«Après le match retour face à la Gambie, j'irai passer quelques jours à Bou-Ismaïl» Après un retour éprouvant de Gambie, on imagine que là, maintenant, vous avez bien récupéré ? Bien évidemment. Ce fut un long voyage, mais l'essentiel est qu'on ait gagné. Après, la fatigue on pourra toujours la surmonter. J'ai passé de très bons moments avec mes nouveaux coéquipiers, qui m'ont très bien accueilli et beaucoup aidé à m'intégrer. Pour votre première sélection, et titularisation surtout, l'EN a réussi à décrocher une belle victoire à l'extérieur. Des débuts rêvés, n'est-ce pas ? Oui, effectivement. Je ne pouvais pas espérer plus. Tout le monde, du staff technique aux joueurs, voulait cette victoire et Dieu merci, on l'a eue. On savait que ça faisait longtemps que l'Algérie n'avait plus gagné hors de ses terres et donc, on avait à cœur d'effacer tout ça et revenir au devant de la scène. On était tous très heureux. Racontez-nous un peu comment s'est effectuée votre intégration au sein du groupe. Les premiers contacts ? Comme vous le savez, je suis arrivé à l'aéroport de Paris pour attendre l'équipe. Je ne vous cache pas que j'avais un peu la pression, et je me posais beaucoup de questions. Pour tout vous dire, la veille, je n'ai presque pas du tout dormi de la nuit, tellement j'étais excité. Néanmoins, tout s'est bien déroulé, et comme je viens de vous le dire, j'ai eu droit à un accueil des plus chaleureux et j'en suis toujours très content. Là, au moment où vous nous parlez, c'est comme si vous nagiez en plein bonheur… Et comment ! Comme je vous l'ai déjà déclaré par le passé, revêtir le maillot vert, était un rêve pour moi. Mes coéquipiers ont tout de suite vu que j'étais réellement très heureux d'intégrer l'EN et eux aussi, étaient super contents pour moi. J'ai eu ce que je voulais depuis ma tendre enfance, et c'est normal que je sois si fier. J'espère que ça continuera pour plusieurs années. Avec quel(s) joueur(s) vous vous êtes rapidement entendu à votre arrivée dans le groupe ? Sincèrement, je me suis bien entendu avec tous les joueurs. Vous savez, je suis de nature assez réservé à la base. J'ai du mal à aller vers les gens et là, bizarrement, j'étais à l'aise et j'ai abordé tout le monde. Moi-même, je ne comprenais pas (Il sourit). Le courant est passé tout naturellement. Intégrer la sélection vous a permis de revoir votre ancien coéquipier à Sochaux, Ryad Boudebouz… Oui, en effet. On a beaucoup rigolé lui et moi. On s'est remémoré nos bons moments vécus ensemble à Sochaux justement. Ça m'a fait super plaisir de le revoir en tout cas. Vahid Halilhodzic vous a-t-il parlé spécialement ? Il nous a fait un briefing collectif avant le match, vu qu'on n'avait pas vraiment beaucoup de temps pour bien préparer cette rencontre en Gambie. Il nous a donné des consignes et montré comment on allait jouer. Donc, vous n'avez pas eu d'entrevue en aparté avec lui ? Non, pas spécialement. Après, il a surtout parlé à tous les défenseurs, nous demandant de presser haut l'adversaire, de mettre, le maximum possible, le ballon dans leur moitié de terrain et de jouer normalement. Voilà. Comment votre bizutage s'est-t-il déroulé ? (Il rigole franchement) On m'avait déjà fait le coup quand j'ai intégré les pros de la Real Sociedad. En sélection, j'ai dû chanter une chanson. Laquelle ? Le titre est «Désolé» du groupe français, Sexion d'assaut. Ç'a été trop la honte. Avec du recul, comment jugez-vous votre prestation lors de ce match en Gambie ? Comme je suis un joueur exigeant, je cherche toujours la perfection. Ce qu'on a fait de bien, on le retient forcément, mais il faut toujours corriger nos lacunes. Ce à quoi je pense en me disant qu'à certains moments du match, j'aurai dû un peu plus poser le jeu. C'est vrai aussi que les conditions étaient difficiles. Etat catastrophique de la pelouse, climat différent, et en plus de ça, on avait en face un adversaire très difficile à jouer chez lui. On a tenu quand même bon. Il y avait aussi un peu de pression ? Oui, c'est évident. C'était mon tout premier match sous les couleurs nationales. J'avais une grosse envie de bien faire, mais aussi la peur de faire des erreurs. J'ai vraiment joué sous pression. Cela-dit, il fallait se concentrer sur le principal, notamment en ce qui concerne le défi physique dans lequel je pense avoir bien répondu. Pour votre première convocation en sélection, vous attendiez-vous à ce que vous soyez titulaire d'emblée ? On ne vient pas en sélection en se disant que je vais jouer titulaire. Ce n'est pas vrai. Déjà, moi j'étais content d'être dans le groupe, après, je ne m'attendais pas forcément à débuter d'entrée. Le coach m'a fait confiance et m'a aligné et c'est tout à mon honneur. Croyez-moi, si c'était un autre coéquipier que l'entraîneur aurait fait