«Jusqu'à présent, je n'ai pas eu le moindre contact avec la Fédération algérienne de football» «J'ai vu le match des Verts en Gambie et le but de Sofiane m'a impressionné» Dans cet entretien qu'il nous a accordé mercredi soir, Saphir Taïder nie avoir choisi de défendre les couleurs de la Tunisie. L'attaquant de Bologne estime qu'il est trop tôt pour se prononcer, donnant la priorité aux U-20 français et son équipe, disant vouloir gagner du temps de jeu et de l'expérience. Il nous a parlé aussi de ses rapports avec Sofiane Feghouli qu'il a connu à Grenoble Foot. Entretien. Tout d'abord, comment vivez-vous votre première saison en dehors de la France ? Ça va très bien. Je passe ma première saison loin de chez moi le plus normalement du monde, avec mes coéquipiers de Bologne. Sur le plan sportif, il faut savoir que ce n'est pas dur. On n'est pas loin d'assurer le maintien. Il nous reste quelques points seulement pour l'assurer définitivement. Comment avez-vous atterri à Bologne? A vrai dire, il y avait plusieurs formations qui me voulaient, que ce soit en Italie ou à l'étranger. Concernant les formations transalpines, il y avait en effet la Fiorentina et l'Udinese qui se sont fortement intéressées à moi, mais j'ai choisi Bologne, pour avoir beaucoup de temps de jeu. Vos débuts en Italie étaient-ils difficiles ? Non, pas du tout. Je me suis dit qu'il faut se donner à fond et avoir confiance en soi pour réussir. En arrivant en Italie, je suis très vite rentré dans le bain. Les stars du Calcio vous ont-elles impressionné ? Non, pas du tout. Elles ne m'ont pas impressionné, seulement, il faut comprendre que ça m'a fait beaucoup de plaisir de les affronter. C'est une motivation supplémentaire pour moi. Vous avez eu l'occasion d'affronter le Milan AC, l'Inter et la Roma, qu'avez-vous ressenti ? C'est vraiment un sentiment particulier. J'ai eu l'occasion de jouer au stade mythique de San Siro. C'est un plaisir de jouer face à des stars alors que l'an dernier, j'étais en Ligue 2. Mais sur le terrain, on ne peut pas réfléchir de la sorte, notre seul souci est de gagner. Votre capitaine d'équipe n'est autre que Marco di Vaio, un ex- attaquant de la Juventus de Turin et de Valence, vous a-t-il prodigué quelques conseils ? Ça se passe très bien avec Marco. C'est notre capitaine, il est là donc pour nous aider. A Bologne, il n'y a pas beaucoup de jeunes, donc ça lui arrive parfois de me donner quelques conseils, que j'essaye de mettre en pratique au plus vite. Vous avez trouvé de la compagnie, avec la venue d'Ishak Belfodil à Bologne… Ah oui ! Je m'entends parfaitement bien avec Ishak Belfodil. Ça m'a fait vraiment du bien d'être à ses côtés. Pour revenir à votre question, Marco di Vaio lui donne beaucoup de conseils, car c'est un attaquant comme lui. L'an dernier, vous étiez en Ligue 2, cette année vous jouez face aux grosses cylindrées comme le Milan ou l'Inter. Que de chemin parcouru ! Oui, c'est vrai. Je suis venu ici en Italie pour progresser. C'est vraiment motivant d'affronter les grandes équipes, maintenant, il ne faut pas s'arrêter là. Je pense qu'il faut redoubler d'efforts pour réussir et ne pas s'arrêter à mi-chemin. Vous allez affronter dans quelques semaines le Milan AC à San Siro. Ce sera aussi l'occasion de rencontrer un Algérien, en la personne de Djamel Mesbah… C'est toujours un grand plaisir de retrouver un joueur maghrébin, qu'il soit algérien, tunisien ou marocain, évoluant dans un grand club. C'est une très bonne chose de rencontrer Mesbah en tant qu'adversaire, même si je ne le connais pas personnellement. Le fait d'être au Milan prouve qu'il a du talent. Ces derniers temps, on parle beaucoup de votre départ vers la Juventus de Turin… Il faut savoir que j'appartiens à 50 % à la Juventus et 50 % à Bologne. Donc, il y a cette possibilité. Néanmoins, actuellement je porte les couleurs de Bologne jusqu'à la fin de la saison, c'est à partir de là que des décisions devraient être prises par les deux clubs. Vous rêvez de la Vieille Dame ? Et comment ! La Juventus est un club qui fait rêver, aucun joueur ne peut le refuser. Mais j'appartiens en ce moment aux deux clubs. Mon objectif actuellement