«Benmoussa est meilleur que Mesbah. Ce dernier, son niveau n'est pas fameux mais il joue titulaire juste parce qu'il évolue au Milan.» «Si cela n'avait été la blessure de Bougherra, Belkallem n'aurait jamais eu sa chance.» C'est dans la nuit de mercredi à jeudi que nous nous sommes déplacés à Bab Ezzouar où nous avions trouvé Djediat en train de nous attendre après avoir fixé avec lui un rendez-vous. Durant toute la durée que nous avions passée en sa compagnie, le milieu de terrain offensif des Rouge et Noir, avec son franc-parler, n'a pas hésité à répondre à toutes nos questions en toute franchise évoquant ainsi plusieurs sujets pour la toute première fois. Le meilleur buteur de l'USMA lors de l'exercice précédent parle dans cet entretien qu'il nous a accordé de l'Equipe nationale ainsi que de nombreux autres sujets. Ecoutons-le. Pour commencer, comment jugez-vous le début de saison effectué par votre équipe ? Ce n'est pas l'entame de championnat que nous avions voulue réaliser. Notre départ n'a pas été celui d'une équipe censée jouer les premiers rôles. Ni les résultats, ni nos prestations n'ont été bons lors de nos deux premières rencontres. Je pense que notre mauvais départ est dû à la grosse fatigue accumulée lors de la période de préparation. Il y a eu ensuite ce derby face au MCA. Il fallait que nous réagissions et, Dieu merci, tout s'est bien passé. Nous nous sommes imposés, et c'est ce qui nous a fait énormément de bien. Une semaine après, nous avons remporté notre première confrontation à l'extérieur. Cela nous a libérés, mais à présent, il faudra continuer sur notre lancée. En étant l'un des cadres de l'équipe, quelle différence y a-t-il entre l'effectif de la saison passée et l'actuel ? Lors de l'exercice précédent, nous avons souffert d'un manque d'efficacité. Nous avions eu des difficultés sur le plan offensif, ce qui n'est pas le cas cette saison où nous avons marqué lors de toutes les rencontres que nous avions disputées jusque-là. C'est un signe de bon augure pour la suite. Par contre, je tiens à dire que ce n'est pas facile de se passer des services d'un Lemmouchia et d'un Boualem. Leurs présences nous manquent, mais même sans eux, le groupe actuel continue sa progression. Nous montons en puissance, c'est ce qui est rassurant. Est-ce nous devons en déduire que le départ de Lemmouchia et la blessure de Boualem ont été des coups durs pour vous ? Bien sûr. Ces deux joueurs-là ont joué toute une saison avec nous. Côté cohésion, leur présence nous auraient fait beaucoup de bien. Là, je ne suis pas en train de dire que les éléments actuels n'ont pas pu les remplacer ou ils n'ont pas accompli leur mission comme il se doit, mais juste pour dire que les nouvelles recrues ont toujours besoin de temps pour bien s'adapter et se fondre dans le groupe. En parlant de Lemmouchia, le salaire mensuel qu'il touchait à l'USMA a fait couler beaucoup d'encre et de salive. Qu'en pensez-vous ? Je ne vois pas pourquoi son salaire a choqué les gens. Des joueurs comme Djabou et Belaïli ont vu leurs salaires tripler dans un pays qui vient à peine de sortir d'une guerre civile. Ce que touchait Lemmouchia n'est pas abus à mes yeux. Il joue actuellement en Tunisie et il touche plus. Là, on est en train de parler de la Tunisie. Un pays frontalier et non pas d'un pays du Golfe ou d'Europe. La presse a le droit de parler des salaires des joueurs, mais le jour de leur signature parce que c'est un truc personnel, et ça ne sert à rien de se débattre sur un tel sujet. Nous, nous parlons du salaire d'un joueur tout au long de la saison, et même lorsqu'il perd le ballon. Cristiano Ronaldo touche des sommes faramineuses, pourtant, il lui arrive d'être dans un jour sans et fournir des prestations moyennes. Un joueur, c'est un être humain. Le fait que les gens parlent du salaire d'un joueur peut-il le déstabiliser ? Oui, et c'est normal mais d'un autre côté, il faudra que le joueur accepte tout ce qu'on dit à son sujet sans trop broncher. Ce qui dérange le plus, c'est qu'on évoque son salaire alors qu'il vient de faire une mauvaise passe. Il faut hausser le niveau. Parlez du technique et non pas de ses revenus. Pensez-vous que le groupe de la saison passée avait l'étoffe d'un champion ? En jetant un coup d'œil sur l'effectif, bien sûr que je vais répondre par un oui mais il faut savoir que les noms n'ont jamais formé une équipe. Pour gagner, il faut avoir un solide groupe et pour gagner le titre, il faut avoir de l'envie. La motivation est importante pour aller jusqu'au