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Hervé Renard accueille Le Buteur à Malabo : «Je n'ai pas de temps à perdre pour répondre à Achiou !»
Publié dans Le Buteur le 31 - 01 - 2012

«J'ai écarté certaines personnes pour le bien de l'USMA et le temps a fini par me donner raison»
«Ighil est un grand entraîneur, c'est dommage qu'on l'ait viré de la JSK»
L'ancien entraîneur de l'USM Alger, Hervé Renard, est en train de faire sensation actuellement à la CAN avec sa talentueuse et pas moins surprenante sélection de Zambie qu'il vient de qualifier avec brio aux quarts de finale. Présent sur place pour couvrir l'événement, on en a profité, hier, pour faire un saut à l'hôtel Sofitel de la capitale équato-guinéenne, Malabo, où les Zambiens ont pris leurs quartiers pour aller à la rencontre du technicien français. Toujours aussi courtois, Renard, qui nous a gentiment accueillis, a accepté de répondre à notre sollicitation pour réaliser cette longue interview intéressante. De la Zambie à l'USMA, en passant par la sélection algérienne, on a tout évoqué. Appréciez !
Belle victoire acquise hier (Ndlr, dimanche) contre l'un des deux pays organisateurs de cette CAN, à savoir la Guinée équatoriale, qui vous permet de vous qualifier aux quarts de finale et, surtout, d'assurer la première place du groupe. Un commentaire ?
En effet, cette victoire est d'autant plus importante, puisque dans l'autre match, la Libye a réussi à s'imposer face au Sénégal. Ça n'a pas été facile pour nous de nous imposer ici face au pays organisateur qui était appuyé par ses milliers de supporters, mais l'essentiel est là. On a récolté trois précieux points qui nous permettent d'envisager plus sereinement la suite du parcours.
Cette CAN se passe a priori très bien pour vous et votre équipe de Zambie…
Oui, mais je pense que le mérite revient aussi aux joueurs. Moi, je suis là pour les accompagner et mettre un peu de discipline qui, à mon sens, est la chose la plus difficile à réaliser en Afrique. Avec la qualité de notre groupe et l'état d'esprit qui y règne, ça devient plus facile. En 2010, on a fait aussi de belles choses, mais on manquait en ce temps-là d'expérience et, surtout, de maturité. Cette fois-ci, je pense qu'on est bien et il nous appartiendra à nous de confirmer tout ça.
Pourquoi avoir décidé de revenir en Zambie, vous qui l'aviez pourtant quittée à l'issue de la CAN-2010, justement ?
Vous le savez sans doute, mais moi, ce que j'aime, ce sont les équipes nationales. Les grandes compétitions, comme la CAN, ça me fait vibrer. C'est pour cette raison que j'ai accepté le challenge de revenir coacher la Zambie. Je n'ai signé qu'un an ici. J'avais un salaire plus important à l'USM Alger et deux ans de contrat, mais je suis parti. J'ai pris des risques, mais cela ne me fait pas peur. J'ai confiance en moi. Ça fait maintenant 4 ans que je travaille avec mon adjoint, Patrice Beaumel. Ça se passe très bien et je pense que ce qui nous arrive là actuellement, on le mérite.
Quel sera l'objectif de la Zambie pour cette CAN ?
Faire mieux qu'en 2010 où nous avions été battus, en quarts, par le Nigeria, un adversaire mondialiste, aux tirs au but. Peut-être que ça surprendra certains, mais notre objectif est d'aller encore plus loin. Vous savez, on n'est pas là par hasard. On finit premiers de notre groupe comme en 2010 et l'équipe est en nette progression.
Remporter le trophée, vous y songez réellement ?
Notre tableau de marche est de rester à Malabo jusqu'en demi-finale et après le 12 février, être présents au Gabon (Ndlr, la finale se jouera le 12 février à Libreville, Gabon). Ça serait un truc extraordinaire pour la Zambie de retourner au Gabon où, en 1993, l'avion qui transportait la sélection zambienne s'est écrasé (Ndlr, personne n'a survécu). C'est le rêve de tout Zambien de pouvoir être présent ce jour-là. En plus, l'équipe zambienne de cette époque avait pris l'avion pour jouer un match face au Sénégal. Et comme tout le monde le sait, notre premier match dans cette CAN, on l'a joué et gagné face au Sénégal justement. On espère que quelque part, il y a quelque chose d'écrit et qu'on réussira à créer l'exploit.
Que représente pour vous Claude Leroy ?
Claude, c'est mon mentor, mon père spirituel. J'ai beaucoup de respect pour lui. Sans lui, je serais resté comme la plupart de mes collègues, en France, en National. Il m'a ouvert la porte et j'ai su par la suite saisir ma chance. Travailler toutes ces années à ses côtés, ça a été quelque chose de formidable pour moi. Je ne le remercierai jamais assez.
