«Je ne serai pas sanctionné et je n'attends que le match du Bayern» Au lendemain de la bagarre qui a opposé Karim Ziani à son coéquipier bosniaque Dzeko, nous avons joint l'international algérien pour nous expliquer ce qui s'était réellement passé. Avec sa franchise habituelle, Ziani est revenu sur cet incident en insistant sur le fait qu'il s'était vite réconcilié avec Dzeko. Pour Ziani, tout ce qui compte aujourd'hui, c'est le match face au Bayern ce week-end et surtout le stage de la sélection qui précèdera la rencontre face à la Zambie. Entretien. * Le public algérien et vos fans ont été surpris par les images de la bagarre qui vous a opposé à votre coéquipier Dzeko. Pouvez-vous leur donner des explications ? (Après un silence.) Je crois que cette affaire a été grossie pour prendre des proportions qui ne sont pas les siennes. C'était une simple altercation entre joueurs, ce sont des choses qui arrivent dans tous les clubs. La preuve, avant même la fin de la séance, tout était rentré dans l'ordre et j'ai serré la main de Dzeko en présence de l'entraîneur et des autres joueurs. * Peut-on savoir ce qui s'est passé au juste et pourquoi vous en êtes-vous arrivés aux mains ? J'ai effectué deux tacles sur Dzeko et je reconnais qu'ils étaient un peu rugueux, mais pas au point qu'il tente de m'agresser. Dès que j'ai compris ses intentions, je me suis défendu en lui donnant deux coups de poing. Par la suite, tout est rentré dans l'ordre. * Vous auriez peut-être dû éviter de le tacler aussi durement… Tout le monde sait que je n'aime pas perdre, même en match d'application, d'où mon engagement physique à l'entraînement. Mais à aucun moment, je n'ai voulu blesser Dzeko ni aucun de mes coéquipiers. Ce qu'il a fait, lui, est inadmissible, car il a voulu m'agresser alors que je ne lui ai rien fait. J'ai refusé d'être humilié de la sorte et je me suis défendu. Le public algérien doit savoir que c'est lui qui a commencé, moi je n'ai fait que réagir et me défendre. * Comment a-t-il tenté de vous agresser ? Il a levé les mains et m'a violemment poussé et a commencé à dire des mots, il était clair que c'était des insultes. C'était suffisant pour que je perde mon calme et le frappe. * Que vous disait-il au juste ? Je ne sais pas parce que je ne comprends pas sa langue, mais je n'avais pas besoin de ça pour savoir qu'il était en train de m'insulter. L'essentiel c'est que, à la fin, on a pu se réconcilier et se serrer la main. * Le jeûne n'a-t-il pas un rapport avec votre réaction ? (Il rit.) Un peu oui. Faire le Ramadhan en Allemagne, c'est vraiment difficile. Il y a une nouvelle nourriture, je ne parle pas la langue, je vis seul à l'hôtel… tout ça a dû peser sur moi, je l'avoue. * Allez-vous être sanctionnés vous et Dzeko ? Non, je ne pense pas. Personne ne m'a parlé de sanction jusque-là, la preuve, je me suis entraîné normalement aujourd'hui (Ndlr, entretien réalisé hier vers midi). On ne sera pas sanctionnés parce que ce qui s'est passé ne mérite pas tout ce branle-bas de combat et arrive dans tous les clubs du monde. Aujourd'hui, mon seul souci et celui de tous mes coéquipiers, c'est le prochain match face au Bayern. C'est le cas sans doute de Dzeko. * Certains pensent que vous vous énervez facilement parce que vous sentez que votre place de titulaire est menacée… Je vous mentirais si je vous disais que je m'adapte facilement dans mon nouvel environnement. Je suis à la recherche de mes repères et je fais de mon mieux pour m'habituer. Mais d'un autre côté, je suis sûr de mes qualités et de ce que je peux apporter au club. Je n'ai donc pas peur pour ma place. * Le fait d'avoir été sorti lors des deux matchs de championnat ne vous inquiète-t-il pas ? Pas du tout. Lors du match qui est venu juste après la rencontre amicale face à l'Uruguay, c'est