bout. Cette saison, il faudra éviter de refaire les erreurs de l'exercice précédent. Il faut ramener un maximum de points de l'extérieur, mais aussi éviter de sous-estimer les autres clubs. Vous avez été promu capitaine récemment. Comment vivez-vous votre nouveau statut ? C'est un honneur pour moi, mais aussi une grosse responsabilité. On m'a fait confiance, et je ferai de mon mieux afin que je sois à la hauteur. Etre capitaine à l'USMA n'est pas compliqué vu que la plupart des joueurs ont une grande expérience et c'est ce qui me facilite la tâche. Je tiens aussi à dire que pour moi, le plus important c'est que nous remportions nos matches et non pas celui l'identité du leader sur la pelouse. Lors des deux premiers matchs de la saison, l'USMA a mené au score mais a fini par concéder des faux pas. Qu'est-ce qui vous a manqué pour gagner ? La cohésion n'a pas été parfaite. Il y avait trop d'espaces entre les trois compartiments, et c'est ce qui a fini par nous créer des difficultés. Les joueurs n'ont pas été présent mentalement, contrairement à ce qui a été le cas face au Mouloudia où il y avait une grosse détermination pour remporter ce derby. Depuis, nous jouons mieux. Nous sommes plus solidaires. Tout ce que j'espère, c'est que nous continuons à jouer ainsi. Dans chaque poste, on note la présence d'au moins deux éléments. Ne pensez-vous pas qu'une telle situation peut déstabiliser le groupe vu que tout le monde voudra jouer ? Nous ne sommes pas encore arrivés à la période où le club a disputé trois matches en une semaine. Le jour où nous y serons, croyez-moi, il y aura ceux qui prieront pour céder leurs places afin de souffler. Personne ne pourra enchaîner les matches, et la présence des doublures ne pourra que nous être utile. Tout le monde aura, donc, sa chance. Les remplaçants doivent accepter la concurrence. Celui qui s'attendait à jouer tous les matchs comme titulaire n'avait qu'à opter mon un club moyen afin d'assurer ce statut. En parlant de concurrence, certains ont vu en Djediat votre successeur. En fin de compte, vous évoluez dans le même onze. Qu'avez-vous à nous dire à ce sujet ? J'ai entendu de tels propos moi aussi, mais sachez que durant toute ma carrière, je n'ai jamais eu peur de la concurrence. Je connais mon niveau. J'ai confiance en moi. Je vous assure que si je vois que mon concurrent est meilleur que moi, je ne trouverai aucun mal de rester sur le banc de touche. Je ne ferai jamais de problèmes pour jouer. Ma place, je la retrouverai grâce au travail et aux efforts que je fournirai. Meilleur buteur du club la saison passée, vous n'avez toujours pas débloqué votre compteur buts (entretien réalisé avec le match USMA-CABBA, ndlr). Qu'est-ce qui vous manque pour inscrire votre première réalisation ? Ma mission est de donner de bons ballons à nos attaquants. La saison passée, il y avait Lemmouchia qui faisait cette mission, donc je me trouvais beaucoup plus libre que lors de cet exercice. J'aime bien marquer et je ferai content de le faire. Dès que l'occasion se présentera, je n'hésiterai pas à frapper et en attendant, je suis content de voir mes coéquipiers le faire. Lors des matchs que vous avez disputés jusque-là, nous avons remarqué que la prestation de l'équipe est meilleure sur une pelouse naturelle. Qu'avez-vous à nous dire à ce sujet ? Une telle équipe comme celle que nous disposons doit évoluer sur du gazon naturel. Avec tous mes respects aux supporters, le stade Bologhine ne fait pas nos affaires. L'état de sa pelouse est catastrophique. Il faut trois à quatre touches de balle pour bien contrôler le cuir. Sur une autre pelouse, une touche suffit. Nous sommes plus à l'aise au 5-Juillet, donc, pour l'intérêt de l'équipe, nos supporters doivent faire des efforts et se montrer compréhensifs. A Bologhine, le terrain est petit, ce qui arrange également nos adversaires. Lors de la troisième semaine du mois actuel, vous allez disputer trois matches en une semaine. Vous avez vécu une telle situation à Sétif. Comment comptez-vous la gérer ? Le groupe renferme plusieurs éléments d'expérience. Il faut juste savoir récupérer après chaque match. Nous allons faire des déplacements à Sétif, puis en Mauritanie. Ça ne sera pas facile d'enchaîner de telles rencontres, mais nous allons faire de notre mieux pour bien les gérer. Et puis, dans une telle situation, seuls les résultats peuvent nous faire du bien. Que pensez-vous de la nouvelle version de la Coupe arabe des clubs ? Je pense que c'est un bon système. Cela nous permettra d'essayer