Rosell : «Le meilleur entraîneur de l'histoire du Barça.» Guardiola : «Je me sens vidé !.» Toutes les plus belles histoires ont une fin. Celle entre Josep Guardiola et le FC Barcelone s'achèvera au mois de juin, comme l'a annoncé le technicien espagnol ce vendredi en conférence de presse, en présence du président Sandro Rosell et de plusieurs de ses joueurs. L'ancien joueur du club blaugrana, en fin de contrat cet été, va quitter le cocon. Quatre ans après son intronisation, le natif de Santpedor a indéniablement marqué l'histoire du football moderne. La nouvelle était attendue par l'Europe entière. Josep Guardiola a annoncé son départ du FC Barcelone à la fin de la saison, après quatre années de succès et d'euphorie en Catalogne. Le Catalan laisse derrière lui treize trophées, 175 victoires en 242 matches et 618 buts dont beaucoup inscrits au terme d'actions qui ont marqué les esprits. Tous les médias, qu'ils soient pro-madrilènes comme Marca, ou pro-Barça à l'image de Sport, étaient unanimes depuis plusieurs heures. Les dirigeants barcelonais ont pourtant tout tenté pour le retenir. Allant même jusqu'à lui proposer un chèque en blanc ! Malgré une longue réunion de près de trois heures mercredi matin en compagnie de son président, Sandro Rosell, de Josep Maria Bartomeu, le vice-président, et d'Andoni Zubizarreta, le directeur sportif du club, rien n'y a fait. Rosell : «Le meilleur entraîneur de l'histoire du Barça» En prenant en premier la parole en conférence de presse, c'est le président Sandro Rosell qui a confirmé le départ de Guardiola : «Il ne continuera pas comme entraîneur. Je lui laisse la parole. Bravo à lui pour tout ce qu'il a apporté au club, au monde du football. Merci Pep, pour tout. Pour ton soutien, ton respect. Tu es le meilleur entraîneur de l'histoire de notre club. Le Barcelonisme te sera éternellement reconnaissant.» Une page se tourne donc pour le club catalan qui a connu sous les ordres de Guardiola la meilleure période de son histoire. Guardiola : «Je me sens vidé !» Usé, le technicien catalan a besoin de recharger les batteries et ne s'estimait plus capable d'être à 100% avec le Barça : «J'ai besoin de récupérer, c'est pour ça que je pars. J'aurai pu continuer, mais je n'aurais pas été l'entraîneur que le Barça mérite d'avoir. L'entraîneur doit être fort, il faut de la passion et de l'énergie pour entraîner ses joueurs et j'ai besoin de retrouver cela. Ce n'est pas une situation simple pour moi. Quatre ans me semblent une éternité pour être à la tête d'un tel club, avec d'énormes matches tous les trois jours. Je me sens vidé. Je ne pensais pas vivre d'aussi beaux moments que ceux que j'ai connus ici, avec ces joueurs. Je suis très fier d'avoir entraîné des hommes comme eux. Mais je ne peux plus donner tout ce que j'apportais avant. C'est un autre qui doit le faire. Je pars avec la sensation d'avoir bien fait mon travail. C'est un club avec un potentiel incroyable. N'ayez pas peur. Merci à tous», a-t-il expliqué. Guardiola n'a plus la passion et l'énergie nécessaires donc pour diriger une grande équipe comme le Barça. Une décision prise depuis octobre Après deux jours de repos suite à l'élimination en demi-finale de la Ligue des champions, les joueurs catalans ont repris l'entraînement hier matin, à 11h00. C'est à ce moment-là que Guardiola leur a révélé sa décision. «Les gars, je pars du Barça», a-t-il simplement déclaré dans des propos relayés par Marca. A sa demande, la déclaration officielle du club n'est intervenue qu'après, sous la forme d'une conférence de presse, sous les yeux de plusieurs joueurs de l'effectif aux mines graves (Piqué, Busquets, Xavi, Puyol, Fabregas, Iniesta, Valdes), Guardiola a alors expliqué que sa décision était prise depuis octobre dernier. «Je me sentais en fin de cycle, a-t-il indiqué. Je ne voulais pas que ma décision influe sur les résultats du club. Maintenant que nous sommes éliminés de toutes les compétitions, je peux le communiquer. J'avais pris ma décision depuis le mois d'octobre dernier et je regrette profondément toute cette incertitude que j'ai laissée autour de mon avenir. C'était une erreur.» Treize trophées en quatre ans seulement Entre 2008 et 2012, le quarantenaire et ses impeccables costumes ont soulevé 13 trophées (3 championnats d'Espagne, 1 Coupe du Roi, 3 Supercoupes d'Espagne, 2 Ligues des champions, 2 Supercoupes de l'UEFA et deux Coupes du monde des clubs) et annihilé la menace représentée par le rival