Dépité, Boudebouz tire sur les dirigeants de l'OM : «Ils m'ont toujours fait croire qu'ils allaient me faire signer, avant de me dire à la fin du mercato que j'étais trop cher» Après le soutien de son président Alexandre Lacombe, qui s'est exprimé lundi, sur ces colonnes sur l'affaire Boudebouz, hier c'était au tour de la direction du club sochalien de se démarquer de cet acte isolé dont s'est rendu coupable un groupe d'Ultras racistes et chauvinistes. Ainsi, dans un communiqué officiel rendu public sur le site du FC Sochaux Montbéliard, les responsables sochaliens se sont déclarés choqués d'apprendre que leur joueur international a été victime de propos racistes par une partie des supporteurs du stade Bonal, connue pour être la tribune d'une partie du public réputé pour son hostilité aux joueurs émigrés. Les auteurs des propos racistes seront poursuivis Par ailleurs, les dirigeants de Sochaux comptent aller loin dans cette affaire. Dans un communiqué officiel du club sochalien, on peut lire que la direction du club de la Franche-Comté saisira la justice pour identifier les fauteurs de troubles dans les stades : «Le FC Sochaux Montbéliard a été choqué d'apprendre que Ryad Boudebouz a été victime d'insultes à caractère raciste. Le club apporte son plein et entier soutien à son joueur et condamne évidemment de tels agissements qui tombent sous le coup de la loi, dès lors que leurs auteurs seront identifiés.» Il vient en soutien à son ami Marvin Martin (international français) : «Ryad ne mérite pas ça» Son copain et ami Marvin Martin a déploré les propos tenus à l'encontre de Ryad Boudebouz. Ce dernier, lors d'une brève discussion avec lui, a tenu à afficher son soutien à Ryad. Marvin, qui avait vécu cela à la fin de la saison écoulée, lorsque Sochaux était relégable, pense que vu la situation de l'équipe en championnat, le club a besoin de solidarité et de stabilité pour espérer sortir de ce marasme : «Ryad ne mérite pas ça. Vous le connaissez assez bien, c'est quelqu'un d'attachant et d'émotif. Sincèrement, je suis désolé pour mon ami Ryad. Les gens ne sont pas reconnaissants.» La famille Boudebouz outrée et indignée Dans une brève communication avec l'un des frères cadets de Ryad Boudebouz, ce dernier nous a affiché sa tristesse de voir son petit frère insulté, sans pouvoir bouger le petit doigt. Présent au stade Bonal, le frangin de Ryad a vécu lui aussi des moments pénibles : «Ce n'est pas nouveau, mais c'est malheureux. Ryad est un jeune garçon qui mérite plus de respect de la part des fans sochaliens. Il a toujours refusé d'aller au clash pour l'intérêt de son équipe. La famille est indignée et outrée par cette réaction raciste d'une partie du public. Je sais que mon frère est touché par cette affaire, mais on sera là pour lui. Il va rebondir et faire taire ses détracteurs.» Dépité, Boudebouz tire sur les dirigeants de l'OM : «Ils m'ont toujours fait croire qu'ils allaient me faire signer, avant de me dire à la fin du mercato que j'étais trop cher» C'est un Ryad Boudebouz souriant et assez zen qu'on a croisé hier matin à son arrivée à l'aéroport Houari-Boumediene d'Alger, pour le stage de la sélection nationale, préparatif au match face à la Libye, qui a débuté hier. Déçu certes par le comportement de certains supporters de Sochaux à son encontre lors du match de championnat de samedi dernier face à Montpellier, Ryad ne veut pas en faire tout un plat. Pour lui, le plus important est de se tourner vers l'avenir et ne pas prêter attention à ce genre de bêtises. On a profité de la présence de Boudebouz pour revenir avec lui surtout sur son transfert avorté vers l'Olympique de Marseille, qui a fait couler beaucoup d'encre cet été. S'estimant trahi, le joueur ne s'est pas empêché cette fois-ci de tirer sur les dirigeants de l'OM. «Ils m'ont toujours fait croire depuis le début du mercato qu'ils allaient me faire signer, et là, à quelques jours de la fin du marché des transferts, ils me disent que je suis trop cher. Par la suite donc, ils ont abandonné les négociations», dira Boudebouz avant d'enchaîner : «Ecoutez, ne vous en faites pas. Je ne suis pas quelqu'un qui se prend la tête. Je vais travailler dur cette année encore pour progresser et aider Sochaux à réaliser une bonne saison.» «Si j'écoutais toutes ces bêtises, j'oublierai l'essentiel, à savoir le football» Concernant la stupide réaction de certains supporters sochaliens à son encontre, Ryad, tout serein, nous dira : «Je n'ai pas le temps de regarder les supporters. Ils ont fait des choses que je n'ai pas aimées, et voilà tout ! C'est vrai que c'est frustrant de voir un tel comportement à mon égard, moi qui suis au club depuis plus de 11 ans, mais que voulez-vous ? Maintenant, il faut tourner la page et oublier ce genre de personnes. Aujourd'hui, si j'écoutais toutes ces bêtises, je finirai par oublier l'essentiel, à savoir le football.» «Je reste à Sochaux et, moralement, je suis plus que prêt à jouer face à la Libye » Après tout ce que Boudebouz a enduré ces jours-ci, on a voulu savoir s'il se sentait prêt, sur le plan moral, à prendre part à la rencontre face à la Libye et à sortir un grand match. Sa réponse fusa : «Ne vous inquiétez pas. Moralement, je suis prêt à jouer face à la Libye. Ça fait toujours plaisir de retrouver mes coéquipiers en sélection. L'ambiance des Verts m'a manqué et soyez sûr que je suis plus que jamais concentré sur la sélection. On essayera tous ensemble de ramener un bon résultat.» Pour ce qui est de son avenir à présent, après l'échec de son transfert à l'OM, le joueur dira : «Je vais rester à Sochaux, mais c'est sûr qu'en fin de saison, je partirai. Comme vous le savez, cette année, le marché des transferts a été très difficile. Les clubs n'ont pas beaucoup d'argent et c'est ce qui a bloqué mon transfert, que ce soit pour l'OM ou pour les autres clubs.» «Si les Libyens pensent nous battre sur le plan physique, grand bien leur fasse !» Les joueurs libyens comptent livrer aux joueurs algériens une vraie bataille physique sur la pelouse du complexe Mohammed V. Ryad Boudebouz, joueur technique avant tout, ne semble pas effrayé pour autant. Il conclura à ce propos : «Vous savez, les Libyens sont libres de dire ce qu'ils veulent. On verra le jour du match. S'ils pensent qu'ils vont nous faire peur et nous battre sur le plan physique, grand bien leur fasse ! Mais comme je vous l'ai dit, la décision se fera sur le terrain. Moi, personnellement, je ne les connais pas».