d'aller le plus loin possible dans cette compétition. C'est vrai que nous n'allons pas avoir trop de chance puisque tout se jouera lors d'une double confrontation, et c'est ce qui nous poussera à bien gérer nos matches si nous voulons atteindre les prochains tours. Sept, c'est le nombre de joueurs de l'USMA convoqués pour le dernier stage de l'Equipe nationale. Quel commentaire faites-vous là-dessus ? Cela fait du bien de côtoyer des joueurs internationaux. Cela leur fait du bien, et ça fait également du bien au club en général. Mais comment expliquez-vous le fait qu'un remplaçant soit convoqué en sélection ? Lorsqu'un coach compose un onze et que ce onze s'impose, ça sera difficile pour lui d'opérer des changements. Les remplaçants doivent, donc, cravacher pour espérer récupérer leur place. A votre âge, Djediat a-t-il perdu espoir de faire votre come-back en Equipe nationale ? Pour être franc, je ne pense plus à la sélection. Je n'ai aucune envie d'y revenir (il observe un moment de silence avant d'enchaîner). Des fois, je ne trouve pas autre chose à faire que de rire tellement je suis surpris des choix qu'on fait. Je me demande sur quels critères, on choisit les joueurs. Partout dans le monde arabe, on a suivi le derby face au MCA. Ce jour-là, le sélectionneur était présent. J'étais l'un des meilleurs éléments sur le terrain, et ça, ce n'est pas moi qui le dis, mais au lendemain ce sont d'autres éléments qui n'ont pas été meilleurs qui ont été retenus. Je ne suis pas en train de critiquer mes coéquipiers, ni les joueurs de l'équipe adverse, mais tout ça, ce n'est pas logique. Tout ça me pousse à ne plus penser à la sélection. Pourquoi vous n'aviez pas été convoqué par le passé ? Djediat là ou il est passé a laissé son empreinte. De Sétif en passant par l'ASO, j'ai toujours remporté des titres. Lorsqu'un joueur n'est pas convoqué lorsqu'il est au sommet de son art, quand est-ce qu'il le sera ? Franchement, je ne comprends plus rien. Tout ça me laisse dire que les places en Equipe nationale sont réservées à des personnes précises. La sélection est devenue une propriété privée pour certains sinon comment expliquer cette situation. La logique veut que les meilleurs soient convoqués, mais chez nous, vous pouvez constater qu'il y a des joueurs sans club en sélection, d'autres sans compétition depuis plusieurs mois. Mais il y a plusieurs nouveaux joueurs qui ont intégré les Verts depuis quelques mois... Oui, vous dites vrai. Ces joueurs-là sont là justes pour calmer les ardeurs et faire baisser la pression sur les épaules des décideurs. A quoi ça sert de convoquer un joueur sans lui donner la chance de montrer ce qu'il a dans le ventre ? Cette méthode, on l'applique depuis de nombreuses années. Plusieurs joueurs locaux sont meilleurs que les pros, mais au final c'est toujours ces derniers qui sont alignés même si ce ne sont que des remplaçants dans leurs clubs. On sent que vous êtes déçu de ne pas avoir eu votre chance... Oui, je le suis parce que l'Equipe nationale est l'équipe de tous les Algériens et non pas de quelques personnes bien définies. J'ai tourné cette page, donc j'espère que ceux qui viendront dans l'avenir auront leur chance. Vous dites qu'il y a des joueurs qui sont toujours là, mais l'ère Belhadj et Ziani est terminée... Belhadj est le meilleur arrière latéral gauche. Pour lui succéder, c'est Benmoussa qui devra occuper ce poste et non pas Mesbah. Vous allez me dire qu'il joue au Milan, mais je vous réponds que le nom d'une équipe n'a rien avoir avec la sélection. Ce qui me surprend le plus, c'est que le niveau de Mesbah est loin d'être le niveau du meilleur au poste. Il ne joue même pas en club pourtant, il est toujours là en sélection à occuper un poste de titulaire. Mesbah joue parce qu'il défend les couleurs du grand club italien. Plusieurs locaux ont intégré le groupe. Que pensez-vous de ces joueurs-là ? Des gars comme Soudani, Slimani et Belkallem ont prouvé que le joueur local a les moyens de s'imposer et de défendre les couleurs de son pays. L'éclosion d'un joueur comme Belkallem montre que le joueur local est présent dans tous les compartiments. Pensez-vous que si ce n'est la blessure de Bougherra, Belkallem n'aurait jamais eu sa chance ? Oui. Si ce n'est la blessure de Bougherra, Belkalem se serait contenté d'un rôle de doublure. Il a été le meilleur joueur face à la Libye. Le seul émigré qui a fourni une bonne prestation, c'est bien Lacen. Pour compléter le podium des meilleurs joueurs de ce match, je désignerai Soudani.