«J'étais venu superviser secrètement Bencheikh en mettant un burnous.» «J'étais intervenu auprès de Borelli pour que le PSG ne laisse pas Dahleb jouer.» Le nom de Abdelmajid Chetali ne doit certainement rien dire aux lecteurs les plus jeunes. C'est pourtant un grand nom du football arabe en général et du football tunisien en particulier. Ancien international tunisien, il s'était distingué en 1977 en qualifiant la Tunisie à la Coupe du monde 1978 et en menant sa sélection à une participation très honorable lors ce Mondial, ce qui avait amené la FIFA à ajouter un deuxième représentant africain à la Coupe du monde de 1982. Aujourd'hui consultant à la chaîne de télévision Orbit, nous l'avons rencontré à Varsovie, au cours de l'Euro-2012 où il avait été «prêté» par son employeur à la chaîne Al Jazeera Sport, pour une longue interview truffée d'anecdotes inédites sur ses relations avec le football algérien. Nous vous en livrons la première partie. Vous avez quelque peu disparu de la scène footballistique. Que devient donc Abdelmajid Chetali ? Je n'ai pas complètement disparu puisque je suis, depuis plusieurs années, dans un nouveau rôle de consultant pour des chaînes de télévision. Je travaille à Orbit, qui était, il y a sept ou huit ans, ce qu'est Al Jazeera Sport actuellement. A l'époque, cette chaîne avait un seul concurrent : ART. Je suis passionné par ce domaine. Quand on a joué, comme moi, pendant dix ans en sélection nationale de Tunisie, qu'on a entraîné l'Etoile du Sahel, qu'on a été directeur technique dans ce club, c'est normal qu'on suive cette filière. Malheureusement, je remarque qu'il y a de nombreux jeunes analystes dans les télévisions qui pouvaient se diriger vers le métier d'entraîneur. Ils ont joué dans des clubs et dans leurs sélections nationales respectives et ont acquis de l'expérience. Vous trouvez partout, dans toutes les chaînes de télévision, au lieu de se diriger vers le travail d'entraîneur. Ils auraient pu tenter leur chance et, même si ça ne marche pas pour eux, ils auraient eu le mérite d'avoir essayé. Pour en revenir à mon travail, la télévision me permet d'être à l'écoute du football international. Ce que peu de gens savent, c'est que vous êtes l'un des premiers Arabes à être devenu consultant de télévision. C'est vrai. J'avais commencé en 1994. La chaîne Orbit avait acquis les droits de la Coupe du monde de 1994 qui s'était déroulée aux Etats-Unis. Avant que cette chaîne ne me contacte, je ne connaissais même pas son nom. Depuis, je lui ai été fidèle. D'ailleurs, je suis toujours sous contrat avec Orbit, mais elle m'a prêté à Al Jazeera Sport pour l'Euro-2012, ce qui fait que les présentateurs des émissions d'Al Jazeera Sport auxquelles j'ai participé étaient tenus de me présenter en disant «Abdelmajid Chetali de la chaîne Orbit». Cela fait un peu de publicité à une chaîne qui n'a plus rien dans le football. Les émirs saoudiens qui la détiennent espèrent, d'ailleurs, acquérir les droits d'un championnat européen. En votre qualité de consultant pour l'Euro-2012, un mot sur le niveau global de la compétition ? Comme beaucoup d'observateurs, j'ai été très déçu par le niveau affiché par certaines sélections. Par exemple, la sélection hollandaise a été une catastrophe. En 2010, pour la Coupe du monde, j'avais prédit que celui qui battrait les Pays-Bas remporterait le trophée. Cela s'est avéré, puisque l'Espagne avait battu les Pays-Bas et remporté la Coupe du monde. Avec son armada de milliardaires – je dis bien milliardaires, pas millionnaires, Van Persie, Robben, Sneijder, Afellay, Van der Vaart, Huntelaar, De Jong, Kuyt, les Pays-Bas n'avaient aucune excuse. Le cas de l'Angleterre devrait être traité à la FIFA : que s'est-il passé pour que cette équipe refuse le jeu contre l'Italie durant toute la deuxième