«Après sa victoire en Gambie, l'Algérie a repris confiance à l'extérieur, c'est bien noté !» «Ce que réalise Feghouli avec Valence fait de lui un leader naturel de votre sélection.» C'est un entraîneur bien informé sur les derniers résultats des Verts et le redressement entamé par Vahid Halilhodzic que nous avons eu, hier, au bout du fil. Alain Giresse, le sélectionneur du Mali, futur adversaire de l'EN lors du second match des éliminatoires de la Coupe du monde 2014, préfère garder pour lui les qualités et les points faibles de l'actuelle sélection nationale qui reste sur une belle victoire à Banjul, mais affirme tout de même qu'elle est en train, sous l'impulsion du coach Vahid Halilhodzic, de revenir sur la scène africaine. L'ancien stratège des Girondins de Bordeaux soutient toujours que cette équipe d'Algérie ne pourra atteindre son aura de 2010 que lorsqu'elle aura décroché son billet pour le prochain Mondial. Tout d'abord, félicitations pour cette troisième place arrachée lors de la dernière CAN-2012. Voudriez-vous bien revenir sur ce parcours des Aigles du Mali ? Merci, c'est très gentil. C'est vrai qu'on ne s'est pas fixés un objectif bien précis pour cette CAN 2012, mais on s'est donné les moyens de réussir. Il est clair qu'on est partis avec d'énormes ambitions, on s'est bien préparés et cela nous a permis de monter en puissance dans cette compétition. Après les changements opérés au sein de votre effectif et l'élimination de plusieurs stars, à l'image de Momo Sissoko, Kanouté et Mamadou Diarra, on ne vous attendait pas en demi-finale… Je dois dire qu'après la débâcle en Angola, on a fait appel à moi. On m'a signifié que rien n'allait pour cette équipe du Mali et qu'il fallait bâtir un groupe pour assurer une participation à la dernière CAN. J'ai bien entendu accepté la mission et j'ai débuté par instaurer une discipline au sein du groupe. J'ai dû aussi mettre en place une nouvelle mentalité qui nous a permis de viser des objectifs plus ambitieux. Comment s'est fait le choix des joueurs ? De manière progressive. J'avais un groupe très élargi. Et à mesure qu'on jouait des rencontres amicales et des éliminatoires, on a pu sortir cet effectif de joueurs pour aborder la dernière CAN et entamer la préparation des prochaines échéances. Avez-vous éprouvé des difficultés à écarter certains anciens cadres pour bien sûr renforcer votre effectif, par l'arrivée de nouveaux joueurs ? A mon arrivée, j'ai été très clair avec tout le monde. J'ai dit que la porte de la sélection n'était fermée à personne, sauf qu'il fallait redonner un nouveau souffle à la sélection et que cela passait par l'instauration d'une nouvelle discipline et un monde de fonctionnement nouveau que tous les joueurs devaient adopter. Maintenant, vous allez me parler de Kanouté, Momo Sissoko, mais ces joueurs ont fait leur choix, ils ont décroché. Quant à Mamadou Diarra, il n'était pas compétitif, il est resté sans club pendant plusieurs mois. Pour moi, seuls les éléments compétiteurs et compétitifs ont le droit de postuler à une place en équipe nationale. Vous prônez le même discours que le sélectionneur national Vahid Halilhodzic, sauf qu'ici en Algérie, ses choix ne font pas souvent l'unanimité sur certains éléments de l'équipe, est-ce votre cas avec les journalistes maliens ? Je vais vous dire une chose, dès lors qu'on fait un choix, il faut s'attendre à des critiques. Seulement, je n'ai pas peur de le dire, la presse malienne est tout, sauf objective. Je ne sais pas si c'est le cas en Algérie, mais au Mali, les journalistes traitent les informations concernant la sélection selon leurs intérêts. Ils ne raisonnent pas par rapport au travail que l'on fait, mais par rapport à ce qui leur plaît. Ils ne considèrent pas aussi le boulot qu'on effectue. Vahid Halilhodzic se plaint aussi de cela, ici en Algérie ? Je sais, je suis tout ça à travers la presse, mais Vahid en a vu d'autres. Donc, je ne pense pas que ce sont les critiques qui vont le déstabiliser. On sait que votre contrat expire le 31 mai prochain, mais on imagine que vous préparez toujours les prochaines échéances de la sélection malienne… C'est normal, surtout que la prolongation du contrat devrait normalement se faire. Je dois bien superviser et suivre les performances des adversaires du Mali, pour bien préparer les prochains matchs importants du mois de juin prochain. Dont celui de l'Algérie, dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du monde 2014… Evidemment, je reste professionnel, donc ce duel contre l'Algérie est un match important. Mais avant, il y a le Bénin qui reste aussi un outsider sérieux dans notre groupe. Avouez que pour le Bénin et l'Algérie, deux adversaires différents, vous aurez à effectuer deux préparation différentes… Je suis entièrement d'accord avec vous, l'Algérie est d'un calibre bien supérieur, enfin, ça devrait être le cas. Mais cela ne m'empêchera pas de me renseigner sur cette équipe béninoise. Ces deux matchs se joueront