“La pression sera sur les Algériens ; on doit en profiter" «J'adore Sofiane Feghouli» Ce n'était pas facile d'accrocher Ali Salama, le défenseur libyen, au lendemain du match Lybie-Algérie après ce qui s'est passé en fin de rencontre. C'est le défenseur libyen qui s'est accroché avec Djebbour et qui ne sera pas présent au match retour à cause de la suspension que lui a infligée la CAF, au même titre que Djebbour. Nous avons quand même pu l'avoir au téléphone, et il a accepté de nous accorder cet entretien en exclusivité. Que retenez-vous du match aller entre la Libye et l'Algérie ? Le match s'est déroulé comme il s'est déroulé et s'est terminé comme il s'est terminé, avec une victoire de l'Algérie 1 à 0. Mais ce que je retiens de cette rencontre, c'est notre public qui s'est déplacé en nombre à Casablanca pour nous soutenir. On ne s'attendait pas que nos supporters allaient être aussi nombreux, et on aurait aimé leur offrir la victoire. Et comment voyez-vous le match retour ? Nous avons perdu la première mi-temps au Maroc, mais il nous reste une autre mi-temps à jouer, ce qui veut dire, que rien n'est encore joué. Je sais que la pression sera sur les Algériens, et j'espère que mes coéquipiers sauront profiter de cet atout pour renverser la vapeur. Je ne serai pas présent, mais je serai de tout cœur avec eux. Pensez-vous déjà à la manière avec laquelle vous serez reçus en Algérie ? L'Algérie est un pays musulman et la chahada nous unit. J'ai vu votre réaction lorsqu'on a essayé de porter atteinte à la personnalité de notre Prophète (SSSL). Cela veut dire que nous sommes un seul peuple et nous sommes tous des frères. Je pense que la politique n'a rien à voir dans le foot, et je m'attends à ce qu'on soit chaleureusement accueillis comme il est de coutume chez les Algériens qui sont un peuple civilisé. Selon vous, le match retour sera plus difficile pour l'Algérie ou pour la Libye ? La qualification n'est pas encore acquise, ni pour l'Algérie, ni pour la Libye. Donc, le match sera difficile pour les deux équipes. Tout le monde s'accorde à dire que lors du premier match à Casablanca, vous étiez très nerveux dès le coup d'envoi et cela se voyait sur le terrain. Quelles en sont les raisons ? Non, je ne suis pas d'accord avec vous, nous n'étions pas nerveux. Mais je reconnais que nous étions sous pression car c'est le dernier tour qualificatif pour la CAN. Nous étions présents à la dernière édition, et nous voulons être au rendez-vous pour cette nouvelle édition. Et comme le match était décisif, nous avons joué avec une grosse pression. Vous ne pensez pas que l'équipe qui mérite la victoire c'est celle qui a gagné ? J'espère que ma réponse ne va pas vous irriter. En toute franchise, le score n'a pas été équitable. Les deux équipes devaient au moins se séparer avec un match nul par rapport à la physionomie de la rencontre. Je crois que l'erreur que nous avons commise, c'est d'avoir essayé d'attaquer en fin de match en ne faisant pas très attention derrière. Nous leur avons laissé des espaces et ils ont pu s'ouvrir une brèche pour marquer un but qui est survenu contre le cours du jeu. Mais je dis félicitations aux Algériens quand même, en attendant le match retour. Que pensez-vous de la sanction que vous a infligée la CAF, vous et Djebbour ? J'ai été très déçu lorsque j'ai appris cette mauvaise nouvelle, car cela me tenait à cœur de jouer ce deuxième match. Mais ceux qui vont jouer vont faire le nécessaire, j'en suis sûr. Parlons de ce qui s'est passé entre vous et Djebbour. Vous ne pensez-pas que, même s'il a essayé de vous provoquer, vous avez eu une mauvaise réaction à la fin ? Djebbour m'a asséné un coup sans ballon sur la ligne de touche, et je pense que vous avez vu l'action. Pour ceux qui ne l'ont pas vue, ils n'ont qu'à revoir le match pour vérifier ce que j'avance. Je m'attendais à ce que