Forum des clubs professionnels : quatre points à l'ordre du jour. La deuxième saison de l'ère du professionnalisme s'est achevée sur des airs de déjà vu. Du professionnalisme, il n'y en a eu que le nom, tant les dépassements, atermoiements et corruption ont été légion. Il y a eu du positif, mais malheureusement terni par trop de négatif, du moins, plus que ne le permettrait un deuxième exercice. Si on peut pardonner certaines choses lors de la première année, on peut difficilement en faire de même lors de la seconde, surtout s'il y a récurrence des mêmes tares. Le 19 mai, c'est mieux que le 8 juillet ! La première chose positive est que le championnat s'est terminé à une date correcte, à savoir le 19 mai. Correcte dans la mesure où elle correspond à la date où se sont terminées les compétitions en Europe. En comparaison avec la clôture ahurissante intervenue la saison passée (le championnat s'était achevé le… 8 juillet !), les progrès sur le plan de la programmation sont appréciables. Ainsi, même les joueurs de l'ASO Chlef, appelés à disputer la phase de poules de la Ligue des champions africaine, auront le temps de prendre des vacances selon les normes et d'effectuer une préparation correcte pour cette compétition, contrairement au MC Alger et à la JS Kabylie qui, l'été passé, avaient payé cher l'absence de coupure entre les deux saisons, ratant leurs participations respectives aux phases de poules de la Ligue des champions et de la Coupe de la CAF. Le championnat a concurrencé Barça-Real Madrid Au chapitre des satisfactions, il faut aussi noter le regain d'intérêt de l'opinion publique pour le championnat national. Certes, le recul relatif des performances de la sélection nationale y est pour quelque chose, les amoureux du football reportant leur attention sur les clubs algériens après l'épisode de la Coupe du monde et de la qualification ratée pour la CAN-2012. Toujours est-il que les dernières journées du championnat ont connu, globalement, des affluences très correctes dans les stades ainsi que des commentaires animés et palabres passionnées dans la rue, à travers tout le territoire national, même si la rivalité Barça-Real Madrid faisait parfois concurrence dans les débats. Haddad, au moins un qui a mis 70 milliards sans attendre les subventions Un autre point positif à ne pas occulter : pour la première fois, un homme d'affaires s'est impliqué pleinement dans un club avec ses deniers. Ali Haddad a mis plus de 70 milliards de centimes dans le budget de l'USM Alger cette saison, ce qu'aucun président de club en Algérie n'avait jamais fait auparavant. On peut lui reprocher d'avoir fait des erreurs de casting, en recrutant tous azimuts sans tenir compte des critères techniques de groupe et en s'entourant de personnes qui n'ont pas fait preuve de la compétence attendue d'elles, mais on ne lui reprochera pas d'avoir mis la main à la poche, au moment où de nombreux autres présidents de club continuent de compter sur les subventions de l'Etat, à travers les collectivités locales. Il a même payé trop grassement des joueurs à qui incombe la plus grande responsabilité de l'échec puisqu'ils n'ont justifié ni leur talent présumé ni la confiance et l'argent placés en eux. Son investissement n'a rapporté aucun titre, mais gageons qu'il se révèlera fructueux dans un proche avenir lorsque le centre de formation qu'il a mis sur pied commencera à produire des talents. Un joueur poignardé sur un terrain : la violence s'est «professionnalisée» Concernant les aspects négatifs, le plus important d'entre eux est la recrudescence inquiétante de la violence dans les stades. On peut même dire que les «hooligans» algériens sont passés au stade du «professionnalisme» puisqu'un footballeur, Abdelkader Laïfaoui, international de surcroît, a été carrément poignardé sur le terrain du stade de Saïda. Passons sur les saccages et dégradations dans les stades (sièges, grillages, terrains, vestiaires…) et en dehors (bus de l'équipe adverse, biens publics…) et les agressions contre les supporters adverses, devenus des «classiques» en matière de violence, avec quand même une innovation de taille : la destruction de caméras de la télévision. Un incident, survenu au stade du 5-Juillet, qui avait d'ailleurs poussé la télévision algérienne à interrompre la retransmission du match USMA-USMH. Le huis clos n'a rien réglé En voulant sévir contre la violence, la Ligue nationale de football est tombée dans un autre travers : l'exagération du huis clos. Que de matches se sont déroulés cette saison sans public ! Trop pour la crédibilité d'un championnat. Au lieu de sanctionner le club recevant, on sanctionne ses supporters – qui ne sont pas tous des voyous – et même les supporters des clubs adverses, privés ainsi eux aussi du droit d'assister aux matches. Les événements ont démontré que le huis clos ne «soigne» pas contre la violence et n'est donc pas une solution. Pourquoi ne