est de me donner à fond pour mon équipe, assurer le maintien, après penser à mon avenir. Passons maintenant à votre avenir international. Dernièrement, la presse étrangère avait annoncé, et avec insistance, votre décision définitive de jouer pour la Tunisie… Non, ce n'est pas vrai. D'ailleurs, je ne suis même pas au courant de ce qu'a parlé la presse étrangère. Vous venez de me l'apprendre. Pour ce qui est de cette question, sachez que je n'ai pas encore pris de décision. Je suis toujours avec les U20 français, même si je peux également jouer pour la Tunisie, pays de mon père ou l'Algérie, le pays de ma mère. Doit-on comprendre par là que ce n'est pas un sujet d'actualité, du moins pour le moment ? Voilà. Je préfère maintenant gagner du temps de jeu, ici à Bologne, acquérir de l'expérience… avant de trancher. Je ne veux pas faire un choix comme ça, sans pouvoir ajouter un plus. Honnêtement, je ne me sens pas encore prêt à être un joueur international. Savez-vous que Vahid Halilhodzic a coché votre nom sur sa liste ? Oui, je le sais. J'ai appris cette nouvelle à travers les médias. Y a-t-il eu un contact avec la Fédération algérienne de football ? Non, il n'y a pas eu le moindre contact avec la FAF à ce jour. Il y a eu uniquement des contacts avec des journalistes pour m'interviewer. Entre la France, l'Algérie et la Tunisie, avez-vous un petit penchant pour l'une de ces sélections ? Non, je n'ai pas de penchant. La France, c'est là où j'ai grandi. J'ai fait les jeunes catégories de l'équipe de France. J'ai été formé là-bas. C'est toujours une satisfaction d'être chez les Bleus. L'Algérie, quand je regarde ses matchs, ses supporters, c'est vraiment merveilleux. Même pour ma mère, ce sera un grand plaisir. Ensuite, il y a la Tunisie avec laquelle mon frère a déjà joué et on en parle très souvent. Vos parents n'exercent-ils pas sur vous une pression pour choisir l'Algérie ou la Tunisie ? Non, pas du tout. C'est un choix personnel, toutefois, ils seront très contents et ils resteront toujours derrière moi pour m'encourager. Est-ce que vous suivez l'actualité du football algérien ? Oui, bien sûr. Je suis l'actualité du football algérien, notamment les clubs phares du pays comme la JS Kabylie. J'ai aussi suivi la JSMB car j'avais un ami à moi, Yassine Ouderadji, qui y a joué l'an dernier. Je suis aussi le football tunisien depuis cette saison puisque mon frère évolue à l'Etoile du Sahel. Suivez-vous les matchs de la sélection algérienne ? Oui, bien sûr que je suis les matchs de la sélection algérienne. Je connais pas mal de joueurs. Par exemple, le dernier match en Gambie ? Evidemment, j'ai suivi le match des Verts en Gambie, j'ai même su que Sofiane Feghouli a réussi à marquer son premier but en sélection, ça m'a fait beaucoup plaisir. Justement, vous connaissez parfaitement Sofiane Feghouli puisque vous étiez ensemble à Grenoble Foot… Oui, je connais parfaitement Sofiane, d'ailleurs, j'ai d'excellents rapports avec lui. Il m'a même donné les clés de sa chambre au centre de formation. Par la suite, on s'est entraînés ensemble et on a même joué en CFA. Pour son premier match en sélection, Feghouli a réussi à marquer un très joli but, en plus d'une bonne prestation … Oui, je suis très content pour Sofiane qui a fait un grand match en Gambie. Même avec Valence, il est en train de réussir une grande saison. Il est vraiment monté en puissance. Après son transfert à Valence, beaucoup de choses ont été dites, vu qu'il était encore jeune, mais je pense que Sofiane a démontré qu'on peut réussir dans un grand club, malgré son jeune âge. Pour bien résumer les choses, quand allez-vous prendre une décision concernant votre avenir international ? Pas encore. Je prendrai cette décision au moment où je me sentirai capable de devenir un joueur international. Je sais qu'il y a la Coupe du monde 2014, il y a aussi la CAN 2013. D'ici là, il y a des portes qui vont s'ouvrir. Donc, il y a une possibilité de vous voir dans l'une des trois sélections ? Oui, tout reste possible dans le football. Seulement, ça va dépendre de moi si je travaille bien et si je gagne encore en compétition. Franchement, je ne sais pas trop.