Saâdane «Brahimi a subi des pressions de la Fédération française» Votre ancien joueur en sélection, Rafik Djebbour, a fait des déclarations au magazine hebdomadaire Jeune Afrique, où il a critiqué sévèrement votre schéma tactique employé lors du dernier Mondial et remis en cause la préparation faite justement pour cette compétition. Une préparation qu'il a qualifiée de ratée. Vous répondez quoi à tout ça ? Avant de répondre à ce joueur, j'invite les responsables de la FAF à prendre les dispositions nécessaires pour préserver l'image de l'Equipe nationale et éviter de telles déclarations tapageuses. La fédération doit instaurer un règlement pour les joueurs et entraîneurs pour qu'ils puissent faire attention à ce qu'ils disent à la presse et éviter que l'image de la sélection ne se détériore. Si on commence tous à parler comme l'a fait Djebbour, il n'y aura pas de fin et chaque jour, on s'échangera les accusations dans les journaux. Personnellement, je dispose de beaucoup de secrets, mais je les garde pour moi et je ne les divulguerai jamais aux médias. Croyez-moi, je pourrais causer beaucoup de torts à certaines personnes, si je venais à parler d'eux, mais par respect aux joueurs que j'ai entraînés et à l'Algérie, je ne dirai rien. Saâdane, avant qu'il ne soit entraîneur, est avant tout un éducateur. Maintenant que votre appel a été lancé aux responsables de la fédération et que votre message a été bien compris, vous répondez quoi à ce qu'a dit Djebbour ? Je tiens à préciser que ce joueur a déjà tenu de pareils propos à l'époque de Benchikha et revoilà maintenant qu'il récidive sous l'ère Halilhodzic. Son but en s'attaquant à moi est de revenir en sélection et de gagner l'estime de l'actuel sélectionneur qui l'a mis à l'écart lors du précédent match. Il a critiqué mon travail et fait les éloges d'Halilhodzic dans le seul but de revenir en EN. Permettez-moi d'en dire davantage sur ce joueur. Allez-y… Djebbour est un cas spécial. Sur un plan technique, c'est un bon joueur et il a des qualités, mais sur le plan psychologique, c'est quelqu'un avec beaucoup de problèmes. C'est un joueur très difficile à cerner et surtout à gérer et son histoire, depuis qu'il a commencé à jouer au football, témoigne de cela. Je crois que depuis qu'il évoluait à Auxerre, il avait ces problèmes-là. Je ne vais pas m'interférer dans sa vie, ni même dans ses problèmes, mais qu'il se respecte et ne parle plus de moi dorénavant, ni de près ni de loin. Je ne voudrais pas dévoiler ses secrets et surtout ses écarts. De quels écarts et secrets vous parlez ? Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais je vais vous raconter un truc qui s'est passé par le passe, qui va sans doute lui rappeler des choses. Le jour où je suis revenu en sélection, en 2007, je n'ai pas trouvé Djebbour avec l'équipe première. Son nom était rayé de l'EN Espoirs et figurait dans la liste noire. Pourquoi donc les responsables l'ont mis dans la liste noire ? Tout simplement, parce qu'il a été l'auteur d'un scandale lorsqu'il évoluait avec l'Equipe nationale Espoirs. Excusez-moi, mais je ne vais pas dire ce qu'il a fait. Il se rappellera de lui-même. Il a un passé noir en sélection et aux supporters de comprendre ça. J'ai honte même de dire ce qu'il a fait. Vous venez de dire qu'il a été l'auteur d'un scandale et qu'il figurait dans la liste noire. Comment se fait-il alors qu'il est revenu en sélection à votre époque ? C'est moi-même qu'il ai rappelé en sélection. Je me suis dis que ce qu'il a fait faisait parti du passé et qu'on devait lui pardonner. Toutefois, on savait pertinemment qu'on devait le surveiller. Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, c'est une personne avec une mentalité très difficile à gérer. Et pour vous dire sincèrement, à cette époque, on avait un besoin urgent d'attaquants qui évoluent dans son poste. Il est évident que si on avait le choix, jamais on aurait fait appel à lui, et il n'aurait certainement pas eu le privilège de représenter l'Algérie lors du Mondial. Vous l'avez rappelé et d'aucuns pensent ce n'était pas forcément une bonne décision puisqu'il n'a pu marquer qu'un seul but durant plusieurs années passés en sélection ? Voilà, ses statistique en sélection parlent d'elles mêmes. Je préfère laisser les gens juger d'eux-mêmes à travers ses performances. Après, comme tout le monde le sait, à cette époque- là, on était à la recherche d'attaquants à même d'apporter