joueurs ont cru que le fait d'avoir atteint le Mondial, c'était déjà beaucoup. Et ça, ce fut une grosse erreur puisque l'on voit maintenant que l'équipe n'a même pas pu se qualifier à la CAN. Il faut toujours avoir de l'ambition et aller de l'avant mais ne jamais croire qu'on a atteint les sommets.» «Jusque-là, personne ne s'est immiscé dans mon travail» Connu pour être un entraîneur à poigne, Halilhodzic assure que, depuis sa prise de pouvoir à la tête de l'EN, personne ne s'est immiscé dans son travail, que ce soit la Fédération ou le ministre et cela contrairement à ce qu'il a vécu en Côte d'Ivoire : «Non, je vous assure que, jusque-là, personne ne s'est immiscé dans mon travail. Ni Raouraoua ni aucun autre homme politique. Il y a eu juste une ou deux fois, le ministre de la Jeunesse et des Sports qui nous a rendus visite pour nous féliciter après nos victoires, c'est tout et je trouve cela normal. Je peux vous dire qu'en Côte d'Ivoire, j'étais souvent convoqué au palais présidentiel pour m'expliquer. Au moins, en Algérie, les choses sont différentes. En tout cas, et soyez-en certains, je n'accepterai jamais que quelqu'un interfère dans mon boulot. Sur ça, je suis catégorique.» «J'aime être complice avec mes joueurs» «Il se peut que je sois parfois un peu sévère avec les joueurs dans le cadre du travail et des résultats. Néanmoins, sur le plan humain, j'essaye de maintenir ce respect entre moi et mes joueurs. Je dois responsabiliser le joueur pour que celui-ci se donne à fond et joue libéré. J'aime quand il y a cette complicité avec mes joueurs. C'est ce qui fait la force d'une équipe et la rend encore meilleure», fait-il remarquer. «Partout où je suis passé, j'ai toujours laissé mon empreinte» Par la suite, l'ancien driver du PSG est revenu sur ses expériences passées, dans les différents clubs qu'il a eu à diriger durant sa carrière d'entraîneur. Halilhodzic a affirmé que dans tous les clubs où il est passé, il a toujours eu des résultats et laissé son empreinte : «Je suis passé par le Maroc où j'ai remporté la Ligue des champions d'Afrique. J'ai assisté à une ambiance folle dans la ville de Casablanca. Avec Lille, j'ai passé des moments formidables et tout le nord de la France était satisfait de nous. Au PSG, j'ai remporté la Coupe de France. En Turquie aussi, j'ai remporté un titre. Avec la Côte d'Ivoire, on a réussi à se qualifier au Mondial. Tout ça pour vous dire que dans tous les clubs où j'ai exercé, j'ai toujours laissé mon empreinte et réussi à faire des résultats.» «Dans un an, je vous dirai si l'Algérie sera en mesure d'aller au Brésil ou non» Au sujet de sa capacité à faire qualifier l'Algérie à la Coupe du monde 2014, Halilhodzic rétorquera : «Actuellement, je peux vous dire que l'Algérie n'est pas en mesure de se qualifier au Mondial. Toutefois, dans six mois ou un an, je pourrai vous dire si on sera en mesure de relever ce challenge ou non. On fait de notre mieux pour arriver au top niveau et relever ce défi. On doit tous se mobiliser et se fixer dès maintenant la qualification pour le Mondial de 2014 comme un objectif. On ne doit pas attendre 24 autres années pour le faire.» «C'est normal que les sélectionneurs perçoivent de gros salaires» Halilhodzic affirme qu'il est un mordu de football et que, durant toute sa vie, il s'est donné à fond pour apporter sa touche dans ce sport : «J'aime beaucoup le football et le travail que je fais. J'ai consacré toute ma vie à ce sport qui m'a tant donné. Certes, on a beaucoup de pression et on nous exige souvent des résultats immédiats. Je trouve donc normal que les sélectionneurs perçoivent de gros salaires. Pas autant que les joueurs en tout cas. Dans tous les clubs où je suis passé, j'ai vécu des moments mémorables. On peut dire que j'ai de la chance.» «Je n'ai pas eu la chance de jouer le Mondial 82, même si je pense que j'aurais pu être son meilleur buteur» Comme tout le monde le sait, avant qu'il se convertisse en coach, Vahid Halilhodzic, était un attaquant hors pair. Malheureusement pour lui, il n'a jamais eu l'opportunité de participer à une Coupe du monde, que ce soit en tant que joueur ou bien en tant que sélectionneur. Avec l'Algérie, il espère relever ce défi et réaliser enfin son rêve : «Bien sûr, j'essayerai de prendre ma revanche sur le sort. Je vous fais savoir que lorsque j'étais joueur en Yougoslavie, j'étais le meilleur joueur dans mon équipe, mais cela n'a pas suffi pour que je participe au Mondial de 1982 en Espagne. La raison est peut-être que je jouais dans un petit club à Belgrade. Je pensais réellement avoir ma chance de participer à ce Mondial et même y devenir son buteur, mais bon, ça ne s'est pas fait.» «Tout faire pour prendre ma revanche et faire le bonheur de 40 millions d'Algériens» «Ne pas participer au Mondial de 1982 m'a beaucoup attristé. Des années plus tard, j'ai réussi à mener la Côte d'Ivoire au Mondial de 2010, mais le sort a voulu que je n'accompagne pas l'équipe au tournoi final. Une grosse envie m'envahit pour prendre ma revanche et apporter du bonheur à 40 millions d'Algériens en qualifiant l'Algérie au Mondial de 2014 au Brésil. Je ferai tout pour réaliser cet objectif.»