mi-temps et durant les prolongations ? Ses joueurs défendaient à dix ! Ça m'a fait penser au comportement d'une équipe moyenne ou faible de division inférieure contre une équipe de l'élite, avec pour seul souci d'arriver à la série des tirs au but. Quant à la France, ce n'est pas une surprise. C'es la suite de 2010 : une pagaille sur le terrain et en dehors. On n'a rien vu. C'est facile de parler après-coup, mais je rappelle juste qu'avant le match France-Angleterre, j'étais à Kiev et j'avais dit que je ne savais rien du niveau réel de le la sélection française car elle avait joué, en matches de préparation, contre l'Islande, la Serbie et l'Estonie, des adversaires faibles. Ce n'est que lors du troisième match, face à la Suède, que le sélectionneur français a vraiment découvert les faiblesses de son équipe. Il y a des entraîneurs qui sont honnêtes et qui, durant la préparation, affrontent successivement une petite équipe, une équipe moyenne, puis deux grandes équipes afin de déceler les lacunes possibles, mais il y en a d'autres qui préfèrent éviter les défaites avant un grand tournoi pour ne pas subir des critiques. Ça, c'est de l'égoïsme car ces entraîneurs pensent uniquement à eux-mêmes. C'est comme Erik Gerets qui est parti, à la tête du Maroc, disputer la CAN-2012 sans avoir disputé des matches amicaux et qui a payé cher ce choix. Qu'avez-vous à dire sur les cas Samir Nasri et Hatem Ben Arfa, l'un d'origine algérienne, l'autre d'origine tunisienne, qui sont passibles de sanctions pour manque de discipline ? Vous savez, j'avais été extrêmement déçu lorsque Raymond Domenech ne les avait pas pris au Mondial-2010. Tellement j'étais déçu, j'avais même menti dans mes déclarations en affirmant que Domenech était certainement influencé par le Front National en France, surtout qu'un délégué de ce parti au nord de la France avait déclaré, à l'époque, que l'équipe de France allait bientôt se mettre à invoquer Allah pour les victoires, allusion à la présence de nombreux musulmans au sein de cette équipe, tels Anelka, Abidal, Ribéry et les Maghrébins qui la composaient. Je disais que Benzema et Nasri avaient au moins leur place dans la liste des 23. Dans cet Euro, Benzema a fait le maximum, mais il a rarement eu de bons ballons. Aujourd'hui, je comprends pourquoi Domenech n'avait pas pris Nasri et Ben Arfa. Il les connaissait mieux que nous, surtout hors des terrains. Comment pouvez-vous expliquer que le staff technique français n'a pas su gérer les cas de Nasri et Ben Arfa alors que Mario Balotelli, lui aussi un joueur capricieux et caractériel, a été bien pris en charge au sein de la sélection italienne ? Peut-être que pour Laurent Blanc, le comportement de Nasri a été une surprise pour lui, mais pour Ben Arfa, ce n'est pas la première fois. Je suis d'autant plus à l'aise pour parler de son cas puisqu'il est d'origine tunisienne. Durant sa saison en Angleterre, avec Newcastle, il a fait deux exploits sur le terrain dont tous les médias ont parlé, mais il n'a rien fait d'autre. Au contraire, il se fait plus connaître par ses écarts de conduite. Et puis, parlons franchement : le championnat de Ligue 1 française a-t-il une valeur ? Pour moi, non. Je le classerais dans la deuxième division de l'Europe. Il y a une preuve irréfutable : une cinquantaine de joueurs africains exerçant en France ont participé à la CAN-2012, mais aucun d'eux n'a remporté la Coupe d'Afrique. C'est la Zambie qui a été sacrée, alors qu'elle ne renferme aucun joueur évoluant en France. Autre preuve : le Bayern Munich est quand même arrivé, cette année, en finale de la Ligue des champions alors qu'il faut remonter à 2004 pour trouver trace d'un finaliste français (Monaco, ndlr) et à 1993 pour un vainqueur français. Ça veut tout dire. Qu'en est-il de la finale ? Cette