«Au 5-Juillet, la pression sera sur l'Algérie et ça nous arrange» Après la défaite de la Zambie face à l'Algérie, le sélectionneur Hervé Renard est parti chez lui, à Cannes, pour passer deux semaines de vacances en famille. Ce recul lui a permis d'analyser à tête reposée l'échec de son équipe à Chililabombwe face à l'Algérie et de penser d'ores et déjà au prochain match qui l'opposera justement contre les Algériens, mais à Alger cette fois-ci. Là, il est de nouveau à Lusaka pour bien préparer cette confrontation. Qu'on se le dise : Renard et sa troupe n'ont pas encore renoncé à la Coupe du monde et ils comptent vendre chèrement leur peau face à l'Algérie. * Après le match Zambie-Algérie, vous avez pris quelques jours de vacances en France. Avec du recul, qu'est-ce qui n'a pas marché, selon vous, pour la sélection zambienne ? J'ai revu le match plusieurs fois à tête reposée et le constat que je fais est le même que celui que j'avais fait à chaud, après le match : nous avons manqué d'efficacité. J'ai comptabilisé six occasions nettes en faveur de mon équipe. Il aurait suffi juste de faire montre d'un peu d'adresse devant le but. Malheureusement, cela n'a pas été le cas. A ce niveau de la compétition, cela ne pardonne pas. Les Algériens, eux, ont eu plus de réussite. Tant mieux pour eux ! C'est la règle du jeu. * Pensez-vous que la victoire de l'Algérie repose uniquement sur de la réussite ? Non, je n'ai pas dit ça, car se montrer efficace en attaque est la marque des grandes équipes. Je dis seulement que le résultat ne reflète pas la physionomie du match. Il suffit juste d'analyser le deuxième but pour s'en rendre compte : c'est le ballon qui percute le défenseur algérien (Madjid Bougherra, ndlr) et non pas ce dernier qui repousse le ballon et cela s'est transformé en contre-attaque qui a débouché sur un but pour l'Algérie. Tout donc s'est joué sur le positionnement heureux d'un défenseur à l'endroit qu'il faut. Voilà pourquoi je dis que la réussite a joué un rôle dans ce match, sans rien enlever au mérite de l'Algérie. Lorsqu'on analyse bien la rencontre, on voit bien que la Zambie a fourni un très bon match, mais le résultat dit le contraire. * Nonobstant le manque de réussite de vos joueurs, le match s'est-il déroulé comme vous le prévoyiez ? Dans l'ensemble, oui. Je m'attendais à ce que les Algériens soient prudents derrière et entreprenants devant et c'est ce qui s'est passé. La seule chose qui a manqué, c'est l'efficacité de la part de mes attaquants. Cela dure depuis des mois et il est temps de se pencher sur ce problème, quitte à apporter des changements s'il le faut. * Vous aviez répété à maintes reprises, avant le match, que l'Algérie était favorite car elle possède des individualités que la Zambie ne possède pas. Le déroulement de la rencontre a-t-il confirmé vos dires ? Absolument. Les attaquants algériens sont beaucoup plus expérimentés que les miens. Il suffit juste de voir comment la contre-attaque sur le deuxième but a été menée et conclue pour sentir la différence. J'aurais aimé avoir un gars comme Djebbour, qui se révèle être un très bon joueur, mais je n'en ai pas, malheureusement. C'est ce qui fait toute la différence. * La Zambie a-telle abdiqué dans la course pour la Coupe du monde ? Non, pas du tout. Il reste encore trois matches pour tout le monde et nous ne renoncerons jamais, tant qu'il y aura encore de l'espoir. Le 6 septembre prochain, il nous faudra au moins le nul à Alger et nous nous déplacerons pour ne pas perdre. Que les Algériens sachent que nous ne lâcherons rien. Nous jouerons notre chance à fond, même si nous savons pertinemment que cela va être extrêmement difficile. Si nous voulons entretenir encore