Les repas “halal” sont servis à la demande. Le centre médical, le détecteur de mensonges musculaires . Milanello fait partie de l'identité de l'AC Milan. C'est son territoire, son terroir et, plus même, son laboratoire. Un laboratoire où sont façonnés de futurs talents et concoctés des plans de jeu aux tactiques révolutionnaires. De grands «laborantins» y sont passés, de Arrigo Sacchi à Carlo Ancelotti, en passant par Fabio Capello, dont les lotions et solutions ont ramené des tas de trophées nationaux et européens à l'un des clubs les plus titrés au monde. Construit dans les années 60, modernisé dans les années 80, Milanello est considéré comme l'un des centres d'entraînement les mieux équipés et les plus performants au monde. Des terrains, une forêt, des restaurants, des chambres et un… lac Déjà, il impose par ses grands espaces. C'est simple : son territoire s'étend sur 16 hectares entre trois communes. Aux terrains de football, nombreux et variés (gazon naturel et pelouse synthétique, terrains en plein air et un autre couvert, terrains exposés aux regards des supporters, spectateurs et journalistes et d'autres à l'abri des regards indiscrets (comme celui entouré d'une enceinte de 6 mètres de haut), il faut ajouter une forêt pour le footing et l'oxygénation, une piste cyclable dans cette même forêt pour les randonnées physiques à vélo, un bloc pour héberger les joueurs et membres des différents staffs lors des mises au vert, deux restaurants, un bloc administratif, deux salles de presse et même un lac où, le cas échéant, les joueurs sont emmenés pour une séance de décontraction. Le centre médical, le détecteur de mensonges musculaires Cependant, le bijou de Milanello est incontestablement son centre médical spécialisé. Cette structure médicale est dotée d'équipements ultramodernes pour détecter et soigner les problèmes musculaires et cardiovasculaires. Les joueurs qui y passent des consultations sont carrément «scannés» pour détecter la moindre anomalie dans leur corps. Ceux qui cachent des blessures sont vite démasqués, alors que les blessures «dormantes» sont vite détectées. Quand on est déclaré apte après être passé au centre médical de Milanello, c'est qu'on l'est vraiment. C'est pour cette raison que rares ont été les pronostics médicaux délivrés aux joueurs du club à avoir été démentis. Par exemple, les responsables de ce centre médical avaient déclaré que Gennaro Gattuso allait en avoir pour plusieurs mois d'indisponibilité à cause de son problème à un œil, malgré l'assurance du joueur. Ce pronostic est en train de se vérifier, puisque le milieu du terrain n'a même pas encore repris l'entraînement avec ballon. Si Tassotti, Baresi, Maldini et Seedorf ont duré, c'est grâce à ce centre De plus, c'est grâce à ce centre médical que plusieurs joueurs de l'AC Milan ont pu jouer à un haut niveau jusqu'à un âge avancé. Mauro Tassotti, Franco Baresi, Paolo Maldini et Alessandro Costacurta, par le passé, Clarence Seedorf et Filipo «Pipo» Inzaghi aujourd'hui ont livré de grands matchs de la rude Serie A et remporté la Ligue des champions, en ayant largement dépassé la trentaine, en fournissant des prestations de très haut niveau. Les mauvaises langues auraient crié au dopage, mais jamais cela n'est venu à l'esprit des Milanais et même des Italiens, tant ils savent que c'est grâce au suivi assuré au centre médical de Milanello que les joueurs du club sont endurants. Même Alessandro Nesta, qu'on croyait à un certain moment perdu pour le football, après une grave blessure au dos qui l'avait tenu éloigné des terrains durant presque toute la saison 2008-2009, a été retapé et est revenu à son meilleur niveau. Aujourd'hui, à bientôt 36 ans, il est toujours indiscutable au sein de l'équipe. Berlusconi a laissé tomber toutes les cliniques du monde pour venir s'y soigner ! Autre preuve de la performance de cette structure médicale : victime d'un problème cardio-vasculaire il y a quelques