madrilène pourtant fourni en stars et loin d'avoir été à l'agonie en termes de résultats. Promu en équipe première pour prendre la place de Frank Rijkaard, après une saison sur le banc du Barça B, "Pep" a su balayer le scepticisme de l'exigeante presse locale. El Mundo Deportivo et ses semblables ont eu beau stigmatiser l'inexpérience du Catalan, son invraisemblable réussite les a conquis un par un. L'entraîneur le plus courtisé au monde Malgré le désir de couper avec le monde du football, Guardiola va devenir l'entraîneur le plus courtisé de la planète. Chelsea, l'AC Milan, Liverpool, la Fédération anglaise, l'Inter Milan et bien d'autres encore sont prêts à bondir le chéquier à la main. Mais l'argent n'est pas la motivation première de Guardiola, qui aurait pu signer un contrat de rêve dans son club de cœur. Quelle suite donnera-t-il à sa carrière ? Plusieurs options semblent désormais s'offrir à l'entraîneur le plus coté de sa génération. S'il avait évoqué la possibilité d'une année sabbatique, "Pep" pourrait se laisser tenter par les millions de dollars que lui proposent la Fédération du Qatar ou, plus glamour, la prise en charge de la sélection anglaise pour l'Euro. «Je ne sais pas quand je retrouverai un banc. J'ai envie d'autres choses, et j'ai surtout besoin de me reposer maintenant», a-t-il déclaré. Un repos bien mérité, après une aventure riche en succès. Messi n'a pas voulu montrer sa tristesse Consacré meilleur joueur du monde sous les ordres de Josep Guardiola, Lionel Messi a rendu hommage à son entraîneur, après que ce dernier eut annoncé, vendredi, son départ du FC Barcelone en fin de saison. «Je souhaite remercier de tout mon coeur Pep pour tout ce qu'il a apporté dans ma carrière et ma vie personnelle, a indiqué l'attaquant argentin sur sa page Facebook. Etant donné l'émotion qui a été la mienne, j'ai préféré ne pas assister à la conférence de presse de Pep, loin des médias, surtout parce je sais qu'ils auraient cherché les visages tristes des joueurs, quelque chose que j'ai décidé de ne pas montrer.» Les hommages envers l'homme qui a remporté treize trophées sur seize possibles en quatre ans ne font probablement que commencer. Vilanova, le choix inattendu ! Alors que plusieurs grands noms circulaient (Blanc, Valverde, Villas-Boas, Luis Enrique...), le choix s'est finalement porté sur Tito Vilanova, l'adjoint de Guardiola. «Le nouvel entraîneur devait connaître l'équipe de l'intérieur, sa tranquillité, ses couloirs complexes... Un jour, j'ai dit à Pep le nom de Tito parce qu'il représente tout à la fois», a commenté Zubizarreta. Agé de 42 ans, Francesc "Tito" Vilanova est au FC Barcelone depuis 2007 en tant qu'entraîneur. Adjoint de Guardiola en équipe réserve lors de la sa première saison, il a rapidement rejoint l'équipe première suite à la nomination de Pep Guardiola en juin 2008, en lieu et place de Frank Rijkaard. Vilanova est d'ailleurs un enfant du Barça puisqu'il a été formé en Catalogne. Sans avoir jamais réussi à percer. Mais alors qu'on attendait des prestigieux candidats pour lui succéder, le Barça a pris tout le monde à contrepied en nommant Tito Vilanova à la tête du club sur les bons conseils de Guardiola qui n'a aucun doute sur ses capacités à mener le Barça vers les sommets. «Je lui souhaite tout le meilleur, les joueurs le connaissent, il s'adaptera rapidement, il donnera aux clubs et aux joueurs ce que je ne me sentais plus en mesure de donner.» Chaque jour, depuis des années, Tito Vilanova est l'un des premiers arrivés au centre d'entraînement du Barça. Et il en est le dernier à partir. Très bon tacticien, c'est notamment grâce à lui que Guardiola a pu changer le système de Barça, laissant notamment le 4-3-3 pour le 3-5-2. Formé au club, cet ancien milieu jamais passé pro a fait ses gammes en dirigeant les équipes de jeunes. Il y a dix ans, les cadets du Barça semaient la terreur dans leur championnat. Parmi eux, il y avait Messi, Fabregas et Piqué. Au bord du terrain, c'est Tito Vilanova qui veillait déjà. En rémission d'un cancer diagnostiqué, il y a quelques semaines, Tito Vilanova est un homme passionné qui a connu une carrière modeste au poste de milieu de terrain. Il possède comme principal fait d'armes une altercation musclée avec José Mourinho lors de la Supercoupe d'Espagne en août dernier. De quoi prouver à qui peut en douter le caractère affirmé d'un homme dont les premiers pas en tant qu'entraîneur titulaire seront très attendus et disséqués.