finale a réuni les deux sélections qui méritaient logiquement d'y être. Les Italiens n'ont jamais été ridicules depuis le début du tournoi. Le sélectionneur Cesare Prandelli et la Fédération italienne de football sont en train de préparer une équipe performante pour le Mondial-2014 et l'Euro-2012 n'était donc pas un objectif pour eux, contrairement à l'Allemagne, par exemple. On a toujours dit que le football italien se résumait à une bonne défense et quelques vedettes. Or, on a bien constaté que sa sélection fait le jeu : plus de jeu collectif, plus d'audace offensive, des milieux de terrain qui marquent des buts... Ils méritaient d'être en finale, avec deux grands monstres sur le terrain : Buffon et Pirlo qui, pour moi, a été le meilleur joueur du tournoi. Pirlo n'est pas âgé, mais à force de le voir jouer depuis des années, les gens pensent qu'il est vieux. Pour moi, il est le Zidane de notre époque : il revient défendre, il est très bon à la relance et tous les ballons passent par lui. Contre l'Espagne lors du premier match, il a adressé une merveille de passe à Di Natale pour le premier but : ni trop forte, sinon elle serait pour le gardien de but espagnol, ni trop courte, sinon elle n'arriverait pas à son coéquipier, ni trop décalée, sinon un défenseur espagnol aurait coupé la trajectoire. Une passe bien dosée qui a amené le but. C'est la marque des grands joueurs. Abordons à présent le volet du football algérien, avec lequel vous avez eu une histoire particulière durant les années 70... Avant même cette période-là. Comme je l'ai souvent répété dans des médias tunisiens ou autres, si le football tunisien a connu un essor à partir de 1968 jusqu'à la fin des années 70, c'est grâce à l'apport de l'équipe du FLN qui était basée à Tunis. Nous étions jeunes, nos idoles dont on lisait les nouvelles sur France Football étaient à Tunis. Comme ces joueurs avaient besoin de s'entraîner et de jouer pour préparer leurs déplacements en Asie, en Europe de l'Est et au Moyen-Orient, ils affrontaient souvent la sélection de Tunisie. Notre premier match contre l'équipe du FLN, au stade Zouiten, s'était soldé par une défaite cinglante 5-0. C'était presqu'une honte. Trois mois après, elle nous battait 4-2. Un mois plus tard, nous perdions 3-2 et, quelque temps plus tard, nous avions réussi à faire match nul. Nous avions, à Tunis, une très sélection nationale qui nous permettait d'apprendre et de nous améliorer. Est-ce à dire que l'équipe du FLN a été un bon sparring-partner pour la sélection tunisienne ? Je n'ai pas voulu le dire par respect pour cette équipe. Quelques années plus tard, les joueurs de l'équipe du FLN sont devenus des entraîneurs. Moi, j'ai eu comme entraîneur Brahimi, une ancienne gloire de Toulouse. A l'époque, en France, il n'y avait pas les Sud-Américains. Il y a quelques étrangers d'origine polonaise, mais les vraies vedettes étaient d'origine algérienne et marocaine. Quand on lisait L'Equipe et France Football, les grands joueurs évoqués étaient Boubekeur, Zitouni et Bentifour. L'équipe phare du championnat de France était Monaco. Quant à Rachid Mekhloufi, on ne le présente plus. Tout le monde connaissait le Mekhloufi de Saint-Etienne et de l'équipe de France. Les Brahimi, Bouchouk, Soukhane, Kermali, Rouaï... On a bien profité de leurs connaissances puisque la plupart sont devenus entraîneurs de clubs. J'ai été pendant dix ans capitaine de l'équipe de Tunisie et, à l'Etoile du Sahel, je lui dois beaucoup car c'était un artiste. Déjà, à Toulouse, c'était un artiste. En tout cas, la Tunisie en a bien profité puisque, durant les années 70, vous aviez pris le dessus sur le football algérien... Oui, en effet. En 1963, lors d'une compétition dont je ne me souviens pas du nom, l'Algérie nous avait battus à Tunis avec une génération qui