La fable n'est pas de La Fontaine, mais de Bir Beghtah, un poète populaire méconnu. Ses histoires parlent aussi des animaux. Bir Beghtah évoque aussi le lièvre et la tortue, l'âne et ses maîtres, le berger et le roi... Mais il n'y a pas de fourmi dans son monde a, car personne n'aime le travail là-dedans. Ça commence comme ça… Il était une fois, dans le pays des merveilles, un renard, un ver de terre, des rats d'égout et des perroquets siffleurs qui ont décidé, un beau matin, d'aller vivre au sommet d'une montagne rugueuse. On dit que là-haut, l'herbe est plus verte et les fruits abondants. Certains disent même qu'il n'y a aucune loi ni foi pour guider les heureux propriétaires de ces terres inaccessibles. Se voyant trop beaux et trop riches pour continuer à vivre avec le commun des mortels, les rêveurs téméraires décidèrent d'entreprendre une campagne périlleuse vers les cimes de cette haute montagne. Armés des seuls atouts que la nature sauvage dans laquelle ils ont baigné a bien voulu leur concéder, les explorateurs ont foncé dans une aventure alpiniste sans cordes ni mousquetons. Seul le malin renard a pris le soin de glisser dans sa poche des lunettes de soleil, pour ne pas abîmer sa peau fragile… Le ver de terre, quant à lui, ne savait pas vraiment où il s'était embarqué. Son ambition l'a si aveuglé qu'il oublia la métamorphose qui lui promettait une belle vie en papillon vert. Les ratons mangeurs étaient connus pour leur insatiabilité. La tentation d'atteindre la montagne était, donc si forte qu'ils avaient embarqué dans leur expédition les oiseaux siffleurs pour leur siffler encore de belles mélodies comme dans les moments difficiles. Tout le monde s'était persuadé que l'escalade allait être un jeu d'enfant. Ils ont parcouru l'essentiel de l'ascension, mais ont manqué d'oxygène dans les derniers mètres. Seul un berger venant d'un douar obscur avait réussi à tromper la vigilance des gardiens. Les autres ont tous été balancés du haut de la montagne d'un violent coup de pied au derrière. Mais ils ont eu quand même droit chacun à un biberon pour être nourri au bon venin. Moralité : véreux chez les innocents ne garantit pas une place parmi les diables…