un plus à la ligne offensive de l'EN, c'est pourquoi nous avons fait appel à lui. Je lui faisais confiance parce qu'il n'y avait pas assez de concurrents dans son poste. Après, et si vous vous rappelez bien, j'avais effacé son nom de la liste. C'était lors de la phase finale de la CAN 2010 en Angola, c'est bien cela ? Exactement. Je l'avais écarté parce qu'il était sans club. Je lui avais alors demandé de trouver un club pour qu'il puisse revenir en sélection et imaginez ce qu'il m'avait répondu… (il s'arrête, puis reprend) Ecoutez, je ne voulais pas trop revenir là-dessus mais puisqu'il s'est permis de m'attaquer, il n'a qu'à assumer ses responsabilités. Allez-y donc, dites-nous ce qu'il vous a dit au juste ? Il m'avait dit : «S'il vous plaît Cheikh ne m'écartez pas de la CAN, je veux la jouer !» Ce à quoi j'ai répondu : «Non, désolé, mais tu dois trouver un club.» Je voudrais aussi vous ajouter qu'en cette période, il était écarté de son équipe pour des raisons disciplinaires qui n'avaient rien à voir avec l'aspect sportif. Rafik avance que la Coupe du monde 2010 reste un mauvais souvenir pour lui, votre commentaire ? (Il rit franchement) Sincèrement, il me fait rire ! Savez-vous qu'il y a de grands joueurs qui ont joué pendant des années pour des clubs huppés sans jamais avoir eu cette opportunité de disputer un Mondial ? Si Djebbour a eu cet honneur de prendre part à une Coupe du monde, c'est grâce à l'Algérie et maintenant il vient nous dire que c'est là un mauvais souvenir pour lui ! Désolé, mais j'ai envie de lui dire ceci : «Ya Si Djebbour si tu veux revenir en Equipe nationale après avoir été écarté des dernières rencontres de l'EN, disputer la CAN 2013 et le Mondial 2014, tu n'as qu'à travailler et gagner ta place sur le terrain. Ce n'est pas en s'attaquant et en dénigrant Saâdane que tu vas regagner ta place en sélection. N'oublie pas que c'est grâce à cette Algérie, que tu oses critiquer, que tu es devenu connu en Europe.» Avant la Coupe du monde, Djebbour se disait très heureux dans le groupe et que la sélection se préparaient de la meilleure manière pour le Mondial, et maintenant, il avance tout à fait le contraire. Selon vous, pourquoi a-t-il attendu tout ce temps pour critiquer la préparation de l'EN ? Croyez-moi, au départ, je ne voulais pas lui répondre parce que je trouve qu'il souffre d'une maladie psychologique. Il dit des choses qu'il dément le lendemain donc, normalement, je ne devrais pas m'abaisser à son niveau. Il est d'un très bas niveau. Franchement, au lieu de remercier Dieu d'avoir disputé un Mondial avec l'Algérie, il s'attaque aux personnes qui l'avaient accueilli les bras ouverts en se montrant d'une ingratitude incroyable. C'est à se demander s'il y a des gens qui l'ont poussé à s'en prendre à ma personne. Que voulez-vous que je vous dises, que Dieu lui pardonne ! Il a affirmé aussi que vous étiez limité tactiquement et que vous êtes un entraîneur adepte du jeu défensif qui ne sait que contre-attaquer… Avec un joueur limité comme lui devant, je n'avais pas trop de solution, ni même le choix d'évoluer autrement. Je devais jouer le contre pour pallier les carences offensives. De toute façon, son bilan d'un but en plusieurs années passées en sélection prouve qu'il demeure un joueur ordinaire et très limité. Après Lemmouchia et Mansouri, maintenant c'est au tour de Djebbour de vous descendre en flammes, peut-être que demain un autre viendra aussi vous critiquer, n'êtes-vous pas affecté ? Affecté par les propos de Djebbour ? Allah Yehdik ! Si c'était quelqu'un que j'estimais bien ou une autre personne plus sensée, j'aurais peut être été touché ou bien atteint mais que ça provienne d'un type comme lui, cela ne me fait ni chaud ni froid, surtout que je connais assez bien son comportement et sa personnalité. J'aimerais aller plus loin si vous voulez. Oui, allez-y ? Je voudrais vous donner un exemple sur les joueurs que j'ai ramenés et qui ne m'ont jamais déçu, à l'image de Djamel Mesbah qui reste un joueur exemplaire sur tous les plans, éduqué, très sérieux et doué. Ce n'est pas par hasard qu'il a atterri dans un grand club comme le Milan AC. Kadir est aussi pétri de qualités humaines et sportives. Un joueur comme Abdoun même si je ne l'ai pas trop utilisé, il s'est toujours montré à la hauteur en acceptant mes choix. On a évoqué des prétendus conflits entre nous, mais, en réalité, il ne s'est jamais rien passé. Ses récentes