«En 2010, je ne pouvais plus sortir la tête de l'eau, je ne savais plus du tout comment m'en sortir. J'étais devenu quelqu'un de très connu, alors, à la moindre erreur, tout le monde était au courant et je payais cash.» Pour la première fois, Franck Ribéry a pris du temps pour évoquer la terrible année 2010 qu'il a vécue sans éluder aucun épisode. Depuis l'affaire Zahia et le Mondial-2010 désastreux de l'équipe de France, Franck Ribéry est beaucoup moins bavard avec les médias. Celui dont la spontanéité faisait le bonheur de la presse est devenu aujourd'hui plus replié sur lui-même. La faute sans doute au battage médiatique qui l'a lessivé entre mars 2010 et son retour en bleu, un an après. Pour L'Equipe Mag, le milieu offensif du Bayern Munich a toutefois décidé de rompre le silence, afin de tout remettre à plat. «En 2010, je ne pouvais plus sortir la tête de l'eau, je ne savais plus du tout comment m'en sortir. J'étais devenu quelqu'un de très connu, alors, à la moindre erreur, tout le monde était au courant et je payais cash. C'est ça, le plus dur : ne plus avoir aucun droit à l'erreur. En 2010, j'avais l'impression que je ne pouvais plus être moi. Même pour des trucs simples : encore aujourd'hui, quand je vais au restaurant, je dois faire attention à comment je mange, à ce que je dis. (…) Je ne peux jamais relâcher. Si je sors, je vais être stressé.» Marqué par tout ce remue-ménage médiatique, Ribéry a également énormément souffert de la fameuse affaire Zahia, le point de départ de sa terrible année 2010. Une affaire qu'il évoque pour la première fois. «J'ai été malheureux. Malheureux pour ma femme. Je m'en voulais, tu peux pas savoir... J'ai fait le con comme jamais j'avais fait le con. J'ai fait souffrir Wahiba. La mère de mes enfants. Ça fait treize ans qu'on était ensemble, on avait traversé toutes les galères et là, à cause d'une énorme connerie, j'ai failli tout foutre en l'air et je lui ai fait du mal. Quand ça a pété, je me suis regardé dans la glace... J'étais pas fier. Mais voilà... À la limite, la personne qui a le plus souffert, elle m'aime encore, alors qu'il y a plein de gens qui n'auraient même pas dû savoir et qui m'ont trainé dans la boue, alors qu'à eux je n'avais rien fait. Je ne suis pas le premier à avoir fait ce genre de connerie.» Conscient de sa faute, le Munichois ne comprend pas en revanche qu'il ait été la tête de Turc du peuple français. Car pour lui, seul le fiasco sud-africain mérite les critiques. Un échec marqué pas l'épisode Anelka, mais aussi le conflit supposé entre Ribéry et Yoann Gourcuff. Une histoire que le Bavarois a su surmonter, tandis que le Lyonnais n'a toujours pas su revenir à son meilleur niveau. «J'ai été nul à la Coupe du monde, et pour ça, les gens peuvent m'en vouloir. Pas pour les autres histoires. En Afrique du Sud, on m'a accusé d'avoir eu des problèmes avec Gourcuff ; c'est faux, je n'en ai jamais eus. Je suis quelqu'un de respectueux, je ne me suis jamais battu avec personne, je n'ai jamais voulu faire de mal à qui que ce soit. Au foot des fois, ça tourne mal, mais, moi, je n'ai jamais eu d'embrouilles. Des discussions de jeu, oui ; mais pas des embrouilles ni des coups tordus. (…) Je ne suis pas un saint, je ne suis pas un mec très cultivé, mais je ne suis ni un tordu, ni un abruti. (…) On a voulu me tuer et je ne sais toujours pas pourquoi. (…) Ça devait arranger du monde de raconter la vie de Ribéry et de le fracasser plutôt que de regarder ce qui allait mal dans le pays.» La page 2010 tournée, Ribéry souhaite maintenant montrer à nouveau son meilleur visage aux Français. Et quoi de mieux que le prochain match amical contre l'Allemagne, un pays qui l'a adopté. «Oui, je sens que ça monte, qu'il se passe un truc autour de ce match. Un truc pour moi, j'espère. Ça serait tellement beau que tout redevienne comme avant. (…) C'est reparti dans le bon sens. D'abord ici, à Munich, avec le coach et avec le public. Je m'éclate de nouveau, les gens me sourient et me tapent dans le dos. C'est important pour moi de sentir ça. Je donne tout pour ça.» FootMercato