«Yebda est un joueur élégant qui apportera non pas un plus, mais des ‘‘plus'' pour l'Algérie !» C'est avec sa modestie légendaire que la super star algérienne de football, Rabah Madjer, a accepté l'invitation que Le Buteur et El Heddaf lui ont adressée il y a quelques jours. Le tournage du film documentaire sur sa carrière intitulé Madjer, un Africain en or et des affaires personnelles ont rendu un temps compliquée la visite de l'ancien joueur et sélectionneur des Verts à notre rédaction. Mais la gentillesse de Madjer a fini par prendre le dessus sur un emploi du temps surbooké et l'amener à répondre à notre invitation, hier matin, à 11 heures sonnantes comme prévu. Un policier l'arrête au premier barrage au nom… de l'amour ! Avant d'arriver à notre siège, Madjer nous a téléphoné pour s'annoncer et nous dire de l'attendre derrière l'hôtel Safir (ex-Aletti). Une fois dans sa voiture, Madjer fut stoppé au premier barrage de police pour une «vérification» pour le moins inattendue. Le policier, l'air très sévère, s'approche du véhicule le détecteur d'explosifs en main. Madjer baisse la vitre de son véhicule et demande à l'agent de l'ordre : «Ça a sonné ?» Et le policier de répondre tout heureux de sa prise : «Non, c'est dans mes yeux que ça a sonné. J'ai vu le grand Madjer s'approcher de moi, je n'allais tout de même pas vous rater ! Je suis vraiment content de vous serrer la main. Vous nous avez rendus heureux pendant des années et cela ne s'oublie pas. Je vous ai arrêté au nom de l'amour et du respect qu'on vous doit !» A peine après avoir garé sa Mercedes, Madjer est abordé par un fan qui lui demande une photo souvenir. Un geste qui se perpétuera tout au long de sa visite dans notre rédaction avec le personnel de nos deux quotidiens. Et contrairement aux habitudes, les femmes aussi ont posé avec Madjer, fières et conscientes du privilège. La star de Porto a par la suite déambulé dans les couloirs de notre siège, allant d'un espace à un autre et partageant ce moment avec tous nos collègues. «Yebda est un joueur élégant qui apportera non pas un plus, mais des ‘‘plus'' pour l'Algérie !» Par la suite, la discussion avec Madjer a tourné autour de l'actualité du football national, à commencer par son avis sur l'équipe nationale actuelle qu'il trouve «très entreprenante et rassurante. C'est de bon augure pour la suite, à condition de rester aussi concentrés que lors des deux derniers matches», ajoute-t-il. L'auteur de la talonnade qui a offert au FC Porto la coupe aux grandes oreilles a donné son avis sur chacun des joueurs repêchés par la nouvelle loi de la FIFA. En bon portugais de cœur, Madjer commencera par le Lisboète Hassan Yebda sur lequel il dira : «C'est un joueur que j'ai vu jouer à plusieurs reprises et je peux vous assurer que Yebda est très très élégant. On voit tout de suite que c'est un excellent joueur. Il est précieux pour son équipe et il apportera sans le moindre doute un plus, voire des ‘‘plus'' pour l'équipe nationale. Sincèrement, je suis très heureux qu'il ait décidé de jouer pour l'Algérie. Il fait partie des valeurs les plus sûres du football algérien.» «Ce n'est pas un hasard si Meghni est à la Lazio» Parlant de Mourad Meghni, Madjer a avoué «ne pas l'avoir vu jouer pour l'instant. Mais tout ce que je peux dire, c'est que si un joueur arrive à signer un contrat au sein de la Lazio de Rome, c'est qu'il est forcément bon. Les Italiens ne ramènent pas un joueur pour ses beaux yeux. D'après mes connaissances, Meghni joue en Série A depuis quelques années. Cela prouve donc qu'il est valable. Et c'est pareil pour Abdoun. Il a été champion du monde en jeunes et il est passé par Manchester City assez tôt. Je pense qu'il vaut quelque chose lui aussi». «Mais le plus important, c'est qu'ils soient tous à la disposition de Rabah Saâdane pour lui offrir un choix d'effectif plus large», a-t-il dit encore. Il a évoqué ses souvenirs avec Assad, Chaïb et feu Kheddis Madjer nous a raconté ses vieux souvenirs au sein de l'EN militaire avec des anecdotes croustillantes, comme le jour où lui et ses amis avaient mis un serpent mort dans l'armoire de Salah Assad qui avait une vraie phobie des reptiles : «En ouvrant son casier pour mettre sa tête et manger en cachette, il a découvert le serpent qui pendouillait et là, Assad a poussé un énorme cri, puis est allé étrangler Chaïb qui était le plus près de lui avant de s'enfuir à toute vitesse.» Madjer est revenu par ailleurs sur les blagues légendaires de son ami, feu Mohamed Kheddis, «que personne ne peut oublier tellement son souvenir est toujours dans nos mémoires». Madjer est resté près d'une heure et demie avant de s'offrir un dernier bain de foule au sein de notre rédaction, notamment pour les enfants de nos collègues qui avaient afflué en nombre dès qu'ils ont appris la présence de la star au niveau de notre siège. Une fois la séance photos épuisée, Madjer est reparti en «pèlerinage» à Hussein Dey où les siens l'attendaient, nous laissant derrière un nuage de bonheur, de sympathie et surtout de sincérité. Au revoir l'artiste ! Nacym Djender