jouer, j'aurai été tout aussi content. Le principal est que l'équipe gagne, et non pas de voir qui a joué et qui est resté sur le banc. On forme tous ensemble un groupe. Certains spécialistes, ont dit que lors de ce match, vous aviez bien assuré derrière, mais que devant, ça manquait de tranchant et vous paraissiez un peu hésitant. Est-ce dû à des consignes du sélectionneur ou pas du tout ? N'oubliez pas que c'était mon premier match et qu'on a aussi joué sur un terrain très compliqué. Il ne fallait pas trop prendre de risques inutiles devant et concéder derrière une occasion dangereuse pour l'équipe. J'ai essayé de jouer le plus simple possible et ne pas trop me compliquer la vie. Mon rôle consistait surtout à presser haut l'adversaire et défendre ma zone. Vous n'êtes pas allé au bout de ce match en raison de fortes crampes. A ce point, la bataille physique était rude ? Non, ce n'est pas que j'étais fatigué ou que j'ai flanché physiquement. Je pense que si mes muscles ont un peu lâché, c'est surtout à cause de la tension que je ressentais avant et au cours de ce match. Si vous l'avez remarqué, quatre jours après, j'ai rejoué sans soucis avec la Real Sociedad contre Bilbao. Je suis même allé jusqu'au terme du match. Vous savez, la sélection me tient à cœur et ça n'a pas été facile pour moi d'aborder ce match en Gambie avec la sérénité nécessaire. Vous qui découvrez la sélection, dites-nous comment avez-vous trouvé le potentiel technique de l'équipe ? Je dois reconnaitre que l'EN possède d'énormes potentialités. On a une valeur technique assez impressionnante. Je connais très peu d'équipes qui auraient joué comme on l'a fait, dans de telles conditions difficiles, essayer de poser le ballon et de jouer toujours de l'avant. On a mis tout dans ce match, de la technique, de l'agressivité, et surtout beaucoup d'envie. Dieu merci, on a été récompensés. Vous qui êtes défenseur, que pensez-vous de la philosophie d'Halilhodzic, de toujours aller de l'avant et jouer l'offensive, même lors des matchs à l'extérieur ? Je suis d'accord avec ça. Si tu rentres sur un terrain, c'est pour gagner, pas pour faire match nul ou perdre. Après, le coach a aligné une équipe très offensive, car il sait qu'on a les potentialités pour marquer des buts et faire fonctionner comme il se doit ce système. Tout le monde a vu comment on s'est créé pas mal d'occasions. Moi, personnellement, ce schéma de jeu me correspond bien. C'était votre premier déplacement en Afrique noire. Racontez-nous une anecdote, ou bien un fait qui vous aurait marqué durant vos trois jours passés à Banjul… Tout d'abord, je tiens à dire qu'on a de la chance d'être où on est. Quand on est sortis de l'aéroport de Banjul, on a tout de suite remarqué la pauvreté qu'il y avait dans ce bled. Les gens n'ont pas le confort de vie qu'on a, nous en Europe. Cette première expérience en Afrique m'a été utile non seulement sur le plan professionnel, mais personnel aussi. Des fois, ça nous arrive de nous plaindre à propos de choses banales, alors qu'il y a plus important dans la vie. Désormais, j'ai juré de ne plus me plaindre pour des futilités. C'est pour ça que je suis rentré avec le sourire, en me disant que ce fut une expérience très enrichissante. En club, vous avez tendance à jouer arrière gauche. En sélection, le coach vous a mis à droite, bien que tout le monde sait que vous êtes défenseur axial de formation. Ça ne vous gène pas de changer systématiquement de poste ? Sincèrement, non. Ça ne me pose pas de problèmes du tout. Comme je l'ai toujours dit, moi, je me mets à la disposition des entraineurs. A la Real Sociedad, j'ai même débuté milieu droit. Pour vous dire que je m'adapte très bien à tous les postes. Le plus important pour moi est surtout de jouer et de donner le meilleur de moi-même. C'est à moi de m'adapter aux situations. Selon certaines indiscrétions, Halilhodzic songerait à vous repositionner dans l'axe lors des prochains matchs. Vous sentez-vous capable d'assurer ce nouveau rôle ? Evidemment que oui. Si le coach décide de me mettre dans l'axe, je jouerais sans souci. C'est lui, qui décide. Je ne peux aller à l'encontre de son choix. Comment vous vous êtes retrouvé sur le terrain avec vos partenaires ? Je dois reconnaître que mes coéquipiers m'ont mis en confiance et m'ont beaucoup aidé à bien aborder ce match. Ils m'ont averti qu'il y aura un gros défi physique et que je devais m'y préparer. Après, quand tu vois qu'il y a des guerriers qui jouent à tes côtés, t'as moins peur, et le stress retombe tout naturellement. Comment vous avez trouvé l'état d'esprit au sein du groupe ? Un esprit de combattants. Il règne aussi une très bonne ambiance au sein du groupe et tout le monde se sent concerné. Si vous avez remarqué, lorsqu'on a pris ce premier but en Gambie, on