l'arbitre lui sorte le carton rouge, ou qu'il soit du moins signalé par l'arbitre assistant. Mais ni l'un ni l'autre n'ont réagi. A la fin de la rencontre, je suis allé vers Djebbour le plus normalement du monde pour lui demander pourquoi il m'avait frappé sans raison. Au début, il m'a ignoré, mais après, il m'a insulté et insulté mon pays, ce qui m'a mis dans tous mes états et m'a fait perdre mon sang-froid. C'est la raison pour laquelle j'ai agi de la sorte, il a touché à ma dignité. Vous ne voyez pas qu'il y a des contradictions dans vos déclarations à propos des raisons qui vous ont poussé à agresser Djebbour. Une fois vous dites qu'il vous a qualifié de révolutionnaires de l'OTAN alors qu'il ne parle pas correctement l'arabe, et, une autre fois, vous dites que c'est parce qu'il vous a frappé. Une explication ? Je jure qu'il nous a qualifiés de révolutionnaires de l'OTAN, et il n'avait pas cessé de nous citer le nom du dictateur, un nom que je ne veux même pas cirer (Khadafi). Et je profite de cette occasion pour dire que la Libye n'a pas besoin de l'OTAN et qu'elle est debout, grâce à ses hommes. Je suis désolé de parler de ça, je ne voulais pas, j'aurais aimé ne parler que football. Est-ce que vous regrettez votre comportement ? Avec Djebbour ? Non. Parce qu'il m'a insulté moi et mon pays. Je crois que ma réaction est tout à fait normale dans un tel cas, tout le monde aurait agi de la même façon. Mais je suis convaincu que Djebbour ne représente pas tous les Algériens. Donc, je ne suis en colère que contre Djebbour et non contre les autres joueurs, même s'il y a un autre qui a, également, insulté mon pays, mais dont je ne me souviens pas du numéro de son maillot. Personnellement, je ne souhaitais pas que les choses en arriveraient là. Si vous croisez un jour Djebbour, qu'allez-vous lui dire ? Le match s'est joué et s'est terminé, et tous les deux n'allons pas disputer le match retour. Qu'est-ce que je peux lui dire ? Je lui dirai qu'il faut tourner la page et que chacun de nous parte dans sa direction. Il faut ouvrir une nouvelle page avec ce match retour, et à l'occasion, je salue tous les Algériens. Votre camarade Tidjani dit que le match a été politisé. Vous partagez son avis ? Je respecte son point de vue, mais à chacun son avis. Je ne pense pas que ce soit le cas. Quelle a été la position de votre équipe en Egypte par rapport à cette histoire ? Ils n'ont eu aucune position et n'ont rien commenté. C'était une question de dignité, comme je vous l'ai dit. En toute sincérité, que pensez-vous de la sélection algérienne ? Son niveau a régressé après le Mondial, mais maintenant, elle est plus forte avec ce nouvel entraîneur. Je lui souhaite bonne chance et il y a beaucoup de bons joueurs dans cette équipe, comme Sofiane Feghouli, le joueur de Valence, que j'adore. Quels sont vos autres souvenirs avec les Algériens ? J'ai de bons souvenirs avec les Algériens, particulièrement avec Tayeb Bouhafs qui était mon entraîneur quand j'étais à Ahly Benghazi. C'était lui qui m'a intégré avec l'équipe première alors que j'étais encore en jeunes. Je n'oublierai jamais ce qu'il a fait pour moi, il était comme mon père. Il y a eu d'autres entraîneurs avec lesquels j'ai travaillé comme Abderrahmane Mehdaoui ou Hamid Zouba, et je profite de cette occasion pour les saluer tous. Que pouvez-vous ajouter ? Je vous remercie pour m'avoir donné l'occasion de m'exprimer, et je dis au peuple algérien que si mon absence et celle de Djebbour vont permettre au bon déroulement de la rencontre, et bien, tant mieux, nous serons absents. Et je rappelle à tout le monde que nous sommes tous des musulmans, et on doit donner l'exemple. Je sais qu'il ne va rien se passer durant ce match, et c'est la raison pour laquelle j'avais souhaité faire le voyage en Algérie même avec cette suspension. Bonne chance aux deux équipes.