Il est Algérien et il joue à Den Haag (1re division en Hollande) * Les Algériens savent que vous existez, mais ne connaissent pas trop votre itinéraire. Pourriez-vous nous en retracer les grandes lignes ? A l'âge de 15 ans, j'ai intégré le centre de formation de Brest où j'ai fait mes classes avant de rejoindre Le Havre pour deux ans entre 17 et 19 ans. La troisième année, j'ai signé mon premier contrat professionnel, mais je n'ai pas eu ma chance comme je l'espérais durant la saison. C'est là que j'ai décidé d'aller jouer aux Pays-Bas. J'ai joué à Venlo puis à Ado Den Haag où je fais ma deuxième année. * Quel est votre poste de prédilection ? Je peux jouer ailier gauche tout comme derrière l'attaquant. Mon meilleur pied et le droit, mais je me débrouille pas mal avec mon pied gauche. * Est-ce que vous connaissez des joueurs de l'EN actuelle ? Non pas personnellement, car je n'ai pas joué longtemps en France. En plus, en Hollande, il n'y a aucun Algérien dans le championnat à part moi. Aux Pays-Bas, il y plutôt des Marocains. Mais j'aimerais bien discuter avec quelques joueurs, histoire de savoir comment ça se passe de l'intérieur. Il paraît qu'il y a une très bonne ambiance au sein du groupe. * En avez-vous croisé quelques-uns lorsque vous jouiez en France ? Deux joueurs seulement avec lesquels j'ai joué. Le premier, c'est Brahami et le second, c'est Mansouri. J'ai gardé de lui l'image de quelqu'un de très sympathique. * Pourquoi les footballeurs algériens éprouvent autant de difficultés à réussir au sein des clubs français ? A votre avis, c'est à cause de la discrimination qu'ils subissent ou c'est juste la faute à pas de chance ? Je ne crois pas qu'on soit victimes de discrimination dans le championnat de France. Personnellement, je n'ai pas été victime de discrimination dans ce sens. Tout dépend des clubs et des entraîneurs avec lesquels on travaille. * Quelle comparaison faites-vous en matière de chances d'intégration entre le championnat de France et celui des Pays-Bas ? Il n'y a pas photo en effet entre ces deux championnats. En Hollande, les clubs ne regardent pas l'origine du joueur pour le faire jouer. Il y a beaucoup de joueurs d'origine marocaine qui évoluent dans le championnat hollandais. Ce qui est moins le cas en France pour les joueurs issus de la communauté maghrébine. * Comment vous êtes considéré en Hollande ? De par ma double nationalité, je suis considéré comme un joueur français, mais tout le monde sait que je suis d'origine maghrébine. * Comment expliquez-vous que les joueurs algériens n'aient joué que dans les clubs corses (Bastia et Ajaccio) qui sont considérés comme une sorte d'infirmerie du championnat de France et n'ont eu que rarement l'occasion de jouer dans de grands clubs de Ligue 1 ? (Il rigole). C'est vrai que c'est bizarre que des joueurs comme Yahia, Bougherra, Matmour, Ghezzal, Djebbour et les autres n'ont été reconnus que le jour où ils ont quitté la France. Il y a de quoi se poser des questions en effet. C'est ce qui m'a poussé à quitter le championnat de France. J'ai senti que je n'allais pas avoir ma chance de sitôt. Au Havre, j'étais tout le temps avec le groupe, mais je me retrouvais souvent à l'écart, malgré de bonnes prestations aux entraînements. C'est qui m'a poussé à partir en Hollande. Et je n'ai pas regretté mon choix parce que depuis mon départ, j'ai beaucoup progressé. * Vous vous sentez l'âme d'un titulaire aujourd'hui ? Oui, maintenant je suis titulaire à part entière dans mon club. J'ai le respect des supporteurs, de mes coéquipiers et de mon coach. Je me sens vraiment bien aujourd'hui. Je joue sans complexe. * Mais pourquoi donc avoir décidé de retourner en France ? Pour ne rien vous cacher, c'est mon agent qui me l'a conseillé et je pense qu'il a raison. Car cela fait quatre ans que j'évolue en Hollande et médiatiquement parlant, ce n'est pas encore ça. Les gens ne me connaissent pas encore en Algérie. Si j'avais joué en France, on m'aurait repéré dès la première année. C'est pour cela qu'on est en train d'étudier ces offres. * Des offres qui émanent du FC Nantes et de Lens, c'est bien ça, non ? Oui, c'est ça. Je pense que la Ligue 1 est plus intéressante pour moi que le championnat des Pays-Bas. En France, c'est plus homogène, plus compact. Et essentiellement, pour ne rien vous cacher, vis-à-vis de l'équipe nationale, la Ligue 1 est un championnat qui me ferait plus connaître que celui des Pays-Bas. * Donc vous voulez retourner en France juste pour gagner votre place parmi les Verts ? Exactement ! Je n'ai pas à le cacher, car c'est un rêve d'enfance que de jouer avec la sélection de mon pays. On me dit que je ne suis pas loin. C'est pour cette raison que j'ai envie de mettre toutes les chances de mon côté pour y arriver incha' Allah. Même si en Hollande les matchs sont télévisés, je pense qu'en jouant en France, ce sera plus facile au sélectionneur d'être informé sur mon état de forme et de ma valeur. * Ce sera donc dans le championnat de France qu'on suivra votre saison, c'est ça ? Ça va se décider incha'Allah cette semaine. Mon agent est en train de discuter avec Nantes et Lens et dès qu'il aura du nouveau, vous serez les premiers informés. C'est promis. * C'est vrai que Nantes est l'un des plus grands clubs de France, mais toujours est-il qu'il joue en Ligue 2 cette saison. Est-ce vraiment le bon choix ? C'est vrai qu'entre le fait de jouer en Ligue 2 et rester en D1 en Hollande, je préférerai rester là où je suis actuellement. Ce n'est pas valorisant pour quelqu'un qui veut gagner sa place en équipe nationale. Je veux jouer dans un club ambitieux. * Si Saâdane venait à vous appeler pour vous conseiller de rester en D1 hollandaise vous en penserez quoi ? Ce serait déjà un honneur pour moi qu'il m'appelle pour me donner de conseils. C'est sûr que s'il m'appelle je l'écouterai attentivement. Mais le problème c'est qu'il ne reste que quelques jours avant la clôture des transferts (31 août). * Mais vous, au pire des cas vous jouerez en D1 hollandaise, non ? Exactement. Si le transfert en France ne se fait pas, je resterai à Den Haag où le coach me fait entièrement confiance. Entretien réalisé par Nacym Djender