Yobo : «En Afrique du Sud, on est chez nous.» Keshi (sélectionneur Nigeria) : «Quand la sélection algérienne joue en équipe, c'est l'une des meilleures au monde.» L'arrivée de la sélection du Nigeria en Afrique du Sud a réellement lancé la CAN-2013. Non pas que cette équipe fasse partie des favoris pour le sacre africain, mais elle a créé un tel engouement à l'aéroport international Oliver-Tambo de Johannesburg qu'elle n'est vraiment pas passée inaperçue. Plus d'un million de Nigérians vivent en Afrique du Sud L'explication en est simple : l'Afrique du Sud abrite une communauté importante de Nigérians (plus d'un million, selon les dernières estimations) qui activent dans tous les secteurs, de l'artisanat au business. Certains Nigérians (pas tous, il faut le préciser) sont même taxés d'être les noyaux durs des gangs qui sévissent à Pretoria et Johannesburg. C'est dire le caractère spécial de la participation du Nigeria à la CAN-2013, tout comme l'avait été celle au Mondial-2012. Un orchestre, des tambours et des danses qui ont entraîné même des employés Hier, ils étaient quelque 200 ressortissants nigérians à être présents dans le hall des arrivées de l'aéroport. Une présence très remarquée puisqu'il y avait même un orchestre de musique qui, au son des tambours et des trompettes, a fait «zouker» tout ce beau monde, et même d'autres Africains présents sur les lieux, entre autres des employés exerçant à l'aéroport. Chaque quidam qui passait par le hall avait compris qu'il se passait quelque chose de pas ordinaire. Même les représentants des médias nigérians étaient en assez grand nombre, plus d'une trentaine. Assaillis, les joueurs battent en retraite Malgré un cordon de sécurité dressé pour empêcher les supporters d'approcher les joueurs, ces derniers, à peine ayant franchi quelques mètres depuis la porte de sortie, ont été assaillis pour des photos souvenir, ce qui les a obligés à battre prestement en retraite sous les injonctions du service d'ordre. Le sélectionneur, Stephen Keshi, et le capitaine d'équipe, Joseph Yobo, ont eu beaucoup de mal à rejoindre la salle qui était réservée à la conférence de presse des sélections arrivées sur le sol sud-africain. Seuls Keshi et Yobo ont parlé aux médias C'est que le risque de bousculades a poussé les joueurs, sur conseils des dirigeants, de s'abstenir de toute déclaration à la presse, se contentant de poser avec ceux qui les sollicitaient pour un souvenir, qu'ils soient nigérians ou étrangers. Keshi et Yobo ont animé la conférence de presse, avant de revenir à la zone internationale d'où la délégation nigériane a été sortie de l'aéroport par une porte de service. Cela démontre bien que la fièvre de la CAN est montée de plusieurs crans. ------------- Yobo : «En Afrique du Sud, on est chez nous» Joseph Yobo, capitaine des Super Eagles, était présent, lui aussi, à la conférence de presse organisée à l'aéroport Oliver-Tambo, à l'arrivée de la délégation du Nigeria. La délégation nigériane a fait l'objet d'un accueil spécial à son arrivée à l'aéroport de Johannesburg, du fait de la présence d'une forte communauté nigériane en Afrique du Sud. Yobo n'y a pas été insensible : «On savait qu'en Afrique du Sud, on sera comme chez nous. Nous en avons eu la preuve aujourd'hui. Je sais que les Nigérians vivant dans ce pays seront nombreux à venir à nos matches. Nous nous engageons à faire le maximum pour ne pas les décevoir, eux et tout le peuple nigérian attendent beaucoup de nous.» «C'est ma dernière CAN !» A bientôt 33 ans, après 12 ans de bons et loyaux services chez les Super Eagles, il a confirmé ce qu'il avait déclaré à plusieurs reprises, ces derniers temps, aux médias nigérians : «Ce sera ma dernière CAN. J'y ai beaucoup réfléchi et je suis arrivé à la conclusion que ce sera le moment de passer le témoin. J'en ai parlé au coach qui s'est montré compréhensif au sujet de mon choix. Cela dit, même ne plus disputer de CAN après celle-là est mon objectif, je reste toujours à la disposition de mon pays, en cas de besoin.» «Avec notre retour à la CAN, notre moral est en hausse» Le Nigeria revient à une phase finale de la CAN, après avoir raté l'édition de 2012. Cette absence avait été vécue comme un cataclysme au Nigeria et rend une partie de l'opinion publique nigériane sceptique pour la présente édition, mais Yobo veut plutôt positiver : «Certes, nous