Quelle analyse faites-vous quand vous voyez de grandes équipes comme le Sénégal et le Maroc quitter prématurément la compétition, eux qui étaient pourtant favoris pour remporter le trophée ?
Le football moderne est différent de celui d'avant. Désormais, dans le foot, il n'existe plus de match facile. Quand vous voyez une équipe comme le Brésil qui va jouer au Venezuela pour la Copa America, et qui se fait battre, ça veut tout dire. Il faut respecter tout le monde à présent et ne sous-estimer aucun adversaire. Maintenant, peut-être que les grandes sélections ont un problème de stars. Le coach qui réussit à gérer tout ça réussit à gagner quelque chose, c'est évident. On voit bien le Ghana. Cette équipe a des stars, mais il reste qu'elle a un très bon état d'esprit. J'y étais en 2008 et je peux vous dire qu'un gars comme André Ayew, malgré son statut à Marseille, vient toujours en sélection avec envie et une grosse détermination.
Vous connaissez assez bien la sélection algérienne. Le fait qu'elle ne soit pas présente à cette CAN vous a surpris ou pas du tout ?
Je pense tout simplement que le Maroc a été supérieur à l'Algérie dans son groupe. Il fallait pour l'Algérie qu'elle batte le Maroc, ce qu'elle n'a pas réussi à faire, notamment lors du match retour. Cela dit, je pense qu'avec Vahid Halilhodzic, l'Algérie répondra présente lors de la prochaine édition qui se tiendra en Afrique du Sud.
Donc, vous pensez qu'Halilhodzic saura remobiliser l'équipe et la remettre sur de bons rails ?
Je pense que c'est déjà fait. Avec lui, il n'y a pas de souci, les résultats de l'Algérie s'amélioreront.
Au vu de l'excellent parcours que réalise jusque-là la Zambie dans cette CAN, est-ce que vous vous dites que vous avez bien fait de quitter l'USM Alger ?
Bien sûr que j'ai fait le bon choix, non pas parce que je n'étais pas bien à l'USMA ou que je ne me sentais pas bien. Je dois reconnaître que j'avais un président exceptionnel à l'USMA. C'est juste que je privilégiais, depuis toujours, les équipes nationales. Je crois qu'à l'USMA aussi, ça marchait bien, surtout cette saison. Avec les nouveaux joueurs que j'ai ramenés, je citerai les Djediat, Lemmouchia, Boualem et autres, on apporté un vrai plus à l'équipe.
Avec du recul, vous ne regrettez pas d'avoir pris l'USMA à la mi-saison, quand tout allait mal ?
Je ne sais pas. Cependant, à l'intersaison, j'en ai profité pour faire ramener au club 15 nouveaux joueurs. C'est moi qui ai pris ces décisions, en collaboration bien sûr avec le président. Je peux vous dire que j'avais carte blanche à l'USMA. J'ai écarté à l'issue de la saison certaines personnes, parce que j'estimais que pour le bien du club, il était nécessaire de les libérer. Même si ça ne me faisait jamais plaisir, c'était mon travail et je devais agir pour l'intérêt suprême de l'USMA. Je vois que ça a payé, puisque le club enregistre de bons résultats cette saison et je crois sincèrement qu'elle va lutter pour le titre de champion. Le club dispose cette année d'excellents joueurs, capables d'apporter du bonheur aux supporters.
Quand vous parlez de certaines personnes qui devaient être écartées, vous faites surtout allusion à Achiou. Ce dernier justement, dans une interview qu'il nous a accordée récemment, n'a pas été tendre avec vous, en déclarant, entre autres, que «vous n'avez rien à voir avec le football et que vous n'étiez qu'un simple touriste». Vous répondez quoi à ça ?
Vous savez, la vie est belle et je n'ai pas de temps à perdre.
Vous ne souhaitez pas répondre ?
Je viens de vous le dire, je n'ai pas de temps à perdre. Passons à autre chose de plus intéressant.
Peut-on dire que les excellents résultats que vous enregistrez actuellement avec la Zambie, c'est en quelque sorte votre réponse à tous ceux qui ont douté de vous et de vos qualités, quand on sait que l'USMA a frôlé de justesse la relégation la saison dernière ?
Les statistiques sont là et parlent d'elles-mêmes. Lors de la CAN de 2008, je termine 3e avec le Ghana, en tant qu'entraîneur adjoint. Je me classe 3e aussi lors du CHAN de 2009 avec la Zambie et avec l'équipe première, je viens d'atteindre pour la deuxième fois de suite les quarts de finale de la CAN. Maintenant, aux spécialistes d'en juger.
En quittant l'USMA, vous l'aviez laissée à la première place du classement. N'aviez-vous pas cette ambition d'aller jusqu'au bout de la saison et viser ce titre de champion qui aurait été votre premier titre majeur en tant qu'entraîneur ?
