Il fait anormalement beau en ce lundi 17 décembre. Un temps doux, presque printanier. Alger la capitale est comme d'habitude fermée. Il fait anormalement beau en ce lundi 17 décembre. Un temps doux, presque printanier. Alger la capitale est comme d'habitude fermée. Chassé-croisé ! Il est treize heure passées lorsque le jet-privé -s'il vous plaît !- de la délégation du FC Valence se pose sur le tarmac de l'aéroport international, Houari-Boumediène. Accompagné de Braulio Vasquez, le directeur sportif du FC Valence, Damia Vudagany Igual, directeur de la communication et du marketing, et d'un de ses représentants, Sofiane Feghouli affichait bonne mine. Sourire en banane, le garçon est content. Naturellement. Mais comme chez lui, la bonhomie est au naturel. Il dégage, du coup, cet air sympa auquel on s'attache spontanément. Sobrement habillé, il prend place dans le salon d'honneur. A sa droite, Yohan Cruyff. La légende ! Droit dans son costume gris, sans cravate, le Hollandais écoutait, souriait et lançait quelques phrases. Protocolaire, il s'imprégnait de l'ambiance. Les deux hommes vont vite se séparer pour ne se rencontrer que le soir venu pour la cérémonie. A chacun son programme. Visite guidée pour le père «l'architecte» du grand Barça, à la Casbah. Visite de l'Association aide aux inadaptés d'El Biar et l'association El Amel, des enfants cancéreux du Centre Pierre et Marie Curie. Madame Amiri et Monsieur Brahmia l'attendaient impatiemment. Le cortège official, toutes sirènes hurlantes, s'enfonçait comme un couteau dans du beurre sur la route moutonnière. Top chrono ! Pour les trisomiques, il tombe à pic ! Sofiane Feghouli n'avait pas beaucoup de temps devant lui. A 15 heures sonnantes, le futur lauréat du Ballon d'Or algérien avait à peine le temps de poser ses valises à l'hôtel El Aurassi. Le joueur, qui sortait d'un entraînement du FC Valence, n'a même pas pris le temps de prendre son déjeuner. «Allez-y ! On aura le temps de manger après», a-t-il insisté. Le peu de temps qu'il avait devant lui, il a préféré le consacrer aux enfants démunis. «Une cause à laquelle je suis très attaché», a dit plus tard Feghouli, sans pour autant s'y attarder, comme pour expliquer qu'il ne voulait pas pour autant s'attirer les feux de la rampe. Discret et modeste, il se voue à cette cause en toute humilité. L'esbroufe, il n'en voulait pas. “Soso" voulait faire les choses en toute simplicité. Sans façon, autrement dit dans un jargon commun pour dire qu'il n'y a pas lieu de le remercier pour un devoir. Touchant ! Des souvenirs pour... un souvenir Au centre de l'Association d'aide aux inadaptés d'El Biar, Madame Amiri et son personnel attendaient au seuil de la porte. Le portail grand ouvert, les nombreuses berlines du cortège s'engouffraient l'une après l'autre dans la grande cour. Une grande maison est implantée au milieu. «A la base, c'est une résidence privée qui nous a été offerte par l'Etat», précise madame la directrice, venue à l'accueil. Damia Vudagany Igual, le directeur de la communication et du marketing, était là. Il écoutait patiemment l'allocution improvisée par madame Amiri que Sofiane Feghouli lui traduisait en Espagnol. Puis commence la visite. Sofiane et son responsable ne sont pas venus les mains vides. De la joie pour tous La petite délégation pénètre dans le grand corridor, puis prend le petit escalier qui mène à l'étage où des salles se jouxtaient. Répartis en catégorie, par tranches d'âge et degré d'atteinte, le «maître de céans» accueillait Feghouli avec le sourire. Des regards agars s'illuminent ! «Vous avez donné beaucoup de joie à ces enfants. Vous nous avez fait honneur de votre visite. C'était vraiment un pur bonheur pour eux de voir une idole venir égayer leur quotidien. Merci pour tout !», insistait cette grande dame qui a donné plus de quarante ans de sa vie à la cause des trisomiques. «Je le dis souvent : Il vaut mieux leur préparer de la pomme sautée avec amour, plutôt que de leur servir du filet avec froideur». «Feghouli, viens jouer au Mouloudia !» Nawel a trouvé son prince charmant ! C'est clair, elle en pinçait pour Feghouli, si bien qu'elle n'a pas hésité à quitter sa salle de travail pour venir lui faire sa déclaration : «Viens jouer au Mouloudia !» Et oui, ils sont partout ces Chnaoua ! En matière de recrutement, il est clair que