n'étions pas à la précédente édition, mais il est inutile de revenir sur le passé. Nous sommes qualifiés pour celle qui va débuter et c'est l'essentiel. Notre moral est en hausse et nous sommes prêts à relever les défis qui nous attendent.» «Il n'y a aucun problème de discipline au sein du groupe» Une partie de la presse nigériane a fait état, ces derniers temps, de problèmes disciplinaires chez certains joueurs, ce qui est susceptible de menacer la cohésion du groupe. Yobo, en tant que capitaine, réfute ces accusations : «Il n'y a aucun problème de discipline. Les joueurs sont tous pleinement engagés pour réussir une bonne participation et chacun d'eux va donner le maximum. Il règne une parfaite ambiance au sein du groupe.» ------------- Keshi (sélectionneur Nigeria) : «Quand la sélection algérienne joue en équipe, c'est l'une des meilleures au monde» Le sélectionneur du Nigeria, Stephen Keshi, a animé hier une conférence de presse, conjointement avec le capitaine d'équipe, Joseph Yobo, à l'arrivée de la délégation nigériane à l'aéroport Oliver-Tambo de Johannesburg. Voici la synthèse des questions qui lui ont été posées et des réponses qu'il a données. Quelles sont vos ambitions dans la CAN-2013 ? On ne vient pas avec des ambitions précises. Nous allons jouer à fond tous nos matches en essayant d'aller le plus loin possible. Si vous vous qualifiez aux quarts de finale, vous affronterez une sélection du groupe D constitué de la Côte d'Ivoire, de l'Algérie, de la Tunisie et du Togo. Avez-vous une préférence pour l'une de ces sélections ? Nous n'en sommes pas encore là. Dans l'immédiat, nous sommes concentrés sur notre premier match de lundi contre le Burkina-Faso et nous serons, après, concentrés sur le suivant. Je vous invite à me reposer la question lorsque nous aurons terminé nos matches de poule et assuré notre qualification aux quarts de finale. En prenant la sélection nationale nigériane, vous aviez déclaré que votre objectif était de reconstruire une équipe performante. Cette CAN est-elle une étape dans cette perspective ? Nous sommes ici pour effectuer le meilleur parcours possible. Si nous serons performants, c'est tant mieux, mais il est clair que nous sommes dans un processus de reconstruction pour avoir une équipe très performante dans les 5 ans qui viennent. Vous avez été, à une époque, capitaine de la sélection du Nigeria. Vous en êtes à présent le sélectionneur. Quelle différence y a-t-il entre votre génération et l'actuelle ? De notre temps, l'équipe avait du caractère. Nous aimions le jeu, nous étions solidaires entre nous et avions la culture de la gagne. Ces valeurs ont été perdues ces derniers temps, mais ça commence à revenir graduellement. La mentalité des joueurs est en train de changer pour redevenir ce qu'elle était. Si vous deviez choisir entre remporter la CAN-2013 et vous qualifier pour le Mondial-2014, quelle serait votre préférence ? Si ça ne tenait qu'à moi, je prendrai les deux (rires). En fait, nous ne nous fixons pas d'objectif au détriment d'un autre. Nous disputerons toutes les compétitions pour aller le plus loin possible. Moi, je jouerai pour prendre tout ce qui est possible de prendre. Pourquoi ne pas avoir sélectionné Shola Ameobi ? C'est un joueur que nous suivons, mais vous n'êtes pas sans savoir qu'il ne joue pas beaucoup dans son club, Newcastle. De plus, il a une clause dans son contrat qui ne nous convient pas. Il n'a pas été retenu pour la CAN-2013, mais il le sera peut-être pour les éliminatoires du Mondial-2014. Est-ce que le Nigeria entamera la CAN dans la peau d'un favori ? On verra, on verra. C'est ce que je viens de vous dire : on va gérer match par match et on verra ce que ça donnera au bout. Que pensez-vous du groupe de l'Algérie ? L'Algérie reste toujours une bonne équipe, avec beaucoup de joueur talentueux. C'est du moins mon point de vue. Au niveau africain et même au niveau mondial, l'Algérie est un grand du football, surtout quand chaque joueur se surpasse et joue pour l'équipe. Le Nigeria, tout comme l'Algérie et le Togo, n'a pas participé à la précédente édition de la CAN. Est-ce que cela sera un facteur de motivation pour avoir plus d'ambitions et compenser cette absence ? Je ne peux pas parler du Togo et de l'Algérie, car je ne suis pas leur entraîneur. Pour ce qui est du Nigeria, on est là pour jouer, puis on va voir (rires).