Messi, terroriste en chef. Après l'Occident, Israël, le Qatar et l'Armée syrienne libre, le régime syrien vient d'ajouter un nouveau nom pour le moins surprenant à sa liste d'entités à la tête d'un complot international visant à faire chuter le président Bachar el-Assad. D'après la télévision syrienne Al Dunya, ce n'est autre que le club de football du FC Barcelone qui aiderait désormais l'armée syrienne dissidente dans sa lutte contre le régime de Damas. Le blog de Slate.fr “Plat du pied sécurité” révèle, en effet, que la chaîne d'Etat syrienne accuse les joueurs blaugranas d'envoyer aux insurgés syriens des messages codés via leurs formations tactiques et, surtout, leur circulation de balle. Pour étayer ses propos, Al Dunya analyse au peigne fin les mouvements des joueurs barcelonais lors d'une séquence de jeu du dernier Clasico contre le Real Madrid (remporté 2 buts à 1, le 18 janvier dernier, NDLR). Le schéma de jeu constitué, la chaîne le superpose avec une carte représentant le parcours des rebelles syriens pour acheminer des armes depuis le Liban voisin. Selon elle, il n'y a aucun doute, les deux se confondent : les Messi, Fabregas, Xavi et Iniesta se révèlent être de véritables "terroristes", montrant aux Syriens la marche à suivre pour faciliter la contrebande d'armes. Messi, terroriste en chef Ainsi, Andres Iniesta, buteur en finale de la Coupe du monde 2010 avec l'Espagne, est en réalité un contrebandier de la ville rebelle de Homs. Le milieu de terrain achemine ensuite son ballon, autrement dit sa cargaison d'armes, vers la localité de Deir ez-Zor, avant de le confier à son responsable qui n'est autre que le double Ballon d'Or, Lionel Messi. Le meilleur joueur du monde se charge ensuite de conduire le chargement vers le but, c'est-à-dire la destination finale des armes : la localité de Mayadin. D'après la télévision syrienne, le milieu axial barcelonais Sergio Busquets fait également partie du “complot international”. Si elle illustre bien le côté grotesque et arbitraire des accusations d'un régime aux abois, la nouvelle charge de Damas n'a pas été portée au hasard. En effet, sur le maillot du champion d'Europe en titre figure cette année, pour la première fois de son histoire, le sponsor "Qatar fondation". Le richissime Emirat pétrolier a décidé, en décembre 2010, de payer 165 millions d'euros jusqu'en 2016, et 30 millions d'euros par an, pour avoir le droit d'apparaître sur le maillot bleu et grenat du triple champion d'Europe. Cette somme record versée par la Fondation du Qatar, établie en 1995 par l'émir Ahmad Ben Khalifa al-Thani, vise à préparer l'Emirat à l'après-pétrole. Derrière le Barça, l'émir du Qatar Conscient que ses ressources naturelles ne sont pas éternelles, le Qatar a massivement investi dans le sport avec, en plus du Barça, l'obtention du Mondial 2022 et le rachat du PSG. L'Emirat joue désormais également les premiers rôles sur la scène politique internationale. Doha a, par exemple, participé activement à la campagne de l'Otan en Libye en 2011, en envoyant des avions de chasse bombarder les cibles pro-Kadhafi. Sur le dossier syrien, l'Emirat sunnite est un des principaux bailleurs de fonds du CNS (Conseil national syrien). Cette coalition de mouvements d'opposition au président alaouite Bachar el-Assad est dominée par les Frères musulmans syriens, que Doha finance. «Le terrorisme de Hamad (Ben Jassem al-Thani, Premier ministre qatari) et (du roi saoudien Abdallah) al-Saoud n'est pas une première. Leur crime de sang, issu de leur rancoeur, nous le connaissons déjà», écrit le quotidien As-Saoura. «Les Syriens, qui sont morts par la faute des monarchies du pétrole et des émirs de la trahison, ne pardonneront pas.» Les médias d'Etat n'ont peut-être pas entièrement tort. De nombreux maillots du FC Barcelone ont déjà été aperçus dans les manifestations populaires à travers le pays. Comme dans beaucoup de pays au Moyen-Orient, le FC Barcelone suscite en Syrie une véritable passion, pour mieux oublier la guerre.