J'ai quitté l'USMA avec des regrets, mais à un moment donné, il me fallait prendre une décision et la mienne était de faire une autre Coupe d'Afrique des nations. Néanmoins, j'ai laissé des gens aux grandes qualités, un staff fantastique, une équipe qui travaillait bien et qui s'entendait bien.
Quand vous aviez annoncé la nouvelle de votre départ à votre président Ali Haddad, quelle a été sa réaction ?
Il était déçu, mais il s'y attendait quelque part, puisque ça faisait partie du contrat que j'avais signé. Je n'ai donc pas trahi le club.
Depuis votre départ, l'USMA alterne le bon et le moins bon aussi. Votre successeur, un autre Français, en l'occurrence Didier Ollé-Nicolle, est très contesté. Vous en pensez quoi ?
(Il rigole). Ça, c'est les spéculations de vous les journalistes. Moi, je suis persuadé qu'Ali Haddad finira avec Nicolle jusqu'à la fin de la saison. Le connaissant, il ne le virera pas.
Pensez-vous que l'USMA, sur ce qu'elle a montré jusque-là, est capable de finir champion, sachant que la lutte pour le titre est de plus en plus féroce ?
Oui, je pense que l'USMA a les moyens de terminer champion. Il faut savoir que l'objectif tracé en début de saison était d'obtenir une place qualificative à la prochaine Ligue des champions, et le bonus était de remporter le titre. Là, je pense que le club est bien partie pour atteindre ses objectifs.
Contrairement à vous, ce qu'on reproche à Nicolle, c'est d'être trop indulgent avec les joueurs et de ne pas avoir instauré une discipline de fer au sein du groupe…
Il ne faut pas faire de comparaison. Chaque entraîneur a sa philosophie et l'important est de gagner. Vous savez, je connais un peu le manège. Quand il n'y a pas de discipline et qu'il y a des résultats, tout est parfait. Mais quand les résultats sont moins bons, on va toujours chercher des excuses. Je pense qu'il faut laisser Nicolle travailler. Le bilan se fera à la fin de la saison.
Tout à l'heure, vous avez déclaré à des confrères français que vous aviez failli retourner en France l'été dernier. Pourquoi avoir décidé de quitter le club, sachant que vous étiez toujours sous contrat ?
Tout simplement par ce que la demi-saison que j'ai faite ne m'avait pas satisfait et ce, à tous les niveaux. La seule chose qui m'avait retenu, c'était Ali Haddad.
Peut-on vous revoir un jour à nouveau en Algérie, à l'USMA ou dans un autre club ?
Qui sait ? Dans la vie, il ne faut jamais dire jamais…
On vous remercie de nous avoir accordé cette interview…
Je vous en prie. Au fait, c'est vrai qu'Ighil a été limogé ?
Oui, en effet…
C'est dommage. C'est un grand entraîneur qui a une forte personnalité. C'est rare de trouver des entraîneurs de sa trempe dans le championnat d'Algérie. Dieu merci, moi j'ai eu la chance d'avoir le meilleur président qui puisse y avoir dans un club algérien. Il laisse le coach décider, recruter en lui donnant les pleins pouvoirs, comme ça se fait en Angleterre, quoi. Il n'est pas tolérable qu'un président fasse tout ; prendre des décisions, donner des consignes tactiques et changer son entraîneur comme un kleenex qu'on jette après deux ou trois matchs.
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Dans une déclaration faite pour la presse française
Renard : «Fréjus Saint-Raphaël m'a refusé l'été dernier»
En marge de l'interview qu'il nous a accordée hier à l'hôtel Sofitel de Malabo (Guinée équatoriale), le sélectionneur zambien, Hervé Renard, a répondu aussi aux questions de ses compatriotes français présents sur place. Le natif de Cannes a fait une révélation assez surprenante, qui a retenu notre attention, en affirmant texto avoir tapé à la porte du modeste club de Fréjus Saint-Raphaël qui évolue en National (3e Division) l'été dernier, pour prendre en main le club, mais que ses dirigeants (club), l'ont refusé. C'est ainsi qu'il est revenu en Algérie pour continuer sa mission à la tête de l'USMA, jusqu'à octobre dernier. «Je vous fais une confidence. J'ai voulu revenir en France au mois de juin dernier, mais même des clubs de National ne voulaient pas de moi. Pour vous dire qu'en France, les dirigeants ne s'intéressent pas trop au foot. Ils se concentrent uniquement sur les matchs de Ligue des champions. J'ai tapé à la porte de Fréjus, mais ils m'ont refusé. Ça démontre qu'en France, on ne me considère pas comme ici en Afrique», a-t-il notamment déclaré au micro de BFM-RMC Sport.


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