à des dates très proches, et le mieux sera de les préparer en même temps. Si on comprend bien, vous avez entamé la préparation du match de l'Algérie, on imagine alors que vous vous êtes renseigné sur le match gagné par les Fennecs en Gambie… Bien sûr que oui, je sais que vous avez réalisé une belle victoire à Banjul. Même s'il ne s'agit que de la Gambie, il ne faut pas faire la fine bouche. Un succès à l'extérieur reste toujours important pour le mental d'un groupe. Et cela va permettre à l'Algérie d'aborder le match retour contre la Gambie et les qualifications de la Coupe du Monde 2014 dans les meilleures conditions. Ça donne plus de confiance et ça, je l'ai bien noté. Avez-vous suivi ce match ? Je n'ai pas vu l'intégralité du match, parce que je n'ai pas trouvé un direct de cette rencontre. Je vais bien sûr avoir bientôt une casette vidéo complète de la rencontre, pour m'arrêter de manière plus claire sur cette nouvelle équipe d'Algérie. Lors de votre dernière déclaration, vous avez dit que l'Algérie 2010 est bien supérieure à l'actuelle sélection, maintenant que les Verts ont vaincu le signe indien à l'extérieur, allez-vous changer d'avis ? Non, je ne changerai pas d'avis. D'abord, la composition d'équipe a beaucoup changé. Ensuite, l'Algérie de 2012 n'est pas encore sûre de disputer la Coupe du monde 2014. Donc, il est clair pour moi que cette équipe qui a réalisé un très bon parcours lors de la CAN 2010 et fait honneur à votre pays lors du Mondial 2010 est plus forte que la présente. Mais il y a aussi des jeunes comme Feghouli, Cadamuro et d'autres qui émergent… Je suis d'accord, ça me fait rappeler mon équipe. Lorsque j'ai pris en main le Mali, j'ai dû procéder au rajeunissement de mon effectif. Je crois qu'après l'élimination surprenante de l'Algérie de la CAN-2012, Vahid Halilhodzic a été appelé pour reconstruire l'équipe et cela passe par l'incorporation de jeunes éléments pour repartir sur de nouvelles bases. Le coach Vahid n'a pas perdu le moindre match depuis son installation, ses objectifs sont clairs, disputer la CAN- 2013 et qualifier l'Algérie au Mondial-2014, quelle lecture faites-vous par rapport à cette déclaration ? On connaît Halilhodzic, c'est quelqu'un d'ambitieux. Je dirai que ces objectifs, bien définis, sont logiques et cohérents. Mais dire que l'Algérie doit prendre part à une phase finale de Coupe d'Afrique, ça me paraît tellement évident. Si on parle de la France, l'Euro, c'est une évidence, et pour un grand pays de football comme l'Algérie, disputer une CAN est un objectif naturel. Maintenant, parler de qualification pour le Mondial, c'est un peu compliqué parce que tout le monde sait que l'Afrique n'a le droit qu'à cinq places dans une Coupe du Monde. Et là, il faut être vraiment parmi l'élite africaine. Il faut être au summum pour passer. Surtout que le Mali d'Alain Giresse revient fort… (Il rit) Oui, voilà. Non, sérieusement, une qualification à une Coupe du monde reste difficile dans un continent comme l'Afrique. Feghouli a choisi l'Algérie et confirmé d'emblée avec la sélection, un mot sur ce joueur ? Feghouli est en train de réaliser de très belles choses. C'est un garçon de qualité. Son talent lui a d'ailleurs permis de s'imposer dans un grand championnat, avec une grande équipe. Ça se passe de commentaires, si ce n'est d'appréciations. Le coach Halilhodzic a été on ne peut plus clair, après avoir écarté Ziani, il veut faire de lui le maître à jouer de cette équipe, votre avis ? Je ne suis pas au cœur du sujet, mais si vous voulez parler de renouvellement, on est en plein dedans. Ziani évolue peut-être dans un championnat moins médiatisé, donc ça le pénalise forcément par rapport à un joueur comme Feghouli. En tout cas, pour un entraîneur, la différence est bien évidente. Je veux dire qu'on n'est pas du tout dans le doute pour choisir. Oui, mais écarter un gars comme Karim Ziani, indéboulonnable depuis presque neuf ans, ne risque-t-il pas de chambouler la sérénité du groupe ? Vous savez, il y a un début et une fin à tout. C'est le cas pour une équipe, un groupe ou même un entraîneur. Chaque sélection vit avec ces changements d'effectifs. On ne peut pas dire que les éliminatoires de la CAN-2012 se sont bien passées pour l'Algérie, donc fatalement, il faut chercher des joueurs motivés, déterminés à gagner leurs places en Equipe nationale. Vahid veut certainement faire changer les choses. Je ne sais pas dans quelle forme se trouve Ziani, mais lorsqu'on voit ce que réalise Feghouli à Valence... Pour terminer, à trois mois du match contre l'Algérie, avez-vous une idée sur cette équipe d'Algérie version Halilhodzic ? (Il rit) Oui, j'ai une bonne idée sur cette équipe algérienne. Pour tout vous dire, j'ai bien étudié ce nouveau groupe monté par Vahid Halilhodzic. J'ai aussi une idée sur cette victoire ramenée de Gambie et je ne vous dirai pas plus que ça. Je vais encore visionner la cassette du match pour bien préparer ce rendez-vous, qu'on jouera à Bamako.