moi qui avais demandé au coach de ne pas m'utiliser tout le match parce que j'étais quelque peu fatigué. Face à Hambourg, c'est lui qui a décidé de me sortir parce qu'il a jugé que je devais sortir. Et puis, je n'ai pas signé de contrat pour jouer tous les matchs à chaque fois. Tout ce que je sais, c'est que depuis le début de saison, mes prestations sont correctes. * Mais à chaque fois que Martins vous remplace, il réussit de bonnes prestations et des buts… Martins ne joue pas au même poste que moi. En plus, je sais ce que je vaux et je sais que sur un terrain de football, je donne toujours le meilleur de moi-même sans aucune appréhension ni arrière pensée. Mon rôle à Wolfsburg, ce n'est pas de marquer des buts, je suis là pour attaquer, donner des ballons et aussi défendre lorsque le besoin se fait sentir. On ne peut donc pas me comparer à Martins. * Karim, beaucoup d'observateurs n'ont pas apprécié vos interventions musclées contre les joueurs uruguayens. Etiez-vous énervé ce jour-là ? Je joue comme je le fais tous les jours, c'est-à-dire avec beaucoup de hargne et d'engagement. C'est vrai que c'était un match amical, mais en face il y avait une grande équipe connue beaucoup plus pour son engagement physique sans faille. Les supporters algériens ne l'ont sans doute pas remarqué, mais certains joueurs uruguayens n'ont pas arrêté de me provoquer, même lorsque je n'avais pas le ballon. Face à l'Uruguay, si on n'avait pas répondu à leur jeu dur, on aurait perdu les duels au milieu et on aurait sans doute perdu le match. * Mais l'entraîneur Tabarez et l'attaquant Luis Suarez ne vous ont pas ménagé, vous particulièrement. Qu'avez-vous à leur répondre ? Au lieu de me donner des leçons de sportivité, l'entraîneur de l'Uruguay aurait dû apprendre à ses joueurs à ne pas bousculer un adversaire sans ballon. Je crois que les Uruguayens n'ont pas accepté de perdre et ils ont cherché toutes les excuses pour se faire pardonner par leur public. Pour moi, l'essentiel a été fait, à savoir la victoire pour bien préparer le match de la Zambie. * Vous nous avez déclaré que ce match face à la Zambie est plus que décisif. Pourquoi ? Parce que c'est le tournant de ces éliminatoires. Une contre-performance effacerait tout ce qu'on a fait depuis le début des éliminatoires, alors qu'une victoire nous permettra de nous rapprocher encore plus de la Coupe du monde. * Promettez-vous aux supporters algériens de ne pas vous énerver le 6 septembre à Blida ? Je ne suis pas un joueur à problèmes qui cherche à tout prix la petite bête pour s'énerver. Face à l'Uruguay, je n'ai fait que répondre à la provocation. Contre la Zambie, ce sera une autre histoire et il va falloir garder son calme pour pouvoir remporter les trois points. * Avant ce match, il y aura un déplacement à Munich pour affronter le Bayern… Jouer contre le Bayern, c'est toujours particulier. Je sais que ce sera un match très difficile, car le Bayern va tout faire pour se racheter après des débuts laborieux. Pour ma part, je jouerai comme d'habitude en donnant tout sur le terrain pour aider mon équipe à revenir avec un bon résultat et rentrer au pays avec un bon moral. * A ce point vous êtes impatient de rejoindre le stage de l'équipe nationale ? Et plus encore en cette période de Ramadhan. L'ambiance du pays durant ce mois sacré est unique, j'attends donc avec impatience le lundi. * Que mangez-vous en Allemagne depuis le début du Ramadhan ? (Il soupire.) C'est vraiment dur d'observer le jeûne seul à l'hôtel. Pour éviter la routine de l'hôtel, je sors manger dehors, mais là aussi je me contente de pâtes et se spaghettis en attendant des jours meilleurs. * Qu'est-ce qui vous manque le plus durant le Ramadhan ? El Bourek et Chorba, mais surtout l'ambiance particulière de ce mois. R. B.