déclarations sont tout à son honneur. Contrairement à Djebbour, Abdoun n'a critiqué personne pour espérer un retour en sélection. Là, vous comprendrez que la différence entre les joueurs que je viens de citer et Djebbour réside dans l'éducation. Ils sont plus éduqués et plus cultivés que lui. Croyez-vous normal que des joueurs qui n'ont rien apporté à l'EN se permettent à critiquer un entraîneur qui a offert à l'Algérie trois participations à une Coupe du monde ? Ecoutez-moi bien, mon cœur est assez grand. Je n'ai fait que du bien pour Lemmouchia mais il ne s'est pas empêché de me dénigrer avant de supplier monsieur Zefzef de rendre public un communiqué dans lequel on avait mentionné qu'il avait quitté le groupe de l'EN pour des raisons familiales alors que c'est moi qui l'avait écarté pour des raisons disciplinaires en Angola. J'ai fait de même avec Mansouri, il m'a aussi critiqué. Et maintenant, c'est au tour de Djebbour de s'en prendre à moi. Pour revenir à votre question, je dirai que c'est au public algérien de juger. Il est le seul à reconnaître ceux qui ont servi l'Algérie et ceux qui ne l'ont pas fait. On vous laisse le soin de conclure Cheikh… Comme je l'ai dit au début, la FAF doit sérieusement penser à mettre en place une loi qui punit toute personne qui essaye de ternir l'image de l'Algérie et tenter d'effacer la période faste de notre football. Personnellement, je garde des secrets de mon passage à la tête de l'EN et je ne vais en aucun cas les divulguer pour le bien de mon pays. Par contre, un Djebbour, par exemple, doit se taire et s'il continue à m'attaquer sans raison apparente, je vais le dénoncer. Enfin, je me demande comment l'Algérie est arrivée en demi-finale de la CAN 2010 et disputer un Mondial sans une stratégie de jeu et sans tactique. Si un joueur comme lui avait proféré de tels propos en Europe, il aurait été radié à vie du monde du football. Je vais me contenter de ce que je viens de dire parce que je ne veux pas descendre encore plus bas. Saâdane «Brahimi a subi des pressions de la Fédération française» Dans une brève discussion avec Rabah Saâdane au téléphone, l'ex-sélectionneur national nous a fait savoir qu'il continue à profiter de la chaleur familiale et qu'il n'a guère l'intention de revenir sur les terrains, «surtout pas en Algérie où la situation du football algérien ne m'encourage pas à revenir. Ce que nous avons vu dernièrement, je parle surtout de la violence dans les stades, montre que le football dans notre pays ne se porte pas bien». Rabah Saâdane n'écarte pas, toutefois, la possibilité de travailler un jour à l'étranger, «mais pas pour le moment, je veux profiter encore de la vie familiale». Nous avons profité de l'occasion pour revenir avec lui sur certains cas de joueurs professionnels quand il était le sélectionneur national, entre autres celui de Feghouli, qui avait décliné à l'époque une convocation de l'EN. «J'avais envisagé de prendre Feghouli en Afrique du Sud» Saâdane a d'abord confirmé qu'il y a eu des contacts avec le Valencien. «C'est vrai, nous avons parlé avec lui plusieurs fois, mais il n'a pas pu répondre à notre convocation car le contexte était très particulier. Je crois même qu'il était sous pression. Je ne peux pas dire qu'il a refusé de venir, mais je pense que les conditions de l'époque ont fait qu'il lui était impossible de trancher quant à la question. C'est une décision pas facile à prendre, il y a la famille, le club, l'environnement, beaucoup de paramètres doivent être pris en compte», nous a-t-il confié, et d'ajouter : «Je me rappelle qu'avant la Coupe du monde, il avait contracté une grave blessure et il s'est éclipsé ensuite, c'est qui nous a poussé à fermer ce dossier. Mais j'avais souhaité le prendre avec nous en Afrique du Sud, mais cela n'a pu se concrétiser.» Pour le cas de Brahimi, nous avons voulu avoir la version officielle de la part de Rabah Saâdane. Est-ce que le joueur a refusé l'équipe nationale ? «Ce n'est pas comme ça», répond-il, «Brahimi n'a pas hésité dans un premier temps pour choisir l'Algérie, mais il subi beaucoup de pression de la part de la Fédération française. Alors, pour éviter de gros problèmes, il a décliné notre offre. J'étais allé le voir en France, il m'a plu et je l'avais déclaré d'ailleurs, mais il été contraint de sacrifier l'Equipe nationale pour éviter des problèmes en France, et nous nous sommes montrés compréhensifs à son égard.» «Brahimi