Les supporters le regardent autrement C'est un Karim Ziani tout ce qu'il y a de plus ordinaire qui s'est présenté hier matin à l'entraînement sur le terrain annexe du Volkswagen Arena de Wolfsburg. En dépit du grand bruit que son altercation avec Edin Dzeko avait fait en Allemagne en général et à Wolfsburg en particulier, cela n'a pas du tout altéré son comportement, lui qui en a vu d'autres, notamment à l'Olympique de Marseille !). Visage impassible et le pas sûr, il a débouché du passage menant au vestiaire et a franchi la soixantaine de mètres qui sépare le stade des terrains d'entraînements sans se soucier des nombreux curieux, entre journalistes et supporters, qui attendaient. Les supporters le regardent autrement C'est qu'ils étaient un peu plus nombreux que d'habitude à être venus assister à l'entraînement matinal. C'est, en effet, rare que les supporters soient nombreux durant les matinées, beaucoup préférant venir à l'entraînement de fin d'après-midi, une fois sortis du travail, surtout que l'équipe sort d'une sévère défaite concédée à domicile face à Hambourg. S'ils étaient là, c'était pour voir… Ziani. Pensez-vous : un joueur nouveau, ne payant pas de mine physiquement de prime abord, qui ose frapper un joueur de plus de 20 centimètres plus grand que lui, de surcroît élu meilleur joueur de Bundesliga la saison passée, ça a de quoi intriguer. C'est donc d'un drôle de regard, où se mêlaient curiosité et admiration, qu'on regardait l'international algérien, transformé par l'affaire en superstar. Celui-ci, comme si de rien n'était, a répondu aux quelques sollicitations pour les autographes et a commencé l'entraînement le plus normalement du monde. Ziani était normal, Dzeko plutôt crispé Bien sûr, les présents n'arrêtaient pas de scruter chaque geste de Dzeko et Ziani, surtout lorsqu'ils étaient à proximité. L'attaquant bosniaque, qui donnait l'impression d'être crispé, évitait les contacts physiques avec tous ses coéquipiers durant les petits matches d'opposition, comme pour éviter les problèmes. Finalement, au grand soulagement (ou déception ?) de tous, la séance s'est passée sans aucun incident et les deux «bagarreurs» de la veille se sont montrés sages et coopératifs. Dzeko lui a reproché d'être dur à l'entraînement et mou lors des matches Nous l'avions mentionné dans notre édition d'hier : on reproche à Karim Ziani de ne pas défendre assez au cours des match. Ce qu'une partie de ses coéquipiers murmuraient tout bas lui a été dit par Dzeko au cours de leur accrochage : «Qu'as-tu fait depuis trois semaines que tu es ici ? Rien !» C'était une manière de lui dire que dans les matches, il ne se montre pas aussi incisif qu'il l'a été lorsqu'il l'a taclé deux fois au cours de l'entraînement. En vérité, c'est un mauvais procès qui est fait à l'international algérien car, dans sa première déclaration à la presse, l'entraîneur Armin Veh avait dit qu'il comptait utiliser Ziani comme milieu offensif droit, trouvant qu'il était utilisé trop défensivement à Marseille. De plus, lors des premières minutes du match face à Hambourg, Ziani a frôlé l'expulsion par deux fois en taclant dur un joueur adverse, ce qui démontre qu'il accomplit ses tâches défensives. Veh décide de ne pas sanctionner et clôt l'affaire Comme annoncé dans notre édition d'hier et cela s'est confirmé : Ziani et Dzeko ne seront pas sanctionnés pour leur accrochage. L'entraîneur Armin Veh s'est inspiré de la philosophie d'Erik Gerets, l'entraîneur de Ziani à l'Olympique de Marseille, pour considérer ce qui s'est passé comme un simple incident d'entraînement. Pour lui, l'affaire est close et le groupe doit se tourner vers la réalisation des objectifs tracés, à savoir la défense du titre de champion d'Allemagne et une participation honorable à la Ligue des champions. Le match contre le Bayern, la priorité En fait, Veh et la direction du club ne veulent aucunement alimenter une affaire dont le club peut se passer et qui risque de faire des vagues, surtout que se profile un match très important et déjà décisif contre le Bayern Munich samedi prochain. Les Bavarois, qui n'ont pas encore gagné cette saison, espèrent que la visite du champion leur servirait de déclic, d'où la décision de ne pas se focaliser sur les détails au risque d'occulter les priorités. F. A-S.