a gardé notre sang froid, et on ne s'est pas démobilisé pour autant. On est vite revenu à la charge et on a réussi à égaliser, puis à prendre l'avantage. Cela démontre la force de caractère du groupe. Quand l'arbitre du match refuse le but de Guedioura, vous vous dites quoi dans votre tête ? J'étais surtout super énervé et j'avais la rage, car tout le monde a vu que c'était un but valable, sauf l'arbitre. Après, je suis passé à autre chose, car si tu restes sur cette action, tu perds ta concentration et tu sors complètement du match. Le fait d'être devenu international devrait davantage conforter votre place de titulaire au sein de votre club, non ? Pas forcément. Ça sera surtout à moi de confirmer et de ne pas me relâcher. Etre international ne te permets pas d'être titulaire en club obligatoirement. Il y a une forte concurrence et c'est à moi de cravacher dur aux entraînements pour conserver cette confiance du coach. Que vous a dit Philippe Montanier, votre coach à la Sociedad, à votre retour de Gambie ? C'est l'ensemble du staff qui m'a félicité. Après, Montanier qui connaît bien l'Afrique pour avoir drivé les jeunes de la Côte-D'ivoire, connaissait un peu les conditions dans lesquelles on a joué. Il était content qu'on ait gagné et aussi du fait que j'ai joué titulaire. En début de saison, pensiez-vous que six mois plus tard, vous alliez décrocher une place de titulaire au sein du club et être sélectionné en EN ? La sélection, on y pense toujours. Maintenant, c'est vrai que je ne pensais pas que ça allait être aussi rapide. Je devais, avant tout, accumuler du temps de jeu avec mon club pour pouvoir prétendre intégrer l'EN. En début de saison, je ne jouais pas beaucoup, mais avec le travail et l'abnégation, j'ai pu arriver là où j'en suis maintenant. Ça s'est fait naturellement. Après, quand votre collègue est venu me voir la première fois ici, ça a tout de suite constitué une source de motivation. Je partais par la suite aux entraînements, en pensant encore plus à l'Algérie, au stade du 5-Juillet, l'ambiance des supporters algériens, et je n'avais qu'une seule envie, celle d'y aller et découvrir ça. C'est donc un peu grâce au Buteur que vous êtes parvenu à réaliser votre rêve ? C'est sûr. Je ne peux le nier. Peut-être que si votre journal n'était pas venu me voir en septembre dernier, je ne serai pas actuellement en sélection. La visite de votre confrère a été l'élément déclencheur en quelque sorte. Avez-vous ressenti l'engouement des Algériens pour leur sélection nationale ? Même si je ne l'ai pas encore palpé, je reconnais néanmoins que j'ai senti l'amour qu'ont les Algériens pour leur sélection nationale. Quand on est rentré en Algérie après le match, à l'aéroport, tout le monde était content et voulait prendre des photos. On sent vite la fierté qu'ont les gens pour leur pays. Cela nous motive encore plus. Toutefois, mes coéquipiers m'ont assuré que je n'avais encore rien vu . Les Algériens vous ont vite adopté comme en témoignent les nombreux messages qu'ils vous laissent sur votre page Facebook officiel. Ça vous fait quoi tout ça ? Ça me fait surtout énormément plaisir. J'ai un site aussi, qui est géré par un très bon ami à moi, et rendez-vous compte, juste après notre match face à la Gambie, il m'a dit qu'on a eu près de 40.000 visites. C'est énorme ! Par là, je constate encore plus l'engouement des Algériens pour la sélection et ses joueurs. Les Algériens me suivent même en club et cela me flatte énormément. Maintenant, quand je rentre sur un terrain lors des matchs de Liga, je me dis qu'en plus de la Real Sociedad, je représente aussi l'Algérie. Je dois donc toujours être à la hauteur. Impatient de jouer ce match face au Rwanda à domicile, devant des milliers de supporters algériens ? Oh que oui ! Ryad m'a dit que c'est un truc de dingue. Que l'ambiance est impressionnante. J'ai hâte d'y être. Avec quel coéquipier vous avez partagé la chambre au cours du stage ? Avec Mohamed Chalali. On s'est très bien entendus. C'est un mec très sympa, que j'ai bien apprécié. On sait que votre famille maternelle est originaire de la ville de Bou-Ismaïl. Une virée là-bas est-t-elle programmée ? Quand j'aurai du temps libre, c'est sûr que j'irai la visiter. On m'a beaucoup parlé de cette belle ville côtière, et franchement, j'ai une grosse envie d'y aller pour enfin la découvrir. J'ai toujours ma famille là-bas, et Inch'Allah, si tout se passe bien, après le match retour face à la Gambie, je ferai un tour et j'y passerai quelques jours. Je vais planifier tout ça, en tout cas. Etes-vous en contact avec certains de vos coéquipiers qui évoluent notamment ici en Espagne ? Oui, bien sûr. Je suis souvent en contact avec Sofiane (Feghouli), Lacen et surtout Kader (Ghezzal) qui, je reconnais, est un super mec.