mois, Silvio Berlusconi, alors président du Conseil italien (équivalent de chef de Gouvernement) est venu se faire soigner à Milanello, alors qu'il avait la stature et les moyens d'aller dans une structure spécialisée n'importe où dans le monde. Il ne l'a pas fait parce qu'il est aussi le président de l'AC Milan, mais bien parce qu'il savait qu'il allait y être médicalement bien pris en charge. Quelques jours après, il en est ressorti complètement guéri et prêt à reprendre ses fonctions… et ses frasques. Le joueur ne fait aucune action ni déclaration sans en référer au club Quand on entre à Milanello, on se rend compte que c'est presque un petit village où tout le monde se connaît et où chacun travaille pour l'autre. Dans la bonne tradition italienne, on y parle beaucoup et à haute voix, et ce ne sont pas les joueurs qui sont les derniers à parler fort (n'est-ce pas Cassano ?), dans un esprit que les dirigeants du club veulent qu'il soit à la fois professionnel et familial (l'esprit de famille, c'est important en Italie). Cependant, la rigueur avant tout. Compte tenu de l'envergure internationale du club, les joueurs ne peuvent rien faire sur un plan médiatique ou de marketing sans en référer au club, car il y a des droits qui ont été vendus à des sponsors et, donc, des contrats d'exclusivité à respecter. Certes, ce principe s'applique dans tous les clubs professionnels à travers le monde, mais beaucoup plus au Milan et chez les géants du football mondial, car il y a des sommes d'argent énormes en jeu. A l'AC Milan, on ne plaisante pas avec le merchandising et encore moins avec le business. Les repas “halal” sont servis à la demande Au point de vue alimentaire, les joueurs se restaurent à Milanello même où il existe deux cuisines. Des repas sportifs y sont préparés, mais les convictions religieuses des joueurs y sont respectées. Ainsi, lorsque l'Américain d'origine nigériane Oguchi Onyewu, musulman pratiquant déclaré, était au club, on lui servait de la viande halal. En fait, l'essentiel est que les repas soient conformes aux exigences diététiques de la consommation d'un sportif. Taye Taiwo aussi est musulman, mais on ne sait pas s'il demandait des plats halal. Le respect de l'homme et de ses droits est un principe sacré au sein du club. Jamais les joueurs africains ou de couleur qui y sont passés ne se sont plaints de la moindre entorse aux règles de la bienséance. C'est à Milanello qu'Onyewu s'est battu avec Ibrahimovic Cela dit, il arrive parfois d'assister à des incidents à Milanello, pour une raison ou pour une autre. Le plus retentissant a été la bagarre en plein entraînement entre Onyewu et Zlatan Ibrahimovic. Ce s'était passé le 5 novembre 2010, avant un match de championnat face à Bari. Jugeant qu'il a été durement taclé par Ibrahimovic, Onyewu a répliqué par des mots forts et les coups ont fusé. Les deux joueurs ont dû être séparés par leurs coéquipiers. Cela avait fait le chou gras de la presse et les deux joueurs ont dû présenter leurs excuses publiquement. Cet incident a poussé les dirigeants du club à faire dérouler les entraînements sensibles loin des regards des curieux. Deux Marocains sont employés au centre Si la majorité des employés de Milanello sont des Italiens, il y en a aussi d'origine émigrée. Aucun Algérien ne travaille dans le centre d'entraînement de l'AC Milan, mais il y a en revanche deux Marocains, Hicham et Mustapha. Un Egyptien avait été employé au club il y a quelques années, mais il n'y est plus, nous a-t-on dit. Cela dit, les étrangers travaillant à Milanello ne sont pas forcément des fans de l'AC Milan. Certains d'entre eux ont le cœur qui bat pour le rival, l'Inter, et d'autres préfèrent carrément un autre club comme la Juventus ou l'AS Rome. En somme, Milanello est un territoire qui a valeur d'un terroir, avec une identité propre, en dépit des différences. Si chacun est respecté et respectueux, l'intérêt suprême de l'AC Milan y supplante tout.