comprenait quelques rescapés de l'équipe du FLN, Lalmas, Ammar et quelques autres. A cette occasion, nous avions tous découvert Lalmas qui était déjà populaire à l'époque. Je me rappelle bien qu'il était inspecteur de police. Comment s'était lorsque vous étiez sélectionneur de la Tunisie ? Ce n'était pas facile. L'objectif était de participer à la Coupe du monde de 1978. Il n'y avait qu'une place qualificative pour tout le continent africain, si bien qu'il nous fallu éliminer les meilleures sélections africaines. Nous avions donc joué successivement contre le Maroc, l'Algérie, la Guinée – la meilleure équipe africaine à ce moment-là _, le Nigeria et l'Egypte en aller-retour. Avec l'Algérie, il y a eu beaucoup de tension et c'est normal. Même dans les matches amicaux, il y avait beaucoup de tension. Chacune des deux sélections tenait coûte que coûte à représenter l'Afrique au Mondial. Au match aller, à Tunis, il y a eu une grande guerre psychologique. Nous avions remporté le match 1-0, Tarek Dhiab ratant même un penalty. Il y avait beaucoup de supporters algériens à Tunis. Au match retour, l'Algérie était capable de nous mettre trois ou quatre buts puisque Dahleb était de la partie, surtout qu'elle jouait en nocturne dans l'ambiance folle du stade du 5-Juillet. D'ailleurs, j'avais même tout fait pour que Dahleb ne participe pas au match. Comment ça ? J'avais téléphoné à Francis Borelli, le président du Paris Saint-Germain, qui était un pied-noir natif de Sousse. Je lui avais demandé de faire en sorte de ne pas libérer Dahleb pour le match d'Alger. Il m'avait répondu qu'il allait essayer. Deux jours plus tard, il m'a téléphoné pour me dire que Dahleb était inflexible : pas question, pour lui, de rater ce match. Il m'a dit de ne pas insister parce que Dahleb était Algérien avant d'être joueur du PSG. Quand il était arrivé à Alger, il y avait 5000 personnes qui étaient à son accueil à l'aéroport. Il me fallait donc trouver une solution pour le neutraliser sur le terrain. Comme il jouait ailier gauche à l'époque, j'ai chargé notre arrière droit de le marquer et notre ailier droit, Temim, de revenir défendre sur le couloir à chaque perte de ballon. Ainsi, deux joueurs étaient chargés de surveiller Dahleb, sans compter que notre libero avait comme consigne d'être toujours proche du couloir droit afin d'intervenir dans les cas où Dahleb arrivait quand même à déborder. En somme, trois joueurs ont été mobilisés pour neutraliser Dahleb et ça a marché. Or, nous n'avions pas prévu le cas Bencheikh. Il paraît que vous avez aussi une histoire avec lui... Tout à fait. Il était jeune et il venait tout juste de rejoindre la sélection algérienne. On parlait tellement de lui que, vu que les matches n'étaient pas diffusés à la télévision, je m'étais déplacé secrètement à Alger pour le voir jouer avec son club, le MC Alger, dans un match de Coupe d'Afrique des clubs. Je me rappelle que c'était en fin octobre, une période où les températures à Alger étaient encore assez élevées. Pour ne pas être reconnu dans le stade, j'étais emmitouflé dans un burnous. Les gens autour de moi se demandaient ce que j'avais à mettre un burnous alors qu'il faisait chaud ! Dans ce match, j'avais découvert en Bencheikh un grand technicien, très adroit. Il cherchait constamment la double passe, ce qu'on nommait à l'époque le une-deux. Il m'avait tellement plu qu'en rentrant en Tunisie, j'avais déclaré que c'était un excellent footballeur, mais il en rajoute. Les journalistes tunisiens ont mal interprété mes propos et ils avaient titré : «Bencheikh est un jongleur de cirque» ! Cela a fait que, lorsque l'Algérie avait inscrit le premier but, il était venu vers notre banc et, à un mètre à peine de moi, il criait sa joie en secouant son maillot, comme pour me dire : «Voilà ce que