pas envisager des mesures plus radicales et plus coercitives, tel qu'imposer au club fautif de jouer son ou ses prochains matches sur le terrain de l'adversaire, de se faire défalquer un point où de perdre son match sur tapis vert ? Lorsqu'un club sentira vraiment, sur le plan comptable, la menace sur ses intérêts, il fera tout pour que les matches dont l'organisation lui incombe se déroulent dans de parfaites conditions de sécurité, sous peine de le payer très cher. Un président révèle une tentative de corruption et aucun responsable n'a réagi ! Autre boulet que traîne le football algérien : la corruption. Elle a de tout temps existé, mais elle prend des proportions alarmantes. Lorsqu'un président de club, celui du WA Tlemcen en l'occurrence, révèle publiquement, dans une conférence de presse, que le maire de la ville lui avait demandé de lever le pied lors du match face à l'ES Sétif en contrepartie d'une subvention, le seuil de l'intolérable est allégrement franchi. Or, aucune réaction chez les instances dirigeantes, que ce soit la Ligue nationale de football, organisatrice du championnat, ou la Fédération algérienne de football, garante de la bonne gouvernance de ce sport et du respect de l'éthique. Pourtant, de telles révélations auraient dû provoquer un tas de mesures : ouverture d'une enquête, convocation des présidents des deux clubs pour audition, saisine de la justice… Depuis le temps que la FAF claironne qu'il faut des preuves pour pouvoir enquêter sur des cas de corruption, voilà qu'il y a un président de club, de surcroît président du Forum des clubs professionnels, qui émet des accusations claires et cite une personne précise, mais sans aucune suite. Autre président à avoir eu du courage : Tiab, le patron de la JSM Béjaïa, qui a nommé et chassé des joueurs qu'il accuse d'avoir levé le pied lors du match JSMB-MCO. Ne parlons pas des arbitres, dont certains ont été auteurs de bourdes monumentales qui ont coûté des matches à des clubs et qui, juste pour la galerie, en ont été quitte avec une mise au frigo pour quelque temps. Si le nocturne était généralisé, on pourrait débuter au mois de Ramadhan A tous ces points négatifs, il faut en ajouter un : la non généralisation des matches en nocturne. Les footballeurs professionnels vous le diront : le vrai football, c'est en soirée. La fraîcheur aide un joueur à se dépenser et le public peut venir au stade sans «resquiller» au travail ou gâcher son après-midi. Or, il y a encore des stades qui ne sont pas dotés de l'éclairage, en dépit de la promesse faite en 2010 d'imposer aux clubs de munir de projecteurs les stades dans lesquels ils reçoivent. Là aussi, une mesure simple et efficace pourrait être prise : obliger les clubs dont les stades de domiciliation ne sont pas dotés de l'éclairage à recevoir dans une autre ville où il y a des projecteurs dans les stades. Là, ces clubs, se voyant pénalisés, feront le nécessaire pour régler le problème, quitte à dépenser de leur propre budget. Au moins, ça permettrait au championnat de débuter en août, même s'il y a le Ramadhan, plutôt que le 7 septembre, avec, en tenant compte de l'éventualité de la participation de l'Algérie à la CAN-2013, la perspective d'une fin tardive des compétitions. Serait-ce une troisième saison du professionnalisme avec des problèmes ? Jamais deux sans trois ? --------- Forum des clubs professionnels : quatre points à l'ordre du jour Le Forum des clubs professionnels de football s'est réuni, hier mardi, 22 mai. Comme prévu, les 21 présidents de club présents ont débattu de la question du professionnalisme et essentiellement des solutions apportées pour faire baisser les dettes des clubs qui n'arrivent plus à joindre les deux bouts. L'une des solutions proposées est celle de plafonner les salaires des joueurs. Autrement dit, les présidents de club s'entendront sur une barre à ne pas dépasser en matière de salaires à octroyer aux joueurs. Pour ce faire, il va falloir réunir au moins 26 signatures. Or, pour cette première rencontre, seuls 21 présidents étaient présents. Le Forum tentera donc d'atteindre le quorum lors de la prochaine réunion.
Une délégation chez Djiar Sept présidents de club, à savoir Medouar, Madani, Zetchi, Laïb, Lahlou, Hannachi et Yahla, ont été désignés pour représenter le Forum des clubs professionnels lors d'une rencontre future avec le ministre de la Jeunesse et des Sports. Il sera question de débattre justement des solutions à même de permettre aux clubs professionnels de respirer mieux, financièrement cela s'entend. Il sera aussi question de débattre de la possibilité de faire bénéficier les SSPA des subventions des pouvoirs publics sans passer par le CSA. Au final, le Forum des clubs professionnels est revenu aussi sur le phénomène de la violence dans les stades sans pour autant trouver des solutions à même de l'endiguer. Une fois encore, les présidents s'en remettent aux pouvoirs publics.