aurait pu être convoqué chez nous, mais les pressions exercées par les Français ont tout fait capoter. Dès qu'on a affiché notre intérêt pour lui, les Français ont fait beaucoup de bruit à cause des joueurs binationaux. Ils n'ont pas apprécié de voir des joueurs formés dans leurs centres de formation rejoindre l'Equipe nationale de leur pays d'origine à la faveur du changement de la règlementation.Vous vous rappelez des campagnes médiatiques de l'époque, le joueur s'est retrouvé sous une pression terrible, ce qui lui a fait changer d'avis alors qu'il n'était pas contre l'idée de venir», a-t-il ajouté concernant l'international espoirs des Bleus. «Actuellement, l'équipe est meilleure individuellement que celle de mon époque» «Chacun est libre de ses choix, vous ne pouvez pas obliger quelqu'un à venir. Feghouli, par exemple, ne pouvait pas à un moment donné venir. Maintenant il est avec l'équipe, on lui souhaite la bienvenue. On a essayé de le convaincre, lui et Brahimi. Lorsque ce dernier a refusé de répondre favorablement, on a opté pour un autre joueur. On a ramené de bons joueurs sur le plan technique. Mais je vous affirme que l'équipe est meilleure au niveau individuel que celle de mon époque», juge Saâdane. «Je ne peux pas être à la place de Halilhodzic pour parler du cas Ziani» Interrogé sur la mise à l'écart de Ziani par Halilhodzic, qui lui a préféré Feghouli, l'ancien sélectionneur dira : «Je ne peux pas être à la place de Halilhodzic, c'est lui l'entraîneur, il a sa politique et sa façon de voir les choses. A chacun sa personnalité et sa politique, et chacun de nous deux à son avis sur le sujet. Halilhodzic est le seul responsable d'une telle décision, si j'étais à sa place je pourrais répondre à la question. Je suis loin de l'équipe, je ne peux pas me mettre à sa place. Mon opinion, je la garde pour moi.» «Il n'y a pas de rapport noir sur Abdoun, c'est à Halilhodzic de décider de son retour» Concernant le cas Abdoun, Saâdane dira qu'il n'a rien contre ce joueur avec qui il n'a eu jamais de problème, bien qu'il ne lui ait pas donné sa chance. Saâdane affirme que Abdoun est différent de Djebbour, et n'a pas hésité à le qualifier de joueur pieux, ce qui lui donne une bonne réputation. Au sujet de sa non-convocation en Equipe nationale depuis un bon moment sous prétexte d'un rapport noir qui a été établi à son sujet, Saâdane nous apprend qu'il n'est au courant de rien : «La convocation de Abdoun fait partie des prérogatives de Halilhodzic, selon des critères techniques, ni plus ni moins.» «Chaouchi avait des problèmes avec l'équipe à mon époque» Pour le cas du gardien de but Chaouchi, écarté lui aussi à son époque, Saâdane nous confie : «Ce gardien avait des problèmes avec l'équipe à cause de ses agissements, même s'il a des qualités indéniables. Pour moi, ma mission avec la sélection s'est terminée en septembre 2010. Après cette période, Chaouchi a joué à l'ESS et le MCA. Le sélectionneur actuel l'a rappelé, et à chaque entraîneur son époque, je ne peux pas parler d'une époque qui n'est pas la mienne.» «On jugera Halilhodzic dans quelques mois, pas maintenant» Invité à nous donner son avis sur l'Equipe nationale à l'ère Halilhodzic, qui a réalisé trois victoires et un nul sur les quatre derniers matches, Saâdane nous déclare : «Il (Halilhodzic) est au début de sa mission, les éliminatoires de la CAN 2013 ont bien commencé après cette victoire en Gambie, en attendant le match retour. Il y a aussi des matches dans le cadre des éliminatoires du Mondial 2014, qui seront plus difficiles. Ce n'est que le début. On ne peut pas porter de jugement, il faut attendre quelques mois, voire une année, pour juger cette équipe nationale et son nouveau sélectionneur.» «La FIFA nous a donné raison pour la programmation des matches en août» A propos de la décision de la FIFA qui a refusé de programmer des matches amicaux au mois d'août, l'ancien sélectionneur des Verts dira : «C'est une bonne chose, la FIFA a pris en considération nos suggestions. Je l'ai dit dans plusieurs forums, notamment en Egypte, que le fait de jouer des matches en août est épuisant pour les joueurs. Quand est-ce qu'ils vont se reposer ? Je l'ai dit aussi devant des DTN des équipes européennes, et ils étaient d'accord. Les experts de la FIFA ont reconnu que cela pourrait nuire aux joueurs, ce qui signifie que notre vision a été juste. C'est une victoire pour les compétences algériennes.»