fait le jongleur de cirque !» Etait-ce la seule déclaration faite à la presse qui avait été mal interprétée ? Non. Il y avait une autre concernant Betrouni. J'aimais bien ce joueur. Même petit de taille, c'était un feu follet. Il était très efficace sur les centres et devant le but. On jouait la demi-finale des Jeux méditerranéens, à Alger. Ce tournoi était explosif car l'Algérie avait inauguré, en l'occasion, le stade du 5-Juillet et voulait défier la France, dont les plus grands stades étaient ceux de Colombes et du Parc-des-Princes. De plus, la France participait. Les Algériens étaient particulièrement motivés quand ils jouaient contre la Tunisie de Attouga car ce dernier était maladroit. Lors d'un match de gala, il avait joué au Brésil avec la sélection d'Afrique contre le Brésil et, en cette occasion, avait eu comme cadeau le maillot de l'équipe de France floqué du coq. Il n'avait pas idée à quel point cela pouvait choquer les Algériens, qui avaient eu leur indépendance quelques années seulement auparavant. C'était comme s'il mettait un drapeau français dans les filets ! C'est un Algérien qui m'avait expliqué que c'est le fait de mettre ce maillot qui attisait l'hostilité des Algériens, en plus de ses provocations verbales. Le matin de cette demi-finale, je prends les journaux et je vois un article où il y avait ma photo et un titre : «Nasri est un joueur de quartier''» Vous ne pouvez pas mesurer à quel point j'étais déçu, mais ça se comprenait : la presse algérienne voulait motiver Betrouni. Qu'aviez-vous déclaré exactement ? Je n'avais justement rien déclaré ! Au final, l'Algérie avait gagné aux prolongations 2-1 et avait affronté et battu la France en finale. Et avec Dahleb, il n'y a pas eu une histoire ? Si ! Comme je vous l'ai dit, Dahleb était un artiste. J'étais jeune et passionné, tellement passionné par mon métier que j'arrosais moi-même les terrains avant les matches et j'avais acheté, pour l'Etoile du Sahel, du matériel pour une salle de musculation, devenant le premier entraîneur à utiliser les agrès au football. J'étais donc un entraîneur qui voulait réussir coûte que coûte. Juste avant le début du match retour contre l'Algérie en éliminatoires pour le Mondial-78, je regardais Dahleb. J'avais sincèrement peur de lui et, tellement je voulais la qualification, j'ai appelé les dirigeants de la délégation tunisienne pour leur suggérer d'user d'un subterfuge psychologique : formuler des réserves sur Mustapha Dahleb sous prétexte qu'il n'est pas Algérien. Le secrétaire de notre fédération a donc rédigé les réserves et nous avons ramené notre capitaine d'équipe, Attouga, pour signer. Les dirigeants algériens ont été abasourdis d'apprendre que nous avons déposé des réserves. De plus, ce jour-là, Dahleb avait présenté sa carte de séjour française plutôt que son passeport. Ce document était valable et nous le savions, mais nous avions fait semblant de ne pas le savoir en disant aux arbitres : «Vous voyez, il n'a même pas de passeport algérien. Il n'est donc pas Algérien !» Les joueurs algériens ont regagné aussitôt le vestiaire, énervés et dénonçant la provocation. Vous savez, l'insulte suprême pour un Algérien, c'est de l'accuser de ne pas être nationaliste. Slimane Alloulou, qui était le président de la Fédération tunisienne de football et qui entretenait d'excellentes relations avec l'Algérie, m'avait pris à part pour me dire : «Tu as fait ton coup. Maintenant, ça suffit. Je ne veux pas de problèmes avec les Algériens.» (Rires) Cela dit, cette histoire a fortement perturbé les Algériens, surtout que Attouga a usé de son art de la provocation pour jouer là-dessus à fond. D'ailleurs, c'est bien parce que les Algériens se sont sentis atteints dans leur amour-propre qu'ils ont réussi à gagner à Oum Dourman contre les Egyptiens.