Nawel a du goût. «Mouloudia ! Mouloudia ! Ah, je dois en parler à Hachoud», a répondu avec le sourire Sofiane Feghouli. Le joueur est très demandé. Nul n'est prophète en son pays ? Foutaises ! Aussi «Magic» que Bougherra ! Alors les enfants, qui nous rend visite aujourd'hui ? Le quiz est lancé. Si son sourire le trahissait, sa boule à zéro prêtait à confusion. Pourtant, Sofiane Feghouli n'est pas une armoire à glace dans son genre pour qu'il soit confondu avec Madjid Bougherra. Allez, convenons-en qu'il est aussi «Magic» que Madjid aux yeux de ces enfants. La réponse fuse : «Bougherra !» Et non, ce n'est pas Bougherra. Cette réponse a amusé tellement le milieu du FC Valence qu'il en a fait part au directeur de la communication et du marketing, Damia Vudagany Igual. Eclats de rire général. Qu'ils sont bons ces moments, sans doute pas très légion dans le quotidien de ces enfants à part. A ce moment-là, on a eu envie de s'ériger au substitut de ces enfants, outre passer le rôle de figurant qui est le nôtre, piétiner sur les plates-bandes de madame Amiri et dire merci à Feghouli ! Oui, merci et cent fois plutôt qu'une d'avoir imprégné de joie cette journée qui allait, sans son incursion, être monotone. Tel un amour sans préavis, il vous fond le cœur et vous laisse rêveurs. Sofiane Feghouli a légué un lot de souvenirs à ces enfants. Et il a emporté lui aussi deux ! Des babioles très raffinement confectionnés par ces enfants qu'on dit pourtant invalides. Et comme elles sont le fruit d'un travail honnête, sans but mercantile, elles sont hors de prix ! D'ailleurs, Sofiane Feghouli n'a pas voulu s'en séparer. Il aurait pu les confier à son représentant. Et bah, non. Il les a serrées contre lui tel un enfant qui gardait jalousement son jouet. Légitime. Du thé et de la m'takba au menu Madame Amiri est comme toutes les femmes algériennes. Vous ne ressortirez jamais de chez elle sans avoir mangé à votre fin. Hospitalité quand tu nous tiens ! On avait pourtant insisté de prendre congé d'eux, une autre halte au centre Pierre et Marie Curie était au programme. Mais la table était déjà dressée. Du thé, du café, des «m'barja», une spécialité bien de chez nous à laquelle Feghouli et Damia Vudagany Igual ont goûté avec plaisir. Le joueur a essayé d'expliquer au directeur de la communication et du Marketing du FC Valence la composition de cette galette «fourrée» aux dattes, rien n'y fit. Bon appétit ! Au chevet des enfants cancéreux Avant de quitter les lieux, Feghouli a tenu à laisser son maillot dédicacé à l'association, en guise de souvenir. Nul doute qu'il fera beau sur le mur du bureau de la directrice, histoire d'immortaliser l'événement, même s'il n'y a aucun doute que Feghouli reviendra un jour. Il serait resté volontiers plus longtemps, mais d'autres enfants attendaient. Ceux du Centre des cancéreux Pierre et Marie Curie. Tristes scènes ! Cette pernicieuse maladie nous accueille avec une gifle. Le cœur se resserre. Les visages se crispent. Une larme s'échappe ! Le ton compatit à l'ambiance des lieux. Des malades cloués au lit. Des enfants de différents âges, censés être sur les bancs de l'école ou dans les salles de récré à croquer la vie à pleines dents. Soso était tout ému. Son sourire a rétréci. Son regard pétillait de compassion. Digne, il serra les mains, s'enquerra de l'état de chacun et encouragea les mamans à tenir bon. Peuvent-elles tenir bon ? Pouvions-nous prendre nos aises ? Loin s'en faut. Là-bas, l'insouciance a déserté les lieux. Elle a laissé place à la souffrance. Feghouli se trouvait mal. Il avait mal pour tous ces enfants. S'il le pouvait, il les aurait guéris d'une simple caresse. A défaut, il les caresse des yeux et s'en remet à Dieu. Un Ballon et un cœur en Or ! Il est 17heures passées. L'hôpital Mustapha Pacha désemplissait à cette heure de la journée. Damia Vudagany Igual reprit son rôle de directeur de la communication et du marketing et rappelait, devant la caméra de Canal Algérie, combien le FC Valence est engagé auprès de Feghouli dans ce genre d'œuvres. En l'espace de trois heures, le joueur est passé par tous les moments. La joie des retrouvailles avec Kadir et Mbolhi, l'engouement, les embrassades et les accolades, l'engagement, la tristesse et la compassion. A 20h, Feghouli est beau comme un cœur. Il est prêt à recevoir son Ballon d'Or.