le rêve d'aller en Coupe du monde, il nous faudra ramener au moins un point d'Alger car, si nous perdons, ce sera définitivement fini pour nous. Cela dit, c'est l'Algérie qui a toutes les cartes en main pour aller au Mondial. * Vous dites que c'est l'Algérie qui est favorite, mais vous caressez quand même le rêve de la tenir en échec à Alger… C'est tout à fait ça : l'Algérie est devant, mais nous ne renonçons pas. Si l'Algérie nous bat à Alger, alors là, elle aura amplement mérité d'aller en Coupe du monde. * Vous avez parlé de carences au niveau de votre compartiment offensif. Comment comptez-vous y remédier ? Il faut trouver des solutions rapidement. Nous devrons prospecter pour trouver des attaquants efficaces. C'est pénalisant de produire du jeu, de nous procurer des occasions et de ne pas pouvoir les concrétiser. Ce sera notre prochain chantier. * Un retour de Mbesuma, écarté face à l'Algérie, pourrait-il constituer une solution ? Je ne le crois pas. Dans un coin de ma tête, j'ai des perspectives d'avenir pour la sélection zambienne et je ne pense pas que c'est en rappelant Mbesuma qu'on assurera l'avenir. Cela fait des années qu'il est sélection et je pense qu'il a fait son temps. Déjà, il faut qu'il se trouve un club, car il n'en a pas pour le moment. Ensuite, on ne peut pas faire du neuf avec du vieux. Donc, je pense qu'il faut plutôt chercher de nouveaux joueurs. * Vous avez affronté l'Egypte et l'Algérie. Quelle différence voyez-vous entre les deux équipes ? C'est difficile à dire, car nous les avons affrontées dans deux contextes différents. Contre l'Egypte, c'était à l'extérieur, au Caire. Les Egyptiens n'avaient pas bien joué ce jour-là et c'était aussi parce que nous avions, nous, bien joué. Je regrette amèrement les deux ou trois occasions que nous avions gâchées ce soir-là, car je suis convaincu qu'une victoire ramenée de là-bas aurait tout changé dans ce groupe. Face à l'Algérie, nous avons joué à domicile et nous savons que les Algériens ne jouent pas de la même manière à domicile et à l'extérieur. C'est pour cela que je ne peux pas vraiment comparer les deux équipes. Ce que je peux vous dire, c'est que les Algériens jouent avec beaucoup de confiance et d'envie. L'expérience internationale acquise par sa composante joue un rôle déterminant dans cette assurance que l'équipe dégage. * Vous aviez souvent cité Karim Ziani dans vos déclarations d'avant-match et vous aviez justifié cela par le fait que c'est un grand joueur, de surcroît évoluant dans votre club préféré, l'Olympique de Marseille. Aujourd'hui, Ziani est joueur au Vfl Wolfsburg, le champion d'Allemagne en titre. Que vous inspire ce transfert ? Cela ne fait que confirmer le bien que je pense de lui. J'ai toujours affirmé que c'était un joueur de talent qui a le niveau international. Etre recruté par le champion d'Allemagne sortant n'est pas donné à tout le monde. En tout cas, cela n'arrivera certainement pas à un joueur zambien (rire). Je lui souhaite le meilleur dans cette nouvelle étape de son parcours professionnel. * Alors, un dernier mot sur le match Algérie-Zambie du 6 septembre prochain ? Encore faudra-t-il que j'y sois. Vous savez, le métier d'entraîneur est tellement aléatoire (rire). Cela dit, ce serait un moment particulier pour moi. Je sais que l'ambiance sera très chaude et que nous jouerons devant autant de monde que lors de notre match face à l'Egypte. Nous ferons de notre mieux et nous défendrons nos chances de qualification pour la Coupe du monde à fond. La pression sera sur les épaules des Algériens et cela nous arrange. C'est lorsque nous ne sommes pas dans la peau du favori que nous jouons le mieux. Entretien réalisé par Farid Aït Saâda